Poppy et moi, notre petite histoire n'a peut-être pas duré longtemps, mais elle était sincère. J'ai développé des réels sentiments pour elle et je pense que c'était réciproque. La rupture a été douloureuse, et m'a beaucoup fait mal. Encore aujourd'hui, je me demande où on serait, tous les deux. La relation à distance n'était peut-être pas idéal, et je n'ai pas pu lui en vouloir, de m'avoir laissé. "Oui, ce sont des beaux souvenirs." Des souvenirs qui resteront pour toujours dans ma mémoire. Pour une fois, j'avais vécu des vacances de rêve, j'avais fait la connaissance d'une fille merveilleuse. "Mais pourquoi pleures-tu? Tout va bien, je ne t'en veux pas de m'avoir laissé. Oui, ça m'a fait de la peine, mais c'est la vie." Poppy a toujours été sensible. C'est une belle qualité. Ça me brise le coeur, de la voir triste comme ça. Je veux la rassurer, mais je ne sais pas comment.

Je décide donc de tendre ma main à côté d'elle, et doucement, je lui prends la main. Un petit geste d'affection. C'est mieux que rien. J'aimerais faire plus, mais c'est trop tôt, je ne veux pas l'effrayer. Je voudrais la consoler, la prendre dans mes bras. "Tu m'as manqué." J'aurais voulu lui dire que je l'aime encore, mais ça ira à plus tard.

Je sens les larmes tracer des sillons ardents sur mes joues, et évidemment je n'ai pas pu cacher à Austin que je pleure. Comme si je ne me sentais pas assez pitoyable. Il essaie de me rassurer en me disant qu'il ne m'en veut pas, même si ça lui a fait mal. J'aurais voulu pouvoir faire autrement, à l'époque, j'aurais voulu avoir du courage... mais je ne suis même pas sûre de l'avoir aujourd'hui non plus, après avoir tant perdu. Je voudrais retrouver mon innocence d'alors, parfois, ce serait plus simple.
Sa main attrape doucement la mienne, et il me dit que je lui ai manqué. Mes larmes redoublent et je passe ma main libre sur mon visage pour essuyer ma honte. Si seulement j'avais pu avoir une nuit complète et reposante avant de pouvoir refaire face à lui. J'ai encore moins de contrôle sur moi que d'habitude.

« Tu m'as manqué aussi, Austin, souffle-je entre mes larmes. »

Je l'aimais tant. J'avais jamais ressenti ça. Et encore aujourd'hui, j'ai jamais rencontré personne d'autre qui  me fasse ça. Est-ce que j'ai seulement envie de partager ça avec un autre ? Depuis deux ans, je me le demande, et je n'ai toujours pas la réponse.
Je serre doucement ses doigts, ça me rappelle tant de souvenirs, c'est fou. Plein de sensations que j'avais oubliées. Et j'ai à nouveau envie de sentir la douceur de sa peau, il me faut prendre sur moi pour ne pas me blottir contre lui. Au lieu de ça, je me penche un peu pour poser mon front contre son épaule.

« J'ai mal fait les choses... Je me disais que tu trouverais une fille mieux. J'ai voulu me protéger... pardon... »

J'essuie une nouvelle fois mes yeux. Mon cœur est serré et bat trop vite. Bien sûr que je ne voulais pas lui faire de mal, et je nous en ai fait à l'un comme à l'autre. Après tout ce n'était pas comme si je ne l'aimais plus, à ce moment-là, au contraire même. Aujourd'hui, encore.

Je n'ai jamais été très bon pour les émotions, et surtout les émotions des autres. Quand quelqu'un pleure ou a de la peine autour de moi, je ne sais pas comment réagir. Je n'ai jamais été très à l'aise dans ce genre de situations. Quoi dire, quoi faire? En général, quand je me retrouve avec quelqu'un qui est triste ou qui a besoin de réconfort, j'essaie de détendre l'atmosphère avec des blagues, changer le sujet. C'est une façon pour moi d'éviter, oui, c'est horrible. Mais avec Poppy, je n'ai pas le choix d'agir. Je ne peux pas faire des blagues comme je ferais normalement. Elle garde sa main dans la mienne, et essuie ses larmes de l'autre main. Poppy dit que je lui ai manqué. Ça me rassure.

Poppy se rapproche, et dépose sa tête contre mes épaules, elle sanglote toujours. Je ferme les yeux, je lui donne un bisou sur le front, c'est plus fort que moi. Elle m'explique qu'elle a eu peur, peur que je trouve quelqu'un de mieux qu'elle. Qu'elle voulait se protéger. "Jamais je pourrais trouver mieux que toi, tu es la meilleure personne que j'ai rencontré de toute ma vie." Poppy est une soie, une perle, et elle ne le sait même pas. J'aurais pas pu l'oublier, c'est impossible. Une fille comme elle, il n'y en a pas beaucoup sur terre. "Ne t'en veux pas... J'ai une impression que notre histoire n'est pas terminée. Si la vie m'a mis sur ton chemin, c'est bien pour nous donner un signe, non?" Je ne suis pas très croyant, bien que mes parents vont à l'église tous les dimanche, j'ai arrêté d'y aller il y a des années. Mais je crois quand même au Destin, que nous avons tous un chemin à suivre, un chemin qui nous est destiné. Il faut bien croire en quelque chose. Avoir espoir.

Je ferme les yeux en sentant ses lèvres se poser sur mon front. Cette douceur se fond dans les tremblements de froid et de tension qui commencent à me secouer. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi vulnérable, que je ne m'étais pas dévoilée autant à quelqu'un. C'est troublant, ça me paraît presque naturel de discuter comme ça avec Austin. Comme si nous n'avions pas été séparés. Comme si rien n'avait changé.
J'entends à nouveau sa voix, elle résonne en moi et je me mords la lèvre. Bien sûr qu'il pourrait trouver mieux que moi, mais il ne sait pas à quoi je ressemble vraiment aujourd'hui, il ne sait pas à quel point je suis cassée. Puis il dit que c'est un signe que l'on se retrouve. C'est peut-être vrai, il est certainement ce dont j'ai le plus besoin en ce moment. Est-ce que quelque chose pourrait avoir forcé cette rencontre ? Je ne suis pas croyante, mais le hasard seul peut-il faire si bien les choses ?

Je lève les yeux vers les siens quelques instants avant de regarder nos mains entrelacées, je suis trop faible pour soutenir son regard sans être transportée par l'envie de l'embrasser. Pourtant on se rapproche l'un de l'autre, petit à petit, à tâtons, comme pour retrouver nos marques, nos limites.

« Un signe ? Tu crois... qu'on aurait droit à une seconde chance ? »

Je passe une dernière fois ma main sur mon visage, mes larmes ont fini par me donner un peu de répit, même si je sens qu'elles ne sont pas loin. Je ne me redresse pas pour autant, trop bien installée, là contre lui, dans sa chaleur.

« Je ne sais pas si je crois au Destin, mais... j'ai quand même envie de croire à ça. Je ne veux pas que notre histoire soit terminée... Austin... »

Les mots sont là, prêt à quitter mes lèvres, mais mon appréhension les retient. Lui dire que je l'aime toujours serait bizarre. Au lieu de ça, je remonte nos mains à mon visage pour caresser sa main de ma joue.

Mon cœur, je le sens battre de plus en plus vitre dans ma poitrine. C'est une sensation que je reconnais, que je retrouve après deux ans sans le ressentir. Et ça fait du bien, je dois bien l'admettre. Être avec Poppy, c'est se sentir chez soi, à sa place. On s'est séparé, certes, mais je ne l'ai pas oublié, comment je pourrais? La revoir, me fait revivre des émotions, me fait réaliser que je l'aime. Comme avant. Peut-être même plus qu'avant. Oui, en deux ans il a pu se passer beaucoup de choses, elle a peut-être vécu une autre histoire d'amour, Poppy est peut-être même en couple en ce moment. Et si son cœur était déjà pris? Non, je ne dois pas penser au pire. Je lui dépose un baiser sur son front, elle ne réagi pas. Enfin, elle ne me repousse pas. Poppy me demande si je pense que c'est un signe, qu'on nous laisserait une deuxième chance. "Oui, Poppy. Je crois que ce serait possible. En tout cas, j'y crois, je veux y croire." J'y pense, et je me dis que même si la vie nous met tout plein d'embuches, je continuerais d'y croire. Mon amour pour elle est vrai, il est fort. "Je ne veux pas qu'elle soit terminée non plus... Tu sais, je t'aime toujours." C'est dit, je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi simple, aussi facile. À le dire comme ça, alors que ça fait à peine 20 minutes qu'elle est entrée dans la voiture. Tous ces souvenirs sont revenus, et ce sont des beaux souvenirs. Poppy, j'en suis amoureux depuis plus de deux ans, et notre histoire a été bien trop belle pour s'être terminé ainsi. On mérite notre deuxième chance. Mais suis-je allé trop loin? Je ne veux pas l'effrayer, non, pas du tout. J'espère n'avoir rien gâché. J'appréhende sa réaction, je n'ose pas la regarder dans les yeux. Sa main est toujours dans la mienne, elle ne la retire pas. Est-ce bon signe ou pas?

La situation est surréelle. J'aurais peine à croire que je ne suis pas en train de rêver si je ne sentais pas son parfum, et sa main dans la mienne. Je n'ai pas eu assez de mémoire pour me souvenir aussi clairement de ces détails après plus de quelques mois, à mon grand dam. Oui, cette rencontre soudaine, aussi soudaine que la première, veut forcément dire quelque chose. Comment cela pourrait-il être autrement ? Si tout ce que je ressens n'a pas encore disparu, c'est que ce n'est sans doute pas voué à disparaître, ces sentiments et l'espoir que l'on puisse se croiser à nouveau. Un espoir que j'avais cru vain. Et pourtant non.
Je l'écoute, sa voix si douce qui me fait espérer. Lui aussi y croit. Lui aussi veut que ce soit possible. Et là où je croyais que ça ne pouvait pas devenir plus fou, je l'entends dire les mots que j'avais retenu : je t'aime toujours. Mes yeux s'ouvrent grands de surprise. Les a-t-il vraiment dits ou est-ce que je les ai hallucinés ? Je le regarde pour essayer de trouver une réponse dans ses yeux, mais il les détourne. Finalement, je crois que j'ai quand même ma réponse. Je t'aime toujours. Je me répète ce doux aveu et mon cœur fait des bonds dans ma poitrine. Comme il y a deux ans, durant ces vacances idylliques. Je n'avais jamais été aussi heureuse, et je ne l'ai plus jamais été depuis. Il n'y a eu qu'un manque qui n'a cessé de grandir.
Je me redresse doucement. Je ne dois pas hésiter, je ne veux pas qu'il s'imagine que je n'ai plus les mêmes sentiments pour lui, pas une seconde de plus. Je monte alors ma main libre à son visage pour caresser sa joue.

« Je t'aime aussi... Je n'ai jamais voulu personne d'autre que toi. »

Ma voix tremble d'émotion, mon cerveau est partagé entre ma trouille de me rendre aussi vulnérable et le faible courage que j'ai pu rassembler. Je m'approche d'Austin pour poser mes lèvres sur les siennes, une seconde, un baiser léger qui teinte à nouveau mes joues de rouge.

J'ai vraiment une drôle de sensation. Mais il est trop tard, je ne peux pas retirer ce que je lui ai dit. Oui, je l'aime et tant pis si c'était trop tôt pour lui dire. Je vivrai avec les conséquences. J'aurai eu la force d'être honnête, au moins. Je ne pourrai pas m'en vouloir de ne pas avoir essayé. Maintenant, il faut seulement attendre sa réaction. Je n'ose même pas lever les yeux vers elle. J'ai peur, je l'avoue. S'attendait-elle à ça? ou bien pas du tout. Est-elle contente? Surprise? Fâchée? Bouche-bée? Et moi, comment aurais-je réagi si elle m'avait dit je t'aime la première? Je ne saurais dire. Il y a maintenant ce silence, qui semble durer une éternité. Je sais pas quoi faire. Je démarre la voiture? Je mets de la musique? Je fais une blague? Non, ce n'est pas le moment. Mes mains deviennent moites, j'ai chaud. J'attends sa réponse. Et la voici enfin. Je ne m'étais pas rendu compte que je retenais mon souffle, mais dès que j'entends sa réponse, je me remet à respirer normalement. Soulagé, c'est comment je me sens. Content, plus qu'heureux. On se regarde enfin, et, en moins d'une seconde, nos lèvres se retrouvent. Comme deux ans auparavant. Ses lèvres sont douces, si douces. "Je me suis jamais senti aussi bien avec quelqu'un d'autre que toi, Poppy." C'est peut-être cliché, je l'avoue, mais c'est vrai, surtout. Je n'ai jamais eu ces sentiments pour quelqu'un d'autre. Je n'ai jamais vécu d'autre amour qu'elle. Même si je suis jeune, que tout le monde dirait que j'ai encore le temps de vivre autre chose, je sais pertinemment que c'est elle, la femme de ma vie. "Je te promet que je n'ai pas l'intention de quitter Edenton. Cette fois, on aura notre chance, on n'aura pas à vivre de relation à distance." Car c'est une des raisons pourquoi cela n'a pas marché il y a deux ans. Poppy a eu peur de vivre une relation à distance, et je ne peux lui en vouloir.

Je n'ai jamais été quelqu'un de très sociable, même si j'aurais souvent aimé le contraire. Pouvoir aller vers les gens facilement, sans crainte. Malheureusement, ce n'est pas dans mon tempérament. Et pourtant, avec Austin ça a été différent, tout de suite, à l'instant où on s'est rencontrés. Je n'ai jamais eu de difficulté pour parler avec lui, pour lui dire ce que je ressentais ou même n'importe quelle bêtise qui me passait par la tête mais qui arrivait à le faire rire. Et ça, non, je ne l'avais ressenti avec personne d'autre. C'est comme si nous étions liés, connectés. En fait, c'est assez bizarre à décrire parce que... c'est juste naturel. C'est pour ça que je parviens à surmonter ma gêne et mes angoisses, pour pouvoir retrouver ça.

Il parle à nouveau et ses paroles me font tant de bien. Je souris, touchée. Je comprends ce qu'il ressent, c'est la même chose pour moi. Puis il me promet qu'il ne partira pas. Non, je ne veux plus que l'on se quitte. Pas maintenant qu'on a su se retrouver. Même mes appréhensions n'auront plus raison de nous.

« T'as intérêt à rester, dis-je avec un sourire taquin. De toute façon, je te laisserais pas partir. Je ne laisserai plus filer ma chance. »

Même si j'avais mes raisons, à l'époque, maintenant j'ai mûri. Je suis indépendante et je sais trop bien qu'à tout instant la vie peut basculer et tout nous faire perdre. Je permettrai pas que ça m'arrive à nouveau, parce que je m'en remettrais pas.
Cette fois, je ne me retiens plus et me blottis contre lui. Mais il ne me faut que quelques secondes pour me rappeler que mes vêtements sont mouillés, et je m'écarte de lui.

« Ah mince, désolée ! J'avais oublié que j'étais trempée. »

Je soupire, embêtée. Il a le don de me faire oublier la réalité, ça n'a pas changé.

Nous sommes toujours arrêtés sur le bord de la route. Ce n'est peut-être pas prudent, on risque de se faire arrêter si une police passe. Mais en réalité, je m'en fous un peu. Je suis tellement heureux en ce moment, que peu importe les conséquences. J'ai hâte de voir ce que l'avenir va nous réserver. Je me sens tout heureux, tout fébrile en fait. Poppy, elle est si parfaite, je n'arrive pas à croire que c'est entrain d'arriver. Je me sens bien avec elle, je me sens moi-même, je n'ai pas l'impression d'être jugé, je sais qu'elle m'apprécie pour qui je suis, le petit fou, parfois idiot que je suis. "Je n'ai pas l'intention de partir, ne t'en fais pas." Je veux la rassurer, je ne veux pas qu'elle doute de nous, de moi. On se donne une nouvelle chance, une belle chance, une occasion d'apprendre à se connaitre encore plus sérieusement. La dernière fois, c'était en vacances, et on était des ados. Aujourd'hui, nous sommes deux adultes (enfin pas tout à fait), mais nous sommes dans la vraie vie, notre vie d'adulte, avec des responsabilités. Je ne vis plus chez mes parents, j'ai mon petit appartement et j'ai un boulot. Poppy se blottit dans mes bras et s'excuse d'être trempée. Je m'en étais même pas rendu compte. "Ce n'est pas grave. Tu as envie de rester ici ou on peut aller quelque part d'autre se réchauffer?" Est-ce trop tôt pour l'inviter chez moi? Je ne veux pas aller trop vite, non plus. On vient à peine de se retrouver, mais j'ai pas envie de passer la nuit dans la voiture. Mais je ne veux pas non plus la laisser, je veux rester avec elle encore longtemps.

Je commence à penser qu'il faudrait que je rentre chez moi, pour pouvoir me changer. Si je reste comme ça trop longtemps, je risque vraiment de tomber malade, et ce serait embêtant. Le problème, c'est que je n'ai pas envie d'interrompre ce moment. Je veux juste qu'on profite d'être ensemble encore, même si maintenant on a tout notre temps... On vit dans la même ville, même si on travaille tous les deux on arrivera sûrement à se voir régulièrement, mais... j'ai pas envie de le quitter tout de suite. J'ai encore trop l'impression que je vais me réveiller d'un moment à l'autre. C'est un peu un comble pour une insomniaque.
Il me demande finalement si je veux qu'on aille ailleurs. C'est vrai qu'on ne va pas pouvoir s'éterniser ici, on va finir par attirer l'attention des riverains. Je réfléchis un instant. On pourrait aller boire un verre, mais j'avoue que je n'ai pas très envie d'aller dans un endroit qui risque d'être bruyant... et puis, c'est bien quand on est juste tous les deux.

« On pourrait aller chez moi. »

Encore une fois, les mots sont sortis avant que je les retienne. Et, quoi !? Je viens vraiment de lui proposer de venir chez moi, là comme ça ? C'est pas vraiment dans mes habitudes. Cela dit, c'est pas vraiment habituel comme situation non plus. Et puis l'idée n'est pas si mauvaise.

« E-e-enfin, si tu veux... Je vis toute seule, on pourra discuter tranquillement. »

Je frotte mes joues, cette fois je suis sûre que je suis devenue cramoisie, je baisse la tête pour me cacher derrière mes cheveux. Je n'ose pas le regarder. J'espère qu'il va pas se dire que c'est trop rapide.  Je veux juste qu'on soit ensemble...

Pourquoi je propose d'aller ailleurs, c'est parce qu'il commence à se faire tard. Et on ne peut pas rester toute la nuit dans la voiture. Il fait froid dehors, alors le moteur tourne encore et je n'ai pas envie de brûler ma batterie de voiture. Et puis, je commence à avoir un peu faim, sans doute que c'est la même chose pour Poppy. La pauvre, elle est trempée d'eau glacée, depuis un long moment, elle doit être gelée. Je ne veux pas qu'elle tombe malade. J'ai en tête de proposer d'aller chez moi, mais en y réfléchissant, mon appartement est un vrai bordel. La vaisselle n'est pas faite, mon lit non plus, il y a des vêtements qui trainent partout. Si j'avais su ce matin que j'allais croiser Poppy et qu'elle viendrait chez moi le soir-même, croyez-moi j'aurais fait tout un ménage. La seule chose de positif si on va chez moi, c'est que j'ai des grandes couvertures chaudes (volées à ma mère) et je pourrais lui faire un chocolat chaud avec de la guimauve.

Je suis donc soulagée quand Poppy me propose d'aller chez elle. Elle vit seule, c'est donc mieux que d'aller chez moi (mon coloc est toujours là et on manquerait d'intimité). C'est donc parfait, et je pourrai faire mon ménage une autre fois. "Pas de soucis! Ouais chez moi on aurait moins de tranquillité, je t'avoue." Je démarre la voiture, et automatiquement, la musique se met à jouer. Le dernier album de Bon iver sort des hauts parleurs. Trop fort, je baisse le volume rapidement. Heureusement ce n'était pas un album gênant genre du Mariah Carey (pas que je l'écoute mais on ne sait jamais). "Tu me diras où tourner." Ça ne fait quand même que quelques semaines que je vis à Edenton, je ne suis donc pas un grand connaisseur de la route. Normalement, j'utilise google map, mais je vais faire confiance à Poppy. Je suis concentré sur la route, mais j'ai toujours une envie de me retourner pour la regarder. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, mais je suis très optimiste. C'était une bonne chose que je vienne m'installer ici.