J'sais pas si c'est plus facile pour moi de dire tout ça à ton dos qu'à ton regard orageux, mais j'arrive à enligner tous les mots sans trop laisser paraitre les tremblements dans ma voix. Ma respiration trahit cependant que j'ai du mal là. « T’sais pas c’que tu dis. » Je tressaille un peu. Je sais très bien c'que j'dis au contraire. Tu te retournes et je retiens à nouveau mon souffle alors que tu t'approches de moi. Ta paume sur ma joue, ton pouce sur ma lèvre qui s'ouvre un peu. Je ferme les yeux et presse un peu plus mon visage contre tes doigts. C'est tout ce que j'aurai. Je sais.. Je rouvre les yeux et me jette sans bouée dans les tiens. Rylan... fais pas ça. Accepte c'que j'te dis pour c'que c'est. Ma main rejoint la tienne sur ma joue, contraste chaud froid. Juste parce que c'est pas possible présentement n'veut pas dire que mes sentiments sont pas présents.

Privé de ses topazes. A son contact, la blonde abaissait ses paupières durant quelques secondes. Tressaillement. Contre sa paume, Kris prenait maintient. De sa hauteur, elle paraissait si fragile. Elle ne l’est pas. Tapant contre sa poitrine, son cœur faisait des bons. Saut périlleux. Accepter sa révélation, revenait à admettre que, lui aussi, ressentait quelque chose. Incapable d’y trouver le sens. Inconsciemment, une part de lui se voilait la face. ça devait pas s’passer comme ça. Ratant un battement, Rylan tentait de rester maître de ses émotions. Ses réactions. Alors, que la jeune femme recouvrait sa main avec la sienne. Si froide. Elle pensait ressentir des choses pour lui, mais elle se trompait. Du moins, c’est ce qu’il essayait de se dire, parce qu’aller plus loin qu’un simple baiser, n’arriverait pas. Seulement en rêve. Demain, Kris aurait les idées claires et se rendrait compte de la vérité. Et toi ? La voix de son subconscient se mêlait au cyclone de ses sentiments. Lui, il essaierait de s’éloigner et de faire en sorte, que la jeune femme récupère sa vie d’avant. Avant qu’je revienne.  Toujours noyé dans ses prunelles, Rylan s’imprégnait de leur eau limpide. Longue seconde qui s’écoule. « J’sais. » Capitulant, c’est la seule chose qu’il trouvait à répondre.  Abaissant le regard, ses cils blonds foncés, venaient contraster avec sa peau pale. Approchant ses pulpeuses du front de la blonde, il y appuyait un baiser, tandis que la main sur sa joue glissait sur le côté de son cou. D’un geste, Rylan l’attirait contre son torse pour étouffer ses émotions. Etouffer tout ce qu’il aurait eu envie de faire.

Comment on en est arrivé là en quelques semaines à peine? Depuis combien de temps ces sentiments dormaient paisiblement, prêt à surgir à tout moment? Quand tu m'regarde comme ça, j'me sens toute à l'envers. Comment j'l'ai pas vu plus tôt? Est-ce que ça aurait changé quoi que ce soit? Me serais-je permis de ressentir tout ça? J'ai jamais su contrôler mon corps, alors la seule chose que j'peux faire maintenant c'est de contrôler mes actions. Tu m'attires à nouveau dans tes bras, tes lèvres qui se pose sur mon front me font frissonner. Je m'accroche comme je le peux, encore une fois, aucune envie d'te laisser partir. Rylan? Ma voix est étouffé par le tissu de ton hoodie. Je relève un peu les yeux vers toi. Reste avec moi..

Prénom transperçant le silence. Attiré par le son de sa voix, Rylan baissait les yeux pour y rencontre ceux de la jeune femme. Reste avec moi. Pulsation se transformant en coup de poignard, il tentait de paraitre impassible. Ne reste pas. Semeur de chaos, il avait fait assez de dégâts autours de lui. Répondre par l’affirmative, ne ferait qu’alourdir la situation. Pourtant, tout en lui le trahissait. Tout lui disait de ne pas la laisser seule. Ne l’abandonne pas. Pas seulement pour soulager Kris de sa solitude, mais aussi pour ne pas se confronter à la sienne. « Pas longtemps. » Compression de la trachée. L’intonation de sa voix était rauque. Ecrasée par le poids emplissant son esprit. Sans réfléchir plus, les mains du blond encerclait sa taille pour la soulever du sol. Quittant le hall stérile, ses pas l’emportaient jusque dans le salon. Ombre évoluant parmi les ombres. S’asseyant, Rylan maintenant la jeune femme contre lui. Juste quelques minutes. Il lui donnait ce qu’elle voulait : une présence. Visage enfouie dans sa chevelure, l’homme laissait le réconfort prendre place.

« Pas longtemps. » Tu ne dis pas oui, mais ça ne veut pas non plus dire non. Un peu, juste histoire que je ne sombre pas complètement dans la démence ici toute seule. Et pas que ça. J'aurais pas demandé à n'importe qui de rester Rylan. J'aurais pas demandé à n'importe qui de venir in the first place. J'hoche la tête et tu me soulèves. J'ai comme une impression de déjà vu alors qu'il n'en est rien. Mon coeur palpite et je laisse mes jambes entourer ta taille, mon visage contre ton épaule comme un enfant cherchant réconfort dans les bras de ses parents. Sauf que ces sentiments ne sont ni fraternel, ni amicaux... Tu t'assois sur le canapé et reste exactement dans la même position. Ton visage enfoui dans mes cheveux, je me permets de pleurer encore un peu. Doucement, sans bruit, mon corps légèrement secoué. J'ai peur de tout perdre, toi y compris maintenant et je n'sais pas si cette pensée me rassure ou me fait d'autant plus paniquer. Je remonte une main sur ta nuque et laisse mes doigts jouer avec tes cheveux distraitement.

Sanglots silencieux. Seul trace de ses pleurs, le tressaillement de corps. Embarqué dans leur élan, ils s’étaient emprisonnés dans une bulle. Une bulle qui avait maintenant de dramatique conséquence. Resserrant l’étau de ses bras autour d’elle, il tentait de la réconforter, tout en sachant que ça ne suffirait pas. Rien ne suffirait. Vidé, il avait cloisonné du mieux qu’il pouvait ce qu’il ressentait, mais plus elle était proche de lui et plus, la tâche se compliquait. Contact. Séisme dans son être, des frissons s’insinuait vicieusement en lui, alors qu’elle le touchait. Crispé, Rylan ne se rendait même pas compte qu’il retenait son souffle. Maintenant la pression de ses bras, l’homme combattait les assauts de son cœur. A lui. S’il laissait faire son égoïsme, il la posséderait. Il la ferait sienne. De corps et d’esprit. Mais contrairement, à ce que certains pouvaient penser, il en avait de l’honneur. Du moins, assez pour taire son instinct. Inspirant, il se décollait d’elle pour l’affronter. Du pouce, il cueillait ses larmes pour les éteindre. « Tu devrais dormir un peu bébé. » Murmure. L’utilisation d’un surnom affectueux était de loin une marque de possessivité.

Je sens ton corps se tendre à mon contact et hésite à retirer ma main. C'est un geste anodin, une simple marque d'affection douce et inoffensive. Pourtant, je crois comprendre pourquoi elle se pousse finalement à me repousser un peu. Je me redresse à contre coeur, renifle et essuie mes larmes de ma main libre. J'dois pas être très belle à voir. Regard rougit, teinte qui se repend certainement sur mes joues et le bout de mon nez, mes yeux bleus verts qui t'observe avec la crainte que tu me dises que tu dois partir. Un mélange de peur et d'anticipation grimpe en moi, je regarde tes lèvres malgré ma volonté, ne bougeant pourtant pas. Tu essuies mes larmes et ce geste est tellement plein de tendresse que je pourrais me remettre à pleurer sur-le-champ si je ne me contenais pas un peu. Bébé. J'avale de travers et sens ma respiration s'accélérer. Wild thought. Est-ce que mes couples sont en break? Mes ongles se plantent involontairement dans ta nuque. Non. N'y pense même pas. T'as dit que tu serais droite. Chaque chose en son temps. J'suis pas certaine d'y arriver...

Pâleur faisant ressortir un éclat translucide dans ses iris.  Traçant des sillons, les larmes avaient laissées des marques sur sa peau. Peau rougie. Voir une femme pleurer, c’était un acte qui le mettait toujours mal à l’aise, mais pas cette fois. Partage d’intimité. Kris avait abaissée une seconde barrière. Une barrière qui valait plus qu’un baiser. Sa faiblesse. La gorge serrée, il ne disait mot. Restant ainsi, dans l’attente d’une réaction. Haletante entre ses bras. Sur son ovale, l’homme pouvait sentir son souffle chaud se faire plus pressant. Griffe acérée. Pris par la surprise, ses pupilles se dilataient sur l’instant. Puits sans fond.  Faisant appel à toute sa volonté, il ne savait même pas s’il pouvait avoir confiance en ses gestes à lui. Son corps voulait agir et ignorer l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête. A l’inverse, sa tête souhaitait s’accrocher à l’image des autres. De ceux qu’ils risquaient de blesser. Pas certaine d’y arriver. Quittant son visage, sa main venait caresser distraitement celle de la blonde. « J’vais pas pouvoir rester Kris, parce que si j’reste.. » Chuchotement. « J’suis pas sûr de c’qui pourrait arriver » Pressant sa main. Il pouvait pas se le permettre. Il pouvait pas faire encore plus de mal qu’il n’en avait fait.

Tes yeux s'écarquilles et je réalise avoir planté mes ongles dans ta nuque qui n'avait strictement rien demandé. Dans un autre contexte, j'suis certaine que ce geste aurait pu être érotique. Là, il était juste de trop, involontaire, incalculé, l'expression d'envies réprimées. Je relâche les doigts, ta main quitte mon visage et vient plutôt se poser sur celle que je gardais sagement sur ton torse. Un murmure s'élève finalement de ta gorge comme si briser le silence était dangereux. Pas autant que de continuer à se regarder comme ça. T'es pas certain de pouvoir rester, c'est trop difficile et j'comprends. J'veux pas que tu partes, mais ça devient de plus en plus impossible pour moi aussi. Je sais... Et une pensée stupide me traverse l'esprit, j'ai 12 ans à nouveau, me pratiquant à embrasser avec mes meilleures amies. Une main entre nos bouches pour faire semblant. Lentement, je récupère la main sur ta nuque pour venir la poser par-dessus tes lèvres. Tu n'dois rien comprendre à mes folies, mais c'est pas grave. C'est ce qu'on aura de mieux. Sans te quitter des yeux, je me penche pour venir poser mes lèvres sur le dos de ma main, mon nez qui se frotte doucement au tiens, je ferme les yeux et embrasse ma propre peau comme s'il s'agissait de tes lippes.

Atmosphère lourde. Epaisse, elle s’engluait autour de leur deux êtres. Ciel qui s’assombrie. S’immisçant à travers les vitres de l’appartement, la faible luminosité hivernal était l’unique témoin de leur dernier instant. Les étreignant de sa froideur, elle faisait ressortir l’extrême pâleur de leur trait. Comme au ralenti, Kris amplifiait cette ambiance. Pesanteur. Retirant ses ongles de sa nuques, un glacial courant d’air, venait recouvrir les arcs de lunes. Marqué. Posant sa délicate main sur sa bouche, la blonde faisait accélérer ses battements cardiaques. Qu’est-ce que tu fais ? Hypnotisé par ses prunelles aigue-marine, il s’égarait. Quelque part entre l’incompréhension et l’appréhension. Ses pulpeuses pleines se rapprochaient de lui. Elle embrasse ma main. Ce simple contact accélérait son pouls dans une déchirante supplique. Depuis son arrivée, Rylan tentait désespérément d’être maître de lui, mais elle était en train de le perdre. J’en veux plus. Comme un abstinent qui goûte à ce qu’il ne peut plus avoir … il en redemandait plus. Nez qui se frôlent. Le corps tendu, il sentait un courant l’emplir. Douloureux. De quoi avaient-ils l’air ? De deux idiots. De sa main libre, il venait enrouler ses doigts autour du poignet de la blonde. Si bien qu’il décollait la paume de Kris. Celle qui se pressait contre ses lèvres. La maintenant toujours, il venait effleurer l’intérieur de son poignet pour y déposer un baiser. Réveil toi putain. Comme à chaque fois, il repoussait les limites. Un peu plus. Sérieusement, à quoi est-ce qu’ils jouaient ?! Lunatique garçon. Relâchant complètement la blonde, il apposait ses mains sur les hanches de la jeune femme pour la faire basculer sur le côté. Ombre qui se lève. « J’vais y aller. » Voix sombre.

C'est probablement stupide, mais c'est quand même mieux pour nos consciences que de s'embrasser franchement. On a fait l'erreur une fois, pas à nouveau. Ta main qui se saisit de mon poignet, je rouvre les yeux. La peur au ventre. Est-ce que tu vas m'embrasser? J'suis pas certaine que j'ai ce qu'il faut pour résister si c'est le cas... Tes lippes se déposent sur la peau tendre de mon poignet, là où j'ai un tatouage et je retiens mon souffle, mon regard braqué sur toi. Cette sensation électrisante n'est que de courte durée, tu me relâches complètement et le reste se passe trop vite. Tu me soulèves de sur toi pour me déposer à côté, te relevant dans le même geste et me laissant là, à moitié allongé sur le canapé, la gorge serrée, le souffle court et les yeux brillants de larmes inertes. « J’vais y aller. » Je déglutis et me relève, toute petite à côté de toi. Ok... J'suis à deux doigts d'm'excuser de t'avoir demandé de rester, d'avoir insisté et que la tentation ait atteint un niveau encore jamais vu, mais je n'en fais rien. Déjà, parce que je ne suis pas désolé, mais aussi parce que j'ai encore tout aussi besoin de toi. J'ai besoin de Dax, j'ai besoin de Jeremy, j'ai besoin de Mads... mais tu fais aussi parti de cette équation maintenant, t'es pas un substitue Rylan.

Comportement oscillant. Partagé entre l’envie de fuir et l’envie d’assouvir son besoin. Le besoin de pouvoir la prendre dans ses bras sans culpabiliser. De l’entendre rire à cause de lui. De poser son merveilleux regard sur sa personne. Sans aucune ombre pour leur rappeler qu’ils n’auraient jamais dû en arriver là. Une part de lui. Comment est-ce qu’il avait fait pour ne rien voir ? Pour ne pas comprendre que leur échange camouflait plus qu’une simple attirance physique ? Pathétique. « Si t’as besoin, t’sais que j’suis là. » Mais la c’est trop. Autant partir maintenant, où il allait la prendre sur se putain de canapé. Et cette fois-ci, certains pourront vraiment dire qu’il n’a pas d’honneur.

Il vaut mieux que tu partes, autant pour toi, que pour moi que pour nous et surtout eux. Je n'essaie donc pas de te retenir, t'accompagnant simplement jusque dans l'entrée, enfonçant mes mains dans la poche de mon hoodie pour m'éviter de faire une connerie quelconque. Je sais... toi aussi. J'avale difficilement, j'ai l'impression d'avoir avalé du sable. Et Rylan? Je marque une pause et me mords l'intérieur de la joue avant de poursuivre. J'te demanderai pas d'attendre pour moi parce que j'sais pas si on pourra un jour.. être... tu sais.. Je baisse la tête, regarde mes pieds. Mais m'oublis pas trop vite? Je relève les yeux sur toi, atypiquement timide.

Fragile silhouette qui l’accompagne. Derrière lui, la jeune femme reprenait la parole. Toi aussi. Est-ce qu’il le ferait vraiment ? Est-ce qu’il irait lui parler en connaissant le risque ? Replonger. Se contentant de ne rien dire, l’homme apposait sa paume sur la poignée. Et Rylan ? Nouveau saut incontrôlé dans la poitrine, il relevait son regard vers elle. Tais toi. Dis rien. Ordre indistinct auquel elle répondait par la négative. Ne pas l’attendre. A haute voix, elle lui prouvait une fois de plus, qu’elle était différente de certaines personnes. Celles qui attendaient ou réclamaient quelque chose en retour. Quant à lui, ce n’était pas le genre d’homme à attendre. Peu importe les liens. Que ce soit amicaux, familiaux ou autre. Il faisait sa vie et advienne que pourra, mais quelque chose, lui soufflait que la tâche allait être ardue. Avec elle. Levant ses iris translucide vers lui, la blonde apportait le coup final. M’oublie pas. Yeux plissés, un discret sourire en coin faisait sa percé. Se retenant de la touche, Rylan prenait la parole à son tour. « ça risque pas. » Sur ses mots énigmatiques, il ouvrait la porte pour s’engouffrer dans la froideur du crépuscule. Point lumineux.

Un faible sourire étire tes lippes qui me font envie depuis tout à l'heure et ces quelques mots qui me réchauffent stupidement. Je n'ajoute rien, j'ai déjà dis tout ce que j'avais à dire. Tu sors et la porte se referme derrière toi. Je la verrouille, y apposant la main en laissant tomber ma tête entre mes épaules. Mes sanglots reprennent et je disparais en courant dans ma chambre.