Ils trinquent ensemble. Au futur. A ce que peut être ils vont finir par vivre. A c'besoin d'avancer chacun de leurs côtés. Elle qui sera peut être celle qui l'empêchera de perdre pieds. Il faut déjà commencer par cette soirée et voir comment elle va se terminer, parce qu'elle promet plein de belles choses. Elle vient mouiller ses lèvres et lui ne voit plus que ça l'espace d'un instant, les yeux rivés sur ces lippes. Le myocarde qui s'affole parce qu'il réalise qu'elle lui envoie des signaux depuis tout à l'heure. ENFIN. Il s'est montré particulièrement lent ce soir. Alors quand elle propose de se rendre au salon, il vacille. Cette fois, c'est une certitude, le vin, le fait que son fils ne soit pas là, le salon. A dire vrai, je n'ai pas vraiment faim pour le moment. Il avance son visage tandis qu'ils s'apprêtent à partager leurs premier baiser. On a pas l'impression comme ça mais c'est un moment important. Si c'est nul alors la suite devient rédhibitoire, parce qu'on a rarement de secondes chances. Il s'humecte lui aussi les lèvres. Son visage est désormais à quelques centimètres seulement de celui de Jennie. Quelques secondes. Intenses. Et ces lèvres viennent tendrement rejoindre celle de la mère de famille dans une danse agréable. Ses lèvres ont un goût un peu sucré. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il n'a pas mal interprêté.

Tu n'as pas faim. J'ai entendu, mais je n'ai pas compris. L'information n'a pas eu le temps de se rendre à mon cerveau, avant que je ne me perde dans ton regard... Et puis tu te penches vers l'avant, approchant dangereusement tes lèvres des miennes. Mes opales tombent sur celles-ci pour les admirer et j'ai le myocarde qui pompe à toute vitesse. Je pourrais te repousser, te demander ce que tu fais mais bien que j'ai peur - j'suis à l'aise. Je ferme doucement les paupières, alors que mes lèvres accueillent les tiennes pour notre tout premier baiser. T'embrasses bien, Daniel. T'es lèvres ont la douceur d'une pétale de rose et ton haleine est frais. Je sens la chaleur de ta peau près de moi et ton souffle chaud sur mon visage. Tout de suite après avoir déposé ma coupe, mes mains glissent délicatement sur tes bras et remontent à tes épaules, pour qu'une d'elle vienne s'installer à l'arrière de ta nuque. Puis au moment de la séparation, je rouvre les paupières pour plonger mes billes dans les tiennes. Tu... hum... Voulais toujours aller au salon...? Que je te demande, toute timide, les yeux qui retournent sur tes lèvres.

Parenthèse légère. Douce. Un peu flippante aussi. La peur au ventre, le cœur serré, sans meilleure arme que ton envie d'avancer. La vie qui continue. Celle a laquelle il s'accroche. Parce que dans l'fond, Daniel c'est un passionné. Et si c'est ce qui le rend vulnérable, c'est aussi sa force. Leurs lèvres se cherchent, se frôlent et viennent se rejoindre dans un baiser réjouissant. Y'a son corps entier qui se réchauffe. Ses mains à elle qui viennent caresser sa chair. Celles de Daniel qui savent pas trop où aller. Il frisonne tandis qu'il pose son verre à son tour sur le côté. Un échange de regards quand il recule son visage. hum hum. Il est un peu sonné en fait. Y'a quelque chose entre eux. C'est une évidence depuis qu'ils ont posé les yeux l'un sur l'autre. Elle ne sera pas Ava. Jamais. Mais c'est peut être justement ça qui pourrait lui faire du bien. Une histoire simple. Une histoire qui l'fout pas en l'air, jalonné de rire et d'bonne humeur. Oui. C'est bien. Et il se redresse, des papillons dans l'ventre, sachant difficilement si c'est la nouveauté ou la simplicité qui lui fait autant d'effet. En même temps, quel homme ne trouverait pas Jennie à son goût. Elle est superbe. Mieux encore, elle ne le sait pas.

C'est moi qui retrouve la parole, en te demandant si tu souhaites passer au salon finalement... Parce que tu ne m'as pas répondu et puis, parce qu'on n'a pas eu le temps de le faire avant de s'embrasser. Ton silence me rend nerveuse et au final... Tu ne me réponds pas encore, mais tu te redresses en te raclant la gorge. Mes lèvres s'étirent légèrement et je sens mes joues se réchauffer. J'dois être rouge, là. Tu me plais... et le baiser m'a plu aussi. Seulement, je n'ai aucun talent pour la drague et je n'ai pas la moindre idée de ce qu'on doit faire maintenant. Alors plutôt que de rester là comme une débile... je me penche plutôt pour t'embrasser de nouveau du bout des lèvres, tendrement, délicatement.

Il connait les pièges et les désillusions et il n'est pas tout à fait prêt à débuter une nouvelle histoire Daniel. Il aimerait mais il a besoin d'un peu plus de temps. Alors sans doutes qu'il ne mérite pas l'attention de Jennie. Sans doutes qu'il joue un peu avec elle même si dans le fond, y'a aucune promesse dans ce baiser qu'il offre, désireux de plus. Après tout, il ne pouvait pas laissé passer cet instant décisif, celui qui pourrait le faire passer de l'ombre à la lumière. Silence intense. Troublant. Leurs regards qui s'cherchent. Les mots qui sont absents mais utiles. Parce qu'à cet instant, hier n'existe plus. Seul le présent compte. Et elle vient de nouveau jouer avec ces lèvres. Torrent d'émotions à la fois vif et apaisant. Son corps qui se lève et se rapproche de sa partenaire. Penser à la suite fait battre son cœur plus vite et plus fort, et c'est suffisant pour que ces mains viennent épouser la courbure de ses reins, forçant la jeune femme à se coller plus fort contre lui. Les visages s'éloignent et le souffle est court, saccadé. Les yeux qui s'accrochent au siens, espérant y lire qu'elle veut plus elle aussi, qu'elle veut tout de lui ce soir.

En t'invitant chez moi, je me doutais un peu que je m'embarquais dans quelque chose. Un peu comme si en t'invitant chez moi, je t'invitais à compliquer un peu nos vies. J'ai repris tes lèvres d'assaut, livrant à toi beaucoup de tendresse de nouveau. Ça me fait du bien de t'embrasser, Daniel. Seulement, plus le temps avance, plus nos corps se touchent... plus je me sens emprisonnée. Forcée d'admettre que je ne suis pas prête à plus que ça. Je n'ai pas été touchée, ni touchée quelqu'un depuis la mort de mon mari. Enfin il y a eu un écart avec Wade, mais avec lui aussi je n'ai pas pu aller au bout des choses. Je devrais peut-être te le dire... non ? Peut-être que toi aussi tu ressens la même chose... Peut-être que coucher ensemble n'est même pas un plan envisagé et je me fais des idées sur cette tension qui est emtrain de grimper en flèche. Après le baiser, je pose mon front contre le tien et remonte une main à ta joue. Je garde le silence le temps de trouver les mots, puis déglutis. On peut... on peut prendre notre temps...? Je... J'ai vraiment pas envie de tout gâcher... j'aimerais sincèrement apprendre à te connaître... Ça y est putain... tu vas me rejeter, je le sens. J'ai surement tout gâché déjà en fait.

Un chagrin d'amour, peut importe ce qu'en diront les gens, n'est pas l'genre de souffrance qui fini par vous rendre plus fort à l'avenir. Non. Ca vous brise en deux et la reconstruction est compliqué. Et putain même si ça l'fait chier, il peut tout à fait entendre qu'elle est pas prête Jennie. Pas tout de suite, pas maintenant mais quand il y réfléchira à tête reposée, il réalisera. Ca fout quand même un sacré froid. Parce que Daniel pensait avoir pigé le jeu et entrer dans la même danse qu'elle. Il pensait être sur la même longueur d'onde sur ce qui allait se passer entre eux ce soir. Visiblement non puisqu'elle lui fout un stop. oh. Oui, sur le coup c'est tout ce qu'il trouve à dire. C'est pas assez ou peut être déjà trop. Il se gratte la tête. je me suis un peu emballé. désolé. sourire timide. L'incompréhension naissante qui laisse place à la gêne. De toutes façons, c'est pas l'genre à forcer les choses, alors tant pis, il repartira ce soir avec sa béquille. C'est comme ça. Ce sera pas pour ce soir pour lui. Mais peut être que s'ils apprennent à mieux se connaitre, elle cèdera à la tentation. tu veux pas que j'm'en aille ? parce qu'il serait pas contre rester un peu, profiter du vin et de sa présence. C'était ça l'plan de base.

Je me sens terriblement mal. Tu vois, Daniel... Au départ, je pensais comme toi. Je pensais être capable de juste inviter quelqu'un qui me plaît à la maison et m'envoyer en l'air, puisque je suis tant en manque. Sauf que la réalité m'a vite rattrapée : j'suis inexpérimentée. À part mon mari, aucun autre homme ne m'a touché de ma vie. Il a été mon premier et mon dernier. Est-ce que je ferais bien les choses ? J'en sais rien. Peut-être que Jared m'a caché que j'étais nulle au lit toute ma vie pour me protéger, parce qu'il m'aime. Ou alors peut-être qu'il a réellement aimé ; mais que c'est un cas à part. Putain j'me pose vraiment trop de questions ! Ouais... Hum... Si ça peut te rassurer... J'ai envie aussi. Je souris et détourne le regard, un peu gênée. Puis tu me demande si tu devrais partir et je te retiens par le bras. Non, reste ! Je me mord l'intérieur de la joue. C'est juste... que je suis pratiquement vierge en réalité. Enfin, évidemment j'le suis pas, mais mon mari est le seul homme que j'ai eu dans ma vie, on est restée ensemble pendant une dizaine d'années, alors... J'hausse les épaules. De plus, ça fait deux ans que je suis rouillée, que je n'ai pas touchée à la peau de Jared. Et bien que ça me manque... ça me fait terriblement peur de recommencer et de sentir le corps d'un autre sur ma peau. Puis tu me plais en fait. T'es drôle, beau, visiblement attentionné envers les enfants, Oliver est déjà à l'aise avec ta nièce et toi et puis j'ai juste pas envie d'aller trop vite non-plus... Enfin... Tu... tu vois ? Sauf si tu me dis que t'es là que pour ça... Alors... Putain ta gueule Jennifer.

Ils n'ont pas le même passif Daniel et elle. Parce que lui, son histoire s'est terminé y'a si longtemps qu'il devrait y avoir prescription. Surtout qu'il en connu d'autres depuis, aucune qui ne lui arrivait à la cheville, aucune qui n'a su l'éveillé mais ça l'a pas empêché de multiplier les expériences. Enfin multiplier c'est un grand mot, il a du coucher avec une dizaine de filles en quinze ans. t'as jamais eu envie d'puis ? il sous entend depuis qu'il est mort. Ca ne fait que deux ans, pas de raisons de s'alarmer ceci dit. La question, il la pose par pure curiosité. Et elle explique. Elle parle. Lui, ça l'amuse un peu, il la trouve vraiment adorable à cet instant précis. Et ils ne sont pas à quelques jours ou semaines près si les choses doivent se faire, ça viendra naturellement, pas besoin de forcer quoi que ce soit de son côté. t'inquiète pas, je comprend. Enfin j'crois. Je sais que tout le monde dit ça. Je comprend ce que tu ressens, et clairement, personne n'est mort de mon côté mais je sais à quel point c'est dur de passer à autre chose, d'oublier l'odeur d'la personne qu'on a aimé. Puis y'a c'jour où on a l'impression d'aller mieux et on rencontre des gens nouveaux avec intérêt. Mais j'crois qu'on oublie jamais vraiment en fait... Putain, il l'a prise pour sa psy en fait et ça l'fait marrer. Alors il reprend son verre et boit une gorgée en détournant de le regard. Oui, parce que si lui est prêt à une autre histoire de cul, c'est pas dit qu'son coeur soit si ouvert que ça...

J'explique les choses dans le plus grand des calmes et j'espère que ce sera suffisant pour ne pas te faire fuir. J'comprends que ça ne doit pas être génial de se faire recaller comme ça... Mais ce n'est en rien parce que tu ne me plais pas, ou parce que je n'en ai pas envie, c'est tout le contraire. Tu me demandes si je n'en ai pas eu envie depuis et je souris un peu, avant de prendre une gorgée de ma tasse. Si... Plein de fois. J'suis pas une sainte, j'ai maîtrisée l'art de la masturbation ! MAIS TA GUEULE JENNIE, j'te l'avais déjà dit ça non ?! Je ris un peu, en rougissant. Puis tu pars dans une philosophie qui me déprime un peu... pour être honnête. On peut ne pas oublier, tu sais. C'est permis... Mais je crois en l'amour après l'amour. Je pense qu'il est possible de se faire de nouveaux souvenirs qu'on ne voudra pas oublier non-plus. Je prends une autre gorgée et humecte mes lèvres. Dis-moi, tu t'es fait briser le coeur n'est-ce pas ? Autrement, pourquoi est-ce qu'il parlerait comme ça ? Comme s'il avait vécu la guerre du coeur.

C'est au moment où elle parle de masturbation qu'il porte son verre à sa bouche, manquant de s'étouffer. Un éclat de rire qui s'échappe de ses lèvres. Et une bonne maitrise est importante, parce que c'est parfois mieux seul qu'accompagné. Et elle a l'air d'aller bien. Ou alors elle est juste plus doué qu'lui pour cacher. Et il s'noit dans un flot de paroles dramatique, laissant entendre que pour lui, ce n'est pas vraiment terminé en fait le deuil. j'espère. sincèrement. Il veut croire que c'est possible de se reconstruire. De retrouver quelqu'un avec qui partager, rire. Aimer ? Ouais pour ça on verra. j'ai failli m'marier mais elle est pas venu alors... la douche froide. C'est bien la première fois qu'il évoque cette histoire avec quelqu'un qui n'était pas là le jour J. Il lève les yeux vers elle. Cette lueur triste dans l'fond du regard mais qui ne s'attarde pas. Parce qu'il n'est pas venu ce soir chez Jennie pour parler d'Ava. C'est juste plus fort que lui. Plus il essaie d's'en éloigner, plus il pense à elle. Cercle vicieux à la con.

"T'espère"... Ce que je dois comprendre dans ces mots, c'est qu'tu n'es pas complètement passé à autre chose. T'es probablement encore amoureux de ton ex et d'ailleurs, à ma question, tu ne tardes pas à m'expliquer brièvement ce qu'il s'est passé. J'ai pas exactement besoin de détails pour comprendre la douleur que tu as dû ressentir, en étant abandonné à l'autel. Je vois... Je ne connais pas les raisons, je ne suis pas à ma place pour juger, alors je ne le ferai pas. Peut-être que vous étiez trop jeune et qu'elle ne se sentait pas prête... Peut-être qu'elle est juste méchante ou peut-être qu'elle s'est réveillée en se disant qu'elle ne t'aimait plus. Je capte cependant ton regard triste et je m'adoucis aussitôt, puis m'approche de toi pour poser ma tête sur ton torse. Ça n'a pas dû être facile... Je déglutis. Je ne te dirai pas de phrase pré-faite comme "rien arrive pour rien"... Mais sache que toutes les femmes ne sont pas comme ça... et que pour c'que je connais à propos de toi, tu mérites mieux que ça. "Comme ça" c'est à dire, capable d'abandonner la personne qu'on aime, sans même se retourner. Surtout à l'autel. Tu ne mérites pas ça. Personne ne mérite ça.

Y'a sans doutes des épreuves qu'on ne surmonte jamais vraiment mais auxquelles on survit. C'était ça pour Daniel. Puis bon, il a pas non plus vécu l'enfer, il a pas été à la guerre comme son mari, il a pas perdu quelqu'un alors dans le fond, son histoire et sa douleur, elles sont presques dérisoires. Elle doit l'trouver un peu con Jennie. Elle qui vient se lover dans ses bras, lui qui vient naturellement poser une main dans ses cheveux. Le pire en fait, elle a raison, c'est qu'après ça il a laissé la solitude l'abattre, il s'en ai jamais vraiment remis, des murs qu'il a érigé pour pas sombrer. Ca a réveillé ce qu'il y a de pire en lui alors que Jennie semble avoir l'effet inverse. Avec elle, c'est un gars bien. Son pouce se hisse sur le haut de son crâne dans des mouvements circulaires et tendre. Elle a raison en plus, il le sait, il a trop essayé de se protéger pour ne rien ressentir pendant des années. N'ouvrir son coeur à personne. toi t'es differente. qu'il dit dans un sourire même si elle peut pas le voir. affirmation ou question. Il aimerait en être sûre en tout cas. A cet instant, il a cette impression d'être à sa place. Il se sent bien tout simplement et l'idée, c'est peut être d'en profiter plutôt que de tout gâcher avec des mauvais sentiments.  

Ta main viens doucement caresser le haut de ma tête et je ferme les yeux, écoutant ton cœur battre. C'est dingue ça, je pourrais jurer que les battements ralentissent, à mesure où le temps passe. Toi t'es différente. J'suis différente, ouais. J'suis pas comme ça, je n'oserais pas faire de mal à une mouche... C'est bien pour ça que je n'ose même pas toucher Wade avec un petit doigt. J'suis différente. Une affirmation. C'est pas que je veux me la péter, mais j'suis assez confiante et je me connais assez pour le savoir. Je recule la tête pour te regarder et capte ton sourire. Je t'imite, les joues un peu rosée. Qu'est-ce qu'il y a ?

Non, elle n'a rien sur le visage et s'il sourit un peu niaisement, c'est juste parce qu'il est bien. A cet instant précis. Il est bien. Avec elle, il pourrait apprendre à arrêter d'vivre dans le passé, avec tous ces regrets et ces remords. Il ne doit pas non plus se bercer d'illusions pour le futur mais juste profiter de l'instant présent. En fait, c'est ce qu'il aurait du faire dès le début. Sauf qu'il a jamais trop su comment. Gamin, il était obligé de tout anticipé pour que ça parte pas en vrille et aujourd'hui encore, il a gardé ce vice. je me sens bien c'est tout. C'est tout mais en fait, ça f'sait des lustres que cette chaleur n'avait pas comblé son corps. Qu'il n'avait pas ressenti le plaisir d'une nouvelle rencontre. Cette période lune de miel comme on ose communément l'appeler. Et peut être qu'ils peuvent juste rester là. Encore quelques minutes. Quelques heures. Parenthèse délicieuse.