Je te vois bien qui fait les maths sans dire un mot. Tu te demandes quel âge a Nev et quel âge ça me fait du coup aussi. Je souris intérieurement, mais me garde pour l'instant de te donner les détails. J'aime voir les rouages de ton esprit qui tournent et tournent dans ce regard océan. Yes and no.. Having fun is human, regardless of age. Plus, it helps with the mood. Clairement, on peut ici parler autant d'avoir du plaisir à rire comme des gosses que du plaisir charnel, les deux ayant pour effet de libérer des hormones qui rendent heureux. Mais j'te fais pas un cours de biologie ce soir. Tu penches la tête, me permettant de mieux te raser et je m'assure de faire une belle ligne dans ton cou avant de passer à tes joues. J'ai un peu trop conscience de ta main sur mon poignet, mais essaie d'ignorer tout ça en continuant de travailler aussi professionnellement que possible.

Pitié. Pas de cours de biologie, car ce n'est pas sa tasse de thé. Ce n'est pas pour rien qu'il a choisi l'économie, puis la gestion et les finances. D'une part, car certaines sciences ne l'ont jamais passionné. Et d'autre part, car les sciences se révèlent des mystères pour son cerveau qui comprend plus ou moins la globalité tant qu'on ne rentre pas dans les détails. « Bon ok, je te l'accorde. » Il lui donne en partie raison, mais qu'elle ne prenne pas cela pour une habitude ! Un silence s'installe. Il tient à sa vie, et à sa gorge. S'il balance un truc de travers, il n'est pas à l'abri qu'elle appuie un plus fortement et qu'une perle de sang finisse par s'échapper de son cou. « Il ou elle a quel âge ? » L'air de rien, son cerveau tourne toujours sur le sujet. Il aurait pu en aborder un autre mais l'équilibre est précaire. Il se sent bien en la tenant toujours. Il ne cherche pas à aller plus loin. Retirer ses doigts en s'excusant de son geste le conduirait à une certaine gêne, qu'il n'a pas envie de ressentir. Pas pour l'instant en tout cas.

Un nouveau sourire étire mes lippes à ta question. Est-ce une façon détourner de connaitre mon âge? Ou alors serais-tu simplement en train de me faire la conversation? Comme si de rien n'était, vraiment? She's 20. Eh ouais, bingo, ça me donne 35 ans à moi. How old is yours? Autant poursuivre tandis qu'on arrive à s'entendre un peu, qu'on parle sans gueuler aussi. Merde, on pourrait presque dire que c'est agréable même.

Une fille de vingt ans. Ce qui lui donne un an de moins que lui. Le calcul est vite fait dans sa tête. Elle ne fait pas ses trente six ans, il lui en donnait bien trois de moins. Quant à la sienne... « La mienne est une petite tornade blonde de sept ans, avec un caractère déjà bien affirmé. Je me prépare déjà à mourir une centaine de fois intérieurement quand elle sera en pleine crise d'adolescence. » Faites qu'elle survienne le plus tard possible. « Enfin pour le moment, elle est davantage préoccupée par noël qui approche. » Que par les garçons, ou les filles. Il n'a aucune idée comment se déroule des fêtes de fin d'année dans une si petite ville. Cela va être une grande première, aussi bien pour Anya que pour lui, habitué aux grosses villes et à l'ambiance qui y règne.

Je souris à tes explications, bon sang.... C'était il y a si longtemps maintenant que Nevaeh avait 7 ans.. Je sortais à peine de ma propre crise d'adolescence alors, clairement, on n'aura pas les mêmes expériences à ce niveau. Malgré tout, j'suis capable de me souvenir ce que c'était. Je m'entends même rire avant d'étouffer le son dans un toussotement comme si c'était complètement involontaire. It's nice to have nothing else to worry about. Wish I was this carefree. Je termine de m'occuper de ta barbe au niveau des joues et dois maintenant nettoyer la mousse pour pouvoir raser le reste à une taille raisonnable. Ceci dit, j'ai besoin de mes deux mains pour le faire. Je dépose la lame à côté et mon regard glisse sur ma main encore sur ton torse, la même main où tes doigts sont là à tenir le poignet. I'm gonna need that...

Est-ce une légère moquerie qu'il perçoit alors qu'elle tente de l'étouffer en toussant ? Contre toute attente, cette fois, il ne le prend pas mal car ils ne sont plus dans une lutte de mots mais dans ce qui ressemble plus ou moins à une vraie discussion entre adultes. Plus de regard foudroyant, ni de volonté de clouer le bec à l'autre. Ils en sont donc capables, ce qui reste fragile encore à déterminer, c'est la durée. Son regard suit le sien, sur leurs deux mains. « Hum.. » Elle a besoin de sa main pour terminer le rasage. « Franchement j'hésite. » Il ne fait pas un geste pour retirer ses doigts. « Imagine que c'est ceci qui fait que l'on n'est plus en train de s'écharper verbalement. En te rendant ta main, on prend le risque que ça recommence. » Un sourire naît au coin de ses lèvres. L'explication est complètement nulle, la blague l'est davantage mais cela le fait sourire. Il finit pourtant par bouger, laissant glisser ses doigts sur son poignet, telle une caresse en les retirant pour la libérer. « Tu pourras dire que j'ai raison si on se chamaille de nouveau. » Pour des broutilles d'ailleurs. Car il n'y a pas eu de vraie raison jusqu'à présent, même pas une rayure fantôme.

Ton regard suit le miens, je surveille ta réaction. C'était pas désagréable quand on y pense, pas du tout même. Un contact plus intime qu'il pouvait en avoir l'air moi qui, en général, évite de partager ma bulle avec des étrangers. De part mon métier, je dois déjà suffisamment être dans celle des autres, mais là? Ouais, c'était un peu la trève dont on avait besoin. Ta réaction me fait largement sourire et je n'essaie pas de le dissimuler.Well if it all relies on you and I touching.. Je ne termine pas ma pensée, nettoyant plutôt la mousse à l'aide d'un linge humide que je suis aller chercher et asséchant ensuite avec une serviette. Je branche le rasoir, installe le bon adapteur au bout et revient face à toi un peigne dans l'autre main. J'me surprends à penser que tu pourrais simplement poser les mains sur mes hanches à la place, contente de ne pas avoir pensé à voix haute.

Elle ne termine pas sa phrase, ce qui n'empêche pas le cheminement de se faire dans son cerveau. Il est à la fois dérangeant, mais également agréable car il n'imagine pas une seconde un combat, qu'ils en viennent aux mains à proprement parler. Le cours de ses pensées prend un tour inattendu, qu'il n'aurait pas imaginé le jour de leur rencontre. Cela le trouble alors qu'elle s'éloigne pour récupérer du matériel. Sa tête se penche légèrement, il la secoue un peu, rejetant cette idée saugrenue de l'attirer contre lui. Moins de dix minutes sans engueulade, ce n'est pas suffisant pour savoir s'ils sont capables de s'entendre. Hum... Mais ce qui a traversé son esprit ne nécessite pas qu'ils parlent. Il se pince les lèvres, commençant à se rabrouer intérieurement. Il espère qu'elle n'est pas capable de lire à travers les lignes dans un regard car il n'a pas l'assurance qu'il arrive à dissimuler le tout.

J'essaie de me concentrer sur ce que je dois faire, le bruit du rasoir assourdissant à peine ces pensées complètement impromptues qui s'imposent à moi. Pourquoi est-ce que ma frustration s'est transformée en... désir? Et pourquoi tu m'regardes comme ça aussi? J'approche le rasoir de ton visage et commence lentement à tailler ta barbe au niveau de la mâchoire, mon visage plus près du tiens que nécessaire. Je fais mine d'être concentré à la tâche, mais la réalité c'est que je ne cesse de regarder tes yeux azures et tes lèvres invitantes.

Un bras qui s'avance. Une main qui se pose derrière sa nuque et qui l'attire contre lui, la faisant basculer pour la plaquer contre son torse. Ses lèvres qui viennent s'écraser sur les siennes pour un baiser qui lui retourne la tête, lui faisant oublier un instant ses responsabilités. Il imagine la scène au rythme de la musique de fond du salon, et du rasoir. Rien pourtant ne se réalise, tout reste de l'ordre de l'imagination. Il ne comprend pas pourquoi ce désir s'impose de plus en plus, remuant son cerveau. Avant sa fille, il n'aurait pas hésité une seconde. Depuis qu'il l'a, il se montre plus prudent. Sans doute de trop car il sait très bien qu'il ne peut pas s'empêcher de vivre. Et là, il a envie de comprendre ce mystère qui se tient en face de lui. « Si je te propose un resto un soir, tu acceptes ? » Il lance l'invitation quand la lame du rasoir s'éloigne un peu de son cou. Il guette sa réaction. Il peut argumenter pour faire pencher la balance, plaisanter sur le fait qu'ils doivent vérifier une théorie, savoir s'ils se prennent le bec uniquement quand ils se rencontrent par hasard, ou si cela se produit quand ils le planifient. Mais il ne dit rien, la laissant maîtresse de sa réflexion et de sa réponse.

J'me demande à quoi tu penses, ce qui se trame dans cette tête trop dure et qui, une fois de plus, semble faire travailler les rouages de ton esprit. J'voudrais même te poser la question, te demander franchement ce qui te rend aussi calme et silencieux tout d'un coup, mais j'ai peur de briser la quiétude alors je me contente de faire mon boulot en silence. Lorsque tu poses finalement ta question, je me redresse un peu, te dévisageant. Au moins une dizaine de répliques cinglantes me traversent l'esprit avec cette forte envie de sarcasme. Je me tourne la langue sept fois dans la bouche avant de parler. Depends... what would it mean? Tu m'invites en tant que quoi Thomas? Potentielle amie? En tant qu'autre parent monoparental? Coiffeuse attitrée? Ou bien.. parce que tu veux m'prouver que t'as au moins la classe de me payer à manger avant d'faire de moi ton dessert?

Quelque chose change dans son attitude. Il le remarque aussitôt à la façon dont elle le regarde. La question est posée, il est trop tard pour la retirer. Il ne le souhaite pas de toute manière. Elle est sur la défensive, il comprend sans trop comprendre. « Pourquoi une simple invitation semble raisonner comme si je t'emmenais dans le couloir de la mort mais qu'au bout, l'exécuté sera plutôt ma personne ? » Ils ont progressé de deux pas dans leurs échanges avant de brusquement reculer de cinq voire même davantage. « Je n'ai pas d'explication claire à te donner. J'ai juste envie de t'inviter pour apprendre à te connaître. Si c'est déjà de trop pour toi, pas de problème, je retire l'invitation. Nul doute qu'on arrivera à se recroiser et à se prendre le chou pour rien, on semble doué pour. » Elle l'a contrarié. Pire, il se braque légèrement. Mais c'est de sa faute. Il déteste l'idée qu'elle pense qu'il l'invite uniquement pour coucher avec elle. Car elle doit y songer, il n'en doute pas. Il peut quasiment le lire dans son regard.

Ma question n'avait pas pour but de t'offusquer et, pourtant, c'est ce qui s'est passé. Merde. Tout allait si bien d'un coup, évidemment que ça ne pouvait pas durer. Je ferme les yeux quelques secondes en fronçant les sourcila puis les rouvre et te regarde. I'd say yes. Je ne sais pas du tout si je m'embarque une fois de plus dans une histoire qui me fera du mal ou non, je ne sais même pas où en est ma vie sentimentale après le retour de Landon et notre soirée ensemble. Tout ce que je sais, c'est que je préfère m'imaginer en train de t'embrasser que de t'imaginer en train de te vider de ton sang après t'avoir ouvert la gorge.

Il adopte un petit air renfrogné, limite vexé. Sa mère serait présente, elle ne s'étonnerait même pas de qui tient sa petite fille quand elle boude. C'est trop flagrant quand on voit Thomas avoir cette attitude. Il tente pourtant de garder le contrôle, et retire même son invitation puisque celle-ci est le bagne, voire une mise à mort certaine. Elle ferme les paupières, sans doute soulagée qu'il renonce déjà, ce qui ternit davantage son humeur intérieur. Il n'est quand même pas si imbuvable que cela, si ? Leurs regards s'accrochent une nouvelle fois. Et elle lui dit oui. Non mais... Il ne comprend rien à cette femme. Elle risque de le rendre chèvre. Il ne répond rien, laissant s'écouler les secondes, ses prunelles azures ne se détournant pas. « Je n'entends rien, en tout cas l'apocalypse ne semble pas arriver. » Si c'était l'une de ses craintes en lui disant oui. « Le but n'est pas de te mettre mal à l'aise Jamila... Je te laisse choisir. Un simple tacos tout comme un resto chic, tout me va. » Il s'adapte. Bien évidemment qu'il peut lui offrir un resto chic sans mettre à mal ses finances. Le 51 House en fait parti. Mais si c'est pour qu'elle se sente mal à l'aise et non dans son élément toute la soirée, ce n'est pas ce qu'il recherche.

Pour que toi et moi on soit sur la même longueur d'onde, je crois que la lune, les planètes et les étoiles soient alignées bien particulièrement. Même dans nos meilleures intentions se cache encore sarcasme et dérision, tous les deux sur nos gardes afin d'éviter le pire j'imagine. Je poursuis mon taillage de ta narbe tout en te regardant de temps à autre dans les yeux. J'md demande ce que tu dirais si je t'avouais avoir actuellement envie que tu me prennes ici et maintenant. I'm not complicated, despite the apparences, so I'll go with whatever you feel like.. Il ne me restera plus qu'à prier que tes intentions sont bonnes.