Si je le voyais retourner la situation, je savais, par avance, qu’il pensait la même chose de moi. Peu importe ! C’était au final lui... qui allait commencer. Il se leva presque trop fière à cause de l’inhibition que favoriser l’alcool. Je souriais en le regardant s’approcher des deux. Il revint bien trop vite en m’induisant les prénoms et je me montrais tellement halluciné de cette efficacité. J’inspirais un grand coup et termina un nouveau shot comme pour me donner du courage. Je me retrouvais devant les deux dames et je commençais mon jeu de séduction. Bien sûr, il fonctionnait : c’était notre truc à nous! Dans ma drague presque gênante, je réussis a ne pas oublier le foulard. Je revenais le foulard en main et ironisant, je reprenais : tiens mon mignon... je me marrais de plus belle. Je m’asseyais à nouveau à ses côtés. Mais tu pourrais genre coucher avec elles ? Demandais-je ahuri.

Fier de lui, il attendait la même facilité de la part de son meilleur ami. Et comme à son habitude, ce dernier ne le décevait pas. Néanmoins, il lui semblait voir apparaitre un sourire crispé. L’espace d’une seconde. Victorieux, Emrys revenait avec ledit foulard. Odeur chanel n°5 Tout ce qu’il détestait. Ricanant à ses mots, Rylan posait le foulard sur la table. « T’es sérieux ? » Est-ce qu’il pourrait se les taper ? Non. Définitivement non. < « Tu m’prends pour qui. » rigolait-il. Rylan était loin d’être désespéré et par-dessus tout, il ne baisait pas pour baiser. Peut-être plus jeune, mais plus maintenant. Il était plus du genre à avoir une régulière, mais sans être pour autant engager. « Et toi ? »

Il se sentait presque offusqué de ce que je venais de lui demander. Il me demanda alors si j’étais sérieux et je riais en regardant Rylan. Bien sûr, il ne manqua pas de me poser la même question. Je grimaçais. Je fis un air de dégoût et je reprenais : pas le moins du monde ! Je préfère encore me taper un gnou ! Faux évidemment mais la parole, la blague était forte drôle à faire. Un sourire, je reprenais : bon si tu leur payais un verre quand même ? Histoire de jouer. Je lui fis un sourire coquin avant de glousser de rire.

« J’sais pas moi, si tes goûts on changés ! Ça fait un an qu’on s’est pas vu. » Main en l’air, le blond pouffait de rire, avant de reprendre un shot. Détendu. Boire, était un moyen de tenir. Un moyen d’oublier les souvenirs. Après un an en Syrie, son esprit n’était pas dans le même état qu’auparavant. Effet secondaire. C’était le prix à payer pour être les pions d’un pays. « Et si on leur payait un pisse mémé ? » Odieux garçon. Offrir une tisane à des femmes qui repoussaient l’attaque de l’âge, était horrible. Pourtant, ça ne l’arrêtait pas. Levant une main, il lançait sa requête à la serveuse. Eloignée, elle filait derrière le bar pour préparer sa surprise. Tandis que les deux protagonistes attendaient la sentence.

C'était toujours de drôle situation qu'on vivait avec Rylan ! Pourtant, comme il le disait si bien, cela faisait un an que nous ne nous étions pas vus, mais a chaque fois, c'était des moments rocambolesques. Ma proposition d'offrir un verre aux deux cougars plut presque directement à mon meilleur ami. Il déclencha mon rire. Je ne manquais donc pas de m'esclaffer grâce à ses mots. Je repris alors : Allons donc ! Je saluais la serveuse et quand elle arriva nous commandions donc les deux "tisanes". Nous étions mort de rire. Un petit temps passa. Je tapais l'épaule de mon frère : téma la tete des mamyyy... Je ris.

Est-ce que c’était irrespectueux ? Pour être honnête, oui, mais est-ce que c’était drôle ? Totalement. Ricanant, ils affrontaient les regards assassins des mamies, lorsque soudain … « Putain, elles arrivent ! » L’impression d’être à la place de Percy Jackson et d’affronter les gorgones, se fit étrangement réelle. A la hâte, le blond lâchait un billet sur la table, avant de tirer sur le bras d’Emrys. « COURS ! » Ayant l’impression de voler, le blond, sortait en trombe du pub, tout en s’assurant de la présence de son meilleur ami.

On ne manquait pas d’offrir le fameux verre quelque peu humoristique à nos deux amis. Bien sûr, elles ne tardèrent pas à recevoir le cadeau et elles arrivaient bientôt vers nous. On se regardait du coin de l’œil. Rylan se sentit obliger de faire remarquer l’évidence. Oui, elles venaient mais que faire ? Personnellement, je n’avais pas un grand temps de réaction donc quand je le vis poser un billet pour les consommations... je paniquais presque, soupirant de flemmardise et la ... hop, il me demanda donc de courir. J’en étais sûr ! Pensais-je bien fort et je me marrais, accentuant le tout grâce au breuvage nommé alcool. Je courrais a sa suite hors du pub. Nous partions comme de fou dans ma rue jusqu’au coin de celle-ci. Je pense qu’on devrait peut être aller chez moi se poser non ? Je riais. La course folle l’avait presque déjà enlevé de l’alcoolémie.

L’air frais réveillait leur sensation, alors qu’il parcourait les rues. Abandonnant depuis longtemps, leur voiture. Echos de leur rire. Pris d’un poing de côté, Rylan s’arrêtait près du new-yorkais. « Tu penses bien. » Reprenant son souffle, en se tenant contre lui, le blond se redressait enfin pour s’approcher de sa demeure. « J’espère qu’on recroisera pas les gorgones. » Nouveau surnom officiel. Près de lui, il laissait son meilleur ami se saisir de la clé pour ouvrir la porte.