OUTFIT • L'anniversaire de Jared. Ça fait quelques semaines que je m'y prépare mentalement... Je n'ai pas l'habitude de passer beaucoup de temps avec les parents de Jared, tout simplement parce que nos horaires ne nous le permettent pas trop. En général, je me contente d'aller leur porter Oliver, d'échanger deux ou trois mots et de repartir. Bref... là, j'vais devoir affronter sa famille au complet, ainsi que ses amis et ses frères militaires. Ce qui veut dire... Wade. J'ai habillée Oliver soigneusement, me doutant qu'il serait en quelque sorte une vedette durant la soirée... étant le fils d'un des deux fêtés. Une fois arrivée chez mes (ex?) beaux-parents, je cogne à la porte, tout en tenant la main d'Oliver avec ma deuxième main.

Putain. C’est le premier mot qui lui est venu en tête se matin. Deux ans qu’il évite ce bordel. Anniversaire commun. A croire que ses vieux avaient fait exprès de mettre au monde, deux fils en décembre. Et comme si ça ne suffisait pas, il allait devoir faire bonne figure devant sa belle-sœur et ce connard de Wade. Écoeurant. Sans égard pour Jared, l’improbable duo, se pavane depuis longtemps. Assez longtemps, pour savoir qu’il se la tape.

Ombre lasse. Émergeant tardivement du sommeil, le blond laissait les vapeurs de café, éveiller sa conscience. Perçant le brouillard, les coups frappés à la porte faisaient échos. Et personne qui bouge son putain de cul. Soupirant, Devyn quittait la chaleur de la cuisine pour le froid vestibule. Inspirant, il ouvrait pour laisser place à sa belle sœur et Oliver. Lourdeur dans la poitrine. Pendant un instant, la vision de Jared s’imposait à ses pupilles, avant de se dissoudre. Silence. « Ptain classe tes lunettes. » Super. Qu’est ce qu’on était censé dire à son neveu, quand on était incapable d’être présent ? Sauf pour ramener des cadeaux « S’tu vas voir dans l’salon, j’crois qu’il y a un truc qui t’attend. » Fait chier. Dans une dernière tentative de sourire, le blond finissait par se détourner pour repartir dans la cuisine. Tout en continuant de royalement ignorer Jennie.

La porte s'ouvre devant nous et c'est Devyn qui apparaît sous nos yeux. Je devais m'y attendre mais bizarrement, j'suis quand même surprise, étant donné qu'il n'habite plus chez ses parents depuis un certain moment déjà. Un compliment à l'égard de mon fils et je sers un petit sourire mal à l'aise. Oliver aussi et d'ailleurs, sa petite main tire sur la mienne et il tourne les yeux vers moi, incertain. Oliver, tu te rappelles d'oncle Devyn, n'est-ce pas ? Il te regarde de nouveau et plisse les yeux. Il sait qu'il t'a vu récemment, mais ces fois-là sont tellement rares qu'il ne se rappelle même plus de ton nom et de comment tu peux être lié à lui. Bonjour oncle Devyn et merci. Qu'il dit d'un ton monotone, par pure politesse. En voyant son grand-père juste derrière lui, il n'écoute même pas ce que tu lui dis et il te pousse pour pouvoir entrer et courir jusqu'à lui. Je lève les yeux vers toi et pince les lèvres, visiblement très, très mal à l'aise. Désolée pour ça. Mais cette fois-là, c'est toi qui m'ignore et tu repars vers la cuisine. Cool. Belle après-midi en perspective. J'entre et me débarrasse toute seule de ma veste et de mes chaussures, pour l'emporter dans la chambre des parents de Jared, comme à l'habitude lors des réunions familiales comme celles-ci. Je me dirige vers la cuisine où je trouve ma belle-mère et après le bonjour, je la sers dans mes bras. Devyn, as-tu vu ton neveu ? Il a grandit depuis la dernière fois que tu l'as vu, n'est-ce pas ? Tu ne trouves pas qu'il ressemble à notre Jared ? Qu'elle demande à son fils, enjouée. Madame Reilly a trouvé la paix après la mort de son plus vieux garçon, bien que parfois il lui arrive encore de pleurer quand il lui manque vraiment. D'ailleurs, à cet instant, les larmes lui montent aux yeux et elle sourit en regardant Oliver qui grimpe sur les épaules de son grand-père. Aujourd'hui fais partie de ces journées-là, où son fils lui manque terriblement.

Il te reconnaît pas. Le voir ainsi agir était vexant, mais totalement compréhensible. Les cadeaux ou n’importe quelle phrase, ne remplacerait jamais le fait d’être present. « Mon petit chéri ! » Le grand père prodige prenait son petit fils dans les bras. La prunelle de ses yeux. Son petit Jared. Face à ça, Dev’ ne ressentait aucun mépris. Aucune jalousie. Il savait depuis longtemps que son aîné occupait la place qu’il n’aurait jamais pu prendre. La relève était donc assuré avec Oliver. D’une certaine manière. Excuse. Les mots de Jennie, lui passait complètement au dessus. Tout comme sa présence. Ombre qui se détourne. L’ignorant, le blond retournait prendre position dans la cuisine en espérant un peu tranquillité, mais apparement, toute la petite famille avait décidée de lui coller au cul. Putain. Et ses parents qui en rajoutaient une couche. « Notre petit Ollie fera de grandes choses comme son papa ! » Les yeux pleins d’adoration, le grand-père se rapprochait de sa femme, tout en maintenant le petit sur ses épaules. Tandis qu’en face, Devyn n’avait qu’une envie, c’était de fuir. Comment ils font. Ils étaient tous là, à parler de Jared comme s’il était pas mort comme un vulgaire pantin de la nation. «  Oue. » Ce simple mot traversait ses lèvres pincées. « J’reviens. » S’échapper. Putain, il osait même pas regarder son neveu dans les yeux. Cette réunion était qu’une mascarade et lui, il avait à nouveau l’impression de suffoquer. Quittant la cuisine, il s’engageait vers l’étage. Juste souffler.

Le contact rompu, je me dirige vers l'évier histoire de me laver les mains, avant de saisir un couteau et aider ma belle-mère à couper des crudités. J'écoute la famille de mon mari discuter et parler d'Oliver comme s'il était futur astronaute ou pire encore, militaire et je déglutis. Puis, en entendant ta froideur légendaire, je tourne les yeux vers toi qui s'est déjà enfuit. Qu'est-ce qu'il a lui ? J'hausse les épaules. C'n'est que son deuxième anniversaire sans son frère... Donc ne pose pas trop de question et laisse-le vivre ses émotions en paix En entendant cogner à la porte, je me déplace pour aller ouvrir à plusieurs autres invités.

Ça fait un bail que j'ai pas mis les pieds chez les Reilly. Moi qui fait pratiquement office d'un troisième fils dans la famille, j'sais jamais trop comment être avec Devyn depuis la mort de Jared et ça, c'était avant tout ce qui s'est passé entre Jennie et moi. Merde... J'suis malgré tout présent et j'débarque en même temps que quelques autres personnes ce qui me permet de passer plus ou moins inaperçu. J'dis plus ou moins pare que c'est Jennie qui m'ouvre la porte. Hey..

La porte ouverte, j'ai un grand sourire en accueillant les oncles et les tantes, les cousins et les cousines. J'ai mal à la mâchoire, à force de forcer. De faire semblant. J'ai pas envie d'être ici. Pas parce que je n'aime pas tout ces gens... Mais parce que je n'ai plus ma place. Ce matin en m'habillant et en me coiffant, j'ai retirée ma bague de mariage pour la première fois en deux ans. C'est le temps de passer à autre chose, non ? Je ne peux même pas dire que c'est plus facile parce qu'il m'a trompé et putain, je me sens perdue et je ne sais pas vers qui me tourner. Lorsque je vois ton visage apparaître derrière un invité, mon cœur s'arrête. Il y aura toujours toi. Je pourrais en parler à Brody, mais je n'ai pas envie de le mettre contre sa sœur plus qu'il le fait par lui-même. Je pourrais en parler à Dov... mais j'aurais l'impression de trahir Brody. Ils sont tous les deux au courant, mais sans savoir concrètement les pensées négatives qui tournent en boucle dans ma tête. Alors ouais... il y aura toujours toi. Hey... Je me mord l'intérieur de la joue et baisse les yeux, avant de me tasser sur le côté pour le laisser entrer. Oliver arrive en courant et ouvre les bras : WADE ! Juste assez fort, pour que tout le monde sache qui vient d'arriver.

La cohorte familiale au complet passe devant moi et j'attends sagement mon tour. Lorsque j'me retrouve face à Jennie, j'ai pas à forcer mon sourire cependant. Elle me retourne mes salutations tout aussi brièvement et s'écarte, laissant la chance à Oliver de me voir et de gueuler à tout le monde que j'suis là. J'le réceptionne comme je l'ai fais des centaines de fois auparavant. Hey bud! Je ris un peu et le porte dans mes bras jusque dans le salon où se trouve pas mal de monde, l'autre moitié dans la cuisine. Je salue les gens à la ronde et dépose finalement Oliver au sol. J'vois Devyn nulle part et me tourne vers Jennie comme pour la questionner silencieusement.

Il saute dans ses bras, un sourire tellement grand qu'on arrive à voir qu'il lui manque une dent à l'arrière. Wade lui fait faire un tour de salon, là où tous les invités ou presque y sont assis. Je m'occupe d'accueillir quelques amis de Jared, dont deux ou trois mecs qui, si je ne me trompe pas, étaient dans la marine eux aussi. Madame Reilly se rend elle aussi au salon, pour y déposer des plateaux de crudités et apéritifs. Il n'y a plus personne à la porte, alors je la referme et retourne au salon. Évidemment, mon regard croise le tien, mais je ne suis pas sure de comprendre c'que t'essaie d'me demander. Alors je mime un "Quoi ?", en m'appuyant contre un mur.

Reaction immature. Pas digne du frère de Jared, mais ça avait été plus fort que lui. Le besoin de s’isoler était de plus en plus présent à mesure que la maison s’emplissait. D’en haut, il pouvait entendre l’effervescence collective. Toc. Un coup sur sa porte ouverte, ramenait son esprit d’entre les limbes. Tournant son visage, il découvrait la carrure imposante de son paternel. J’lui fais pitié.  « Tu descend fils ? Tout le monde est arrivé. » Maladroit, le chef de famille se rapprochait de lui. Main rassurante sur l’épaule. « Je sais que c’est pas évident, mais ils sont tous venu pour toi et ..Jared. » Cette manie qu’il avait de parler de son frère comme s’il faisait encore partie de la matérialité. WADE. Écarquillant ses iris, la voie d’Oliver montait jusqu’à lui. Coup de poignard.  L’air désolé, son paternel ne pouvait que constater la jalousie s’insinuer sur le visage de son fils. « Tu peux pas lui en tenir rigueur. » Inutile d’en dire plus. Le frère d’arme de Jared, avait été bien plus présent que lui. Trop. «J’sais.» La mâchoire contractée, le blond ne trouvait aucune objection.  Puis dans un mouvement lasse, se contenter de suivre son père en bas.

La première chose qu’il vit en descendant en bas, c’est l’échange silencieux entre sa belle sœur et Wade. Les ignorant d’abord, Devyn se contentait de sourire à ses proches et à maintenir un échange. Néanmoins, il gardait un œil sur celui qui occupait le mauvais rôle.

J'regarde vers Jennie qui me demande silencieusement pourquoi je la regarde comme ça. J'regarde autour et tout aussi silencieusement, demande: Devyn? en haussant les épaules. J'ai pas besoin d'attendre sa réponse cependant pour voir le principal concerner descendre l'escalier avec le père Reilly. J'pourrais presque frissonner tellement l'ambiance est froide entre nous deux, mais j'porte le rôle du bigger man alors j'traverse la famille et les amis pour aller l'saluer formellement. Main tendu, je me contente d'un: Hey Dev.

Wade précise silencieusement sa question et mon regard s'agrandit, avant de balayer la pièce et d'hausser les épaules. Puis, je pointe le plafond et tourne les yeux vers Devyn qui vient tout juste d'entrer dans la pièce. Ah bon, bah, le voilà. Je regarde l'échange entre les deux hommes et à mon tour, je m'approche d'eux. Hey Dev, bon anniversaire ! J'ai un grand sourire sur les lèvres, j'essaie d'ignorer le malaise qui est là depuis... deux ans, en fait.

Distance réduite.L’ombre de Wade , se rapprochait de lui. Mais entendu, il le saluait dans les formes. Connard. La mâchoire contractée, le blond s’apprêtait à répondre, mais c’était sans compté l’intrusion de Jennie. [im]Les deux menteurs qui se soutiennent.[/i] Du dégoût. Il pouvait le sentir s’insinuer dans ses veines. Ignorant la main tendu de Wade, tout comme le commentaire de Jennie, Dev’ laissait quelques mots filtrer : « Qu’est-ce que t’fou la. » Present pour ton frère. « Il m’semble pas qu’tu fasses partie d’la famille. » Corps qui se penche. «  Plus depuis qu’tu baise la femme de mon frère. »

Jennie me rejoint près de Devyn et lorsque ma main tendue demeure seule dans le vide entre nous, je la laisse retomber. D'ailleurs, il me crache son venin au visage plutôt que de répondre à mes simples salutations et je remercie mentalement les Reilly d'avoir autant d'amis et de famille parce que comme ça au moins, tout le monde ne t'as pas entendu ta dernière phrase. Mon visage se referme complètement et ma mâchoire se serre. T'as aucune idée de c'que tu dis, gamin.

Je renarque le visage de Devyn devenir mauvais, puis la main de Wade qui redescend. Pendant deux ans, je n'ai jamais compris ce qu'il se passait avec le frère de Jared pour qu'il ne nous donne plus signe de vie... et maintenant je commence à comprendre. Il en veut à Wade. J'écoute l'altécation entre les deux hommes et je deviens inquiète. Arrêtez... pas ici... allons plutôt dehors. Que je murmure, en surveillant la réaction des gens autour.