- outfit - Incapacité certaine pour expliquer quelle mouche l'a piqué. A diverses reprises même. La première, c'est quand il a réclamé le numéro de téléphone à son père, prétextant un problème sur son pick up. La seconde, quand il s'est décidé à envoyer le premier. La troisième, c'est quand il a commencé à être plutôt honnête et en révélant certaines choses. La dernière l'amène là en cette soirée. Il a dit qu'il passerait. Sans préciser quel jour, ni à quelle heure. Il lui a fallu deux jours pour se décider. Deux jours à tourner en rond chez lui. Deux jours à cogiter sans trouver la moindre réponse. Et plus le temps s'écoulait, et moins il espérait en trouver une. Alors, il s'est décidé. Bonnet fiché sur la tête, il se présente devant la porte d'entrée. Et sans réfléchir il toque. Il ne sait même pas s'il est là. Peut-être qu'il va tomber sur sa frangine. C'est sûrement une mauvaise idée. Le voilà déjà qui fait moitié demi-tour après quelques secondes. Il est en sentier inconnu et ne se sent pas du tout à l'aise.

J'ai relu plusieurs fois les sms qu'on a échangé, peinant à croire que tu m'as réellement écrit le premier et pire encore, qu'on ait réussi à communiquer. Quant à la fin? J'suis juste resté bouche-bée. J'ai bien du écrire et effacer 70x avant de juste dire "ok" parce que j'avais au moins une demi douzaine de réparti et encore plus de question de perplexité. Deux jours passent avant qu'on frappe à la porte, deux jours où j'espère qu'Ash ne sera pas celui qui ouvre parce que, si tu craignais de croiser Vanessa qui sait pour nous, j'imagine pas la tête que tu ferais si tu tombais sur mon meilleur ami qui lui, ne sait rien. J'remonte l'escalier deux à deux comme j'étais posé en bas et ouvre en mode nonchalant alors qu'il n'en est rien. Hey.. come on in.

Demi-tour, direction le pick up. Faut croire qu'il a trop attendu avant de tenter de se sauver. A peine ses talons ont tourné que la porte s'ouvre dans son dos et il l'entend qui l'invite à entrer. Cœur qui manque un battement. Il n'est pas certain de pouvoir gérer. Il ne s'en croit même pas capable à dire vrai. Pourtant, il pivote de nouveau. Son regard se pose sur lui. Cette fois, il n'a pas envie de lui mettre son poing dans la figure. Pensée étrange car il commençait à s'y habituer à force qu'il l'énerve. Hey.. Il se décide enfin à desserrer les dents. Mains dans les poches comme si de rien n'était, il avance et lui passe devant pour entrer dans la baraque. Attitude à l'aise en apparence car il cherche toujours son éternelle assurance. C'est de la faute à ce con aussi. Il enlève son masque à cause de lui et il déteste cette sensation de mise à nu.

J'l'ai bien vu que tu tentais de fuir, mais j'ai décidé de faire comme si de rien n'était pour ne pas te rendre plus inconfortable inutilement. Je t'invite simplement à entrer en espérant que tu ne changes pas d'avis et referme la porte une fois que tu te décides à bouger. Proximité. J'avale de travers et oublis un moment comment on gère la présence d'autrui. Want something to drink? Ouais, c'est un bon début.

Porte qui se referme derrière lui. Le voilà pris au piège si cette situation peut être considérée comme telle. Malgré la chaleur ambiante de la maison, il ne songe pas à retirer sa veste, encore moins son bonnet. Il devrait pourtant. Mais peut-être qu'inconsciemment il est bloqué car il aurait l'impression de se mettre à nu devant lui. Stupidité car ce n'est pas comme s'il va se mettre à poil. Il ne semble pas être le seul mal à l'aise, ou alors Duncan met des doubles gants pour ne pas le faire partir en courant. J'veux bien une bière merci. Politesse. C'est quelque chose de plus fort dont il a besoin. Que fout-il ici ? Tenter une discussion par message est une chose. Être en face à face pour discuter, cela n'a rien à voir.

J'te regarde comme si j'attendais qu'il se passe un truc, mais tu bouges pas. Tu retires même pas ton manteau ou ton bonnet et je finis par me dire que tu l'feras bien quand t'auras trop chaud. Beer.. aight, well come on, don't just stand there. Je retourne vers le sous-sol où je garde mes bières ainsi que quelques bouteilles d'alcool plus fort dans le bar. De là, je choisis une bière de ma propre création, en sors deux bouteilles et t'en donne une. There, tell me how you like it.

Quand il répond bien, il s'attend à ce qu'il en sorte une du réfrigérateur. Mais apparemment ce n'est pas le programme. Il emprunte des escaliers pour descendre et machinalement il suit le mouvement regardant un peu autour de lui. Quand il lui tend une bière, il la prend et la regarde. Elle ne semble pas venir du supermarché comme celles que lui achète. Il relève la tête vers lui. Tu fais tes bières ? Information à laquelle il n'aurait pas songé. Faut dire qu'en dehors de se fighter verbalement et physiquement, ils n'apprennent pas beaucoup à se connaître depuis leur rencontre. Il ouvre sa bouteille et se décide enfin à retirer son bonnet, libérant ses cheveux en bataille. Il le range dans une poche de sa veste. Ses doigts entrent en contact avec son paquet de clopes. Une lui ferait sûrement du bien à cet instant, mais il se souvient qu'il ne fume pas.

J'esquisse un petit sourire, étrangement content de te permettre de voir une facette de ma personnalité -ou de ma vie?- que tu ne connais pas encore. Yeah, I do. Je prends une gorgée de la mienne avant de venir me poser sur un banc du comptoir, le dos contre ce dernier et un coude appuyé dessus.

Il le regarde, puis regarde la bouteille, et une nouvelle fois les prunelles bleues se posent sur lui. Il boit une gorgée. Et la trouve bonne. Mais il garde l'information pour lui. Comme si un compliment va lui écorcher les lèvres, ou tout simplement car il n'est pas habitué à en faire. Il pose la bouteille quelques secondes sur le comptoir, le temps de retirer sa veste qu'il balance sur un canapé. Il revient ensuite, s'installant sur le banc à côté duquel il a posé ses fesses. Et là, silence. Situation pesante, étrange. Il n'est pas habitué à se comporter en être humain normal, en tout cas en dehors de Wade, voire limite Rylan. Il soupire, passant une main dans ses cheveux, accroissant davantage leur aspect en bataille. J'sais pas comment m'y prendre finit-il par avouer. Pour ne pas être qu'un connard provocateur rajoute-t-il. Ah dans ce rôle là il excelle tellement qu'il en oublie parfois ses autres facettes.

Tu ne dis rien concernant la bière, ce qui ne me surprend pas, mais comme tu ne grimaces pas, j'vais l'prendre comme un compliment. Le silence s'installe ensuite et je fixe un point dans le vide faute de trouver quoi dire. Pour une fois, j'ai pas envie de balancer des banalités juste parce que. Tu retires ta veste et viens t'assoir à côté, parlant finalement le premier. Tes paroles me surprennent et je te dévisage un moment. Just be normal man... don't overthink it.

Il est marrant. C'est facile de dire d'agir normalement quand son quotidien est rythmé de tout sauf de normalité depuis plus de huit ans. Je sais pas si ça c'est la normalité. Eux deux dans une même pièce en train de boire une bière sans s'expliquer violemment verbalement ou physiquement. Elle est vraiment bonne d'ailleurs cette bière. Il en reprend une gorgée. Il ne sait pas si c'est de la normalité que de parler ainsi ouvertement au premier mec avec qui il a baisé. Il ne sait toujours pas si c'est de la normalité pour lui ce qu'ils ont fait, ni si ça en est que d'avoir eu autant de plaisir qu'il s'en est voulu de l'avoir fait. J'sais même pas ce que j'fais ici. Il commence à envisager l'idée que c'est une erreur, que certes il désirait le voir mais que c'était probablement un acte irréfléchi de sa part, auquel il ne se serait pas prêté avec de la réflexion et en s'étant résonné.

J'te regarde sans trop savoir quoi dire. J'peux pas exactement clamer que c'est ça la normalité, parce que moi même j'serais pas prêt à faire tout ça en public... enfin, sauf si on était certain de rester à distance raisonnable et de n'avoir l'air que de deux potes. Sauf que c'est pas exactement ça, pas vrai? Et que toi et moi on n'est jamais à l'abri d'un débordement... Que ce soit une expression de rage ou de désir. Même si la première est de moins en moins probable pour ma part. T'as suffisamment souffert. I'm glad you're here. Que je m'empresse malgré tout à dire. J'ai pas envie que tu partes, que tu regrettes, que tu commences à vriller sur le pourquoi du comment. I'm tired of pretending there's nothing between us Jay...

Si sa tête est remplie de questions, de doutes, il ne fait pas grand chose pour l'aider à y voir plus clair. Il ne demande pas à être rassuré, il aimerait juste que ce soit moins flou dans son esprit. Il ne sait plus comment définir la normalité, a l'impression de découvrir de nouvelles définitions pour un même mot connu depuis longtemps. Il lui avoue qu'il est heureux de sa présence. Et pour sa part ? Incapacité à répondre. Ou il n'ose tout simplement pas, mettre des mots. Cela semble simple mais également terrifiant car il faudrait en prendre la pleine conscience. Et accepter d'en entendre certains, comme les derniers qu'il prononce. Il marque un temps d'arrêt, ses doigts se crispent légèrement sur la bouteille. Il la regarde plutôt que de le regarder lui, comme si elle va lui donner des réponses. Ou justement simplement du courage. Je sais pas comment le gérer... ce truc entre nous... Il avoue enfin à demi mots qu'il se passe quelque chose entre eux. C'est difficile à nier vu les proportions que cela prend à chaque fois. Mais c'est aussi complètement déstabilisant.

T'entendre admettre, même à demi-mots, qu'il y a quelque chose entre nous me prends par surprise. J'te regarde un moment sans un mot. J'ai peur de pousser trop et d'te faire fuir, mais en même temps, j'ai peur que si j'pousse pas, tu te rétractes de toute manière. Putain. Comme si c'était pas déjà suffisamment compliqué comme ça pour moi d'm'être attaché à un mec... I don't know either.. but I now that I don't wanna take ten steps back everytime we talk..

Longue gorgée bue. Ce n'est pas qu'une seule bière qu'il va lui falloir pour mieux supporter cette soirée. Il lui faudrait plutôt un fût. Léger haussement d'épaules sur les pas en arrière. Il n'a pas tort sur le fait qu'ils ont tendance à reculer. Il lui sortirait bien qu'il lui suffit de se coller dos à un mur pour ne pas reculer mais pas certain que son humour soit apprécié. Déjà car il est faible, et généralement il est plus sarcastique qu'autre chose. J'suppose que ma présence ce soir n'est pas un pas en arrière... Si on compare à la crémaillère. Il est con. Il ne peut pas s'en empêcher. Tant pis, quelque part c'est une vérité. Il a fait un pas en venant chez lui. Il ne s'imaginait même pas le faire.