Daniel a piqué la voiture d'Emma, elle qui lui a laissé une liste d'ingrédients à récupérer à la ferme. Lui qui n'a aucune idée de ce qu'il fait puisque le seul plat qu'il a déjà préparé seul, c'est des pates au beurre. Daniel c'est le genre de gars qui passe commande et se fait livrer. De ceux dont le frigo est sans arrêt vide. Il ne fait pas vraiment d'économie sur la bouffe mais il connait parfaitement tous les petits commerces qui entourent son appartement à Nashville. Il se gare et récupère le bout de papier griffonné par Emma à la va vite. Une écriture presque illisible, une chance qu'il la connaisse par cœur. Il claque la portière et se dirige vers le stand avant de s'arrêter net devant lui. bonjour je... qu'il dit dans un sourire. Mais il n'a pas fini sa phrase qu'une minette d'une vingtaine d'années lui passe devant. Et il reste là, en face d'cette inconnue, la bouche entrouverte, choqué qu'elle puisse prendre sa place comme ça, sans gêne. j'étais là avant. qu'il dit se rendant compte de la puérilité de ses mots. Et elle l'ignore presque la fille alors il prend le vendeur a parti et lui demande monsieur, vous avez bien vu, j'étais là avant. qu'il ajoute à la recherche d'un allié.

On m'avait demandé de m'occuper du kiosque de produit aujourd'hui à la ferme et, alors que ce n'était pas habituellement moi qui le faisait, j'étais aussi employé sous le titre "d'homme à tout faire" alors j'avais pas exactement mon mot à dire. Puis, ça ne pouvait pas être bien différent que de m'occuper du stand au Farmer's market. Je termine avec un client et lève la tête pour te servir comme t'es le suivant et je bloque complètement. Ma vision semble se refermer comme un tunnel avec ton visage au bout. Jared? J'avale de travers. C'est impossible. Il est mort devant moi. Une meuf vient interrompre ces "retrouvailles" et je fronce les sourcils alors que tu tentes de lui dire qu'elle doit faire la queue comme tout le monde. Elle t'ignore et je lui lance un regard qui en dit long. Écoute bien ma grande, tu peux aller attendre derrière ou revenir un autre jour, mais j'vais pas te servir si tu restes là. Alors ce sera quoi? Outré qu'on lui parle comme ça, elle rebrousse chemin et je soupire en secouant la tête. J'ai pas de patience pour les impertinentes dans son genre. Mon attention revient sur toi et j'ai encore une fois ces flashs de mon meilleur ami. Je.. J'peux t'aider?

Putain mais ça le rend ouf ce genre de comportement lui. Elle croit quoi la branleuse, parce qu'elle a un joli cul, elle peut s'permettre de pas faire la queue comme les autres. Et de grâce, le vendeur lui ferme le clapet. Si bien que son regard de merlan frit se transforme et elle s'éloigne en râlant. Et lui il se marre, toujours comme un gosse. Parfois on pourrait s'demander s'il a quand même pas le syndrome de Peter Pan. Il manquerait plus qu'il lui tire la langue en chantant tralalalalère. merci. quelle petite conne ça sort tout seul, instant presque complice partagé avec cet inconnu. Le sourire appuyé tandis qu'il lui tend le papier. il me faut tout ça. il espère qu'il arrivera à lire chacun des mots présents sur le bout de papier, sinon il jouera les traducteurs. Il espère aussi qu'il trouvera son bonheur parce qu'Emma ne le laissera pas rentrer avec un article manquant. Ce tyran. t'as tout tu crois ? Fait moi plaisir et dis moi oui. Il passe une main dans ses cheveux. Il a pas vraiment remarqué qu'il le fixait avec un peu trop d'insistance jusqu'à cet instant. j'ai un truc sur le visage ? demande t-il. Ce serait bien son genre d'avoir une vieille trace de sauce tomate de la pizza qu'il a englouti ce midi.

L'insulte semble voler tout naturellement de ta bouche et ton franc parlé me rappelle, une fois de plus, Jared. Je force un sourire en hochant la tête et tu me tends finalement un bout de papier sur lequel on retrouve.. des gribouillis. Je dois plisser les yeux pour déchiffrer ce qui s'avère être des mots et analyse rapidement le tout afin de déterminer si on a tout en stock. Je mh.. crois. Merde, chaque fois que j'te regarde, c'est comme une nouvelle vague. Tu finis par te rendre compte de l'intensité avec laquelle je te dévisage et je soutiens ton regard en admettant finalement: J'ai un pote qui te ressemble...ais. Ressemblais.

Putain il en revient pas du culot d'cette gonzesse quand même, des claques qui se perdent. Mais tout se termine correctement quand l'vendeur prend sa défense et lui clou le bec. Et la liste qu'il lui tend se constitue peu à peu. Une chance qu'il soit sympa et prenne le temps de décrypter chacun des mots. Il aurait pu lui lire d'ailleurs, ça aurait facilité l'échange. Enfin, c'est comme ça. oh... il fronce les sourcils et ajoute : tu sais que t'es la deuxième personne à me dire ça dans cette ville, peut être que vous vous connaissez. Il se souvient bien du prénom de la jeune femme. Une rencontre agréable qui lui décroche d'ailleurs un sourire. Et franchement, si ces deux là ne parlent pas d'la même personne, ça devient vraiment flippant. Ou alors c'est qu'il a un de ces visages ultra commun. Mais bon en presque quarante ans d'existence, on ne lui avait jamais fait la remarque... Jennie ? qu'il ajoute. Le prénom de celle qui n'était encore qu'une inconnue quelques semaines plus tôt.

Ma remarque semble ne te surprendre qu'à moitié. Puis, tu admets que je ne suis pas le premier à te le dire et je pense systématiquement à Jennie ou encore Owen et mon coeur se pince. S'il est difficile pour moi de voir le visage de mon meilleur ami, je ne veux même pas imaginer ce que ce doit être que de voir celui de son mari ou de son fils. Ouais, je me doutais que tu allais me la nommer. C'était... Jared était son mari et mon meilleur ami. J'avale difficilement et me racle la gorge en me concentrant à nouveau sur la liste, déposant sur le comptoir entre nous les articles s'y trouvant un après l'autre.

L'émotion est palpable quand il parle de Jared. On peut lire cette souffrance dans l'regard si on s'attarde un peu. De la même façon que lors de sa première rencontre avec Jennie. elle m'en a parlé. qu'il dit dans un sourire compatissant, un d'ceux qu'il avait reçu à l'époque où il s'était fait largué devant l'autel et qu'il déteste tant. un peu. Il récupère le bout d'papier et les ingrédients installés sur la table en ajoutant : elle a l'air super, Jennie. il sait pas sur quel terrain il s'embarque lui. Comment pourrait il se douter une seule seconde de ce qui se passe entre les deux amis, il lui manque des informations et il se jette dans la gueule du loup. elle est prête à ressortir tu crois ? Elle lui avait envoyé de bonnes vibes la dernière fois, elle avait laissé entendre qu'il lui plaisait aussi mais il ne voudrait pas paraitre présomptueux. Il avait d'ailleurs dit qu'il l'appellerait puis c'était la vie qui s'était jeté sur lui d'façon violente. Alors il l'avait pas fait. Mais peut être que c'est ça qu'il lui faut : quelqu'un pour l'oublier.

J'aime pas parler de mes sentiments et donc j'aime clairement pas parler de mon pote décédé -d'autant plus que j'suis responsable. Puis si je n'aime pas le faire avec un groupe de militaire compatissant, vous imaginez bien que je déteste le faire avec des inconnus aussi. C'est pourquoi je n'en dis pas plus, récupérant plutôt silencieusement les produits frais sur ta liste. J'hôche vaguement la tête lorsque tu soulèves qu'elle a l'air super Jennie, encore trop perdu dans mes pensées pour voir où tu veux en venir. Enfin, ça c'est jusqu'à ce que tu me demandes le plus naturellement du monde si je crois qu'elle est prête à ressortir. Je lève la tête si vite, juré que j'me suis craqué le cou. Pardon? Eh merde. J'suis pas exactement supposé m'offusquer de ce genre de question. Je toussote, qu'est-ce que j'fais là moi? J'veux dire.. peut-être? C'est à elle qu'il faut demander, pas à moi. Je soutiens ton regard, te jaugeant maintenant, tentant de passer outre les ressemblances pour voir l'homme que tu es qui se cache derrière. T'es l'un des mecs avec qui elle a prit un verre?

Il ne réalisé pas vraiment ce qu'il est en train de faire quand il demande sans gêne aucune a ce type qu'il connait à peine de l'aider à séduire cette fille qu'il ne connait pas beaucoup plus. Et sa réaction laisse entendre qu'il a abusé. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'aura pas d'informations supplémentaires de ce côté là. Il ne se demonte pas pour autant Daniel et il continue sur sa lancée je l'appellerai. après tout, si elle lui a confié son numéro, c'est aussi parce qu'il lui plaisait ? Oui, il est plus vraiment sur de rien. Et il récupère tous les éléments disposés sur la table - enfin essaye - et dans un rire un peu gêné il demande : t'as pas une cagette ou un truc dans le style ? oui parce que comme d'habitude, il manque d'organisation. Il est un peu dispersé ces temps ci, ce qui n'aide en rien. Il fouille alors ses poches. C'est une chance déjà, il n'a pas oublié on portefeuille avec les billets laissés sur la table ce matin là.je te dois combien. qu'il finit par demander, se rendant compte qu'il accapare son temps alors qu'il est en train de bosser. Il est l'seul client à part la fille de tout a l'heure. Et sans doutes qu'elle ne reviendra pas.

Mon esprit fonctionne à pleine régime alors que je me demande comment vous vous êtes rencontré et si Jennie est allé vers toi à cause de ta ressemblance à Jared. Vaut mieux pas que j'y pense. Tu dis que tu vas l'appeler et je lâche avant de pouvoir me retenir Elle t'as donné son numéro? Merde, je voulais pas le dire à voix haute. Non, mais on a des sacs de papier quelque part.. bouge pas. Je fouille un peu et les trouve finalement. J'y plonge les produits et dans un élan complètement infantile, je mets la tomate tout au fond pour qu'elle soit écrasée. J'entre tout dans la caise et te donne ton total. Mmh 15.78$

Les traits en commun avec ce type qui avait l'air d'un gars bien. Parce qu'ils ont l'air atteint par sa disparation. Ceci dit, on peut aussi avoir fait tout mal et manquer malgré tout. Parce que sa mère à lui, elle lui manque tous les jours même s'il l'admettra jamais. Et il a longtemps, très longtemps espéré qu'elle se réveillerait et qu'elle viendrait prendre soin d'ses gamins qu'elle a lâché alors qu'ils commençaient simplement à s'construire. on a bien sympathiser. et vas y, plante le coute un peu plus profondément Daniel. Le con s'rend pas vraiment compte du mal qu'il fait et dans un sens, c'est peut être bien non ? Après tout, il faut parfois être confronté à un adversaire pour se rendre compte de ce que l'on veut vraiment. génial merci. Il sors un billet et le tend à Wade dans un sourire. Il a du chambouler un peu l'monde du vendeur de fruits et légumes sans même le vouloir. La monnaie rendu, il hausse les épaules. bonne fin de d'journée. formule de politesse, de celles que l'on utilise sans réfléchir. Y'a tellement de mots qu'on pose dans la journée qui n'ont pas le moindre sens.

Bien sympatiser. Je vois. Alors ouais, tu dois être l'un de ces hommes avec qui elle a prit un verre. J'veux dire, ça peut pas être autrement... Sinon elle aurait omit de me parler de toi? Non, c'est pas le genre de Jennie. Elle en dit trop, pas l'inverse. Je range tes achats, prend le billet que tu me tends et te rends finalement ta monnaie, gardant mes commentaires pour moi et maugréant intérieurement contre cette rencontre qui risque de me hanter pour les jours à venir. Ta ressemblance avec Jared me déstabilise encore lorsque je relève les yeux et j'ai ensuite l'impression de te voir avec Jennie, ce qui n'est pas exactement mieux. Ouais, toi aussi.