Le travail terminé, je n’ai pas envie de rentrer. Ce soir, j’ai envie de prendre quelques verres et de me laisser aller. Ne voulant pas embêter Lola, je préfère me trouver un endroit et rester un peu seule. Je récupère mes affaires, troque mes chaussures plates de boulot pour mes bottines à talons. Je salue tout le monde, récupère au passage un pancake qui n’attendait qu’une rencontre avec mon estomac et abandonne le dîner pour me rendre dans le premier pub que je verrais. Ici depuis le mois de Novembre, je ne connais pourtant pas encore tous les bons endroits dans la ville. Et pourtant, la ville n’étant pas si grande que çà, j’aurais déjà dû assimiler tous les bons endroits, mais il fallait croire que je n’avais pas encore eu le temps de m’y attarder bien en profondeur. Face au Governor, j’envoie un sms rapide à Lola pour lui dire que je ne rentre pas tout de suite et entre à l’intérieur. Musique, petite foule, ce pub a l’air d’être bien apprécié de la ville. Sourire sur le visage, je m’approche du comptoir pour commander un verre de vin rouge et de m’installer au comptoir.

Bientôt la fin de la formation. Encore quelques semaines et l’armée serait derrière lui pour de bon. Nostalgie. Une part de lui, regretterait surement cette réorientation, mais la plus importante, était prête. Prête à avancer. Foule euphorique. Pour l’occasion, quelques collègues de la caserne, avaient eu l’idée de passer la soirée au pub. Rassemblement familier. Typiquement l’endroit qui te permettait de croiser des têtes familières. Comme cette blonde. S’approchant du bar pour commander une nouvelle pinte, ses opalines s’arrêtaient sur le profil d’Autumn. « J’savais pas que t’étais l’genre d’meuf à faire les bars seule. » Est-ce qu’elle était vraiment seule ? Aucune idée. Mais honnêtement, il en avait rien à foutre. C’était juste une manière d’entamer la conversation.

Un moment seule, un moment pour réfléchir et poser les bonnes questions à mon esprit qui se trouve toujours un peu embrumé. Mes vieux démons n'ont pas encore quittés mon esprit et ne semblent pas vouloir quitter la ville, alors, me tuer au travail et reprendre mon instagram sont les deux seules choses que je peux faire pour ne pas passer mes journées à trop penser. Verre de vin que je porte à mes lèvres, une gorgée qui fait du bien, une seconde qui est encore meilleure. une voix que je connais, une voix que je n'ai pas entendu depuis plusieurs jours.
parce qu'il y a un profil spécifique pour prendre un verre seule ou non ? te demande-je sans tourner la tête. Je me mords la lèvre, et finis par boire le reste de mon verre. Je lève la main, en commande un autre. Je crois que c'est le moment de te révéler certaines choses pour que tu comprennes pourquoi j'ai rompu avec Emrys.

Se penchant pour s’appuyer sur le bar, le blond tournait son visage vers Autumn. « Plusieurs à vrai dire. » D’humeur taquine dû à la quantité de bière avalée depuis son arrivée, Rylan étudiait sa voisine. Portant le verre à ses pulpeuses, la jeune femme le vidait d’une traite. « J’me demande encore lequel t’es. » Interrompue par une barmaid, il la remerciait en échange d’un billet, avant de reporter son attention sur Autumn. « La dépressive ou la chasseuse. » Mais vu ses traits tirés et la manière dont elle buvait, il pouvait presque en conclure qu’elle faisait partie de la première catégorie. Pour ce soir. Néanmoins, l’homme la laissait prendre la parole, avant de donner son opinion. Histoire de voir ce qu’elle allait dire. Corps qui se redresse. Il tirait un tabouret pour s’assoir à ses côtés. Sans invitation. Puis, tout en patientant, Rylan prenait une gorgée de sa pinte.

pas le courage de te regarder dans les yeux, pas envie d'y voir un jugement ou autre chose d'ailleurs. Le regard fuyant, dans le vague, je termine mon verre d'une traite attendant qu'on me libère de ette attente d'un second plusieurs? interrogation sincère, qui pourtant ne mène pas vers l'z vie de savoir dans quelle catégorie tu penses me mettre je peux payer tu sais souffle-je, non loins d'être sur le ton de la défensive. tu n'as pas affaire à la chasseuse ce soir, pas même à la dépressive si ça peut te rassurer au fond, je veux juste prendre quelques verres et ne pas songer à tout le reste ne me dis pas que t'es seul ce soir toi qui vient d'avoir celle que tu as toujours désirée. [/color]

Aucune catégorie. Autumn avait finalement, juste l’air d’être lasse. Etait-ce en raison de sa rupture ou était-ce tout autre chose ? Elle qui un peu plus tôt, lui avait demandé des nouvelles d’Emrys, regrettait-elle ? « Pourquoi, j’te dérange ? » répondait-il. « J’suis venu avec quelques collègues d’la caserne. » finissait-il par dire, tout en prenant une nouvelle lampée. « A qui j’ai affaire alors, si c’est aucune des deux. » L’interrogation sincère passait la frontière de ses lèvres. Rire de la foule. Il jetait un regard autour de lui, tout en attendant une réponse de la blonde.

Honnêtement, je ne sais pas ce que je suis. Mais çà va, je vais bien, j’ai juste besoin de prendre du temps pour moi, de boire un verre et çà n’a jamais fais de mal de le faire seule. Regarde maintenant où çà nous mène. À nous retrouver, mêlés au hasard et à l’alcool d’un pub qui semble être populaire ici. absolument plaisante-je en te regardant finalement avec large sourire çà doit faire plaisir aux femmes de voir quelques pompiers ajoute-je, sans grande conviction. Nouveau verre que je porte rapidement à mes lippes pour en boire une gorgée. Un liquide rouge qui passe dans ma gorge et qui se mêle finalement à mon sang. Seulement à Autumn, pas de qualificatif, pas d’adjectif, juste un prénom direct, concis. comment il va ? et ne me réponds pas à ton avis comme ce sms d’hier..

« L’pouvoir de l’uniforme. » soupirait-il. Tout en prenant une lampée de sa pinte, le blond tournait son regard vers l’assemblée. Avec l’armée, il avait connu les nanas qui voulaient juste se taper un militaire. Peu importait le physique. C’était le fantasme de l’uniforme qui prônait. Pathétique. Est-ce qu’il en avait profité ? Oui. Absolument. ça aurait été mentir de ne pas se l’avouer. C’était toujours plus simple. « Hm. » Il aurait dû s’y attendre. Emrys injoignable, Autumn utilisait son répondeur. « Tu connais déjà la réponse. » Gamine tenace. « Tu l’as pas loupé. » Le brun se laissait rarement aller. Il préférait souvent la compagnie du travail. Là-dessus, c’était un bosseur acharné.

Tu n’as pas tords. L’uniforme fais beaucoup de choses, et émoustille beaucoup les femmes. Je ne comprends pas toujours pourquoi, ni même comment, cela peut les exciter mais au moins, les femmes ne se sont jamais cachées de ce genre de fantasmes. jsuis certaine que t’en as bien profité de cet uniforme on va pas se mentir, en couple ou non, les hommes en uniformes ont tendance à profiter de la situation. Je grimace en t’écoutant. Je connais déjà la réponse oui, il a lu mon message, mais ne répond pas et je ne peux guère l’en blâmer. oui… je sais… et j’aurais aimé ne pas être la cause de tout çà en ce moment. j’ai fais çà pour son bien, pour lui, pas parce que je ne voulais pas être avec lui… comme si j’avais encore besoin de me justifier. Une nouvelle gorgée de vin, un verre que je termine encore. Besoin de force ? Il se pourrait bien oui.

« Peut-être bien. » Les iris luisant de malice, elles finissaient pourtant, par perdre leur éclat. Comme il s’y était attendu, la jeune femme mettait le sujet Emrys au goût du jour. Autumn avait admis que tout avait été trop vite. Pas prête. Mais au lieu de lui laisser le temps de digérer, elle insistait. Et connaissant le brun, c’était peut-être une erreur. « T’es sur d’ça ? » Portant la pinte à ses lèvres, Rylan se laissait quelques secondes avant de reprendre la parole. « L’autre fois, c’pas la raison qu’tu m’as sortie. » De ses mots, aucuns jugements n’étaient présent. « Mais ça m’regarde pas. Juste laisse le respirer un peu. » Nouveau soupire qui s’échappe. Avec le bruit et l’alcool, il avait pas tout de suite percuter, mais à présent, les mots de la blonde lui revenaient. Pour son bien. « T’entends quoi par : pour son bien ? »

Je soupire. Profondément. Si t’es là, tu sais que je vais finir par mettre tout çà sur le tapis parce que je sens le besoin de te dire les choses. C’est pas simple, certainement moins difficile que face à Emrys car lui aurait pu me juger et me repousser, mais toi, que tu me juges à la rigueur, ce n’est pas bien grave. Je ne suis plus à çà prêt. oui, c’est pour son bien et çà, tu verras que j’ai raison au fil de la soirée. Je lève la main pour récupérer un autre verre. L’alcool m’aidera plus facilement à mettre des mots sur tout ce que j’ai envie de te dire. Tu seras toi aussi dans cette confidence compliquée. Je remercie le barman qui me ramène ce troisième verre. Mes billes dans les tiennes, je déglutis avant de commencer j’ai des démons, un passé assez lourd que je ne peux pas panser correctement. Je pensais pouvoir le faire, et donc vivre pleinement mon histoire avec Em, mais c’était sans compter un passé bien trop imposant une gorgée de plus et je continue A 13 ans, j’ai commencé à me prostitué parce que ma mère ne s’occupait pas de moi. Mon père étant parti, j’ai passé la plupart de mon temps à survivre entre la maison et l’école jusqu’à ce que je sois en « âge » de commencer la rue mettant des guillemets pour l’âge. Je m’interromps, cherchant mes mots.

La blonde recommande un verre. A la vitesse où elle se les enfilait, il y avait bien plus qu’une simple rupture. Et ça, l’homme allait rapidement avoir confirmation. Néanmoins, il était loin de se douter qu’elle se livrerait de cette manière. Pas à lui. Prostitué à treize ans ? Putain. Cependant, il ne relevait pas. Pudeur. Se contentant simplement de poser une question en rapport avec Emrys. « En quoi c’pour son bien ? » En quoi le passé de la jeune femme, le mettrait à mal ?

aucun mot, aucune parole ne pourront effacer tout ce que j'ai déjà enduré. A quoi bon faire endurer mon passé à quelqu'un d'autre ? parce que mon ex petit ami et Mac au passage m'a violenté à plusieurs reprises. Il m'a eu sous son emprise pendant des années. Que j'ai dû fuir pour ne pas qu'il me tue. Que j'ai pas envie de mêler Emrys à ça car je sais qu'il va me chercher.. J'ai vécu l'enfer, les hommes sauvages, sans attentions, sans ménagement. J'ai eu peur de vivre quelque chose avec Emrys parce qu'il est tout le contraire c'est bête ?

Trop d’information. L’homme intégrait ses révélations sans trop savoir comment réagir. En trente quatre ans d’existence, il avait vu pas mal de choses, mais ça, c’était nouveau. Gorge sèche. Rylan terminait sa bière et en profitait pour repasser commande en faisant un signe à la barmaid. « Y a peu d’chance qu’il te trouve ici. » Edenton n’était pas juste un havre de paix. Non c’était un trou perdu au beau milieu de l’Amerique. « Mais si ça t’fais flipper t’as eu raison. » Ovale tourné vers elle. « Parce que c’bien ça. Les mecs trop clean ça t’effraie. » Interrompue par l’arrivée de sa bière, il se détournait pour payer.

J’épuise déjà mon esprit, de un par l’alcool, de deux par toutes ces informations que je t’offre. Beaucoup d’informations sur ma vie, mon passé, qui t’aideront peut-être à comprendre pourquoi j’ai fais çà. Pourquoi je pensais que ce serait bien de me lancer tête baissée dans une relation à laquelle je croyais. on n’est jamais sûre de rien tu sais… il a toujours eu tout ce qu’il voulait et c’est çà qui me fait peur mais je suis pas descendue là ou je devais descendre, je suis restée ici au lieu de monter dans le bus pour repartir alors j’espère que tout se passera pour le mieux. Si j’avais commencé à avoir moins peur, tout çà c’est remis sur mon chemin j’ai pas connu de mecs cleans… c’est surement çà qui me fait flipper oui, que finalement je donne pas tout ce qu’il faut, que je sois pas assez… tout çà me fait peur et peut-être que je suis tout bonnement pas faite pour les relations de couple. les petits amis de ma mère n’étaient pas cleans… ils… est-ce qu’il faut vraiment que je continue j’avais 8 ans quand tout çà à commencé. J’ai été abusé, et je me suis ensuite lancé dans la rue. C’est difficile, et j’aurais pu vraiment mal finir, mais je me dis que cette ville est une seconde chance pour moi troisième verre terminé, je soupire je lui ai tout raconté tu sais…