Ce petit déjeuner tournait au rendez vous intime, étrange.. Et c'était appréciable de se parler, apprendre à se connaître. oh, ma présence dans ce camion suffira pas ? demandais je le plus posément possible, sans jamais baisser le regard. t'auras la meilleure infirmière de la région et en plus, ce s'ra gratuit. un grand sourire un peu forcé, c'était assez non en échange ? Le moins ambiguë du monde. Ton regard avait changé sur moi ? Ou c'était dans ma tête, dans tous les cas, j'me sentais plus timide.

« Voyez-vous ça » Un rire quittait ses lèvres pour se perdre dans l’immensité du ciel. Pendant quelques secondes, il se perdait à nouveau dans le ciel, avant de reporter son attention sur la brune. Quelque chose a changé ? « Dans c’cas, si c’est gratuit .. » Fourmillement dans les mains. Elle était si proche d’elle, qu’il pouvait sentir son souffle chaud caresser son visage. Presque. Emrys avait raison de se montrer surprotecteur. Loin d’être le genre d’homme à sauter sur tout ce qui bougeait, il était à l’inverse, celui qui ne se posait pas. Du moins, pas officiellement. Pourquoi ? Peut-être qu’il n’avait pas trouvé la bonne personne ? Pas celle qui lui ferait ressentir quelque chose de suffisamment fort pour qu’il est envie d’abandonner sa liberté. Pour lui, être en couple, revenait à s’entraver, mais à l’inverse, n’avait-il pas seulement peur ? Mouvement inconscient. D’un doigt, il frôlait la main de Lola, avant de s’y attarder.

L'ambiance avait complètement changé en quelques minutes pour nous mettre dans une bulle hors du temps. Ici, personne ne vous verrait ou nous entendrait, lieu sublime en plus. trop chanceux.. tu allais être, si t'avais des soins gratuits. J'en riais légèrement et des que tu me touchais les doigts, je reprenais mon sérieux. Ce contact était le premier qui n'était pas anodin ou simplement amical. Mais je profitais de ce moment, laissant mon regard scruter chacun de tes traits. J'essayais d'enlever de ma tête l'image d'emrys te faisant la morale. Et qu'importe... J'avais juste envie de rapprocher mon visage, mon corps entier. J'me sentais juste bien là, à pas réfléchir un peu. Hors de question que j'fasse quoi que ce soit, j'avais pas envie que tu crois je n'sais quoi ou que tu me prennes pour un cœur d' artichaut. Peur de l'engagement, peur d'être brisée à nouveau, on avait plus de points en communs que prévu.
Du bout de mes ongles, je caressais ta main, chacun de tes doigts.

Trop chanceux ? Perdu dans ses prunelles hypnotiques, l’homme pouvait y voir son propre reflet. Magnétisme. Ses doigts avaient trouvés les siens. Lien. Il pouvait le sentir. Invisible, mais présent. Discrètement, le lien s’étirait. Tissant une ficelle. En mémoire, la nuit du cimetière passé au cimetière venait s’infiltrer. Vagabond souvenir. Immergé dans sa peine, Lola avait été son ancrage. Temps d’une nuit. Solaire, elle avait supprimée toute méfiance. A elle, le frère attristé, s’était confié. Tout comme elle. Frisson. Sous sa caresse, il se crispait légèrement. Qu’est-c’que j’fous ? De lui, elle en avait trop vu. Faille. Elle y avait eu accès, alors que face au monde, il tentait de montrer un homme lisse. Comme toi mon frère. Inutile d’en décevoir un autre. Emrys. De la décevoir elle. Il devait arrêter là leur rendez-vous. Avant de perdre le contrôle et de franchir la limite.  Rompant le contact, Rylan éloignait sa main pour retourner sur le dos. Splendeur des cieux. « On devrait rentrer. » Portés par la brise matinale, ses mots volaient jusqu’à elle.

Est ce que c'était l'ambiance qui nous avait mis dans cette bulle ? Ou alors le fait qu'on s'attire mutuellement ? Avec toi je n'avais pas envie d'être juste une fille d'passage. Un ami avant tout, et puis se laisser porter par le vent. Le temps d'un instant, j'aurais cru que t'allais m'embrasser ou te rapprocher mais non, tu brisais le contact et c'était sûrement mieux ainsi. oui.. J'ai des achats de Noël à finir moi.. raclant ma gorge, je me levais en débarrassant le p'tit dej et en te souriant légèrement. après toi monsieur

Mal à l’aise. Alors, qu’elle se redressait, la brise autour d’eux, se faisait plus forte. Comme si, un dôme silencieux avait recouvert leur être pour finalement, disparaitre. A son tour, l’homme se relevait. L’aidant à ranger, il pliait la couverture pour l’introduire dans le sac. Silencieux. Les derniers mots de la brune, arrivaient à lui arracher un sourire. Avant de redescendre, le blond coulait un regard vers elle. Indéchiffrable. Puis, mettant fin à l’échange, il enclenchait sa longue descente pour retrouver le bateau à moteur. Fantôme disparaissant parmi l’obscurité. Les pensées en ébullition, des images s’imposaient à lui. De tempérament impulsif, il aurait pu agir autrement et faire ce dont il brulait d’envie. Pourtant, il n’en avait rien fait. Pas elle. L’homme se connaissait suffisamment pour ne pas commettre une erreur.

Les regards ne mentaient pas et pourtant aucun de nous n'avait franchi le pas. Le pas de trop. Celui qui compliquerait peut être tout. Ou qui voudrait ne rien dire ?
On descendait, prenant le bateau ensuite. Je fermais les yeux, profitant de l'air frais sur le visage. [...]
De nouveau sur la terre ferme, il était temps qu'on commence chacun de notre côté, la journée. Merci pour ce moment. C'était cool.. cette fois, je laissais mes lèvres se poser sur ta joue, peut être un peu trop près de ta bouche. J'avais pas envie d'partir mais c'était plus raisonnable.