Ça doit faire quelques minutes à peine que je suis arrivée au boulot. Ce matin je n’ai pas croisé Lake et c’est peut-être mieux comme ça. Je suis comment dire, un peu mélangée dans mes sentiments. Notre relation fait du sens comme elle n’en fait pas en même temps. Nous avons passé une année sans nous parler franchement ça éclaté en guerre. Je suis donc là devant mon miroir à tenter de me coiffer un peu. Je fais toujours ça avant de travailler, parce que ça me détend, parce que c’est une habitude. Les cheveux bouclés je m’approche de la glace et je poses se rouge sur mes lèvres. Je claque mes lèvres ensemble puis me redresse. Une main dans mes cheveux et mon regard croise le tiens. Mon cœur il s’arrête. Si y’a bien quelque chose à quoi ne m’attendais pas – c'est de te voir là de l’autre côté de la vitrine. Je lève la main nerveuse pour te saluer et te souris. Vas-tu entrer ou rester à l'extérieur et me regarder ?

Trois ans. C’est le nombre d’année qu’il avait fallu, avant qu’il ne la revoit aujourd’hui. Chevelure de flamme. Passant dans la ruelle commerçante, l’éclat du soleil, s’était reflété sur la vitrine d’un coiffeur. Lui dévoilant ainsi, la silhouette pulpeuse d’un fantôme. Ovale abimé. Les lèvres carmins, elle s’était retournée vers lui. Echange de regard. Son visage était marqué par un bleu sur sa pommette. Charmante retrouvaille. Rylan aurait très bien put l’ignorer et continuer sa route. Pourtant, il se surprenait à pousser la porte de l’enseigne. « ça fait longtemps. »

J’crois que mon cœur il s’arrêté de battre quelques secondes lorsque mon regard à croisé le tien. Tu clignes des yeux un peu ébahis devant toi. « Oui..Vraiment longtemps. » Lâches tu nerveuse en glissant une main dans tes cheveux. Bon sens, trois ans ? Déjà ? Tu sens ton cœur qui s’emballe d’un coup, comme quoi t’es toujours en vie et bien présente devant ton ancien, nouveau – amant ? « Heureusement tu vas bien. » Lâches-tu sans y penser. S’il est là c’est que tout ce passe bien non ? « J’suis .. J’suis désolée je m’attendais pas à te voir ce matin. » Je me mordille la lèvre. « Ça fait longtemps que t’es rentré ? »

Etait-ce de la nervosité qu’il présentait ? Gamine nerveuse. Un léger rictus venait étirer ses lèvres, avant que ses iris balayent l’endroit des lieux. Les choses ne changeaient pas. Lou travaillait toujours dans le même endroit. Familiarité. N’était-ce pas là, le charme d’une petite ville ? « Pourquoi tu t’excuses ? » Mi amusé mi sérieux. Mettant ses mains dans les poches, il allait s’adosser sur le rebord d’un des plans de travails. Souvenir fugace. Ce même plan où il l’avait prise un soir de fermeture. Ironie de l’inconscient. « Quelques semaines. » Revenant à son ovale, il laissait ses billes détailler Lou. « Et ça ? » D’un doigt, il reproduisait la zone tuméfiée sur son visage. « Comment c’est arrivé ? »

« Pourquoi tu t’excuses ? »  Bonne question, j'en sais rien. « Parce que je m'attendais pas à.. Parce que je bafouille. » Je me sens nerveuse devant toi aujourd'hui et j'arrive pas à expliquer ça outre le fait que je me retrouve devant toi après trois ans.  Nous nous sommes laissé quelques heures après que nos deux corps se soient unis, alors je dois avouer que de te retrouver, ici  dans cet endroit de prédilection - devant moi - ça m'fait tout drôle. Surtout parce que y'a quelques trucs qui ont changé depuis ton départ. Je pose ma main sur mon bras puis je te regardes. « Je vois.. Tu comptais pas me le dire c'est ça ? » J'ai l'impression que notre rencontre est un pur hasard ce matin, ou peut-être que je me trompe. Peut-être n'as-tu juste pas eut le choix de venir me rejoindre après que nos regards ce soient croisés. Ça me chamboule l'esprit. « Et ça ? Comment c’est arrivé ?  » J'crois qu'à ce moment précis j'ai avalé ma salive de travers, j'ai manqué m'étouffer. J'avais oublié les marques sur mon visage. Alors je me suis empressé de répondre: « Ah ça ! C'est rien, je suis tombé dans l'escalier à la maison.. » Je ris nerveusement en sachant que c'était un tout petit mensonge - non un gros mensonge.  

« Hm » Un léger sourire prenait place sur ses lèvres.   « Pourquoi j’te le dirais ? » Haussement d’épaule.  La dernière fois qu’ils avaient étés proche, cela remontait à plusieurs années. Trois. Après il était repartie en mission et son frère était décédé. Son bref passage ici, n’avait pas été des plus joyeux. Il n’avait été qu’une étape avant son départ d’un an en Syrie. Détournant la conversation, Rylan lui demandait comment elle s’était défiguré le visage. Tout un côté était occupé par un bleu. Un bleu suffisamment prononcé pour que son maquillage ne le recouvre pas correctement. Nerveuse. « J’me souvenait pas que t’étais aussi maladroite. »

J’hausse les épaules et fronces les sourcils. « C’est vrai que c’est pas si important.. » Que je lâche en soupirant et lâchant finalement prise. Bon, est-ce que vous deux vous étiez en mauvais therme ? Tu t’souviens pas, mais il te semble que non. Je presse ma main contre mon bras toujours nerveuse. Volontairement tu lui renvois la pareille mais tu te trahis - comme quoi c’est pas totalement ce que tu as dis qu’il s’est passé. « Et .. Pourquoi je te dirais ce qui s’est passé ? » Je me mordille la lèvre puis te fixe. « Ça m’arrive d’avoir deux pieds gauches .. tu m’crois pas ? »

Est-ce qu’il aurait dû lui dire ? Pour lui, non. Mais peut-être que pour elle, si ? Peu importe. Agitée, elle frottait son bras frénétiquement. Sur la défensive. Clairement, Lou se montrait méfiante. Des personnes comme elle, il en avait déjà croisé. A cet instant, la seule chose dont il était sûr, c’est qu’elle ne lui disait pas la vérité. Et alors ? La rouquine, ne lui devait rien. Et lui, en avait-il forcément quelque chose à faire ? « Donc, il s’est bien passé quelque chose. » Se mordillant les pulpeuses, Lou, en faisait ressortir le carmin. « Peu importe. Ça m’regarde pas. » lançait-il. « Qu’est-c’que t’racontes depuis l’temps ? »

« Donc, il s’est bien passé quelque chose. Peu importe. Ça m’regarde pas. » Je cligne des yeux puis j'hoche la tête positivement. « Oui, mais est-ce qu'on pourrait juste.. en parler ailleurs qu'ici ? » J'regarde autour de nous, je fais trop attention au peu de client qu'il y a dans le salon. L'histoire c'est qu'ici c'est une toute petite ville et que je n'ai pas envie que sache pourquoi j'ai des bleus sur le visage. « J'ai pas envie .. Enfin tu comprends ? » Je replaces mes cheveux d'un rouge flamboyant et ajoute: « Pas grand chose. » Ah ouais .. Lake est sorti de prison et c'est à cause qu'on s'est disputé ces marques. « Je travaille beaucoup et je suis rendu avec un coloc. Et toi ? Faux ! c'est mon mari, mais c'est tendu entre nous.

En parler ailleurs. Autour d’eux, les clients se faisaient de plus en plus nombreux. Certes, ce n’était pas le moment. « C’quand ta pause ? » Est-ce qu’il était vraiment en train de lui demander ça ? Mise à part leur ancienne ambiguïté, la jeune femme avait été de bonne compagnie. Alors d’une certaine manière, Rylan se préoccupait un tant soit peu d’elle. Suffisamment pour essayer de comprendre. < « Et il en pense quoi ton coloc d’ça ? » Rylan avait prononcé ses mots avec pudeur pour éviter d’être entendu des autres. « J’rentre d’un an d’mission. Sinon, rien d’spécial. »

J'hausse les épaules. T'en sais rien, t'as pas vraiment de pause en vrai. « Vers treize heure, pour le lunch. Tu veux manger avec moi ? » Que je te demande en souriant. Je suis plus calme, moins sur la défensive et pourtant j'sais pas comment je ferai pour t'expliquer ce qui c'est passé - pourquoi j'ai ces marques sur mon doux visage. Je baisse les yeux à ta question. « J'en sais rien on s'parle pas vraiment. Je vais tout t'expliquer promis. D'accord ?  » Que j'ajoute pour m'sauver les fesses. Y'a que cette fois ou ça dégénérer moi et lui - la preuve sur mon visage.  J'hoche la tête. « Je vois. Alors ça c'est passé comme prévu ? »

D’elle, il avait gardé un bon souvenir. Outre le fait qu’ils avaient partagés des moments intimes, Lou avait été de bonne compagnie. Alors, pourquoi ne pas manger un bout et écouter sa petite histoire. Celle qui concernait le bleu sur son visage. « J’dois passer faire un truc, mais j’te rejoins au Pub. Réduisant légèrement la distance entre eux, il glissait : « Si j’suis là, c’est qu’ça a été. » Sourire en coin, il lui lançait un clin d’œil. Puis, d’une démarche souple, Rylan se dirigeait vers la sortie. « A toute à l’heure. »

Mes bras croisés contre ma poitrine, je te regarde et finis par hocher la tête. « Oui, à toute à l'heure. » Je soupire puis te laisse quitter le salon. Même si tu n'as pas de comptes à me rendre, ce que tu m'as dit m'est resté en tête. Comment ça si tout ce passe bien ? J'essaie de ne pas y penser, mais c'est plus fort que moi. Mon sac à main sur l'épaule, je suis prête pour l'heure du lunch. J'informe donc les filles avant de quitter le salon et je me rend au petit pub. Je dis bonjour à la serveuse derrière le comptoir et je passe m'asseoir à cette table, là ou y'a une banquette. Je t'attends sagement en regardant les gens passer à l'extérieur.

Edenton. C’était si petit, qu’à chaque coin de rue, il prenait le risque de croiser une connaissance. Comme ça avait été le cas avec Lou. Rylan n’avait pas revu la jeune femme depuis plusieurs années. Pourtant, le voilà à peine de retour et déjà prêt à prendre un déjeuner avec elle. Avant de la rejoindre, le blond s’était absenté pour rendre service à son paternel. Puis, une fois terminé, il revenait sur ses pas pour se diriger vers le pub. Effluve d’alcool. Les vapeurs de la veille, flottaient encore dans l’air du pub. Nez qui se plisse. S’aventurant dans l’espace, il ne tardait pas à repérer la chevelure flamboyante de Lou. Approchant à pas souple, le blond glissait sur la banquette qui se trouvait face à elle. « T’as déjà commandé ou pas encore ? » lançait-il, tout en attrapant une des cartes.

« T’as déjà commandé ou pas encore ? »Tu secoues la tête en réponse à sa question. « Non, même pas à boire. Je t'attendais. » Lâches-tu en prenant l'autre carte de disponible pour regarder le menu. Tu poses celle-ci après avoir choisi une salade puis tu le. regardes - lui qui a toujours le nez plonger dans son menu « T'es pas très bavard Reilly. » Tu lui souris et penches la tête sur le côté. Tu dis ça parce que même tout à l'heure votre conversation était assez basique. Réponses courtes et vagues. « J'dois en déduire que tout c'est bien passé si tu es là, c'est ça ? » Tu le fixes curieuse mais tout aussi nerveuse parce que tout à l'heure du devra lui expliquer pourquoi tu as des marques sur le visage.