Je venais de finir de défaire le dernier carton à la maison. Un truc bien banal. Un rapide coup d'oeil à ma montre, j'embrassais rapidement Dov avant de quitter en direction du boulot. Je n'étais plus psy. Incapable de faire face à qui que se soit. Trop apeurée par ce que j'avais vécue. Vêtue d'un jeans noir, d'un léger chemisier blanc, j'avais remonté mes cheveux. Pour que ma nuque puisse sentir l'air frais, afin que je n'aille pas trop chaud. Je venais poser mon sac dans l'arrière boutique avant de me rendre à l'avant pour allumer l'enseigne ouvert. Je plaçais un bouquet artificiel que l'on utilisait pour démontrer nos habiletés quand tu entras, telle une tornade. Mon corps qui percutait le tiens, je sentis mon coeur s'arrêter. Comme si mon esprit me renvoyait plus années auparavant. Nos lèvres qui s'entrechoquaient, nos corps nus qui ondulaient l'un contre l'autre. J'ai une putain de bouffée de chaleur. Je mords ma pulpeuse avant de m'éclaircir la gorge. «Oui, ça va... Ne t'en fais pas... Clover...» Je viens repousser une mèche de cheveux puis je te contourne pour m'éloigner. J'ai le coeur qui tambourine dans ma poitrine, entre mes cuisses aussi. Comment oublier la seule femme qui avait été capable de me faire baisser mes barrières? Qui m'avait fait jouir comme jamais? J'ai un frisson qui me traverse qu'à cette pensée.

Tes dents viennent emprisonner ta lèvre inférieure et mes prunelles y restent un instant. Tu prononces mon nom et, inévitablement, j’entends, dans un coin de ma tête, tes gémissements de plaisir. Tu t’enfuis rapidement et mon sourire s’élargit. Le proverbe Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas n’est pas toujours approprié. Je me rappelle de toi, Lizzie. Nous nous sommes rencontrés auparavant. Des années lumières. Lorsque j’étais cette jeune femme en quête de liberté nouvellement arrivée à Vegas. Tes yeux m’ont captivé lorsque je t’ai vue entrer dans le bar où je travaillais. Cette soirée-là, j’ai découvert que tes lèvres étaient aussi sauvages que douces et que ta peau était sucrée. T’as foutu le camp lorsque le soleil s’est levé. Je n’ai jamais eu de nouvelles. Laissant derrière toi une photo polaroïd de nous deux, les étoiles dans les yeux et l’alcool dans le sang. T’as l’air plutôt embarrassée de me revoir et, franchement, je trouve ça plutôt mignon. J’espère que tu ne regrettes pas… parce que moi nan. Je te suis dans la boutique pleine de fleurs de toutes les couleurs. Le teint de tes joues venant presque atteindre la couleur d’une rose. Ce jean souligne bien la forme de tes fesses. Mais j’reporte rapidement mon attention sur ton visage.  J’croyais pas retomber sur toi un jour, Lizzie. Sourire amusé. Tête penchée sur le côté. Faut croire que le monde est plus p’tit qu’on peut croire. Tu travailles ici?

Pourquoi j’ai l’impression que ce n’est pas… Confortable comme moment? J’ai surtout l’impression de me retrouver dans le néant. Je me rappelle de chaque caresse. De chaque gémissement. Je me souviens très bien de tes lèvres contre ma peau, contre ma fleur ou même de tes doigts en moi… Un frisson qui traverse mon corps. Bordel… Je te fais dos, je peux sentir ton regard sur moi. Je me retourne brusquement pour te faire face. «Oui, je travaille ici. Jennie est ma belle-sœur… Alors elle m’a proposé un job...» Je passe une main dans mes cheveux avant de venir vers le livre de commande. Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression que l’on peut le voir au travers de mon chemisier. Je me penche légèrement, t’offrant une vue sur ma lingerie. «Et toi… Que fais-tu dans le coin? Je veux dire… C’est pas à deux pas, Vegas… T’es changé de ville et tu t’es perdu à Edenton?» Je feuillette le livre puis je viens prendre une commande avant de te contourner pour aller chercher quelques fleurs. Ton parfum me fait frémir. Je soupire un instant puis je me concentre sur les choix. «J’suis désolée… D’être partie comme ça, Clover… Mais soyons honnête… Ça n’aurait… Jamais fonctionné nous deux… Non?» Mes joues sont rosés… J’espère que tu me dise la même chose… et pourtant… Là… Je pourrais fondre sur tes lèvres…