Ses bras se referment plus fortement sur lui. Sa tête est enfouie contre son torse. Jamila.. C'est incroyable cette capacité à oublier tout ce qui le préoccupe quand il reporte son attention sur elle. Dans ces moments, elle seule compte. Sa main remonte dans son dos pour se poser dans ses cheveux, la gardant tout contre lui. Il se penche légèrement. ça ira babe, t'es pas seule.. On fera face au fur et à mesure ensemble. Examens, échographie, décisions importantes. Il n'aborde pas le sujet car c'est trop récent et brutal pour qu'il le fasse, mais à un moment il le faudra, de discuter pour emménager ensemble. Plus les pensées défilent dans sa tête et plus la liste s'allonge.

Je fais oui de la tête, c'est tout c'que j'semble capable de faire d'ailleurs face à cette situation. Parce que si j'ouvre la bouche, j'ai peur de dégueuler des mots. Parce que si j'ouvre les yeux, j'ai peur de me mettre à pleurer. Alors j'reste là. Tout contre toi. Écoutant les battements de ton coeur et me laissant bercer.

Il fait ce qu'il peut sans avoir l'impression de réussir à la réconforter. Pas un mot. Pas un regard. Il parle mais c'est plutôt un monologue dans lequel il semble s'enliser comme un grand. Il n'a aucune idée, ne sait pas si ses mots l'aident. Il n'en est pas certain. Alors à son tour, il prend l'option du silence. Se contentant de la bercer. Fermant à son tour les paupières. Mauvaise idée. Il se met alors face à l'une de ses plus grandes craintes, celle de l'échec et de ne pas assurer dans son rôle de père. S'il le ressentait déjà pour Anya, cette crainte revient encore plus puissante pour ce petit être qui grandit dans le ventre de Jamila. C'est son tour cette fois de resserrer son étreinte, de chercher du réconfort contre elle.

Silence. Moi qui trouve généralement du réconfort dans ce dernier, cette fois, je le trouve assourdissant. Tu me sers un peu plus et je dois fermer encore plus fort mes paupières pour ne pas chialer comme un bébé. Au final, j'arrive enfin à articuler: Wanna go inside? Parce qu'on va pas rester planté dehors comme ça toute la soirée et que j'commence à frissonner légèrement. J'sais pas si j'arriverai d'avantage à parler une fois en d'dans, mais j'sais au moins qu'on aura la paix parce que ma mère est chez une copine et Nev au boulot.

Le temps s'écoule, toujours à la même vitesse, englobant en quelque sorte leur désarroi dans la fraîcheur de cette soirée d'hiver. Il trouve un peu de réconfort, dans ce corps chaud qui est blotti contre le sien. Corps dont les lèvres se décident à se délier pour lui proposer de rentrer. ça serait une bonne idée oui souffle-t-il proche de son oreille. Il la garde encore un peu contre lui, puis s'écarte légèrement. Il ne rompt pas le contact, gardant un bras autour de sa taille. Même s'il n'est pas encore remis de l'annonce de sa grossesse, il reste présent et il tient à le lui montrer. Ses prunelles la caressent, glissent sur son ventre avant de revenir sur son visage. Il l'aime. Elle n'a même pas idée. Même si tout va trop vite entre eux. Ce qui est légèrement paradoxal vu que ces simples trois mots, ils ne les ont encore jamais formulés directement à voix haute. Ils se le prouvent, il n'y a rien à dire sur le sujet, mais pourquoi bloquent-ils pour les prononcer, c'est un mystère.

Tu acceptes qu'on rentre bien que tu ne bouges pas tout de suite, me gardant tout contre toi alors qu'on marche vers l'intérieur. Je passe directement le salon pour t'amener dans ma chambre. Ça fait un peu drôle, comme si j'étais encore une adolescente ici. Et à vrai dire, j'ai un peu cette impression présentement. Violemment ramené dans le passé avec cette grossesse impromptue. Une fois dans ma chambre, je me détache de toi pour me laisser tomber sur mon lit où je m'allonge finalement. Je lève les yeux vers toi et te tend la main. Come here..

Il n'aime pas trop cette atmosphère qui règne, emplie de gravité. Cela ne leur ressemble pas trop. Il ne dit plus un mot alors qu'elle le guide à l'intérieur. C'est étrange car généralement ils se retrouvent soit à l'extérieur, soit chez lui. Et là, il a l'impression d'être un adolescent qui avance sur la pointe des pieds jusqu'à la chambre de sa dulcinée. Ils y arrivent et elle s'écarte de lui pour s'allonger avant de l'inviter à le rejoindre. Ce qu'il vient faire sans hésiter, retirant rapidement ses chaussures au passage. Il s'allonge à ses côtés et l'attire dans ses bras, calant son menton contre le haut de sa tête. Cette grossesse est pas prévue mais je la regretterai pas. J'suis content d'avoir un bébé avec toi, j'avais juste pensé qu'on aurait davantage de temps pour nous avant qu'on se décide à franchir le pas. Tandis que là, ils se retrouvent un peu au pied du mur et ils vont devoir prendre des décisions sans avoir vraiment le temps d'y réfléchir. Il tente de se confier, de lui dire ce qu'il ressent, peut-être en ayant l'espoir que sa langue se délie à son tour. Car depuis qu'elle lui a annoncé, c'est à peine si elle décroche deux mots.

On aurait très bien pu rester au salon et on aurait été tranquille, mais j'ai juste envie de m'enfermer dans mon monde là et ça implique aussi de venir m'allonger dans mon lit en position foetale, mon petit corps tout contre le tiens fort et solide. T'es mon roc Thomas et j'sais même pas si t'en est conscient. Tes paroles m'apaisent un peu et je hoche la tête. I know.. me too. Pas très bavarde, j'arrive malgré tout à enligner quelques mots. Je relève ensuite la tête et viens poser mes lèvres dans ton cou, humant ton odeur et profitant de ta chaleur.

Elle n'est toujours pas très bavarde. Il ne force pas, ils n'ont pas besoin de parler en vérité. Sa main caresse son dos dans un geste réconfortant. Elle bouge un peu et il sent ses lèvres se déposer sur son cou. Il frissonne légèrement, appuyant légèrement sur son dos pour la ramener tout contre lui, si tentait que ça soit encore possible. Même si ça ne le dérange pas qu'ils soient silencieux, il y a tout de même un sujet qui le préoccupe et qu'il ne peut passer sous silence, sans avoir à attendre pour l'aborder. Est-ce que je pourrai venir à tous les exams...? J'ai quasi tout raté pour Anya... Et il le regrette même s'il n'a pas vraiment eu le choix. Quand la mère de la petite a débarqué sur le pas de sa porte, elle était bien enceinte, on ne voyait que ça. Il s'est montré présent mais vu que la grossesse était quasi à terme, il n'a rien pu vivre des étapes normales pour un futur père. Sa main qui s'était arrêtée de caresser son dos se remet alors en mouvement.

Je m'arrête dans mes baisers pour relever la tête vers toi. L'amour qui transparait présentement dans mon regard doit être impossible à manquer ou du moins c'est l'impression que j'ai. D'ailleurs, lorsque j'ouvre la bouche pour te dire que oui, bien sûr et que j'adorerais même, c'est autre chose qui sort. I love you. Je me surprends moi même et baisse rapidement les yeux. Fuck...

Il sent ses lèvres s'écarter, elle bouge pour relever un peut la tête. Leurs regards se croisent et il se perd dans le sien durant un instant. Sans doute que les deux reflètent le même sentiment et c'est ce dernier qui lui fait dire que tout ira bien pour cette grossesse et pour eux. Il n'y a pas de raison de supposer le contraire même si elle n'a pas encore répondu à sa demande. Sa bouche s'ouvre et quand les mots franchissent ses lèvres, son coeur manque un battement. Il ne s'y attendait pas à celle là, en tout cas pas dans l'immédiat. Elle lui avait déjà avoué à demi mots et vu le retour qu'il avait fait, il a supposé depuis qu'elle lui laissait prendre son temps pour mettre des mots sur ce qu'il ressentait. Elle baisse le regard mais il glisse les doigts sous son menton pour lui relever la tête vers lui. Je t'aime aussi. Il ne se force pas à le dire, il ne fait qu'avouer une chose qu'il ressent depuis quelques temps déjà. Même si c'est trop rapide surement. Il se penche un peu vers elle et vient alors poser ses lèvres doucement sur les siennes.

J'suis à deux doigts de me refermer, de me monter des barrières énormes pour me protéger de la douleur de ne pas entendre ces mots à la réciproque. Deux doigts que tu viens poser sous mon menton pour le relever et me retourner ces trois petits mots. J'avale de travers et tu m'embrasses avant que je ne puisse protester. Je pousse un petit soupire et me presse complètement contre toi, prolongeant le baiser en passant une bras autour de ta taille et mêlant mes jambes aux tiennes.

Il profite de ce baiser, prenant son temps pour le savourer. Il la sert un peu plus contre lui. Il les connait ces moments, quand ils commencent ainsi. ça finit rarement chastement. Il ne sait pas si ça sera encore le cas ce soir. Dans tous les cas, il laisse ses lèvres se mêler aux siennes durant un moment, finissant quand même par se reculer un peu. Il ne la quitte pas du regard, la couve de son amour. Je pourrai alors pour les exams...? Tant pis s'il se montre rabat joie et qu'elle le trouve lourd à relancer le sujet. Il a de l'importance à ses yeux même si ça ne l'empêche pas de déposer des baisers légers sur ses lèvres en même temps.

La pression monte tout doucement et ce, même si tu t'arrêtes un moment pour me poser cette question. Regard brillant et hochement de tête. Yes. I woudn't want it any other way.. Je t'embrasse à nouveau et recule la tête. Well you just missed the blood test I did to make sure the tests were really positive. J'crois pas que ce soit vraiment un problème, pas vrai?

Soulagement, et bonheur. Elle ne se rend pas compte de la joie qu'elle lui donne juste en acceptant qu'il soit à ses côtés pour chaque étape de la grossesse. Certainement qu'il est déjà un papa poule quand on le voit avec sa fille, probablement que cela ne s'arrangera pas avec l'arrivée de ce bébé. Il ne souhaite rien rater, à la fois dans son rôle de père mais pas seulement. Celui de compagnon également. Quand leurs lèvres se décrochent une nouvelle fois, elle lui avoue qu'il n'a manqué qu'une prise de sang, et donc indirectement les tests. ça va, je vais m'en remettre d'avoir raté ceci. Il sourit. Au fond il ne sait pas trop pourquoi elle ne lui a pas dit avant il aurait attendu à ses côtés le résultat du test mais il comprend. Elle avait peut être besoin de le faire seule. Son nez vient se frotter doucement contre le sien. Il effleure ses lèvres les frôlant à peine. J'espère que ça sera un garçon que je ne sois plus minoritaire. Car entre elle et Anya, il est déjà minoritaire. En rajoutant Nevaeh, encore davantage. Alors un p'tit mec, ça serait pas mal même s'il sourit car dans le fond il s'en fiche. Il l'aimera ce bébé, peu importe son sexe.