Et hop, avant même qu’il ne s’en rend compte, Jake met les pieds à Maui avec Maddie à ses côtés, quelque chose qu’il n’aurait jamais pu imaginer même dans ses plus grands rêves. Il continuait à croire que tout ceci n’était qu’un rêve même. Qui aurait cru qu’il serait le premier des enfants King à emmener quelqu’un à Noël? Soeur éternellement célibataire (surtout pas à cause de lui), il est autant surpris que la terre entière de savoir qu’il emmenait une fille se joindre à leur famille. Les King ont toujours été très accueillants, parents ouverts d’esprits qui prenaient rarement du temps pour se reposer à cause de leur boulot, mais le temps des Fêtes restait un moment sacré pour leur famille. C’était le temps de faire stop sur tout, et se réunir à Hawaii comme ils le faisaient depuis plusieurs années déjà dans cette maison construite spécialement dans le but que les enfants King aillent rejoindre les parents abandonnés. Maman poule qui n’arrête pas de se plaindre qu’ils n’allaient pas assez la visiter à New York, Papa poule qui n’arrête pas de se plaindre que son fils devrait l’accompagner dans ses escapades de golf avec ses partenaires d’affaires. J-a-m-a-i-s. La seule chose que Jake aimait taper avec un bâton de golf était le toutou moche à sa soeur.
“Juste un petit heads-up, hum… Ma mère est très… excessive.” Il ne trouve pas les mots pour décrire toutes les folies que sa mère faisait durant le temps des Fêtes, mais au moins il lui avait averti un peu. Ils arrivent finalement devant les barrières ouvertes du terrain privé des Kings, Jake au volant d’une Jeep sous location. Il avait passé par une multitude de détour pour lui montrer le paysage, mais en même temps c’était aussi une excuse pour prolonger le moment qu’il redoutait un peu: présenter Maddie à sa famille. Après une longue route où il a pris soin de bien conduire pour lui permettre de regarder autour, il a fini par faire le chemin vers leur maison. Un énorme terrain entretenu les accueille, c’était presque irréel. Comme il l’a dit: sa maman est excessive. C’était tellement pas nécessaire d’avoir un aussi gros terrain et une aussi grosse maison. Il se stationne devant la porte et débarque. “On prendra les sacs après.” Il n’attend pas avant d’ouvrir la porte d’entrée. Here goes nothing. Il regarde autour, à l’écoute d’où pouvait être les gens. Il prend la main à Maddie dans la sienne sans vraiment y penser afin de la guider vers les bruits provenant de la cuisine où il découvre sa soeur. “Ils sont où?” Il habitait avec elle, pas besoin de la saluer, elle était partie que 2 jours avant. “Salut à toi aussi Bunny. Ils sont derrières.” Sa soeur se retourne vers Maddie avec un sourire. “Tu dois être Maddie?” Jake ne lui laisse même pas le temps de répondre avant de tirer la petite brunette avec lui à l’extérieur. Ses parents s’y retrouvaient, allongés sur les transats face à la vue de l’océan, une bouteille de vin blanc refroidit dans un bucket de glaces sur une table entre eux, une coupe chacun. “Déjà dans l’alcool?” Il demande en s’approchant de ses parents qui ne les avaient pas entendu arriver. Les voilà, les King. Couple caucasien, mère blonde aux allures entretenus et père aux cheveux sels et poivres qui tenait aussi une carrure pas mal pour un homme de son âge. Les sourires parfaits qui criaient l’argent. “JAKE.” Sa mère fut la première à se relever pour le serrer dans ses bras comme s’il était un gamin de 7 ans. “MADDIE!” Et maintenant au tour de Maddie de se faire piéger dans les bras de Maman poule excessive. "Mon dieu tu es belle comme un coeur. Regarde chéri comment elle est belle. Je savais que mon bébé allait finir avec une jolie fille, mais j'aurais jamais imaginé qu'il en trouverait une si magnifique. Mon dieu chéri, imagine les bébés?" Sa mère garde ses bras autour de Maddie en la montrant à son père, et Jake réalise que finalement il comprend pourquoi sa soeur n'a jamais ramené de mecs chez eux. Il est rouge de honte, horrifié par ses paroles mais il est figé sur place avec la bouche légèrement entre ouverte à l'écouter raconter n'importe quoi.

L'avion ? C'était pas si mal. J'ai jamais pu m'endormir pendant le trajet et j'ai eu un peu plus peur que je croyais à cause des faibles turbulences - mais faut dire que c'était tout de même un succès. Là, nous sommes en route pour la maison, dans ce jeep noir que tu as du louer pour être capable de te déplacer quand tu veux. Putain, j'ai l'impression d'avoir manqué ma vie parfois, quand je vois ce que tu peux te permettre. Ta voix me sort de mes songes et je tourne la tête vers toi. Une mère excessive ? Euh.. okay. Pas la peine de poser des questions, si je m'apprête à la voir dans quelques minutes. J'suis nerveuse, d'ailleurs. Les deux mains entre mes cuisses, je regarde de nouveau par la fenêtre pour essayer de faire le vide dans ma tête. C'est beau ici... J'suis jamais sortie d'Edenton et pour ça, j'dirais que ça m'intimide un peu. Comme si j'étais une nouvelle personne... Après tout, ici, je ne suis qu'éphémère. La voiture s'arrête devant une énorme maison, au terrain immense. Excuse-moi, pendant que je ramasse ma mâchoire parterre ? Je sors après toi, sans décoller mes yeux du paysage qui s'est offert à nous. Tu me dis de laisser les sacs ici et j'ai presque envie de te taquiner en te demandant s'il y a un majordome dans c'truc, mais j'trouve même pas les mots ni l'envie de rire. C'est trop. Trop luxueux, trop grand, trop fou. Un rêve. Et les rêves, ils ne sont pas fait pour être réalisé. Pas selon Madelynn Beech. Ta main se glisse dans la mienne et ce serait mentir de dire que je l'ai senti, ou que je m'en suis même rendu compte. Ce n'est qu'au moment où on croise un témoin, que je le réalise. Silence. J'vais pas m'imposer dans votre conversation... Surtout que c'est trop intéressant de te voir parler à ta sœur. Oh, une question pour moi ; pas le temps de répondre que j'ai déjà le bras prêt à arracher tellement tu tires dessus pour m'en éloigner. Ses parents. Ouf. C'est étourdissant, là. Trop de monde, tout en même temps. J'ai déjà perdu le fil et j'ai encore ma main dans la tienne ? Non mais attend. Je te regarde, yeux doux, apeurés. J'dois avoir l'air d'un petit chiot. Ta mère est terriblement belle, ton père est au même niveau... J'suis troublée et j'ai perdu ma langue. Câlin. Tout mes muscles du visage travaillent pour ne pas faire une grimace. J'aime pas câliner les étrangers. Par politesse, j'entoure la taille de ta mère pour la serrer en retour. Respire. Sois toi-même. Fuck non ! J'peux pas, pas si je veux leur plaire. Attend, ça dit quoi, une petite-amie modèle ? Petite-amie ? Ok j'suis confuse, encore une autre putain de fois. L'effet que tu me fais, King. Je te hais. Oh, pas déjà les bébés quand même... Il doit y avoir le mariage d'abord.

T'es
une
putain
d'conne.

Je m'éloigne, fais un sourire nerveux et reprend tout de suite ta main pour la serrer plus fort qu'à l'habitude. Mains moites, je gère vraiment rien. Tuez-moi quelqu'un ? J'ai pas vraiment dit ça ? J'le pense même pas. J'veux pas me marier, ni avoir de bébé. J'entends déjà Jeremy dans ma tête, et tes milles et une questions. Putain, y'a pas des pills de charbon quelque part pour calmer ma diarrhée verbale ?

Il ne pouvait pas vraiment en vouloir à sa mère. La seconde qu’elle a su qu’il allait emmener une fille avec lui à Hawaii, elle était déjà en train de le bombarder de questions. La réaction à Jake? Raccrocher le téléphone. Pas qu’elle l’a prit personnellement, elle y était habitué que son fils adoptif soit aussi sec et étrange. Elle savait bien qu’il était un enfant qui fuyait les choses dont il n’était pas prêt à affronter. Elle devait sûrement être surprise qu’il ait réellement emmener une fille en plus, parce que ce serait le genre à Jake de changer d’idée à la dernière minute. Sauf qu’il ne pouvait pas faire ça à Maddie. Avoir été n’importe qui d’autre avec des plans pour Noël, il l’aurait peut-être fait. Mais Maddie, non. Elle qui n’aimait pas Noël, il voulait lui montrer un peu comment ça pouvait être un évènement plaisant. Cependant, ça ne commençait pas très bien. Il est stupéfié par les paroles de sa mère, mais il veut encore plus se cacher dans un trou quand Maddie réplique. À quoi elle jouait? Il la regarde, choqué par ce qu’elle venait de dire, avant de reporter son attention sur ses parents. “On dépose les sacs et on revient plus tard.” Il se dépêche de rentrer à nouveau dans la maison sans un mot, avant même que son père n’ose lui demander de faire un sport quelconque avec lui. Il se dirige vers sa chambre, repassant par la cuisine en ignorant sa soeur, avant de fermer la porte et se tourner vers Maddie, lâchant sa main. “Bouge pas.” Il ressort de la chambre sans un mot pour aller chercher leurs sacs, mais pour être honnête, il avait simplement besoin de quelques minutes seul pour digérer les mots à Maddie. Mariage, hein? Il grimace à l’idée, c’était pas dans ses plans, enfin, il ne savait même pas ce qu’ils étaient de toute manière. Bébé et mariage, non mais elles avaient quoi les femmes? Il revient finalement dans la chambre avec leurs sacs qu’il dépose sur le lit. Il s’assoit sur le bord du lit en regardant Maddie. “Ça va?” Question un peu stupide, mais il ne savait pas trop par où commencer. Il se mord l’intérieur de la lèvre. “Si t’es pas trop fatiguée, on peut aller visiter un peu autour. T’as le choix entre une randonnée pour voir une chute d’eau ou bien aller à la plage?”

Je panique. Intérieurement, mais si on prend la peine de lire sur mon visage, on peut même le voir dans mon regard. Dieu merci, tu prononces des mots qui me font soupirer de soulagement. Salut ! Je souris, envoie la main libre à tes parents qui ne peuvent pas enlever leurs yeux de sur moi. Je te suis à l'intérieur, puis agrandit les yeux quand tu lâches ma main. Non. Non tu peux pas me dire de rester ici, pas toute seule. M... T'es déjà parti. Fuck. Tu vois pas, qu'j'suis pas bien ? J'aurais peut-être jamais dû venir. Non mais j'me suis prise pour qui pour avoir pensée que j'le serais, de base ? Michelle Obama ? J'inspire profondément, regarde encore autour et essaie de me rassurer toute seule. Au moins, tu m'as pas laissé en bas avec trois obstacles sociales. Ta sœur, ton père et putain surtout ta mère. Excessive, tu disais... Je murmure à moi-même. Tu reviens dans la chambre quelques minutes plus tard et t'as même pas idée du robinet que tu viens d'ouvrir, rien qu'en me demandant si ça va. Tu me parles d'activités et en même temps, je te sors en panique : J'suis désolée ! Je sais pas c'qui m'a pris, j'sais pas pourquoi j'lui ai dis ça, j'sais pas c'qui m'a pris... putain, quelle conne Je m'approche de toi et comme par peur que tu m'en veuilles encore plus maintenant, je reprend ta main pour te retenir.

Elle semble paniquer, ce qui fait paniquer un peu Jake. Il n’était pas certain de comprendre pourquoi. Enfin, un peu, c’est vrai que rencontrer une famille comme ça en quelques minutes c’était intense, mais pas au point de déballer tout ça comme ça. Il serre sa main dans la sienne tout en se levant. Son autre main vient caresser les cheveux à Maddie comme il l’a fait autrefois, quand elle était triste dans sa cuisine. Une caresse maladroite, mais il ne savait pas quoi faire d’autre. “Ne t’en fait pas.” Il tente de lui offrir un sourire pour la réconforter mais il n’était même pas certain de savoir la vraie raison de sa panique. “Je suis bien pire parfois. Et ma mère aussi.” Et son père. Et sa soeur. Ils étaient pas mal tous bizarre à leur manière en fait, les King. Il lâche un petit soupire, les prochains jours s’annonçaient pas mal intéressants. Il passe ses doigts dans les cheveux de Maddie pour brosser ses cheveux hors de son visage et derrière son oreille. Sa mère n’avait pas tord, elle était vraiment magnifique, c’était dur à croire qu’elle était là avec lui. “Allons à la plage, prendre un peu d’air frais.” Il grimace à ses propres mots. Qui l’aurait cru que lui, Jake King, celui qui s’enfermait toujours dans sa chambre, voulait sortir et aller à la plage volontairement? “Tu veux te changer avant?” Jake avait toutefois nullement l’intention d’aller se baigner. Marcher, s’asseoir sur le bord de l’océan, c’était déjà assez pour lui. Il lâche la main à Maddie pour fouiller dans ses sacs et sortir un de ses fameux bucket hat qu’il enfonce sur sa tête. Pas de soleil pour son visage, non merci. Déjà qu’il portait qu’une paire de jeans troué noir et un simple t-shirt blanc, c’était amplement assez de peau.

Tu te lèves, me dépasse d'une tête ou deux. Je parais si petite devant toi en ce moment, dans tous les sens du terme. D'une main, tu caresses mes cheveux comme tu le fais souvent depuis quelques temps, en m'offrant un sourire rassurant. J'hoche la tête doucement, sans mot. Tu rajoutes que tu es bien pire parfois et je rougis du bout du nez en sifflant un petit rire discret, mignon. Ouais, tu l'es. T'es un boulet socialement, mais ce spectacle que j'ai donné en bas, était bien pire que n'importe quelle fois qu't'as pu être gêné en ma présence. Tes doigts me peignent maintenant et mon pouce viens caresser ta main, comme pour me ramener ici, au temps présent. Toi et moi dans une chambre fermé, ta famille en bas. L'adolescence que je n'ai jamais eu ; parce que ma réputation m'a toujours poursuivit. Et par réputation, j'entends celle d'être la petite fille bizarre qui a des tics qui rendent tout le monde mal à l'aise. J'ai pas toujours été la catin du village - c'est moi qui a décidé de retravailler les titres, parce que tout est mieux que d'se faire appeler Gilles par des gens qu'on ne connaît pas. Ta proposition me prend par surprise et je retrouve même un vrai sourire, et même une petite touche d'humour. J'vais pas laisser l'opportunité de te draguer ou de te taquiner. C'est le moment que j'vais voir tes abdos, c'est ça ? Je ris et enroule mon bras autour du tiens pour te faire un bisou sur la joue. Ouais. J'vais me changer ! Je te lâche aussi et me penche auprès de mon sac pour commencer à chercher. Un maillot en cas ou, puis une robe à mettre par-dessus. La salle de bain...? Parce que bon, j'suis pas conne, j'vais pas me foutre à poil devant toi... Des plans pour que je me retrouve seule avec ta famille, à tes funérailles.

Voir les abdos? Non, ce n’était pas pour tout de suite. Il ne fait que lui offrir un sourire timide avant de secouer de la tête. Il avait bien vu les goûts de Maddie, à voir comment son bébé était bâti, Jake se doutait qu’elle soit satisfaite de son physique. Oui, il avait des abdos, des cuisses en forme et tout le reste, oui il était plus grand qu’elle, mais à chaque fois qu’il se voyait dans le miroir, il se sentait si… petit. Il n’était pas comme les hommes virils d’Edenton, ça, c’était certain. “Par là.” Il ouvre la porte de la chambre pour lui pointer la première porte à leur droite. Une salle de bain commune pour lui et sa soeur, les parents avaient leur propre salle de bain privé dans leur chambre. Il la laisse aller se changer alors qu’il déplace leurs sacs ailleurs pour qu’ils ne trainent pas sur le lit. Il faisait pas mal beau aujourd’hui, le vent était présent, la température était humide mais ce n’était pas une chaleur étouffante. Il sort de la chambre pour attendre Maddie dans la cuisine en compagnie de sa soeur qui coupait des légumes comme collation. Il lui vole une carotte alors qu’il entend Maddie s’approcher. “Vous allez où?” Sa soeur les questionne alors que Jake attrape la main à Maddie à nouveau. “Ho’okipa.” Il se dirige vers la porte sans plus tarder alors que sa soeur les observe. “T’as mis de la crème solaire?” Jake roule des yeux, il fallait toujours qu’elle joue le rôle de maman avec lui. Une ça en était pas assez apparement. Il sort et embarque dans la Jeep à nouveau. Il connecte sa musique comme toujours avant de prendre la route. C’était une très belle place Haiku, avec des paysages magnifiques. Il se stationne 15 minutes plus tard à la plage, et débarque avant d’attendre Maddie devant la voiture, tendant sa main vers elle.

Tu te contentes de sourire et ça me fait sourire d'avantage, parce que t'aurais pu te braquer mais tu ne l'as pas fait, bien que la gêne se lit très bien sur ton visage. Cute. Tu me montres ensuite le chemin vers la salle de bain et je m'y enferme après t'avoir remercié. Je me change, retourne à la chambre pour ramener mes vêtements sales et les enferment dans un sac de plastique, que je range ensuite dans ma valise pour arriver à distinguer ce qui a déjà été porté parmi le reste. Je descend en vitesse, mais la perd aussitôt en entendant vos voix. Tu prends ma main et je me rapproche pour que nos épaules se cognent. T'es froid avec elle et à sa deuxième question, tu ne réponds même rien. Je tourne la tête vers ta sœur alors que tu me tires vers la sortie pour lui faire "oui" de la tête. Elle est bien chiante ta sœur, puis j'ai pas la moindre idée de si t'en a mis ou pas, mais j'me rappelle d'une chose : Si je n'aime pas ta sœur, alors je peux te faire mes adieux. Un petit effort. Je ne voudrais pas prendre le risque qu'elle pense que j'ai une mauvaise influence sur toi ; pas quand c'est en réalité le contraire, que c'est toi qui a une mauvaise influence sur moi. Dans la voiture, je m'attache et passe le revers de ma main sur mon front. Fuck il fait chaud ici, c'est vraiment pas la Caroline du Nord. Je souffle, tourne les yeux vers la radio et m'étonne un peu en entendant des chansons de Noël. Il neige même pas ici, c'est sérieux ? Ils fêtent Noël quand même ? Bon. J'suis inculte de mon propre pays, c'est vraiment le temps que je vois un peu le monde. La voiture s'arrête, nous sommes arrivés. Je sors du jeep et deviens un peu drôle quand tu présentes ta main devant moi. T'as l'air de t'y faire ? Et puis on est en publique... alors j'suis aussi un peu surprise que moi je m'y fasse, aussi. J'attrape ta main et referme mes doigts sur les tiens. J'crois que j'vais avoir du mal à m'y faire, à la chaleur. Je ris. 27°C, c'est un été à la maison. Je continue de marcher et souffle en replaçant la bretelle de ma robe de ma main libre. T'es pas entrain de cuire toi, habillé en noir comme ça ? J'sais pas comment tu fais.

Il était rendu à l’aise de tenir sa petite main dans la sienne, il s’y est habitué depuis la première fois durant leur premier rencard. C’était plutôt plaisant, et pas mal pratique afin de la garder près de lui. Il n’avait pas à se soucier qu’elle traine derrière, ou qu’elle s’enfuit. Non, comme ça, il était certain qu’elle restait à ses côtés, et c’était une pensée qui était assez rassurante. Il observe la plage peu bondée. C’était ça les joies d’Hawaii, les multiples plages faisaient en sorte qu’il y avait rarement une grosse foule étendue sur le sable. En plus, ce n’était pas un secret qu’aller à Hawaii était un peu plus coûteux que d’aller au Mexique ou un truc du genre. Il reporte son attention sur Maddie. Le soleil d’Hawaii lui allait à ravir, et dans sa petite robe elle était encore plus belle que jamais. “T’es pas toujours en chaleur?” Il se mord la lèvre la seconde que les mots sortent de sa bouche. C’était pas ça qu’il voulait dire, et maintenant le voilà à rougir non à cause de la chaleur mais bien par sa maladresse. C’était pour ça qu’il prenait habituellement le temps de réfléchir à ce qu’il allait lui répondre, pour éviter de dire des conneries dans ce genre. “Euh, non.” Il baisse son regard sur ses propres vêtements. Il n’avait pas chaud, enfin oui un peu mais il s’attendait en fait à bien pire que ça. “Tu veux aller te mettre les pieds dans l’eau pour te rafraîchir un peu?” Il s’avance lentement vers la plage, retirant ses sandales pour les tenir dans ses mains alors qu’il dépose ses pieds dans le sable doux et chaud.

Si je suis... quoi ? Mon regard s'illumine et je pince les lèvres, pour me retenir d'éclater de rire. Ohh... tu sais. Tu sais très bien ce que tu viens de dire, parce que ça se voit sur ta petite bouille. Non pas toujours. Dans tous les sens du terme, d'ailleurs. Mais je m'abstiens de te faire plus honte que tu dois déjà l'être. Vous continuez de marcher, main dans la main. T'as pas chaud toi en jeans et en t-shirt, avec ton chapeau... Tout en noir. J'sais pas comment tu fais. D'ailleurs, juste te regarder me donne chaud - et cette fois, seulement dans le sens littéral du terme. Hum oui, ce serait bien. Je ne sais pas si j'ai envie de me mouiller, considérant que tu ne sembles pas du tout t'être changé, toi. Puis j'le vois arriver de loin, le malaise. Je t'imite par contre et retire mes thongs. Le sable est chaud... c'est bizarre. Hier c'était l'hiver et aujourd'hui, c'est l'été. Je marche directement vers la mer en te tirant par la main. Il n'y a personne dans les alentours, rien que nous deux. Et nous deux, on est loin de tout le monde qu'on connaît. Les pieds dans le sable mouillé, je m'amuse à faire des traits à l'aide de mes orteils. Vous venez ici souvent ? Ou la localisation change à chaque année... ? Enfin... Sauf si c'est votre première année à voyager, durant les fêtes... Je cède finalement et avance un peu, pour mettre les deux pieds dans l'eau qui est étonnamment, plutôt bonne.

C’était comme un rêve, une image irréelle qui semblait sortir tout droit d’un film d’Hollywood. Les cheveux de la belle Maddie qui revolaient légèrement avec les coups de vent de l’océan, le bruit des vagues en fond, le paysage paradisiaque. Jake ne peut détacher ses yeux d’elle, c’était plus fort que lui. Il se laisse guider, la laissant aller où elle voulait. “Mon père a acheté la maison il y  7 ans, quand ma soeur et moi on a emménagé à Edenton. On vient à chaque année pour les Fêtes depuis ce temps-là.” Il répond en la suivant lentement vers l’eau aussi. Il ne l’avouera jamais, mais il aimait énormément venir ici avec sa famille. C’était un moment parfait pour se déconnecter de sa triste réalité d’Edenton, où il n’était que le p’tit asiatique sans amis. Bien sûr les choses ont changés depuis, il a connu Jer et maintenant… “Maddie?” Alors qu’ils se sont avancés un peu plus loin dans l’eau, les vagues touchant sa cheville, mouillant le bas de son pantalon, il tire la main de la brunette pour la ramener près de lui. Il dépose son autre main sur sa joue, qu’il caresse de son pouce tout en plongeant son regard dans le sien. “Tu es belle.” Il ne pouvait plus vraiment la fuir, ils étaient tous les deux pris sur cette île de rêve, sur le bord d’une plage parfaite. Personnes qu’ils ne connaissaient pour les embêter. Jake était un peu plus à l’aise, parce qu’être enfermé dans sa chambre avec elle c’était différent. Être en publique avec elle au marché de Noël entouré des gens d’Edenton aussi, c’était différent. Ici, près des vagues de Maui, il était un peu plus calme. Il lui vole un baiser rapidement avant de la regarder à nouveau. “Mais s’il te plaît, ne commence pas à parler de mariage avec ma mère, elle va littéralement t’emmener visiter des boutiques de robe de mariée sinon.” Il blague en lâchant un rire. Un vrai rire, un rire de lapin comme dirait sa soeur. Les plis de son nez réapparaissent alors qu’il se moque de sa gaffe de toute à l’heure, mais autant en rire plutôt que de mourir de gêne.