Point lumineux dans la blanche grisaille. Vêtue d’un jean et d’un hoodie blanc à capuche, il s’était adossé contre la portière de sa voiture. Plusieurs minutes s’étaient écoulées depuis son arrivée et il ne savait toujours pas s’il allait entrer. Il avait suffi d’une annonce pour réussir à exploser tout un groupe.  Peiné. Devenu personne non grata, Rylan se retrouvait sans Madelynn. Point d’ancrage.  Sans Dax. Mais concernant Madelynn, est-ce que cela changeait quelque chose ? Ça faisait un moment qu’il la sentait distante. Trop loin pour qu’il puisse l’atteindre. Un fait qu’il avait du mal à assimilé. Encore sous le choc du scandale, il ne réalisait pas qu’ils ne feraient plus partie de sa vie. Ironie, quand on savait qu’il était définitivement de retour à Edenton. Soupirant, il entrait les mains dans son jean. Est-ce qu’il allait entrer ? A l’intérieur, l’attendait Kris. Impossible de déterminer lequel des deux les avaient entrainés dans cette chute. Fragment. Pourtant, plus il réfléchissait à son acte et plus des pans de sa conscience prenait forme. Un pas après l’autre. Et s’en en prendre conscience, le voilà qui se retrouvait face à la porte de la blonde. Appuyant sur la sonnette, il patientait.

Depuis que Mads est passé avec Dax je fais les cents pas dans l'appartement. Être seule ici c'est épouvantable pour moi, le silence est assourdissant, la bouteille même pas attirante. Je bois par automatisme, pas par envie. L'effet ne se fait pas sentir, le goût passe inaperçu. Mes hommes me manquent, mes amies me manquent... j'ai tout gâché, j'le sais. Pour un simple baiser. Une part de moi rage, me dit qu'on aurait dû baiser si c'était pour avoir autant de répercussions, mais je sais que j'le crois pas réellement. J'aurais jamais fait ça, toi non plus. Qu'importe ce qu'il y a entre nous. Parce que c'est bien ça, non? Après notre connerie, l'entente silencieuse: ça n'ira jamais plus loin. Pourtant c'est toi qui arrive, mon seul espoir de réconfort, mon compagnon d'excommunions. J'ai fais l'effort de m'habiller aujourd'hui au moins même si le coeur n'y était pas du tout, hoodie noir et jeans, rien de compliqué. Tu sonnes et je fixe un moment le couloir avant de me lever du canapé, éteignant la télé. Lorsque j'ouvre la porte, j'ouvre en même temps une valve jusque là fermée, sentant mes larmes couler sur mes joues malgré moi.

Traits séraphiques baignés par les larmes. Les perles cristallines s’échappaient de ses prunelles, alors qu’elle lui ouvrait la porte. Ying & Yang. Le blanc et le noir, se mêlait subitement, alors qu’il l’enserrait entre ses bras. Force centrifuge. Rylan la faisait reculer, tout en la maintenant contre lui. Poussant la porte du pied, l’homme la faisait claquer derrière lui. Peine mélangée. Parce qu’il avait tout balancé, la blonde avait peut-être perdu les hommes qu’elle aimait. Tandis que lui, se retrouvait sans Madelynn. Pour la première fois, depuis quatre ans. Vide. Liés dans une étreinte chagrine, les deux silhouettes semblaient se fondre dans l’obscurité du couloir. « ça va aller. » Menteur.

Collision. Ton corps qui percute le miens alors que tu m'enlaces systématiquement. Ma tête contre ton torse, mes mains dans ton dos je m'accroche au tissu de ton hoodie de toute mes forces. Ça fait du bien et ça fait mal. C'est pas dans les bras l'un de l'autre qu'on devrait se retrouver, mais le rejet nous aura pousser en ce sens malgré tout. La porte claque et tes mots flotte dans l'obscurité. Non. Parce que j'y crois plus et que j'ai trop mal pour me permettre d'espérer. Comment est-ce qu'on en est arrivé là Rylan? Tu venais voir mes cheveux et boire un café merde. Alors pourquoi tu m'chamboules comme ça? Je m'accroche un peu plus fort quitte à en manquer d'air à force d'avoir le visage perdu dans le coton. Pourquoi t'as fais ça?

Non. Durant quelques secondes, son cœur arrêtait de cogner brusquement contre sa poitrine. Pourquoi est-ce que ça sonne durement ? Reprenant son rythme anormal, son pulsant repartait de plus belle, alors qu’elle s’agrippait à lui comme s’il pouvait la maintenir éloignée de la douleur. Flots assassins. L’impression de tanguer au milieu d’un océan colérique. La voix étouffée de Kris se frayait un chemin jusqu’à lui. Pourquoi est-ce qu’il l’avait fait ? Fait quoi ? Le regard perdu, les pensées venaient s’emmêler dans son esprit pour y trouver la réponse. Laquelle était la bonne ? Parlait-elle du fait qu’il avait tout balancé ? Ou faisait-elle référence à leur baiser ? « Pourquoi quoi ? » Resserrant son étreinte, le blond n’osait pas l’y décoller. Comme si lié ainsi, ils n’auraient pas à affronter leur regard. A affronter l’effet qu’elle produisait sur lui. Celui qui le faisait divaguer sur une mer d’incertitude. Il ne comprenait pas. Qu’est-ce qui a changé ? Il se détestait pour ça. Il se détestait d’être dans cet état, alors qu’il n’en avait pas le droit. C’est Dax qui devrait être là. Pas moi.

J'ai peur. Peur que tu me lâches. Peur d'me retrouver seule face à cette situation. Peur de tous les perdre. Peur de ne jamais arriver à recoller les morceaux. Peur qu'ils nous en veuillent à tout jamais. J'veux pas quitter la chaleur de tes bras parce que ça voudrait dire affronter le froid, affronter le vide, affronter ton regard. « Pourquoi quoi ? » Je serre les paupières un peu plus, les larmes coulent toujours en silence. Pourquoi tu m'as laissé t'embrasser? Pourquoi t'as répondu? Pourquoi tu m'as pas repoussé? Pourquoi t'es pas parti tout d'suite? Pourquoi tu m'fais cet effet là? Pourquoi j'réalise tout ça maintenant? Pourquoi j'ai pas compris avant? Pourquoi t'es pas quelqu'un d'autre? Pourquoi t'es là? Pourquoi tu t'es sacrifié pour moi? T'as prit le blâme Rylan. Quand tu m'as provoqué, c'est moi qui t'as embrassé, pas l'inverse. Pourtant, c'est ce qu'on leur a tous dit: que c'était toi.

Pourquoi tu t’es sacrifié ? Foudroyante question, qui faisait ressortir le nœud de son estomac. Il aurait pu dire que c’était elle qui l’avait embrassé, mais ce n’était pas la vérité. Comme à leur habitude, ils avaient flirté avec cette frontière invisible, mais pas moins dangereuse. Dans cette sordide histoire, ils étaient tous les deux responsables, mais lui le premier, n’avait pas reculé. T’as pas d’honneur. Les mots de Dax, revenait narguer sa conscience. Pesant. Se décollant d’elle, Rylan s’armait de courage. Entre ses mains, il venait prendre son ovale. Sylphide. Les larmes continuaient de couler sur sa peau ivoire. Déchirant. « Y’a pas eu d’sacrifice. Tu m’entends ? C’moi qui t’ai cherché. » Manipulation. « Répète le Kris, c’moi qui t’ai embrassé le premier. » S’il y avait la moindre chance qu’elle rattrape la chaleur de Dax et de Jeremy, elle devait la saisir.

Tu te détaches finalement, courant d'air froid qui me fait frissonner. Tôt ou tard j'aurais du te lâcher de toute manière. T'attrapes mon visage entre tes deux grandes mains et je plonge mon regard dans le tient, prudente pour ne pas m'y noyer. Tes mots me font froncer les sourcils. Pourquoi tu dis ça? Pourquoi tu t'entêtes comme ça? J'vais rien répéter du tout. Je viens rapidement essuyer mes larmes, me détachant de ton emprise au passage. T'étais là Rylan, tu l'sais aussi bien que moi. C'est moi qui t'ai embrassé, t'as suivis c'est tout. Et le simple fait que tu continus de clamer le contraire prouve que tu te sacrifies, encore une fois, pour moi. Et ça j'comprends pas. J'comprends pas parce que t'as déjà dit que t'avais jamais fait ça pour quelqu'un. Et si je me souviens correctement de cette discussion, alors ça voudrait dire que.. Non, j'veux pas y penser. J'peux pas y penser. On a pas le droit. Toi et moi ça n'arrivera jamais.

Gamine entêtée. Rompant le contact, elle instaurait une distance entre eux. Ses mains pales effaçaient les traces de ses larmes, alors qu’elle s’opposait à lui. Affrontement verbale. « Arrête de tout compliquer. » Pourquoi bordel ? Pourquoi est-ce qu’elle ne contentait pas d’accepter cette solution et d’oublier tout ça ? C’était pas comme si tout ça, avait eu du sens. Pas vrai ? A l’intérieur de sa tête, les émotions s’emmêlaient pour devenir à nouveau, un brouillon. « Qu’est-c’que ça peut faire qu’ce soit pas totalement vrai ? » En fin de compte, la finalité était la même. Cyclone. Ses prunelles s’assombrissaient pour refleter l’obscure océan de ses émois. Passant une main dans ses cheveux, il inspirait un bon coup. Comme si ça pourrait remettre de l’ordre.

C'est toi qui complique tout! Pourquoi est-ce qu'on devrait s'enliser dans plus et plus de mensonge encore? À force, on en perdra de vue l'histoire qu'on doit raconter et c'est là que les gens réaliseront qu'on ment. Dire que tu m'as embrassé le premier aux autres ça va encore, mais pourquoi se mentir entre nous. J'ai pas envie qu'on se mente toi et moi en plus de leur servir une demi vérité Rylan. Sourcils toujours froncés, je suis légèrement furieuse et désorienté. Ton regard s'assombrit et je secoue la tête. Tu m'as dit l'autre jour que tu serais honnête avec moi.. n'change pas ça steplait.

Sa voix résonnait entre les murs du couloir avec conviction. Pas envie qu’on se mente. Le souffle court, aucune parole ne lui venait en tête. Rien. Kris venait de mettre en lumière, le sujet qu’il n’avait pas encore traité. Celui qu’il avait du mal à comprendre. Honnête. Encore et toujours, cette foutue règle. Elle voulait qu’il le soit, mais il suffisait de voir où ça les avait mené. Souvenirs vifs. Plongé dans l’abime de ses iris gorgées d’eau, les flashs back de leur baiser revenaient le narguer. Secouant la tête, l’homme détournait son regard. Contractant la mâchoire, ses azurs prenaient appuies sur le mur blanc. « Arrête Kris. » Lunatique. La colère laissait subitement place au calme. « Arrête d’me pousser à bout en m’demandant d’être honnête. » Enfin, il daignait la regarder. Emotion contradictoire. Avec agilité, il s’était rapproché d’elle, la faisant brusquement buter contre le canapé derrière elle. Menaçant. La blonde oscillait dangereusement, tandis que leur ovale se faisait face.   « J’sais pas c’que tu veux entendre, mais ça t’apportera rien de bon. »

« Arrête d’me pousser à bout en m’demandant d’être honnête. » Pourquoi est-c ce que j'étais aussi buté sur la vérité, j'en sais rien. Mais c'était un peu le thème récurant avec nous depuis ton retour. Je m'étais inconsciemment mise en tête d'te faire cracher c'que tu voulais dire à personne et aujourd'hui on en était là. Parce que je t'avais poussé, parce que tu m'avais nargué, il était arrivé ce qui était arrivé et ça avait été pire que d'ouvrir la putain de boite de Pandore. Tu te rapproches dangereusement, m'obligeant à reculer. J'oscille, si je me penche trop vers l'arrière je tomberai sur le canapé. T'es trop près. Tu sens bon. Focus Kris. J'veux juste qu'on arrête d'se voiler la face... J'peux pas passer l'reste de ma vie à m'demander c'que tu m'disais pas, à regretter d'pas t'avoir dit.. J'avale difficilement ma salive et recule juste un peu la tête pour pouvoir te regarder à une distance sécuritaire.

Egaré. Il redoutait les mots qu’elle allait prononcer. Dis rien. Encore une fois, il avait échoué. Venu ici pour l’aider à tenir, le blond se retrouvait dans une autre position. Celle qui le faisait flirter avec les limites. Se voiler la face. C’est ça qu’il faisait ? Indéniablement, elle provoquait chez lui des choses dont il n’avait pas saisie l’ampleur. Etant toujours absent, le blond avait passé peu de temps avec elle. Pourtant, ils avaient gardés le contact. Ils avaient entretenues un jeu dont ils pensaient avoir les clés. Et aujourd’hui, c’était à eux d’être piégé et de se rendre compte, qu’ils n’avaient jamais rien contrôlé. Refus. S’abreuvant de la vision angélique de son visage, ses pupilles bleutées se perdaient sur ses lèvres. Tentatrice. Qu’est-ce qu’il ne lui disait pas ? Qu’est-ce qu’elle regretterait ? Mal de tête soudain. « Mais tu l’regretteras.. » murmurait-il. Rompant leur proximité, il lui tournait le dos.

Mon coeur bat à tout rompre et j'en ai la tête qui tourne. J'pensais pas avec cette discussion aujourd'hui, ni jamais d'ailleurs. Pas ici, pas comme ça et surtout pas avec toi. J'ai rien vu venir. Mais qu'est-ce qu'on y peut? Ne dit-on pas que le coeur a ses raisons que la raison ignore? Tu te détournes et je recommence à respirer. À quel moment j'ai arrêté? Je cligne rapidement des yeux et me penche un peu vers l'avant comme pour retrouver mon centre d'équilibre. Regrettera quoi? D'avoir dit à voix haute qu'à l'intérieur de moi y s'passe des choses que j'contrôle pas? Non Rylan. Elle est terminé l'époque où je taisais mes sentiments par peur d'être regardé de travers. Salope, trainé, elle devrait avoir honte de vivre comme ça, c'est impossible d'aimer deux personnes à la fois, comment est-ce qu'on peut croire ce qu'elle dit, ses sentiments sont en carton... On me les avait toutes faites avant toi alors plus rien ne pouvait m'empêcher maintenant de dire J'ai des sentiments pour toi, que j'le veuille ou non. J'ai du mal à respirer, je serre les poings si fort que j'ai la demi-lune de mes ongles d'imprimé dans la paume.

Parle pas. Immaculés, ses dents se plantaient dans sa lèvre inférieur, alors qu’il faisait appel à la prière silencieuse, qu’elle ne dirait rien. Achevé. C’est ce qui arrivait aux damnés n’est-ce pas ? Champ auditif réduit à sa voix. Le percutant de plein fouet, sa révélation déclenchait un frisson le long de sa colonne vertébrale. Des sentiments pour lui. Sa révélation lui tordait l’estomac. Paupière close. Est-ce que les choses auraient étés différentes, s’il n’était pas venu pour son irish café ? « T’sais pas c’que tu dis. » Murmure enroué. Arrêtant de mordre sa lèvre, il avalait goulument de l’air, avant de se retourner. Lèvre enflée. Les histoires de sentiments, tout ça. Ce n’était pas pour lui. Il y avait bien eu Vanessa pendant le lycée, mais c’était pas vraiment sérieux. Le seul lien jamais stable qu’il avait connu, c’était Madelynn. Sans bruit, Rylan s’approchait d’elle. Accalmie. Apposant sa paume sur sa joue, il venait caresser le bas de sa lèvre avec le pouce. « ça peut pas arriver.. » Demi- mensonge. « T’crois que t’as des sentiments, mais t’es juste perdue avec tout c’qui s’est passé. »