Tu commences à bégayer de fou et mon regard s'agrandit, un peu surpris par l'intensité dans laquelle tu t'es emballée. Un sourire franc naît sur mon visage et je rapproche mon visage, retirant à nouveau une main des tiennes pour venir pincer ton menton, en riant niaisement. J'suis différente, quand j'suis avec toi Jake. J'aime pas le changement, le bris de normalité, parce que ça me fais peur... mais je commence à apprécier de plus en plus cette légèreté. Après avoir repris ton calme, tu me fais une déclaration à ton tour, qui est pratiquement un copié-collé du mien... Mais je m'en fiche, parce que je suis trop contente que ce soit réciproque pour même le remarquer. Bien... Je murmure, un peu gênée que tu me regardes comme ça... Comme s'il n'y avait que moi sur la planète. Ta deuxième main se défait de mon emprise et doucement, tu les poses toutes les deux sur mes joues. Tenir la main est plus facile pour toi et, je commence à voir une amélioration aussi pour les baisers. La permission n'est plus demandée. Doucement, mes lèvres rouvrent et se referment sur les tiennes, capturant ainsi toute la douceur que tu as à m'offrir. Mes doigts sur ton menton suivent le chemin de ta mâchoire pour venir se planquer derrière ton oreille et enfin, je mêle mes phalanges à la racine de tes cheveux au niveau de ta nuque. Le baiser est délicieux, sucré. Je relève même que tu t'améliores un peu, peut-être que tu suis mon rythme, ou peut-être que tu es juste très doué pour étudier. Pas impossible. Si t'es pharmacien, c'est que t'as bien réussi à l'école. Tu n'as absolument aucune raison d'être célibataire depuis toujours, si ce n'est que t'es trop gêné ; il suffisait de te laisser une chance. Tant pis pour elles. Lentement, ma main continue son chemin jusqu'à ton chapeau que je retire timidement. Ma bouche s'immobilise et je recule qu'un peu pour murmurer contre ton souffle chaud : Ils pensent que je suis ta petite-amie... n'est-ce pas ? Mouvement oculaire rapide, avant que je ne trouve le courage de croiser ton regard. Ou est-ce qu'on leur apprend ? L'exclusivité, c'est de l'exclusivité. Je ne me réserve pas de la sorte pour n'importe qui, alors... Je n'ai pas d'autre choix que d'admettre que Kris a raison.

Chapeau volé, et par la même occasion, coeur volé aussi. Son âme semble quitter son corps à ses paroles. Petite amie? Il n’en savait rien, il n’avait dit que les choses dont il était certain, des faits. Ce qu’ils font de ses informations, ce qu’ils assument… Ce n’était pas de sa faute. Il ne voulait pas y donner de titre à ce qu’ils étaient, parce qu’avec son manque d’expérience dans tous les domaines reliés aux femmes, il ne pouvait pas être sûr qu’ils en étaient rendu là. Maddie a été la première à tenir sa main, à l’embrasser, à le chauffer au point qu’il n’était même pas capable de contrôler son érection. Est-ce que tout ça voulait dire qu’elle était rendue sa petite amie? “Je sais pas.” C’était la vérité, il ne savait pas vraiment ce que sa famille pensait. Il croise finalement le regard de Maddie. “Euh… J-Je viens de l’apprendre aussi?” Sa réponse sort sous forme de question, parce qu’il n’était même pas au courant non plus. Elle était sa petite amie alors? Ses yeux se baissent sur les lèvres à Maddie avant de remonter vers son visage. Sans son chapeau, il se sentait encore plus ébloui par sa beauté. Une pensée passe rapidement par sa tête. “Est-ce que ça doit être un secret?”

... Pas exactement la réaction que j'espérais, mais pourquoi est-ce que je m'étonne ? Je désenchante un peu, probablement parce que tu viens de me rappeler pourquoi je ne fais jamais ce genre de truc habituellement. La tortue retourne dans sa carapace. Ah. Monosyllabe. Je ris nerveusement et te remet le chapeau sur le sommet de ta tête. Comme tu veux. Je réponds encore en riant et te fuis un peu du regard. Hum, est-ce que j'peux aller m'noyer, maintenant ?

Il reçoit une réponse digne de ce qui sortirait habituellement de sa bouche, et Jake est légèrement amusé. On dirait bien qu’à force de passer du temps avec Maddie, il avait absorbé sa personnalité un peu et elle le sien. Pour la première fois, il réalise que les rôles avaient changé un peu. Elle qui le fuit, et lui qui prend les devant. “Maddie regarde-moi.” Il soupire avant de caresser son petit menton du bout de son pouce. Ses iris se fixent dans les siens, une couleur noisette plus que délicieuse. Il répète ses mots 15 fois dans sa tête avant de décider de les dire avec une certaine lenteur, craignant que ça sorte de travers. “Je suis pas le meilleur candidat pour être un petit ami, j’y connais rien du tout et je sais même pas c’est quoi être romantique mis à part les trucs qu’on voit dans les films et les propositions que Jer me sort, quoi qu’il est pas une source très fiable, et je sais pas si tu vas être heureuse ou satisfaite avec moi, j’connais vraiment rien à tout ça, mais j’apprends vite.” Il arrête de parler, se demandant finalement où exactement il voulait en venir. Il se mord la lèvre, décidant qu’il a assez parlé de toute manière, lui qui n’était pas exactement très verbal c’était tout un exploit. Il se contente de rougir en attendant une certaine réaction sur le visage de Maddie.

Il y a cette chose entre nous que je ne réalise pas tout le temps, mais que lorsque c'est le cas, je deviens bizarrement émue. On se comprend. Comment est-ce que deux personnes aux personnalités complètement opposées peuvent autant se comprendre ? Quand tu te renfermes, j'essaie de te rouvrir et juste là, tu viens de faire la même chose pour moi. T'es pas futé émotionnellement mais tu commences à apprendre, d'ailleurs, t'as totalement capté là que quelque chose clochait chez moi. À ta demande, je repose mes iris sur toi et je retiens mon souffle. M'enfonce pas plus dans le sable, s'il-te-plaît. J'ai déjà fait une folle de moi devant tes parents, il ne manquerait plus que tu me rejettes. Ce n'est pas le cas, peut-être que Dieu m'aime un peu, finalement. Ce que tu me dis pour me rassurer, me fait doucement sourire et rouler des yeux. Okay, okay. C'est bon, t'as gagné mon cœur. J'ai jamais été la petite-amie de personne à part celle de Kris... Je soupire. J'ai juste l'air plus expérimentée que toi, mais je fais semblant. Je te donne un puzzle de plus sur moi, c'est cadeau. Jamais je n'aurais avouée une telle chose avant, pas à un homme. T'es pas le seul à vivre tes premières fois, là. T'es le premier pour qui j'ressens... tout ça. Je lève les yeux et pince les lèvres, en essayant d'pas vomir parce que j'me sens tranquillement devenir ce que j'ai passé tant d'années à détester. Alors tu peux être toi-même... Si on en est là, si c'est toi qui est l'exception à toutes ces foutus règles que j'me suis moi-même infligée, c'est parce qu'il n'y a que toi qui puisse savoir comment me tolérer. Pas Jeremy, pas ta sœur, pas Kris, pas Kimmy. Rien que toi.

Il devait avoir dit les bons mots même s’il est passé par un détour en plein milieu de son speech, mais elle se remet à lui faire des vraies phrases à nouveau. Il l’écoute, parce qu’il est bon à ça Jake, écouter les autres. Ça ne voulait pas dire non plus qu’il retenait toutes les informations par contre, ça faut pas rêver, le cerveau de Jake, aussi magnifique qu’il était, retenait seulement ce qu’il voulait, genre les sciences, la musique, et les noms des comptes OF qu’il suivait. Sauf qu’il se force, à l’écouter, à la comprendre, à assimiler ce qu’elle lui dit. C’était quand même difficile pour lui de vraiment qu’il était le premier. Il n’avait absolument rien de spécial, alors comment cela se faisait qu’elle n’a jamais été comme ça avec un autre? Et bébé lui, il n’avait jamais réussi non plus? Jake ne pouvait pas s’empêcher de se demander pourquoi lui, mais il ne voulait pas le demander à Maddie. C’était assez de déclarations pour la journée. Heureusement qu’il lui a dit d’aller dormir la veille, parce qu’avec le vol, la rencontre avec la famille et tout ça à la plage, ça demandait beaucoup d’énergie. Et la journée n’était pas finie. Être lui-même, il peut bien faire un effort. Il fini par relever ses deux mains pour replacer le chapeau sur sa tête, gardant tout de même son regard dans le sien. “Tu voulais te baigner? Je peux te regarder.” Il se grimace à ses paroles avant de rire nerveusement. L’habitué à la regarder, sur OF, les cams, et là, un talent chez lui. "Enfin, tu t'es c-changée je me suis dis que tu voudrais te baigner, mais c'est pas trop mon truc alors je peux aller t'attendre sur le sable pendant que tu profites..."

Agir comme si tout ce qui sortait de ma bouche là était parfaitement normal, me fait un peu bizarre... Si c'était à Kris que j'avais admis tout ça, elle serait probablement entrain de se foutre de ma gueule ou de se demander pourquoi est-ce que je n'ai jamais été capable de lui parler à elle, comme ça. Peut-être même un mix des deux... Ahah mais elle oublie à quel point elle et moi, nous ne sommes même pas proche d'être similaire dans ce domaine-là : une polyamoureuse et une qui se croyait aromantique... Une qui aime trop et une qui ne sait pas comment. Ta question me fait sourire et je bat des cils rapidement, parce que je m'apprête à te taquiner encore. T'es sur? J'ai pas une combinaison de plongée en dessous... Je pouffe de rire et tire ma robe vers le haut pour l'enlever. Je soulève ensuite ta main pour déposer ma robe pliée en boule dedans. Ne t'en sers pas comme serviette pour étendre sur le sable, ou je t'en fais bouffer. Un clin d'œil et je recule dans l'eau avec un sourire, jusqu'à ce que je tombe finalement les fesses dans l'eau.

C’est comme s’il demandait sa mort. La seconde qu’elle retire sa robe, Jake se maudit intérieurement. La voir comme ça sur un écran, dans le confort de sa chambre, c’était une chose, mais la voir devant lui dans un maillot, sous le soleil d’Hawai, ça en était une autre. Sa bouche reste légèrement ouverte alors qu’il la regarde de haut en bas avec zéro gêne parce qu’il avait toujours pas réalisé qu’elle était là devant lui. Il sort seulement de son moment de rêve quand elle prend sa main pour y déposer la robe. Il rougit de honte en hochant de la tête. “Ok.” Il la regarde aller en évitant de baisser son regard, gardant ses yeux fixés sur le visage de Maddie. La petite coquine. Il répond à son sourire avec un sourire similaire, avant d’éclater de rire quand elle tombe soudainement. “Attention de ne pas te ramasser avec du sable dans le vagin.” Il se fige et plaque sa main libre sur sa bouche, les yeux grands ouverts. Il ferme sa main dans un poing qu’il mord en reculant, il ne l’aide même pas parce qu’il voulait juste partir loin. “J-je vais aller t’attendre… euh… là-bas.” À le regarder aller, on dirait carrément qu’il s’enfuyait avec la vitesse qu’il marchait vers le sable. Il se frappe le front avec sa paume tout en secouant de la tête avant de s’asseoir fesses premières dans le sable chaud, face aux vagues, la robe à Maddie sur ses jambes.  

Sourires échangés, puis je tombe sur le cul. Heureusement, j'étais suffisamment loin dans l'eau pour ne pas heurter le sol et me faire mal, mais ça t'a bien amusé. Puis ta blague de merde. Je cligne des yeux deux fois avant de juste... éclater de rire ? T'avais cette vulgarité là en toi durant tout ce temps ? Et tu me l'as jamais dit ? Ouais bah au moins l'sable est un bon exfoliant pour le cul ! Wow, la tête que tu fais ! Comme si tu t'en voulais d'avoir oublié que t'étais en présence d'une fille, momentanément. Sauf que oups, j'suis pas la fille à qui ça gêne, au contraire. Et ce Jake-là arrive à me faire rire encore plus que l'autre Jake. J'hoche la tête quand tu me fais signe que tu vas aller t'assoir et je m'enfonce dans l'eau, histoire de seulement me refroidir. Seulement, je fais cette chose dont j'ai l'habitude de faire quand je suis dans une piscine ou une grande surface d'eau : Je retiens mon souffle, le plus longtemps possible. Et croyez-moi, j'ai des poumons d'acier, alors je peux y rester jusqu'à presque deux minutes... Ce qui avait le potentiel d'inquiéter mes parents lorsque j'étais enfant enfant et que je commençais à peine mon petit rituel. Je n'y peux rien. J'aime le silence, le sombre, le fait que je me retrouve seule avec plus aucun sens en alerte. Il n'y a rien que moi, et mes pensées.

Il profite de l’air tropical d’Hawaii, ses yeux admirant le ciel dégagé, les vagues qui mouraient calmement le long de la plage, la magnifique vue qu’il ne pouvait voir que durant le temps des Fêtes. Le son de l’océan était comme un souvenir lointain qu’il accueillait à nouveau dans sa vie, il se laisse submerger par le réconfort que ça lui apportait. Un moment de relaxation qu’il avait besoin, après une autre année d’existence. Il commence par contre à s’inquiéter un peu pour Maddie qui a décidé qu’elle était devenue une sirène. Ses yeux scannent l’eau, à la recherche de la petite brunette qui avait disparu. Il fronce des sourcils avant de regarder sa montre. Elle jouait à quoi? Il reporte son regard sur les vagues. Elle savait bien nager non? Il fini par se lever avec la robe de Maddie dans les mains, et s’avance vers l’océan avec un petit stress. “Maddie?” Il cri avant de s’avancer un peu plus, les pieds à nouveau dans l’eau.

Tout est loin, dans ma tête. Je ne pense plus à toi, ni à mes amies, ni à OnlyFans ou mon boulot au motel que je risque de plaquer à mon retour, puisque j'ai oubliée de les prévenir de mon absence - oops ? J'm'en fiche. Ça pue la cigarette dans cet endroit-là de toute façon et il y a vraiment des clients bizarres. J'ai juste... la tête vide, si ce n'est que le compte que je fais, pour savoir combien de temps j'arrive à m'exiler du reste du monde. Une minute quarante. Je ressors de l'eau, le souffle est repris rapidement et je passe ma main sur mon visage pour enlever l'eau de mes yeux, mon nez et ma bouche. T'es là, les deux pieds dans l'eau, devant moi. Ah pardon. Je t'ai fais peur ? J'suis habituée, j'oublie à chaque fois que je le fais pour la première fois devant quelqu'un. Je me lève et marche jusqu'à toi, en tordant mes longs cheveux pour retirer l'excès.