Mardi 2 février à 12:30 Je me suis préparée consciencieusement pour ce déjeuner avec un tailleur noir qui fait ressortir me blondeur ainsi qu'un maquillage léger et sobre . Mes atouts physiques peuvent devenir des handicaps quand je veux qu'on me prenne au sérieux. J'ai déjà merdé d'un point de vue communication en contactant l'un des associés sans me soucier de l'autre et je souhaite réparer cette erreur. Depuis que j'ai rencontré le père de Nicola j'ai eu l'occasion de réfléchir mais les évènements ce sont un peu bousculés aussi... Ma rencontre avec Darnel le soir de mon entretien avec mon possible associé m'a fait du bien et m'a permis de me sentir à nouveau moi même. C'est bizarre mais vivre comme si il n'y avait pas de lendemain c'est mon credo, tout un art, qui me rassure. Les responsabilités, la vie d'adulte, mmmm , je n'aime pas ça en dehors de mon boulot. Donc tout ce questionnement existentiel me fatigue mais je dois en passer par là. Quand j'ai appelé le cabinet j 'ai eu la secrétaire de ce Leo qui m'a dit qu'il avait peu de temps à me consacrer mais qu'elle allait se renseigner sur ses disponibilités précises. J'ai proposé un déjeuner ici en choisissant la plus jolie table avec la plus belle vue quitte à payer le prix.  C'est une marque de respect et ça permet aussi de se détendre. Un joli cadre est souvent bon pour les affaires. Je suis arrivée en avance mais je me lève en te voyant arriver avec le serveur. Je sais que je ne fais pas erreur, internet a été mon ami pour mettre un visage sur le nom que l'on m'a donné. " Lee Burrows, enchantée de faire votre connaissance." allez c'est parti ma jolie te voilà dans l'arène. C'est le moment d'être douée. Je l'encourage intérieurement avant de tendre la main pour te saluer.

Nous avions envisagé la présence d’un troisième associé afin de diriger notre cabinet. Cela nous permettait une meilleure répartition des affaires, mais surtout d’absorber la charge de travail car avec les années, le cabinet s’était fait une bonne réputation. Je ne boudais pas mon plaisir de lever un peu le pied afin de pourvoir m’occuper plus confortablement de ma fille. On va dire que le temps aidant, mes priorités changent quelque peu. Je n’ai donc pas forcément très bien pris l’approche de cette fille qui m’a possiblement ignoré en première attention. J’ai pourtant une réputation, un nom assez connu dans le milieu, même si les affaires que je choisis de défendre ne sont pas toujours les plus populaires. On salue mon impartialité, mon cœur à l’ouvrage et un certain charisme pour la défense. Tout l’inverse de ce qui se murmure d’elle. Tant mieux, nous ne marcherons pas sur les plates bandes l’un de l’autre et je la laisserai avec joue défendre la veuve, et l’orphelin si cela lui plaît. Elle m’a convié dans un restaurant chic de la ville et j’avoue être assez intrigué par le personnage. M’adressant au serveur, il me conduit vers la table désignée. Je l’observe rapidement, belle femme, classe, ça n’a pas toujours dû être facile pour elle d’être prise au sérieux avec un physique pareil. Je lui tends la main. « Enchanté Madame Burrows ou dois-je vous appeler Lee ? » Je ne sais pas vraiment si elle préfère le ton formel ou non. La laissant s’asseoir, je fais ensuite de même. « Merci pour cette invitation. » Bien que un peu piqué par son oubli, je ne laisse rien paraître.

Grand, classe, jeune sont les premiers qualificatifs qui me viennent en tête en le découvrant. Je me présente et lui serre la main. "Si je peux vous appeler Leo, Lee me semble parfait." on s'installe et je lui laisse évidemment la meilleure place face à la vue sur la baie. " C'est un plaisir et j'espère que ce déjeuner permettra en partie de rattrapper ma maladresse." Ton posé et regard franc, je ne suis pas du genre à feindre, ce n'est pas mon truc. Bizarre d'ailleurs que j'ai choisi ce métier... Mais pas si idiot quand on sait que c'est pour ça que je choisi mes clients. Je ne joue pas la comédie, je mets mon cœur et mes tripes dans chaque affaire et pour ça je dois être à 200% convaincue que la cause est juste. Là n'est pas la question et je reviens à notre conversation. "Je me suis sans doute un peu précipitée quand j'ai contacté votre associé et je vous présente mes excuses."  je n'ai aucun problème à dire quand j'ai tort. " je ne suis pas de la région mais je suis susceptible de m'y installer et dans ce cas je pense vendre mon cabinet à Jacksonville en Floride pour investir à la hauteur de vos parts à tous les deux." simple clair et concis. Maintenant je suis toute ouïe pour répondre à ses questions ou interrogations. Je souris et m'empêche de pianoter des doigts sur la table. Ne pas montrer de signe de nervosité serait une bonne idée d'autant que je serais vite fixée sur son état d'esprit.

Deux prédateurs qui s’observent, les armes ne sont pas les mêmes mais l’objectif semble atteint respectivement. « Très bien Lee. » Alors appelons-nous par nos prénoms, ce n’est pas une chose qui me dérange et autant poser les bases si nous venons à nous côtoyer en tant qu’associés. « Il n’y pas de raison. » dis-je avec un mince sourire. Tu as fait une erreur mais a eu l’honnêteté de le reconnaître, dans notre monde un péché d’orgueil n’est pas rare alors j’admire cette qualité que tu exposes d’admettre tes failles. Tout de toi laisse présager une certaine force de caractère. En même temps, on ne peut pas réussir dans ce métier sans, et d’autant plus lorsqu’on est une femme. L’égalité est théorique mais dans la réalité il reste encore de nombreux pas à faire. « Je les accepte. » le ton est tout aussi franc et naturel, et dans nos silences courtois, mes yeux océans te détaillent. Tu sembles franche, honnête, chose plutôt rare dans nos castes où tous les coups bas restent permis. « Qu’est-ce qui vous amène ici Lee ? » La question est posée sans arrières pensées mais bel et bien par curiosité. Edenton est une petite ville, bien loin des grandes cités dans lesquelles on peut se faire un vrai nom. J’avais eu mes raisons d’atterrir ici mais je suis curieux de connaître les tiennes.

Ton calme et posé, regard d'azur qui me scrute je prends le temps de m'excuser et la conversation  démarre. Tu acceptes mes excuses et je prends une grosse inspiration de soulagement. Mon sourire s'élargit et atteint mes yeux tandis que je me présente un peu plus précisément. J'expose de manière concise ce que je pense avoir à proposer et suis assez étonnée par sa première question. Étonnamment il ne me parle ni de mes études ni de ma spécialité, des procès gagnés, de ma réputation... Rien de professionnel finalement mais une question plus personnelle sur les raisons de mon arrivée à Edenton. Je rassemble mes pensées quelques secondes. Je n'ai pas l'habitude de mêler vie personnelle et vie professionnelle mais je peux comprendre que passer de Jacksonville à Edenton puisse surprendre...  Surtout quand on a déjà un cabinet qui fonctionne plutôt bien. Ma meilleure carte c'est d'être sincère et honnête comme à mon habitude. "J'ai des proches qui vivent ici et je songe à les rejoindre de façon plus pérenne. Ils sont ma famille et un changement de cadre de vie ne me fait pas peur. Je ne cherche pas à être une star du métier mais à être utile pour que les victimes de violence obtiennent justice et je peux le faire n'importe où." je ne sais pas si c'est une justification logique à ses yeux mais c'est la vraie en tout cas. Il y a quand même une deuxième raison qui rend cela possible et j'ouvre la bouche dès qu'elle me vient. " Tout ceci est aussi envisageable parce que j'ai gagné quelques grosses affaires très médiatisées et avec beaucoup d'argent à la clef. Ça plus mes économies font que je peux me permettre de travailler différemment sans crainte pour mon niveau de vie." je n'ai aucun complexe à parler d'argent même si j'en ai gagné une partie en me baladant en sous vêtements et ça peut éclairer sa lanterne. Je fais un signe discret au serveur lui indiquant qu'il va pouvoir venir prendre notre commande dès que ça lui sera possible et j'attend tranquillement la suite.

Le prestige, la carrière, l’entretien d’une réputation. Très clairement, nous ne sommes pas ici pour ça. Loin des loups de New-York ou des vautours de Los Angeles. J’ai fait premières armes dans les grosses cités américaines, comme tout avocat sorti d’une grande université qui se respecte. Mais ma femme aspirait à une vie tranquille et finalement suivre Cameron à Edenton s’était avéré être une opportunité pour notre famille. C’est naturellement que je viens t’interroger sur les raisons de ta venue dans cette petite ville sans histoires. « Quels proches ? » Je suis curieux et je veux savoir. Ma sœur m’avait rejoint ici au décès de ma femme. « C’est une ville agréable et nous ne manquons pas de travail, certains clients viennent de loin car le cabinet a bonne réputation.» Mais j’imagine que tu le sais déjà. Tu n’es pas le genre de femme à choisir au hasard le lieu de sa carrière. Tout du moins, j’en ai l’impression. Prenant soin de m’expliquer par la suite que ton train de vie pourra être assuré. « Les revenus sont confortables mais il ne faut pas avoir peur de se déplacer fréquemment. » Finalement, on peut rester connecté avec ces grandes villes si toutefois on en a envie. Le serveur vient nous retrouver pour prendre commande, ce que nous faisons chacun notre tour. Puis une fois libérés, je pose de nouveau le regard sur toi. « Que les choses soient claires Lee. Je connais tout de votre dossier professionnel. De votre réputation. Comme beaucoup dans notre profession, je ne suis pas le genre d’hommes à laisser les choses au hasard. Votre carrière est irréprochable. Une vraie samaritaine. J’imagine que vous avez pu voir que ce n’est pas mon cas. » Loin du monde mièvre et manichéen, j’ai appris que le monde se borde de teintes plus grisées que l’obscur et le clair. « Nous cherchons avant tout une personne stable et loyale. Une professionnelle qui s’investira vraiment pour le bien du cabinet. Pas quelqu’un qui cherche une petite parenthèse à la campagne, une pause dans une vie trop cadencée pour mieux repartir quand cela lui chantera.» Voilà quelles sont mes craintes te concernant, car tu es jeune, pleine d’avenir et je redoute ton envie de partir une fois que tu auras trouvé ce que tu cherches ici.

A la question, quels proches je fronce les sourcils et puis je me détends de nouveau parce que même si je n'ai pas pour habitude de mêler vie personnelle et vie professionnelle il en est peut être différemment pour toi et parce que je n'ai rien à cacher. Mon meilleur ami et ma filleule Je n'en dis pas plus, ça ne me semble pas nécessaire de prime abord je préfère écouter ton exposé sur la douceur de vivre à Edenton. Tu évoques ensuite les revenus, c'est logique puisque j'ai évoqué cet argument moi aussi. Je te rassure d'un geste de la main et d'un sourire tout en ajoutant me déplacer n'est jamais un problème c'est même souvent un plaisir. j'ai beau être trentenaire je ne suis pas dans le trip bébé et maison avec le petit mari qui m'attend donc voyager et profiter de la vie ça me va je n'aime pas la routine. Je compte bien garder des attaches en Floride même si mon quotidien se perennise sur Edenton. Je ne doute pas que vous ayez eu accès à mes derniers faits d'armes et vous aurez sans doute noté que traverser la moitié du pays n'est pas un problème pour une affaire qui me tiendrait à coeur. son attitude physique m'en apprend peu sur lui mais je continue à jouer carte sur table. Je fronce les sourcils quand il me décrit comme une bonne samaritaine. Encore un qui n'a pas compris... Je m'occupe des victimes bien sûr mais pas par bonté d'âme juste par envie de voir punir et châtier les coupables ... Je me vois plus comme le messager de l'enfer pour ces types que comme une sainte... J'écoute pourtant attentivement la suite. "Je n'ai rien d'une sainte si c'est ce que vous supposez et je ne porte aucun jugement sur vos choix de carrière. Chacun son domaine c'est d'ailleurs l'idéal dans une association de plusieurs talents. Je ne compte pas marcher sur vos plates bandes et dans les miennes si vous avez si bien consulter mon dossier vous savez que je fais partie
des meilleurs." c'est ma haine qui me donne des ailes et me pousse à me dépasser pour chaque affaire, pour que chaque pourri paye le prix le plus fort possible. La haine est un moteur extrêmement puissant, surtout quand elle est si forte qu'elle ne s'éteint jamais. Je vais chacun de ces types pour ce que l'un d'entre eux m'a fait et je me guéris sans doute un peu chaque fois que j'agis pour en coller un derrière les barreaux. La suite de son discours recèle ses craintes me concernant et je ne peux que les entendre et comprendre. Il est parfaitement logique que vous puissiez douter, on ne se connait pas et mon idée de venir vivre ici peut vous apparaître comme soudaine et irréfléchie. Je ne suis pas quelqu'un d'inconstant et je sais ce que je veux. Je ne compte pas m'installer pour repartir dans 6 mois mais je ne fais pas de promesse que je ne tiens pas donc je ne promets pas de rester toute la vie. Ce que je peux affirmer c'est que je m'engage à trouver quelqu'un de chouette pour me remplacer si je devais un jour repartir. C'est d'ailleurs parce que je souhaite être sûre avant de m'engager que j'ai demandé un délai de réflexion à votre associé. Si je m'engage ce n'est jamais à la légère. nos plats arrivent tandis que je termine mon exposé. Mon regard est clair et direct et je suis contente de ma réponse. Je ne mentirais pas pour ce job, ni pour aucun job, ce serait aller contre ma nature.

Ma question est effrontément curieuse, j’en ai bien conscience, mais Edenton est une petite ville, alors cela me pousse à vouloir savoir. Tu restes cependant assez évasive et je ne pousse pas la curiosité davantage, hochant simplement de la tête dans une signe d’écoute. Après tout, cela n’a pour moi que peu d’importance. Je poursuis sur mes observations, ce que j’ai pu noté de toi. Tu sembles un brin agacée par ta description de samaritaine. Mais je n’en démords pas. Loin de l’idée de te ranger du côté des Saintes, tu restes tout de même sur une vision du monde assez juste et binaire. Ce n’est pas la mienne. Mais peu importe. Contrairement à toi, je ne fonctionne pas à l’émotionnel pour mes affaires. Je poursuis une logique, une mécanique implacable et argumentée. Cela a ses forces mais aussi ses limites. « L’important est la complémentarité, je suis d’accord sur ce point. Ce monde est suffisamment vaste pour qu’on ne se marche pas dessus Lee . » Bien sûr, les avocats ont toujours ce petit surplus d’orgueil qui les pousse à une certaine rivalité, mais j’en attends un challenge plutôt sain et porteur que l’inverse. « Ce n’était pas souligné comme un défaut, je m’appuie sur les faits et vos choix de défense, je n’ai rien à y reprocher, juste que ce ne sont pas mes méthodes et c’est un avantage. » Il faut que tous les associés soient différents. « J’espère que vous n’avez rien contre la coopération ? Parfois, pour les plus grandes affaires, nous sommes amenés à travailler en binôme. » Et il faut ainsi savoir se compléter plutôt que s’attaquer, mais je ne suis pas inquiet à ton sujet honnêtement.  « Bien, tout ceci me semble clair. Il y a de toute manière trois mois d’essai au cas où vous acceptez de façon à ce que tout le monde s’engage en connaissance de cause. » C’est ainsi dans le monde du travail et s’associer avec des inconnus peut présenter des risques. « Certains clients prévoient de vous rejoindre ? » Parce qu’une clientèle supplémentaire est toujours bon à prendre lorsqu’on souhaite rejoindre un nouveau cabinet.

J'écoute attentivement ce qu'il dit parce que découvrir ses mécanismes de pensée m'intéresse potentiellement pour la suite. Nous sommes très différents mais il admet que ça entraîne une forme de complémentarité. Il ressemble beaucoup plus à l'idee que l'on se fait d'un avocat que moi mais contrairement à ce que les gens pensent en général ça m'avantage. On se méfie moins d'une petite blonde à forte poitrine... Le monde est ainsi fait dans un patriarcat archaïque dont j'adore briser les codes. Aucun problème avec la collaboration j'aime le travail d'équipe, c'est d'ailleurs ainsi que je procéde au quotidien même si en fait j'ai déjà choisi un collaborateur sur toutes mes affaires. Je ne sais pas encore si Jasper acceptera de me suivre ici. Il aime sa vie en Floride... Mais j'aime tellement bosser avec lui que je lui offrirais une augmentation si nécessaire. Il est probable que je sois obligée de le supplier... Cette pensée en tête me fait sourire tandis qu'il évoque la période d'essai. Normal et rassurant pour tout le monde. on ne s'engage pas à la légère avec un métier comme le nôtre. La question d'une clientèle qui me suivrait se pose et j'y réfléchis une seconde avant de répondre. J'ai un fonctionnement assez différent de la norme à ce niveau. Les seuls qui vont suivre seront ceux dont l'affaire n'est pas encore traitée. Je fais peu de conseil juridique. Ma méthode c'est de traiter des affaires très rémunératrices ET de ne pas perdre. je souris en le disant et lui fait un clin d'oeil pour le rassurer sur le fait que cet ego surdimensionné n'est qu'un jeu. Ceci dit je ne perd pas souvent c'est bien pour ça que je suis recherchée dans ma partie. Si c'est impératif je peux me diversifier mais ce serait probablement moins rémunérateur et je ne doute pas que vous ayez de très bons collaborateurs pour cette partie. C'est sincère. Je ne bosse bien que quand je n'en fais qu'à me tête autant qu'il le sache.