Pensées qui se bousculent. Sans pouvoir l’expliquer, l’homme présentait cette distance entre lui et Madelynn. Surtout depuis la fois où elle l’avait repoussée. Ce n’était pas son ego qui présentait cet éloignement, mais son subconscient. Mauvaise habitude. A chaque fois qu’il rentrait, le blond s’était accoutumé au fait, de l’avoir pour lui. Autant que possible. Puis, il y avait eu la dernière fois. Celle où elle était malade. Celle où un simple message avait suffit pour refroidir l’atmosphère. Elle qui disait trouver un homme creepy, mais qui n’hésitait pas à partir avec lui en vacance. Jaloux ? Pas vraiment. Pas vrai ? Rylan mettait plutôt ça sur le fait, de ne plus se sentir privilégié sur le reste. Et ça, c’était nouveau pour lui. Topazes ombragées. L’homme frappait un coup sur la porte d’entrée, avant de la pousser. Parfum sucré. Il se laissait conduire jusqu’au salon. « J’suis là. »

J'suis rentrée depuis une heure environ. J'ai pas fait grand chose de ma journée à part préparer mon petit-déjeuner, mon cv et aller le porter à la pharmacie où travaille Jake. J'suis pas totalement sereine à l'idée de bosser au même endroit que mon petit-ami, mais bon, je dois trouver quelque chose et c'est assez pressant. J'attends dans ma chambre, les caméras éteintes. Même si Jake travaille, j'ose pas les garder ouverte en cas où... J'suppose que j'suis encore un peu traumatisée de la dernière fois. J'entends cogner et me jette en dehors de ma chambre pour aller t'accueillir. Hey bébé. Je souris et une fois devant toi, j'ouvre les bras pour me glisser dans les tiens. Ça va?

Sylphide dans ses bras. Rylan l’accueillait dans une étreinte. L’enveloppant entièrement, il abaissait son visage pour déposer un baiser sur le sommet de sa tête. Puis, il se décalait d’elle pour lui faire face. « ça va et toi ?» Mettant un terme à leur étreinte, l’homme en profitait pour retirer sa veste. Tout en la déposant sur le canapé, il reprenait : « Pas trop déçu de rentrer ?» La réponse, le blond la connaissait déjà, mais il avait envie d’en apprendre plus. Curiosité. Il voulait savoir ce qui lui avait donné envie de rester la bas. Était-ce les paysages où était-ce l’homme avec qui elle avait voyagé ?

L'étreinte n'est pas comme à l'habitude. Est-ce que c'est toi, ou c'est moi, qui se réserve un peu ? Je ne saurai répondre et puis, le contact n'a pas duré bien longtemps. Tu retires ton manteau et je recule un peu dans la pièce pour te laisser ton air. Ouais, ça va. Le retour à la réalité, le décalage horaire, le village froid et plat d'Edenton... Évidemment qu'Hawaii va me manquer. J'suis déçue, ouais. Je souris légèrement et n'ajoute rien de plus. Pas d'explication, rien. J'suis pas bavarde et de toute manière, j'suis pas encore psychologiquement prête à parler des changements qu'il y a eu entre Jake et moi. J'vais aller chercher ton cadeau, j'reviens. Je disparais dans ma chambre et reviens seulement une minute plus tard, le paquet bien emballé entre les mains. Tiens, ouvre. Je pince mes lèvres. Et puis je n'ai toujours pas oublié le tatouage... Celui que tu étais censé choisir, avant que Brody pète un cable.

Elle était déçue. C’est l’unique chose qu’elle concédait à lui dire. Rien de plus. Il n’avait même pas le temps de rétorqué, qu’elle disparaissait déjà. Immobile, Rylan finissait par s’assoir sur le canapé. Bruit de pas. La propriétaire des lieux réapparaissaient avec un paquet dans les mains. Il lui avait dit que c’était pas la peine de lui offrir quoi que ce soit, mais elle y avait tenue. Pincement de lèvre. Rien que cette vision, réussissait à l’attendrir. «  Merci bébé. » Un sourire aux lèvres, Rylan déchirait l’emballage pour y découvrir .. « T’avais peur que je t’oublie ? » lançait-il en riant. Le dépliant à hauteur de ses yeux, il mettait en évidence le caleçon bleu orné de la tête de Mads. Y avait qu’elle pour penser à lui offrir un truc comme ça. Se penchant vers elle, Rylan déposait un baiser sur sa joue. « Et pour le tatouage, t’es pas obligé. » Le tatouage .. A l’évocation de se souvenir, il repensait à Brody et à l’état dans lequel il l avait trouvé avant hier soir.

Je viens m'asseoir près de toi sur le canapé, en déposant le paquet cadeau dans tes mains. Tu me remercies, mon sourire s'étire. De rien. Tu déballes et je ris en te voyant admirer ma petite tête découpée un peu partout sur le caleçon. Ouais. Maintenant tu ne peux plus, sinon j'vais t'donner envie d'te gratter les couilles. J'hausse les épaules puis réceptionne le baiser sur ma joue. J'me sens pas obligée, j'ai envie d'une petite partie de toi sur ma peau. Et c'est honnête. J'ai déjà quelque chose qui me rappelle Kimmy, maintenant c'est à ton tour et il faudrait peut-être que je fasse quelque chose en l'honneur de Kris également. So... d'you have any ideas? Je reçois une réponse à mon texto pour Jake, récupère mon téléphone vite-fait pour lui répondre et remet l'appareil dans ma poche.

Langage cru qui lui arrachait un nouveau rire. D’une main agile, il repliait le caleçon pour le poser près de lui. « 21 Juin 2017. » Jour du solstice d’été. C’est ce qu’il voulait qu’elle inscrive sur sa peau. Du moins, si elle tenait à avoir à tout prix un tatouage. Une date, c’était moins grave qu’un prénom. «  La date d’notre rencontre. » Ridiculement sentimental. Mais ce jour-là, il avait avant tout rencontré une amie. Interrompue. La brune s’agitait sur le clavier de son portable, avant de rapidement le ranger. Suspicieux, il n’en laissait pourtant, rien paraître. Puis, avec un détachement feint , Rylan revenait sur le sujet du voyage. «  C’moi ou tu veux pas m’dire comment ça c est passé avec ton pharmacien ? » Elle qui d’habitude lui disait presque tout, pourquoi jouer la carte du mystère ?

Tu chasses ma blague et m'apprend sans plus tarder l'idée que tu as en tête pour mon tatouage. Je ne suis pas douée avec les dates... Mais je me rappelle bien de 2017 et j'aurais pu deviner que ce serait notre amiversaire. Un sourire se dessine sur mes pulpeuses et je penche la tête sur le côté. T'es un softie. J'aurais pas cru ça venant de toi, mais c'est chou. Alors ce sera ça. Je tend la main pour agripper ton bras après avoir rangée mon téléphone. Ta question me frappe de plein fouet et je soupire. C'est lourd là, pourquoi vous tenez toujours à tout savoir? Toi, Kimmy, Kris... Vous êtes sur mon dos. Jeremy l'est un peu lui aussi, mais puisque nous ne sommes pas aussi proche, j'suis moins gênée d'admettre quelques trucs à lui. Ça s'est bien passé. J'ai rencontrée ses parents, sa sœur... On a été à la plage, on a fait les magasins et tout un tas d'choses... Je ne sais pas c'que tu veux savoir, alors pourquoi est-ce que tu ne me poses pas directement tes questions ?

Contact. La main de Madelynn agrippait son bras. Allégeant ainsi, l’ambiance opaque qui avait envahit les lieux. Ambiance qui ne tardait pas à devenir irrespirable. La raison ? L’implosion de la brune suite à la question qu’il lui avait posé. Gamine capricieuse. C’était quoi le problème ? En quoi c’était mal de vouloir savoir comment ça c’était passé ?! « Peut-être parce que tu nous a habitué à tout nous raconter. » Presque. Des lèvres rosées de Mads, un flot continue de son séjour se déversait à ses pieds. Un flot qui en disait long et peu à la fois. Prunelles orageuses. Inconsciemment, Rylan serrait le point, avant de se reculer pour s’appuyer contre le dossier. La forçant ainsi, à relâcher l’emprise de sa main sur son bras. « C’pas c’que font les meilleurs amis ? S’intéresser à la vie de l’un et de l’autre .. bla-bla-bla. » Visage de marbre. « Je m’intéresse juste à toi putain. T’es la, à m’dire que le mec est flippant mais tu pars avec lui jouer au parfait petit couple ? Alors excuse moi d’me poser des questions. »

C'est vrai. On se dit tout, on se partage tout... Autant nos secrets que nos microbes. J'ai juste jamais réalisé qu'un jour, j'aurais envie de ça avec un autre homme que toi. Puisque tu le demandes, je crache quelques informations plus ou moins clair à propos de mon séjour à Hawaii.. Puis, à la fin de mon discours, je te demande de poser directement tes questions. Parce qu'on est meilleurs amis, on doit s'intéresser à l'autre et ça t'intrigue toute cette histoire avec Jake. Je reprends ma main et hausse les épaules. On ne fait pas que jouer. Je lâche, par frustration. On est un couple. Mon regard change et ça se voit. Ça se voit que là, tout de suite, j'te déteste. C'n'est pas quelque chose que j'étais prête à admettre, ni à toi ni à personne en fait. ... Satisfait ?

Elle abdiquait. Enfin. De ses lèvres, la vérité éclosait. Ce qu’elle tentait de cacher depuis plusieurs jours, était loin de ce qu’il avait imaginé. Ou peut-être que si ? Elle lâchait ses mots avec une telle ombre dans le regard, qu’il aurait aimé détourné les yeux, mais il n’en faisait rien. Au lieu de ça, il restait silencieux. Sans savoir quoi dire ou quoi faire, parce que savoir Madelynn en couple, c’était inédit. Ça voulait aussi dire que ce qu’il connaissait depuis presque quatre ans prenait fin. Du moins, une partie. « C’était si dur à admettre ? » Voix calme.

Je n'étais pas prête à le dire. Je n'ai pas honte de Jake, ce n'est pas la question, ni la raison. J'ai juste... jamais été en couple. Du moins, pas par amour, ce que je crois bien que c'est, avec Jake. La seule personne avec qui j'ai partagée un bout de chemin, c'est Kris. Et tu sais très bien comment ça s'est terminé... Parce que je n'ai même pas eu de mal à te la partager, tout comme je n'ai ressentie aucune jalousie lorsqu'elle m'a annoncée qu'elle commençait à sortir avec une autre personne que moi. Jake... C'est différent. J'veux pas l'imaginer dans les bras de quelqu'un d'autre, juste de savoir qu'il regarde les caméras et donc potentiellement mes colocataires, je grince des dents. C’était si dur à admettre ? Je recule le menton pour avoir une meilleure vue sur ta gueule pendant que tu me poses une question qu't'as probablement déjà la réponse. Moins dur que pour toi de respecter mes limites. Mon cœur commence à pomper et j'sais pas c'qu'il me prend, mais je prend ton bras et tire dessus pour venir mordre le gras -presque inexistant- sur ton biceps. Je n'étais pas prête à en parler, j'le suis toujours pas. Maintenant que tu sais, j'peux compter sur toi pour te la fermer ? J'vais l'dire éventuellement, mais sous mes propres termes et à mon rythme. Maintenant, excuse-moi, j'ai plus envie d'te voir aujourd'hui. Je soupire et me lève du canapé, bien trop dégoûtée en ce moment. J'aurais pu être vache et t'envoyer chier, mais ce n'est pas dans mes habitudes de faire ça avec mes meilleurs amis. Alors je marche jusqu'à ma chambre pour aller m'étaler sur mon lit, boudeuse.

Ses limites ? Elle agissait comme s’il avait commis un crime d’état. Ce qui en devenait presque ridicule. Il aurait dû agir avec du bon sens en ne posant aucune question et en jouant à celui qui ne percevait aucun changement. Seulement ça, ce n’était pas lui. Avec une possessivité injustifiée, Rylan avait tout fait pour obtenir la réponse à sa question. Au détriment d’elle, peut-être, mais à ses yeux, il ne voyait pas la gravité. Le blond savait que Madelynn était complexe quand il s’agissait de relation, mais il avait oublié à quel point. Après tout, plus d’un an et demi c’était écoulé depuis sa dernière visite. De plus, il revenait d’un an d’opération extérieur. Tout ça, lui paraissait sans gravité comparé à ce qu’il avait pu voir ou vivre. A tel point, que par moment, il se sentait en décalage avec les comportements sociaux. Tempête dans sa tête. Regard noir dans ses iris, Madelynn tirait son bras pour y planter ses canines. Pris au dépourvu, il n’eut même pas le temps de réagir, qu’elle était déjà debout à vociférer. Gamine. Trop loin. Elle allait trop loin. Prenant la fuite, elle disparaissait dans sa chambre. Abandonnement le caleçon sur le sofa, Rylan la suivait dans la chambre. Arrêter à l’embrassure de la porte, il lâchait : « Quand t’arrêteras de t’comporter comme une gamine, tu m’feras signe. » Puis, sans attendre de réponse, il se dirigeait vers la sortie.