La route se fit sans encombre et Jonas avait même fini par trouver Axel “agréable”, quelqu’un de gentil à qui parler malgré les différences notables entre eux. Il avait parlé de sa voiture et ça avait ouvert un virage dans leur conversation. C’est vrai qu’elle était étrange mais jolie. Il n’en avait jamais vu des comme ça avec une peinture par dessus qui ne brillait pas. Le nom ne lui disait rien mais il acquiesça quand même tout en continuant à marcher à ses côtés. Je ne m’y connais pas non plus, ricana-t-il en secouant la tête. Mais je m'y connais en charrette si tu as besoin un jour. Et c’était évidemment le cas vu que Jonas n’avait jamais eu une conversation parlant d’automobile avec qui que ce soit. Un sourcil arqué il observa Axel. Unique parce qu’elle était à lui ? Il ne comprit pas trop où il voulait en venir mais il préféra ne pas en demander trop de peur qu’il le prenne pour un idiot. Il ne fit que simplement tourner la tête vers la route et continuer sans un mot jusqu’à ce qu’il pose une question étrange. Jonas secoua la tête. Je n’ai pas le droit. C'est interdit. Et c’était dans les règles de la communauté. Rester éloigné des progrès du monde extérieur en menant une vie simple et austère. Alors non il n’avait jamais conduit une voiture mais une fois ou deux il était monté dans l’une d’elle et ça s’était arrêté là. Mais merci, ajouta-t-il après un moment de silence alors qu’ils arrivaient enfin proche de la voiture. Des enfants, à l’arrière du bolide qui n’osait pas la toucher, s’avançaient, main tendue vers la peinture qui ne brillait pas puis reculaient comme si la voiture allait les dévorer tout cru au moindre contact. Jonas siffla puis se mit à parler d’une voix forte : Rentrez chez vous ! Vos mères vous attendent ! Les gamins détalèrent, armés de leurs bâtons jusqu’au chemin menant aux différentes maisons de la communauté.
Mais je m'y connais en charrette si tu as besoin un jour. Là tu lâche un léger rire, te contentes de hocher la tête, faisant mine de prendre note dans ta main, au cas où. Tu ne mettais plus les pieds en Angleterre depuis des années maintenant et la dernière calèche dans laquelle tu étais montée, il te semble que tes grands parents avaient du personnel pour s'en occuper. Puis sa réponse t'interpelles un peu, tu fronces d'ailleurs les sourcils en recrachant la fumée par le nez. "Interdit, tu veux dire que t'as perdu ton permis ?" lui as-tu demandé sans réellement comprendre de quoi il voulait parler, ce qu'il entendait par interdit. Serait absurde de penser qu'un type dans ta tranche d'âge n'est pas véhiculé, si tu savais Axel... Puis il attire ton regard, te force à prendre appuie sur ta jambe en reculant d'un pas léger ; des gamins avec des bâtons. "Putain..." tu souffle las, adresse un rapide coup d'oeil au grand blond avant d'observer les gamins s'éloigner en courant et tu t'approches lentement, fais le tour de ta voiture. De sa vie jamais tu n'avais été amené à rencontrer des vandales si petits et si jeunes, une petite éraflure était visible, mais tu doutais que leur pauvre petite branche ait pu faire une telle trace, non cela provenait sans doute d'un gravillon ou d'un petit caillou sur la route. "Heureusement que la petite racaille du coin est facilement impressionnable," tu commences en te penchant légèrement, balançant ta cendre sur le côté. Mains libre qui prend appuie sur l'arrière de ta caisse. "Si t'étais pas intervenu, qui sait, ils m'auraient peut-être subtilisés une roue..." tu souffle un rire par le nez et indique un petit mètre de hauteur avec ta main. "Ils sont si petits que si tu ne t'étais pas aperçu de leur présence, ils auraient peut-être même pu me voler les deux," nouveau regard par dessus ton épaule et les petits malfrats ont déjà disparu de ton champs de vision.
Sourcils haussés, Jonas secoua la tête. Il n’avait aucun permis, pas même une trace de sa naissance en ce bas monde et encore moins une assurance maladie. Aux yeux de l’Etat ils n’existaient pas c’était comme ça. Non, nous n’avons pas le droit de conduire de voiture ou d’utiliser toute forme d’objets… technologique ? C’est comme ça que vous dites ? C’était comme ça et n’ayant jamais connu cette vie avec il ne concevait pas en quoi ça pouvait bien être utile même si les voiture lui faisaient incroyablement envie. Jonas avait fait fuir les petits des voisins qui s’approchaient de la voiture comme un animal extraordinaire, une créature de Dieu. Il étira un petit sourire. Ils ne sont pas méchants, simplement impressionnés par ta voiture. Il haussa les sourcils en se demandant comment des enfants pouvaient bien voler une roue et à quoi ça pourrait bien leur servir. L’espace d’une seconde on pouvait presque voir le cerveau de Jonas mouliner pour comprendre le sens de ses phrases mais c’était comme si Dieu lui avait reconnecté les neurones et il étira un sourire. Ah tu fais de l’humour. Il ricana sobrement avant de s’avancer vers le véhicule. Ici nous voyons peu de voitures et encore plus quand la peinture n’est pas brillante. Ce n’est pas étonnant qu’ils aient voulu voir de plus près. il posa les mains sur ses propres hanches et regarda la carrosserie. Ce soir, crois moi que dans chaque famille ça va parler de ton véhicule. Il étira un large sourire en observant Axel. Et du type qui s’est arrêté par chez nous. Il le désigna du menton. C’pas tous les jours qu’on croise des gens d’la ville qui s’arrêtent.
nous n’avons pas le droit de conduire de voiture ou d’utiliser toute forme d’objets… technologiques Donc pas de conduite en état d'ivresse, de route nationale prise en sens interdit, simplement de drôles de croyances qui te font comprendre que tu es tombé au beau milieu d'un village rempli d'adepte d'un culte ton tu ignores tout jusqu'à l'existence. Dans ton regard néanmoins, pas une once de jugement, tu refuse bien de t'offrir un téléphone plus récent parce que tu es trop attaché à ton vieux blackberry, tu ne peux donc pas te permettre de lui jeter la pierre. la peinture n’est pas brillante. t'étires de nouveau un sourire en te penchant pour écraser au sol ce qu'il reste de ta cigarette en la frottant contre la terre mêlée de cailloux. "Non c'est un noir matte, qui ne brille pas, je trouvais que ça changeais." haussement d'épaules avant de glisser dans ta poche arrière ton second mégot qui s'en va rejoindre le premier, avec secrètement la hâte de rentrer laver ton foutu pantalon qui empeste le tabac froid. Tout en te frottant les mains tu relèves tes prunelles de jade vers le blond sans jamais quitter ton sourire, tu n'auras pas perdu ta journée puisque tu as animé la vie d'une toute petit village. "Techniquement, je n'ai fais que passer à côté, si l'essence n'était pas venue à manquer, je ne pense même pas que je me serais arrêté." tu lui avoues alors avec la plus grande honnêteté dont tu peux faire preuve, rapide regard lancé en directions des champs et fermes qui se dressaient à quelques centaines de mètre de vous.
C’était pas tous les jours que des personnes s’arrêtaient, même en panne. Oh ça avait bien dû arriver deux ou trois fois depuis sa naissance mais Jonas n’en avait jamais eu connaissance. Il hocha simplement la tête quant à la couleur matte qui ne brillait donc pas. Il observa l'absorption de la lumière sur le capot alors qu’il voyait au loin un camion s’approcher dans leur direction. Je me doute, oui. Vous avez tous une vie qui va très vite. (pour ne pas dire à cent à l’heure). Puis on les regardait toujours étrangement alors il comprenait bien que les gens n'allaient pas s'arrêter proche de chez eux. Il étira un petit sourire. J’ai été ravi de faire ta connaissance, Axel. Il se pencha légèrement en avant. Prends soin de toi et de ta voiture. Elle semble compter pour toi. Il tourna de nouveau la tête vers le camion qui était déjà là et il se mit en marche vers le chemin terreux. Il ne se retourna pas mais remit simplement son chapeau sur la tête, prêt à déguster un bon repas et continuer ses affaires dans les champs.
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