Premier cours de danse depuis quand... 2014 ? Ça remonte. Déjà 7 ans environ que j'ai renoncée à mes chaussures de danse, 7 ans que j'ai décidée qu'je n'avais plus le talent, la patience, la persévérance. Pourtant, j'ai toujours aimée bouger, même si je ne suis certainement pas née pour être une danseuse étoile... J'étais à l'aise avec mon corps. J'entre dans la classe un peu à reculons. Le plus stressant j'avoue, c'est de voir ta gueule pour la première fois en personne. Pour l'instant, que des filles. Et un mec, mais il porte mieux ses pantalons de yoga que moi alors j'doute que ce soit toi. J'attends dans un coin, commence par l'étirer un peu, en surveillant l'entrée. T'as pas intérêt d'me poser un lapin.

Sur l'échelle du compteur de la motivation, le niveau pour la danse est correct. Celui pour la danse contemporaine est très bas, pour ne pas dire quasi inexistant. Il a accepté mais après une recherche google, il s'est dit que ça ne serait pas son truc. Alors il a hésité, à lui envoyer un message pour reporter, voire même annuler. Il y a eu l'option d'aller dans un bar pour boire une bière et d'attendre. Pour se pointer au rendez-vous avec plus d'une heure de retard en prétextant qu'il s'est trompé d'heure. Mais voilà, même avec le cours de ses pensées, il est tout de même présent, à l'heure, avec pour motivation : c'est un prétexte pour la rencontrer et il a besoin de se changer les idées. Grandement même ces derniers temps. Il ne sait pas quelle est la tenue appropriée pour ce cours, et il s'en fiche un peu à dire vrai. Il a opté pour un bas de jogging bleu nuit et un débardeur noir uniquement car il trouve ces vêtements confortables. Quand il entre dans la salle, des regards se tournent vers lui, et il en fait de même, la cherchant. Il la repère dans un coin. Il l'imaginait plus grande. Première déception ou non.

Je n'ai pas les yeux sur la porte au moment où tu entres, mais je te vois plutôt rapidement, puisque je me redresse après mes étirements. Un sourire se dessine à la commissure de mes lèvres et j'dois avouer qu'j'ai un peu louché sur ton choix de jogging. Regarder, c'pas interdit, non ? M'enfin, surtout si c'est regarder pendant 2 secondes, avant d'réaliser qu'les joggings font beaucoup mieux à mon Jake. Tiens tiens, si ce n'est pas le vieux... Je pouffe de rire avant de m'approcher de toi. J'devrais être gênée, intimidée, ou j'sais pas trop, mais c'pas le cas. J'suis à l'aise. M'enfin, on m'voit rarement dans un autre état de toute manière. Ça m'fait mal de l'admettre mais, t'es plus beau en vrai. Donc... félicitations pour ta belle gueule, j'imagine ? Je ris.

Ses lèvres bougent mais il ne distingue pas vraiment ce qu'elle balance avant de se rapprocher de lui. Il ne vaut sans doute mieux pas. A présent qu'ils sont face à face, on peut se demander si ça va tourner à ces premières rencontres que l'on voit dans les films quand les futurs amoureux transis se rencontrent et ne savent pas quoi dire. Généralement la déception est immense. Mais là, il n'est nullement question d'amour entre eux. Fort heureusement car vu le caractère dont elle a fait preuve dans leurs échanges de messages, il n'est pas certain qu'il l'aurait supportée plus de dix minutes au quotidien. Et réciproquement s'il faut avouer la vérité. C'est plutôt mes parents qu'il faut féliciter. Lui n'y est pour rien pour sa gueule, belle ou non. Toujours pas changer d'avis pour la country ? J'suis sûr qu'on peut encore. S'éclipser, se tirer de ce cours qui n'a pas encore commencé. Il ne se dégonfle pas, c'est juste que ça ne le branche pas ce style même s'il souhaite apprendre la danse. Mais si elle y tient tant, il fera tout de même l'effort d'aller jusqu'au bout, car il est du genre à tenir ses engagements. Au moins pour un cours, avant de lui dire qu'il ne reviendra pas au suivant.

Tu réponds que c'est plutôt tes parents que je devrais féliciter et je pouffe de rire. Tu m'rappelleras d'leur envoyer une carte à ton anniversaire. Je regarde le prof qui attend l'arrivée de tous les élèves inscrits, puis retourne à toi. Tu sembles te dégonfler, du moins, c'est l'image que tu projettes. Je remue la tête de gauche à droite. Nope. Toujours pas. M'enfin si t'aime vraiment pas, on essayera c'que tu veux pour remplacer. Donc en gros, si t'essaie le contemporain, j'suis prête à essayer c'que tu veux ensuite. Une fois l'heure du début du cours arrivée, l'homme responsable de la classe se déplace pour aller fermer la porte, prêt à commencer. Quelques présentations sont faites, règles de base et tout ça. Puis, la chanson est présentée : Him, de Sam Smith. L'enseignant explique qu'il va nous montrer quelques mouvements de base et qu'après évaluation, il choisira deux d'entre nous pour être les danseurs principaux de la chorégraphie. Alors il nous demande de nous mettre en position, j'exécute ses ordres, puis comme l'ensemble de la classe je regarde attentivement ses mouvements pour les répéter à mon tour.

Encore faut-il que je donne la bonne date d'anniversaire. Sur les réseaux sociaux, il varie. Sur une plateforme, il est né en janvier. Sur une autre en septembre.  Les jours diffèrent également. Car même s'il n'a pas honte de son âge, il n'est pas non plus dans son élément de clamer certaines informations de sa vie privée. Tout comme il ne semble pas être dans son élément pour ce cours de danse. Il le fait savoir indirectement, en suggérant une nouvelle fois la country. Même le rock acrobatique, il préfèrerait. Mais elle décline sa suggestion en faisant une concession. Deal. La porte de la salle qui se ferme signale ensuite le début du cours. Il écoute d'une oreille discrète les instructions. Autant, son oreille s'attarde sur les mouvements qui vont leur être montré, autant il n'écoute pas quand il est question de la chanson. Et pour ce qui est du duo pour être les danseurs principaux, il n'a aucun doute sur le sujet qu'il ne sera pas sélectionné. Il soupire, et se met en position à son tour. Même s'il écoute, y met tout de même un peu du sien, il n'y a pas à dire : la danse contemporaine n'est pas pour lui. Il regarde un instant Madelynn. Ses mouvements sont fluides. On dirait un poisson dans l'eau lui glisse-t-il. Quant aux siens, c'est plutôt l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Il a un temps de retard parfois, hésite. Mais il tente tout de même. Et quand il regarde un peu autour de lui, il a confirmation qu'il ne sera jamais sélectionné. Il remarque un gars qui semble dans son élément. Voilà qui lui convient, il reprend les exercices.

J'arque un sourcil quand je comprends que je ne sais toujours pas la date de ton vrai anniversaire et roule les yeux en riant. Whatever. C'n'est pas comme si j'en ai quelque chose à faire ? J'célèbre même pas mon propre anniversaire. Bref, le cours commence et nous essayons tous les deux de suivre les mouvements de l'enseignant. J'entends bien la chanson, perso. J'suis un peu perplexe considérant que la classe est rempli de femmes, à l'exception de quelques bonhommes, comme toi et ce putain d'athlète qui semble savoir exactement ce qu'il fait. Tu commentes mes mouvements et j'hausse une épaule. J'en ai déjà fait avant. J'annonce fièrement. J'prends le temps de te regarder et rigole un peu. Ça ne semble pas t'rentrer en tête... T'as besoin d'aide ?

Regard levé quelques secondes en direction du plafond. Explication trouvée pour le choix de ce style de danse. Elle part dans ce cours avec un avantage alors que lui se traîne un handicap. Handicap qui la fait rire au point. J'en ai jamais fait avant. Reprise de sa phrase juste avant comme toute explication. Ce n'est même pas du sarcasme, juste un fait énoncé derrière se cache finalement un peu d'humour qui lui est propre. Il ne tente même plus de faire des mouvements. Il s'arrête et tend une main dans sa direction. Allez vas-y, j'me doute que tu meurs d'envie d'être ma prof particulière. Vu que de toute manière le prof semble occupé ailleurs ou doit trouver son cas trop désespéré pour s'y attarder.

Je roule violemment les yeux quand tu me dis que j'dois mourir d'envie d'être ta prof particulière. Non, pas vraiment, en fait. Bon aller, pour commencer, tu fais comme ça. Je commence par un pas puis deux, en comptant les temps. C'est pas difficile, mais si t'as vraiment pas la foi, c'est clair qu'on ne va pas aller bien loin. Puis, je fais une pause en te regardant, pour voir si tu vas réussir à m'imiter.

Déjà exaspérée par lui ? Si c'est le cas, elle prend sur elle. Elle lui demande de reproduire les mêmes gestes. Il manque rétorquer un Oui maman moqueur mais se retient. Il regarde, attentivement. Prendre sur lui, accepter de jouer le jeu. En vrai, il pourrait peut-être un excellent danseur dans ce style, dans une autre vie. Car dans celle où il se trouve, il y met du sien. Le rythme est plutôt bien suivi. Les pas sont encore un peu hésitants. Sans doute car il n'est pas à l'aise avec le style. Mieux ? Regard dans sa direction, prêt à réagir en fonction de ce qu'elle va lui sortir.

Tu suis mes instructions et je te regarde faire. Il y a de l'amélioration, il y a clairement du talent qui s'y cache. Ça se voit que tu n'es pas à l'aise, peut-être que tu te trouves ridicule ou je ne sais pas. Je penche la tête sur le côté. Oui. Je remonte les yeux aux tiens. Réessaie. Encore une fois, puis une autre. Au bout de quelques essaies, je finis par trouver satisfaction. T'es pas si nul que ça. La leçon avec l'enseignant se poursuit, nous apprenons de nouveaux mouvements qui deviennent rapidement acquis pour ma part. J'suis comme un poisson dans l'eau là, je ne me rappelais pas que j'étais aussi habile de mon corps... Enfin, pour autre chose que pour l'unir avec celui de Jake, on va dire ça comme ça. Quand le cours se termine, je me tourne vers toi avec un petit sourire gêné. Ok awkward. C'était cool de te rencontrer. Je te dis, avant de passer ma main dans mes cheveux pour retirer l'élastique. Prochaine fois par contre, on pourrait peut-être prendre un verre à la place. Au moins, on aurait pu faire plus ample connaissance.

Étrange sensation que de tenter encore et encore des mouvements pour s'en imprégner. C'est un peu comme la guitare, dans un registre différent. C'est différent également dans le sens où il n'envoie pas tout promener car ça le saoule et il fait un réel effort. J'serai jamais le danseur de l'année mais j'serai un peu plus haut que potable. Poursuite du cours. Efforts qui se poursuivent. Quand enfin la fin est annoncée, il souffle, se disant qu'un joint et une bonne bière lui feront le plus grand bien. Après une douche. Qui dit fin du cours, sonne sans doute également la fin d'une rencontre. Il ne sait pas si cette rencontre était cool. J'penserai pareil que toi si tu m'bloques pas sur le tel dès qu'on sera parti. Il n'a pas été forcément très sociable. Pas qu'il le soit beaucoup en général, mais le cours ne leur ayant pas donné l'occasion de vraiment discuter, il l'a sûrement été encore moins que lorsqu'ils échangent des messages.

J'éclate de rire à ta déclaration et hoche la tête, lèvres pincées. J'te bloquerai pas quand même. Ce serait t'accorder trop d'importance. Je remue la tête de gauche à droite. Non en vrai, j'te bloquerai pas. Mais une rencontre dans un cours de danse, ce n'était pas la meilleure de mes idées. Je me dirige vers la porte, en reculant pour ne pas te perdre de vue. À moins que tu me bloques toi, dans ce cas-là t'es vraiment un connard.

Comment ça, elle ne veut pas lui accorder trop d'importance ? Voilà qui va lui fendre le cœur. Il est limite de porter une main sur celui-ci l'air de dire que ça le touche et qu'elle est en train de le briser. Sauf que ça ne le touche pas et il est loin d'être brisé. Car t'as de bonnes idées ? Il hausse les épaules. Oui, il se moque légèrement et ouvertement. Tout comme il le fait quand ils échangent des messages. Il commence à avancer également vers la sortie de la salle. Te bloquer ? Je pourrai en effet mais j'ai pas de raison là. Si ce n'est te rappeler cette idée foireuse de cours de danse durant quelques temps. ça va l'occuper, de temps en temps, quand il le jugera nécessaire de remettre le sujet sur le tapis. Et puis j'aime bien en vrai quand tu m'racontes tes déboires. ça lui évite de penser aux siens.

Tu vois, toi et moi, c'est pour ça qu'on s'entends si bien. Tu ne sais pas t'effondrer à chaque chose que je dis, même que tu renchéris et puis bref, tu me fais bien rire. Ouais ça m'arrive. J'te répond, amusée. On avance ensemble vers la sortie et je me retourne même pour marcher vers l'avant plutôt que de reculer comme plus tôt. C'est si gentil de ta part. Mais j'tiens quand même à te rappeler que t'as accepté sans proposer une meilleure idée, alors, j'suis pas tout à fait la seule en tort. Je roule les yeux en souriant un peu en coin. Très bien. Si t'aime quand j'te chie à la gueule les détails sordides de ma vie, j'vais pas m'gêner. Clin d'oeil et bisou envolé, je marche un peu plus rapidement pour sortir. Salut !