Frustration interne quand je me regardais dans le miroir ce matin. J'sais pas quelle mouche m'a piquée, mais j'enfile une robe de Noël et des collants pour me tenir un peu au chaud, puis un manteau par-dessus et des bottes. J'ai pas pris mon vélo cette fois, j'ai tout simplement appelée une taxi pour m'assurer que je ne me freinerai pas tout d'seule, en faisant demi-tour pour rentrer chez moi. Je débarque devant ta maison et je soupire. Qu'est-ce que j'fous ? J'sais pas. Mais c'est juste à ça que j'pense depuis deux jours et nous sommes enfin dimanche. Je cogne à ta porte et attend impatiemment que tu m'ouvres.

C’était l’heure d’aller au marché de noël, seul, pas accompagné comme il l’aurait souhaité. Et même si elle avait accepté d’y aller, il se doute qu’avec les évènements des derniers jours qu’elle y serait aller après tout ça. Il avait merdé en textant Jer. Il aurait dû fermer sa gueule, encaissé comme un con parce qu’après tout, il était qui pour être jaloux comme ça. Sauf qu’il a tout fait foiré, et depuis, c’est silence radio. Enfin, sauf pour le mystérieux like qu’elle a lâché comme une bombe sur sa photo d’instagram. Mais bref, après avoir tout merdé, il a décidé de juste disparaître un peu. À part aller travailler et rentrer discuter avec sa soeur, il a évité les réseaux sociaux depuis jeudi soir. C’était mieux ainsi, pour lui qui ne comprenait toujours pas la nature des sentiments qu’il a ressentit cette journée-là. Il était mieux seul. C’est donc vêtu en noir de la tête au pied qu’il sort de la maison en direction du marché avec l’intention de trouver un cadeau quelconque pour sa soeur, ou du moins trouver une idée en observant ce que les autres filles de son âge semblaient aimer. Il embarque dans sa voiture et alors qu’il va pour démarrer, son cellulaire s’échappe de ses poches. Avec un soupire, il se penche pour essayer d’agripper l’appareil sous son siège. Fini par mettre ses doigts dessus après avoir lâché quelques jurons parce que son bras ne rentrait pas dans le petit espace, il se relève pour démarrer quand son regard est attiré vers la porte d’entrée. Maddie? Il cligne des yeux une fois, deux fois. Il l’observe attendre, se demandant s’il n’était pas en train d’halluciner. Il fronce des sourcils et ouvre la porte de sa voiture. “Tu fais quoi là?” Il sort mais se tient à côté de la voiture dans l’entrée de sa maison.

Les collants, c'est vraiment pas une idée de champion quand même. Bon, ça garde un peu la chaleur, mais je n'avais pas pris en considération le vent frais qui pouvait souffler sur mes jambes. Tu m'expliques, ce besoin irréfutable de toujours m'habiller comme ça, peu importe la saison, aussi ? Et c'est pire quand je sais que je vais te voir... Comme si j'essayais de te convaincre que j'suis plus sexy habillée comme ça, qu'en legging et chandail trop large pour mon petit gabarit. Peut-être qu'au final, ça me dérange que tu ne sois pas comme les autres. J'entends ta voix et sursaute. La porte n'est toujours pas ouverte, alors... Je tourne la tête pour regarder dans tous les sens. Ok, maintenant j'hallucine ta voix, aussi ? Je finis par me retourner, pour regarder dans la seule direction que je n'avais pas encore envisagée : la bonne. T'es là, debout à côté de ta voiture, la porte ouverte. Tu partais, ou tu arrivais ? Je viens te chercher. Que je dis simplement, en tournant les talons pour faire complètement face à toi.

Il aurait dû laisser son cellulaire sous le siège et partir. Il aurait dû quitter plus rapidement la maison et ne pas trainer des pieds en étant l’être dépressif qu’il était depuis mercredi. Comme ça, il n’aurait pas eu à lui faire face. À la voir aussi jolie dans sa belle robe, son habit qui était tout simplement à la fois sexy mais… adorable? Elle était dure à résister la petite Maddie, dure à oublier aussi. Il avait beau s’occuper pour ne pas penser à elle, mais elle revenait sans cesse dans sa tête. Son sourire, son parfum, ses baisers. Et malheureusement, la suite était toujours l’image d’elle dans les bras d’un autre mec. Il ne comprenait pas pourquoi elle a été voir un autre, ni pourquoi elle était à nouveau ici. Il n’arrivait pas à comprendre ce qu’il se passait, alors il décide de ré-embarquer dans sa voiture à nouveau sans un mot. Il démarre la voiture et attache sa ceinture, le regard fuyant alors qu’il baisse la fenêtre. “E-embarque, j’ai des plans moi je suis pressé.” Ce n’était pas un ton méchant, au contraire, il avait encore sa petite voix avec elle, éternellement incapable d’être fâché ou énervé contre elle, devant elle.

Long regard échangé, il n'y a pas un mot qui franchit nos lèvres respectives. J'ai répondu à ta question et maintenant, quoi ? Tu rentres dans ta voiture... Sur le coup je me sens bien stupide. Se faire remballer par toi, enfin c'est c'que j'croyais hein, ça me fait un pincement désagréable au ventre. J'dois être encore malade. Quand tu baisses la fenêtre, j'inspire profondément et croise mes bras pour me garder au chaud, tout en me rendant du côté passager de ta voiture. Assise et attachée, je fixe devant moi. Tu vas où? J'me suis habillée comme ça pour rien. Une robe dans les couleurs d'un sapin de Noël... J'ai l'air fucking ridicule.

Elle entre, elle n’a même pas hésité ou chialé. Rien. Elle est simplement venue s’asseoir à ses côtés et il se retrouve à nouveau coincé dans les propres pièges qu’il se crée. “Au Marché de Noël.” Il savait qu’elle n’aimait pas Noël, qu’elle ne voulait pas y aller et pourtant, il recule hors du stationnement et se met en route vers le lieu. Il n’aimait pas la voir avec un autre mais elle l’a bien fait, alors il n’avait pas à se sentir aussi mal que ça de se diriger vers un lieu décoré pour célébrer une journée qu’elle détestait. Il jette rapidement un coup d’oeil vers les jambes de Maddie, n’osant pas vraiment regarder le restant de son habit par peur de croiser son regard. Il reporte son attention sur la route, conduisant comme il le faisait habituellement: mal, vite et dangereusement mais au moins, ils étaient à destination assez rapidement.

Au marché de Noël ; plot twist, j'ai encore chialé dans ma tête pour rien. Je ne me ridiculiserai finalement pas pour rien. Ça tombe bien, c'est là que je comptais t'emmener. Je souffle, en fixant le chemin devant nous. Je n'ose pas te regarder, affronter ton regard... Affronter ta déception, en fait. J'agis comme quand j'avais 5 ans et que ma mère venait de me surprendre la main dans le pot de cookie. Comme toujours, tu conduis comme un cul mais au moins on se gare dans le parking du marché, toujours en un seul morceau. Je détache ma ceinture et ouvre la porte de l'auto, déjà inquiète de comment j'allais gérer les choses par la suite. Je contourne la voiture et toujours sans parler, je prend ta main pour franchir nos premiers pas vers l'événement, un peu en te tirant la main.

C’était un mystère pour Jake. Les femmes. Les filles. Maddie. Elle était un mystère, une énigme qu’il ne pouvait pas résoudre peu importe sous quel ange il l’observait. Elle était venue pour l’emmener alors qu’elle lui a dit qu’elle n’aimait pas ça? Et en plus après avoir ghost sachant très bien qu’il sait qu’elle sait qu’il l’a vu sur les caméras, dans les bras de bébé. Si elle était en train de jouer avec lui, il ne savait absolument pas c’était quoi le jeu. Il se retrouve à entrer dans ce qui ressemblait à un petit village du père noël, musique et décoration qui l’entourait pour l’emmener dans un autre monde, mais le problème était que ses yeux étaient rivés sur la main à Maddie dans la sienne. Il se laisse tout de même trainer en rougissant énormément, parce qu’il était pour la première fois en publique avec quelqu’un qui était ni sa soeur, ni Jer, et qu’en plus, elle lui tenait la main. “Maddie?” La confusion se lit dans son visage, mais heureusement qu’elle ne pouvait pas sentir à quel point son petit coeur innocent ne se sentait pas bien. Il s’arrête éventuellement en plein milieux, la tirant légèrement pour qu’elle se tourne vers lui. “Qu’est-ce qui se passe là, je comprends pas.”

Je te traine un peu jusqu'au village j'avoue. Je ne m'attendais pas à ce que tu me confrontes devant tout ces gens, mais pourtant... Tu cesses de marcher et nos mains liés me force à arrêter avec toi, puis me tourne pour te faire face. Qu'est-ce que tu fais là, Madelynn ? Tu ne me comprends pas et c'est dans tes droits... parce qu'honnêtement, je ne comprends pas trop moi-même. Ma main ne lâche pas la tienne, même si je met quelques secondes avant de te répondre quelque chose de plus ou moins potable. Je te montre que je ne joue pas. Ça m'arrache la gorge, ça me pique dans le ventre et j'ai l'impression qu'il y a plein de petits insectes qui rampe sur ma peau. Est-ce que c'est le diable qui me punit pour l'avoir trahi ? Pour une fois, Madelynn Beech essaie de se faire pardonner... Il a dû tomber sur le cul, satan.

Ses mots tournent dans sa tête mille fois. Elle lui montre qu’elle ne joue pas. Jouer à quoi exactement? Ou avec quoi? Avec lui? Sa tête? Ses sentiments? Ou qu’elle ne joue pas avec l’autre? Et pourquoi elle lui montrait en fait? Pourquoi faire comme si ça l’importait de lui prouver quoi que ce soit après avoir gardé le silence depuis ce jour. Elle qui était en train de lui dire qu’elle pensait à sa pâte la veille et le lendemain, elle se colle à un autre. Le pardon ne venait pas facilement pour Jake, il était habitué de se faire rejeter, mais il y avait une façon de le faire qui était acceptable. Genre, ne pas inviter un autre dans son lit. “T’as couché avec lui?” Il ne passe pas par quatre chemins. Ce n’était pas son style.

Il n'y a pas un mouvement qui se fait... J'ai l'impression que je vais finir par loucher, à force de te regarder comme ça. À quoi tu penses, Jake ? Parle avant que je devienne folle en fait. Ta question frappe enfin le silence et les chatouilles dans mon ventre reviennent. Non. Je reprend ma main, pour me croiser les bras encore une fois, pour me protéger du froid. Enfin oui mais non, pas depuis qu'on se connaît. Il était encore en mission quand toi et moi on s'est vu pour la première fois... et nos horaires ma foi chargé nous ont empêché de nous voir pendant deux semaine... jusqu'à mercredi, en fait. Et si tu tiens à savoir, je l'ai remballé deux fois. Une fois pour venir manger des pâtes avec toi, l'autre fois mercredi. Je fronce les sourcils et détourne le regard, soudainement pas à l'aise de m'être ouverte comme ça... Comme si je te devais quelque chose. C'est mon ami, c'est tout. Et pourtant je continue. Putain. Je l'ai déjà dit, que j'avais l'air ridicule dans cette robe ? Entourée de monde trop heureux rien qu'à être ensemble, en famille... C'est à se demander ce que je fous ici et pourquoi je fais autant d'effort pour sauver ce qu'il y a à sauver entre nous.