late for christmas, w: abigail

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Sa bûche glacée coincée sous son bras, il étire ses lèvres en un sourire figé et cordial. Il est coincé juste à l’entrée de la boulangerie, forcé de faire un brin de conversation avec une amie de longue date de son père. C’est fréquent depuis son retour, ses petites discussions qu’obligent la convenance et ça l’irrite toujours. Il prend sur lui toutefois, répète les mots prononcés cent fois. Qu’il va bien, qu’il se remet. Même si c’est pas le cas. Que c’est bon d’être de retour. Même s’il préférerait être ailleurs. Que son père va bien, même s’il n’en est pas sûr non plus. Il ment quoiqu’il en soit, car c’est ce que tout le monde fait. Cinq minutes s’écoulent avant qu’il ne parvienne enfin à s’échapper. Il sent son portable qui vibre dans sa poche de son manteau. Sans doute sa soeur ou son père, qui se demandent pourquoi il n’est toujours pas arrivé. Sans faire mine de récupérer son téléphone, Jurian se met en route vers sa voiture, une bmw rutilante garée à quelques places de parking de là où il se trouve. Il a dépassé un véhicule quand une tête familière attire son attention. Il s’immobilise et jette un regard critique sur la bibliothécaire visiblement désoeuvrée. « Un problème ? » Sa voix est claire et assurée et il arque un sourcil, dans l'attente d'une réponse.

@Abigail Morgan

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abigail & jurian / décembre 2020

of all the places and all of the spaces that I've ever seen, and that I've ever been, it's true. i'd walk through a town I could only have dreamed but the beauty surrounding means nothing to me, it's you ( @Matthew Mole )

« A quelle heure tu vas arriver ? » Demande sa mère à travers le combiné. « Je vais partir du parking, là. J’arr-. » Elle se décompose. La voiture décide soudainement de faire un bruit qu’Abigail ne connaît que trop bien. Elle ne laisse pas le temps à sa mère de s’inquiéter : « Je t’rappelle Maman, j’t’aime. » Dit-elle dans la précipitation avant de jeter son téléphone portable sur le siège passager. La brune fronce les sourcils. Dans le doute, elle tente de remettre le contact, mais Angel, capricieuse, ne semble définitivement pas vouloir démarrer. « Non, non, non. S’il te plaît, ma belle, ne me fait pas ça. Pas aujourd’hui. » Supplie-t-elle en ouvrant la portière de sa voiture. Le froid vient immédiatement lui mordre les joues. Un râle de mécontentement s’échappe de ses lèvres alors qu’elle ouvre le capot. Elle espère que la solution lui saute tout de suite aux yeux, mais elle doit avouer que même si sa précieuse voiture tombe régulièrement en panne, elle ne parvient toujours pas à la réparer elle-même. Elle s’appuie sur la voiture et ferme les yeux, frustrée. Soudainement, une voix masculine s’élève derrière elle. En se retournant, elle reconnaît tout de suite l’habitué de la bibliothèque avec lequel elle avait eu une conversation plutôt houleuse. Elle ne se retient pas de lever les yeux aux ciels. « Disons simplement qu’Angel est un peu capricieuse, aujourd’hui. » Pendant quelques secondes, elle a un sourire ironique sur le visage. Elle est bien partie pour être en retard au repas de famille ! « Mais elle va bien finir par redémarrer. » Elle se tourne à nouveau vers sa voiture. « Il faut juste que je trouve- » Elle tente de soulever quelque chose au hasard, mais se rend encore une fois : « À l’évidence, ce n'est pas ça... » Elle souffle.

(c) mars.

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La fille, une dénommée Abigail (information qu'il tiens non pas de la principale intéressée, mais d'une conversation entendue), lève les yeux au ciel dès qu'elle le repère. Il ne l'en blâme pas, pas plus qu'il ne s'en agace. Il s'en amuse au contraire, le coin de ses lèvres se cornant de satisfaction. Non pas qu'il tire un plaisir particulier d'une voiture hors d'état. Il arque un sourcil en entendant le nom du véhicule récalcitrant mais il n'émet, une fois n'étant pas coutume, aucun commentaire. Il rend à la fille son sourire bourré d'ironie, une étincelle persistante dans ses yeux bleus. Lorsqu'elle laisse entendre que la voiture va redémarrer, Jurian garde encore la bouche fermée. Non pas que les mots soient utiles. Son visage parle pour lui, laissant clairement entendre qu'il n'en est pas autant convaincu. Il regarde la bibliothécaire se tourner de nouveau vers sa voiture avec une obstination un brin ridicule, mais toutefois divertissante. Il en oublie presque tout le reste, tout occupé qu'il est à s'amuser de la déroute d'Abigail. « N'est pas expert en mécanique qui veut » lance-t'il finalement platement. Dans le genre inutile, cette réflexion se pose résolument là. Son inaction n'a toutefois rien à voir avec un excès de mauvaise foi. Si Jurian aime les voitures, il n'a aucun talent particulier pour les remettre en forme en cas de problème.

@Abigail Morgan

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abigail & jurian / décembre 2020

of all the places and all of the spaces that I've ever seen, and that I've ever been, it's true. i'd walk through a town I could only have dreamed but the beauty surrounding means nothing to me, it's you ( @Matthew Mole )

Elle ne veut pas perdre la face devant l’inconnu de la bibliothèque qui s’était permis un commentaire désobligeant sur son couple, alors Abigail reste un instant encore face à son moteur mimant de chercher la cause de la panne. Malheureusement, elle ne voit rien de réellement inhabituel, tout semble à sa place et en bon état. Elle laisse échapper un nouveau petit grognement et se tourne à moitié vers l’inconnu. « Alors je suppose que vous, vous savez y faire avec les voitures ? » Demande-t-elle presque agacée en arquant un sourcil. Si Tony avait été là, il aurait sûrement réussi à la faire redémarrer, se dit-elle dans un souffle. Elle se retourne alors complètement vers l’inconnu, les bras croisé contre sa poitrine et s’adosse très légèrement à la voiture. S’il le faut, elle se débrouillera pour aller chez sa mère en bus, ou à pied. Ou elle appellera Tony pour qu’il vienne l’aider avec tous les cadeaux. « Angel finit toujours pas redémarrer d’une façon ou d’une autre. » Dit-elle ensuite plus pour se convaincre elle-même que pour convaincre l’inconnu qui répondait au prénom de Jurian. Elle passe une main dans sa nuque, essayant de réfléchir en même temps à ce qu’elle pouvait faire, se redresse et se concentre à nouveau sur la voiture. « Allez, ma belle. Fais un effort s’il te plaît... » Murmure-t-elle à la voiture un désespérée.

(c) mars.