Depuis hier soir, je ne me sens pas très bien. Ça a commencé pendant mes SMS avec Jake et ça s'est arrêté quand je me suis endormie... mais ce matin, je ne me sens toujours pas très bien, quand je repense à comment je me sentais hier soir. J'ai mal au ventre et un peu à la tête, à force de me creuser les méninges. Je me sentais pas bien aussi la dernière fois que j'ai vu Jake et j'commence à croire qu'ses pâtes n'étaient pas aussi bonne en fraîcheur qu'elles l'étaient au goût. Enfin bref... J'suis dans mon lit, allongée sous les draps et je t'attends.

Pas silencieux. Soupe en main, le blond franchissait la porte de l’immeuble. En haut, Madelynn, l’attendait. Comme à chaque fois, il faisait le déplacement. Jamais encore, il ne l’avait intégrée un tant soit peu à sa vie en dehors. Celle qui concernait sa famille. Tout simplement, parce qu’il ne faisait pas ça. Pour garder ses distances. S’attendant à ce qu’elle est ouvert la porte d’entrée d’avance, Rylan poussait cette dernière. Silence. Plutôt surprenant étant donné le vacarme qui régnait d’ordinaire. D’habitude, il pouvait entendre les rires des filles mêlés à des vapeurs de parfums.    Gardant la tête baissée, l’homme traversait rapidement la pièce principale pour atteindre l’antre de Mads. Une habitude qu’il avait prise à cause des caméras.   « Et une soupe pour la malade! » lançait-il d’une voix forte. Déposant le remède sur la table de chevet, avant de s’abaisser. Effleurement. Avec douceur, Rylan déposait un baiser sur son front. Puis, se reculant, il commençait à retirer sa veste. « Alors t’as quoi ? »

J'entends des pas au rez-de-chaussée et je sais qu'à cet heure-ci, ça ne peut être que toi. Kris est parti travailler et Kimmy bosse surement dans son bureau, tranquille. Je me redresse sur mon lit pour m'asseoir et attrape un oreiller pour l'entourer de mes petits bras. Vois-tu Rylan, j'suis pas vraiment malade... Mais je ne sais pas ce qu'il se passe et je ne suis pas sûre d'aimer ça, alors j'ai pris congé au motel rien que pour passer la journée au lit. Ta présence dans ma chambre me fait légèrement sourire et je ferme les yeux au contact de tes lèvres sur mon front. Je tourne les yeux vers le thermos que tu as déposé sur ma table de chevet et me penche le bras tendu pour l'attraper, pendant que tu retires ta veste. Des picotements au ventre. C'est pas cool, j'ai l'impression que j'vais avoir la gerbe. Je soupire et ouvre le couvercle pour prendre une gorgée de ta soupe. Nouilles au poulet, classique. Je passe ma langue entre mes lèvres et ouvre ensuite les couvertures pour te faire une petite place. Déshabille-toi, viens là.

Des picotements dans le ventre. Arquant un sourcil, il l’observait boire une gorgée de sa soupe. « M’vomis pas dessus. » Le blond tentait l’humour, histoire de lui arracher un sourire, mais elle semblait être déconnectée. « Avoue, tu m’as fait venir pour que j’te serve de bouillotte. » Malice sur ses lèvres. En quelques secondes, l’homme se débarrassait de ses chaussures, avant de se glisser près d’elle. Douceur de satin. « Viens la. » D’un bras, il encerclait sa taille afin de l’attirer contre lui. Plus grand, il apposait sa tête sur la sienne. Enivrant parfum. «  Tu m’as manqué. »

Ça fait du bien, cette petite soupe. Je commençais à avoir le ventre foutrement vide... et franchement, j'étais trop bien dans mon lit pour oser me lever et faire un truc à manger dans la cuisine. Puis si j'aurais commandée de la pizza, qui aurait ouvert ? Je ris à ta petite blague de merde et remue doucement la tête de gauche à droite. C'est pas ce genre de mal. J'vais pas vomir, ni t'éternuer dessus. J'crois pas que c'est contagieux, même... J'vais probablement avoir mes règles ou j'sais pas. J'hausse les épaules, j'm'en fiche. J'me sens d'ailleurs déjà un peu mieux, mais j'suis loin d'réaliser que c'est parce que je ne pense pas à Jake dans l'immédiat. C'est en partie exacte ! Je pouffe de nouveau de rire et dépose le thermos sur le rebord de la fenêtre et me tourne vers toi pour me glisser dans tes bras. Tu m'as manqué aussi bébé. Comment s'est déroulé ta dernière mission... ? Je te parle comme une military wife... Ouais, comme d'habitude, finalement. Mais c'est un peu c'que j'suis, non ? Jusqu'au jour où tu tomberas amoureux, c'est moi qui te sert de femme temporaire. M'enfin, t'es plutôt mon seul régulier aussi alors, c'est un peu comme si t'étais mon mari temporaire aussi.

Les règles. Un truc sur lequel, il n’y connaissait rien. Suffisamment en tout cas, pour le classer dans la case : mystère. Se glissant sous les draps, Rylan attirait Madelynn à lui. Contact rassurant. Le seul contact qui lui permettait de fuir les angoisses. Revenir aussi longtemps à Edenton, c’était affronter tout ce qu’il avait toujours mis de côté. Jared. Les ravages de la guerre. La misère des populations pauvres. D’ordinaire, il restait deux, trois jours, avant de reprendre la fuite. Et bien que la mort de son frère remontait à deux ans, le blond en souffrait toujours. Plus que n’importe qui, Jared avait représenté la réussite, la bienveillance et la sécurité, mais aussi, son confident. Il avait tant repoussé le deuil, qu’à présent, il devait y faire face. Avancer. Il était temps. Question. Abaissant son oval vers la jeune femme, il répondait : « Comme d’hab. » Toujours déployé en Syrie, il avait effectué une mission d’un an. Un an sans voir aucun de ses proches civils. Ce qu’il avait vu la bas, faisait à présent partie, de la banalité. Hors ça ne devrait pas. C’était ça le plus anormal. « T’façon c’est finit. » Prunelles azur fixées sur le mur. Son terme contractuelle était arrivé à sa fin et il avait décidé de ne pas le renouveler . Pas prit à la légère. Il avait déjà vu avec les principaux concernés pour une reconversion. b> « J’dois faire un allé retour pour régler quelques trucs, mais .. » De ses lèvres surgissaient la conclusion, alors qu’il abaissait son visage vers elle. « J’repars plus. »

Comme d'hab. Réponse froide, mais on s'y habitue à force de trainer dans la vie de Reilly. Je t'écoutes continuer, en disant que c'est fini... Puis ton regard se détache de moi pour regarder le mur. À quoi tu penses ? C'est dingue, à quel point je suis attachée à toi et à quel point tu comptes beaucoup, mais au final... Je ne sais pas grand chose de ta vie privée. C'est probablement parce que tu ne me dis pas tout et réciproquement... Ou peut-être que tu m'as dis certaines choses et moi, étant la pire personne au monde, je ne t'écoute pas assez. Je finis par comprendre que tu ne bougeras plus d'Edenton et mon regard s'illumine... en même temps que mon téléphone portable. Vite-fait, j'attrape l'appareil et regarde le message qui me décompose le visage. Jeremy. Un truc à propos de Jake... qui clairement, nous regarde en ce moment. Coup d'oeil vers la caméra dans ma chambre et je change aussitôt d'application pour aller la désactiver, puis envoyer un message rapide à mes colocataires. Une fois fait, je lance le téléphone à l'autre bout de la pièce et soupire. Mon mal de ventre est revenu, j'suis inconfortable dans mon propre lit et le peu d'appétit que j'avais est disparut. Moi qui voulait t'embrasser après cette annonce qui me rend heureuse... Je ne sais plus c'que j'veux. Donc tu vas rester au village ?

Plus de missions. Plus de cauchemars. Quatorze ans qu’il servait l’armée. Enrôlé dès la vingtaine, il avait d’abord fait ses classes, avant de finalement démarré le plus dur. Dans ses jeunes années, tout ça lui avait paru simple. Détaché. Mais très vite, Rylan avait été rattrapé par la misère et l’horreur des guerres. Pourtant, le soldat avait toujours eu besoin de se sentir utile. Adrénaline. Drogué à la sensation du sauveur, il avait tenu. Du moins, jusqu’à ce fameux jours. Jusqu’à la mort de Jared. De là, les choses s’étaient enchainées. Le besoin de s’occuper l’esprit c’était fait plus fort, mais après toutes ces années à servir son pays, Rylan était fatigué. A trente-quatre ans, il se sentait déjà vieux et il avait besoin de retrouver sa jeunesse. Et pourquoi pas, construire sa famille. Sourire illuminant ses traits sylvestres. Madelynn, était une des personnes qui l’avait fait tenir, mais jamais, il ne se l’avouerait. De ses amandes, elle l’observait avec intensité, lui arrachant un sourire. Interrompue. Attirée par son portable, la jeune femme se dégonflait. Ombre voilant ses pupilles. Sans mot, Mads s’affairait sur son gsm, avant d’enfin revenir vers lui. « Qu’est-ce qu’il y a ? » D’une question, le blond avait balayé celle de la brune. Connaissant d’avance sa réaction, Rylan attrapait d’un pouce son menton pour éviter qu’elle se dérobe. « Dis-moi. »

Mon humeur s'est détérioré et quand j'ai lu le message texte et t'as probablement deviné que quelque chose n'allait pas quand j'ai lancé mon téléphone ; de toute façon, si je ne voulais pas que ce soit évident, je n'avais qu'à ne pas réagir aussi mal pour aussi peu. Tu me demandes ce qu'il a et je m'apprête à rouler des yeux, quand tu m'attrapes par le menton pour me forcer à te regarder. Je déglutis. Le gars d'Hawaii nous observait alors j'ai éteins les caméras. C'est creepy, c'est tout. Je soupire, comme si j'étais blasée mais ce n'est pas exactement ce que je ressens en fait. Seulement, je ne m'en rends pas forcément compte et puis de toute façon, même si c'était le cas, je me débrouillerais pour que tu penses autrement. J'suis rien qu'à toi là, de toute façon. Pas envie qu'on nous regarde. Je m'allonge sur le matelas, en continuant de te regarder avec un petit sourire.

Creepy dans quel sens ? Qu’est-ce qu’elle entendait par la ? D’ailleurs, pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas coupée les caméras avant ? On s’en fou. Un soupire quitte ses lèvres, alors que son regard se faisait fuyant. Déjà, ses pulpeuses affichaient un sourire. Allongée sur le lit. Madelynn aussi, était de nature fuyante. A sa façon. La jeune cachait ses pensées derrière sa luxure. Alter ego. « Arrête d’faire ça. » Masque clos. Les pupilles sombres, le blond se redressait. « T’vas finir par m’parler d’lui ? »

Tu ne me laisses pas le choix. J'dois te parler de Jake, avant que tu finisses par mettre tes deux mains autour de mon cou pour m'étrangler. Je soupire. J'ai pas envie, je fuis un peu mais je finis par trouver des mots qui peuvent former un semblant d'réponse. Ok. C'est un pharmacien, j'ai pris son numéro quand j'l'ai rencontrée à la pharmacie, on a discuté un peu puis j'suis allée chez lui pour jouer un peu de musique. Je lève les yeux vers toi et à ton regard, j'comprends que c'n'est pas suffisant. C'n'est rien, ok ? Il est juste puceau et j'me suis proposée pour l'aider. Visiblement j'ai été trop loin, parce qu'il a un crush sur moi et il me stalke sur mes caméras. Pretty little liar. Mais c'est la seule réponse que t'aura de moi ce soir, Rylan. Tu sais tout. T'vois bien que y'a rien d'intéressant ? Maintenant on peut passer à autre chose ?

Capitulant, Mads concédait à lui en dire un peu plus. Une histoire de rencontre dans une pharmacie prend scène. S’ensuit une histoire de musique chez lui. Insuffisant Sur ses traits, on pouvait voir qu’il en demandait plus. « Et tu l’as aidé ? » Aucune jalousie, ne transparaissait dans sa voix. Avec son compte OF, c’était pas étonnant qu’elle attire des tarés. Est-ce qu’elle lui avait bien tout dit ? Impossible à savoir. « Hm. » Loin d’être convaincu, il demandait : « C’quoi son prénom ? » Main vicieuse. La glissant sous la couette, il caressait le bas de son ventre. L’amadoué pour obtenir une réponse.

Ouais, j'l'ai aidé. On s'est embrassés mais c'est tout, c'n'est pas allé plus loin. C'est la vérité. Mais est-ce que c'est toute la vérité ? Non. Seulement, t'as pas besoin d'en savoir plus, de toute façon je n'en sais pas vraiment plus moi-même. Tu me demandes son prénom et je frissonne en sentant ta main se glisser sur le bas de mon ventre... Je me tourne vers toi et bien sûr, profite pour jouer au même jeu en glissant ma main sous ton chandail, par-dessus des abdos. Jake. Il est asiat', grand, yeux foncés, cheveux foncés, mignon. Je finis par sourire en y pensant et lorsque je réalise la tête que j'dois être entrain de faire, j'essaie d'me sauver un peu le cul en arquant un sourcil. C'est tout à fait ton genre d'homme. Je pouffe de rire.