Frissons parcourant son échine. Du bout des doigts , elle traçait des arabesques imaginaires. Irritée, elle mettait rapidement fin à leur conversation. Sujet clos. Le faisant définitivement taire sur le dossier Jake, la brune apposait ses pulpeuses sur les siennes. J’ai encore ma place. « Définitivement bébé.. » Prononçant ses mots dans un souffle, le blond venait prendre possession de ses lèvres. Lenteur sensuelle. Sa langue s’insinuait en elle, se mêlant à la sienne dans un slow burn. Laissant glisser ses mains sous son t-shirt, il les ancraient avec force sur ses hanche. Paumes marquant sa peau. Quittant la douceur de sa bouche, le soldat parcourait son cou de baiser. Imprégné de son parfum.

Si je n'y pense plus, alors peut-être qu'il n'existera plus. Le problème, c'est que je sens la chaleur de ses lèvres quand j'embrasse les tiennes et la douceur de sa peau quand je caresse la tienne. Je me renferme comme une huitre, jamais je n'ai été aussi tendue. Je rouvre doucement les yeux, bien que le baiser n'ait pas pris fin... Un peu comme pour me remémorer de qui est là et ça marche un peu. J'suis toujours à l'aise avec toi Rylan, j'pourrais chier la porte ouverte ou même te tenir la main pendant... Mais pourtant, j'ai peur d'admettre qu'Jake est un peu plus qu'un "étudiant" pour moi. Parce que j'ai peur de te perdre ? Non, parce que j'sais que ça ne nous séparera pas. C'est plutôt parce que je suis difficile à approcher... et mes amis, j'les comptent littéralement sur les doigts d'une main. Je referme les yeux doucement et prolonge ce baiser de façon plus ardente. La douceur, c'n'est pas pour moi... Ou en tout cas, pas pour nous deux. La passion grimpe en flèche et moi, je grimpe sur toi à califourchon pour retirer ton t-shirt.

Putain, elle était sérieuse la ?! Soupire qui s’échappe de ses lèvres, Madelynn rompait le contact. Glaciale. La jeune femme le repoussait pour fuir la chambre. Frustré. A son tour de soupirer. Se laissant rouler sur le dos, le blond noyait le regard dans le vide. Bordel, qu’est-ce qui venait de se passer ? Jamais encore, elle ne l’avait repoussé. Colère sourde. Il pouvait la sentir enflée comme une putain de bombe à retardement. Égo touché. La raison quittait son esprit et comme à chaque fois, ses problèmes de gestion colérique revenait sur le tapis. Finissant par abdiquer, l’homme quittait la froideur du lit pour s’habiller entièrement. Visage de marbre. Faisant abstraction des caméras, il suivait tardivement Madelynn. « Putain c’etait quoi ça ? » Voix calme. « Et commence pas à m’dire que c’parce que t’es malade. Ça t’a jamais dérangé que j’te baise même avec un rhume de merde ! » Vulgaire C’était l’ego qui parlait. Celle d’un mec qui n’avait pas obtenu ce qu’il avait l’habitude d’avoir en rentrant. Celui qui n’avait touché aucune femme depuis plusieurs semaines. Celui qui allait blesser la seule personne qui arrivait à lui changer l’esprit. A faire taire les cauchemars.

Je ne t'avais jamais repoussé avant, pourtant là, j'le fais avec aisance. Il m'arrive quelque chose, dont je ne saurais pas expliquer... Le sexe n'est juste pas une option en ce moment et ne le sera pas tant que je n'arriverai pas à démêler les voix dans ma tête. Je me rince le visage à l'eau froide dans la salle de bain de l'étage et soupire en admirant mon visage dans le miroir. J'suis pas maquillée, naturellement mes pensées dérivent vers la seule personne que j'essaie d'ignorer en ce moment. Chasse l'image, Madelynn. Tu ne fais rien de mal. Je reviens à la chambre, pour te trouver tout habillé déjà et en pétard contre moi. Quoi ? Je recule le menton, fronce les sourcils. Ok c'est parti, notre première dispute. C'est bon, t'as pas vidé tes couilles et c'est de ma faute maintenant ? Comme quoi y'a pas qu'moi qui fait tout tourner autour du cul, hein. Ouais... C'est un reproche qui a mal passé, même si tu t'es excusé et que tu as dis que tu ne le pensais pas vraiment... Va savoir, ça m'est resté gravé en tête. Ouais bah, j'suis malade et si l'excuse tu ne l'aimes pas, y'a un gloryhole juste à la sortie d'Edenton, t'y trouveras peut-être ton bonheur. Je rouvre la porte de ma chambre de nouveau, pas pour en sortir mais pour te montrer la sortie.

Il avait été trop loin. Trop tard. Impossible de faire marche arrière maintenant. Fureur. Les iris de la jeune femme, s’étaient teintées d’un obscur voile. De ses lèvres, elle expulsait sa colère. Dualité. Se confrontant à la sienne, elle emplissait la pièce d’une atmosphère pesante. Tout tourner autour du cul. Elle l’avait vraiment mal pris putain. C’était un fait, il manquait de tact et son humour sarcastique laissait parfois à désirer, mais contrairement à ce qu’elle pourrait penser, il n’avait pas eut l’intention de la blesser. « Putain t’en es encore là ?! » Porte qui s’ouvre. Madelynn le congédiait pour la première fois depuis le début de leur amitié. Éberlué, il finissait par attraper sa veste, avant de s’approcher vers la sortie. Dans la regarder, Rylan laissait jaillir les mots de ses lèvres : «  Y a pas que ton cul qui m’intéresse Madelynn. Ton amitié compte plus. » Voix rauque. N’en disant pas davantage, il dépassait définitivement la porte.

Ouais, j'en suis encore là. Que j'te répond du tac-o-tac. C'est tellement plus facile de réutiliser tes mots contre toi, que de regarder la vérité en face : Je ne te rejette pas à cause de ce que tu as dis ou de ce que tu aurais pu faire... La faute, elle est complètement la mienne. J'te regarde pendant que tu rapailles tes affaires, puis pendant que tu marches jusqu'à la porte que je te garde ouverte. Mots qui me touchent, mots qui blessent. Jamais je ne me suis engueulée avec des amis avant... Pas avec Kimmy, pas avec Kris, ni avec toi, je veux dire. Les trois ancres dans ma vie, les seuls, d'ailleurs. Bah ouais, c'est un thème récurrent aujourd'hui. Joins-toi au club des gens qui en attendant beaucoup trop de la pute qu'est Madelynn Beech. Je ferme la porte derrière toi, pour la faire claquer. Frustrée et blessée, je retourne m'allonger dans mon lit, en mode burrito.

La pute. Dans le fond, si les mots de Rylan l’avaient blessés, c’est peut être qu’elle avait une basse opinion d’elle même. D’apparence, Madelynn montrait une femme sûre d’elle. Forte. Mais elle aussi, avait ses failles. Et lui, ne pouvait rien y faire. Pas maintenant. Alors qu’il se battait lui même avec ses démons. Certaines personnes de son entourage, pensait que c’était uniquement dû au décès de son frère. Qu’en tant que soldat, il était incassable. Ou alors, n’avaient-ils pas suffisamment de recul pour réaliser la réalité d’un militaire américain. La Syrie avait été éprouvante. S’il prenait aussi mal le fait qu’elle lui refuse un exutoire, c’était en raison des souvenirs dans sa tête. Son échappatoire. Sans un dernier regard, l’ombre se glissait dans l’obscurité. Pas uniquement celle des lieux, mais aussi celle qui l’attendait comme une fidèle épouse.