Non, c'est vrai, t'as raison. Tu n'ma pas dit de foutre le camp alors... j'compte pas partir. Pas tout d'suite du moins. Tu sors de la chambre le premier et retourne vraisemblablement vers la salle de bain. J'pourrais prendre une douche moi aussi, mais j'doute que t'aies envie que je t'y rejoigne alors j'te laisse ton intimité. Pendant ce temps, j'vais récupérer mes fringues dans la cuisine et me prend une bière dans ton frigo. Je pose mes vêtements sur le coin du canapé et reste là, pensif à boire tranquillement pendant que tu te douches et regrette probablement tout ce qui vient d'se passer alors que moi, j'regrette absolument pas.

Corps trainé jusque dans la salle de bain. Robinet qui s'ouvre et jet d'eau chaude qui se déverse sur sa peau. Le liquide apaise légèrement ses douleurs physiques. Pour ce qui est du mental, c'est autre chose. A présent qu'il est seul et que son esprit n'est plus occupé par une baise, c'est le bilan. Il a cédé. Il a désiré cet homme. Pire, il a même fini par lui demander de le prendre. Dans quel monde est-il ? Depuis quand c'est lui qui est en position de faiblesse ? Sa main droite s'abat à plat contre le mur. Esprit rageur. Contre lui-même. Grimace de douleur avec la répercussion dans tout son corps. Il ne sait pas si l'autre est parti. Il n'entend rien avec le bruit de l'eau. Il s'attarde, cherche des réponses. Il n'en a pas. Ou qu'une seule en fait. Il l'a désiré autant qu'il désirait Jill. Et c'est perturbant. Il finit par se décider à tourner le robinet pour l'éteindre. Serviette enroulée autour de la taille, il quitte son refuge. Pour s'apercevoir qu'il est toujours là. Regard pensif en s'arrêtant sur le seuil de la pièce. Il n'espère tout de même pas qu'ils vont discuter tranquillement de ses états d'âme à présent. Il risque de voir un mur se dresser. En attendant, ce sont plutôt ses jambes qui vont se dérober. Alors il se décide à bouger et vient se laisser tomber sur le canapé. Silence de sa part. Ses coudes se posent sur ses genoux, ses mains viennent se glisser dans ses cheveux. Il se prend la tête, les divers sens de cette phrase s'appliquent ici.

La douche s'arrête finalement et c'est dans une serviette que tu débarques au salon, te laissant tomber sur les coussins usés du canapé sans un mot. Je te regarde un instant avant d'retourner à la cuisine te chercher une bière que je débouche avant de te l'apporter. I'm gonna take a shower real quick if you don't mind. Je n'attends pas ta réponse, je pars d'où tu arrives et entre sous l'eau avec ma bouteille toujours en main. J'en ai besoin je crois.

Silence qui suit son retour. Il le respecte et quelque part, il lui en est gré. Il l'entend bouger, ouvrir le frigo mais à aucun moment, il ne tourne la tête pour observer ce qu'il fait. Ce n'est que lorsque une bouteille danse sous son nez qu'il se décide à lâcher sa tête. Thanks.. Politesse un peu surréaliste. On aurait pu s'attendre à ce qu'il pousse un grognement. Il ne réagit même pas quand il parle de prendre une douche à son tour. Il ne le regarde pas s'éloigner. Quand l'eau se fait entendre, il se décide à bouger pour s'allonger sur le dos sur le canapé. Grimace de douleur qu'il ne cherche pas à cacher. Sa tête repose contre un coussin. Il porte la bière à ses lèvres et en prend une gorgée. Il positionne ensuite la bouteille sur son visage, la posant sur sa mâchoire endolorie. Sa main effleure l'hématome sur son ventre. Il ferme les paupières, en se tenant dans cette position, se laissant presque bercer par le bruit de l'eau.

Je prends une douche rapide, profitant malgré tout de l'eau chaude sur mon corps légèrement courbaturé et en sueur. J'emprunte ton savon, me lavant avec sans même y penser et ce n'est qu'en sortant que je réalise que maintenant, j'aurai ton odeur sur moi jusqu'à ma prochaine douche. Un sourire stupide étire mes lèvres alors que je me rhabille, terminant ma bière au passage. Je te retrouve dans le salon qui est juste allongé là, la serviette encore autour de la taille. Do you want ice for that? J'peux toujours t'en concasser d'avantage si tu préfères pour te mettre sur le visage ou le ventre pour le coup...

Silence en provenance de l'autre pièce. Oreilles affutées dues à de nombreuses années passées à dormir sur le qui vive. Il n'a pas besoin d'ouvrir les yeux pour sentir sa présence de nouveau dans la même pièce que lui. Encore une attention envers lui. Il faut qu'il arrête, rapidement. Il pousse un soupir. Sans doute qu'il s'apprête à l'envoyer promener mais contre toute attente il finit par lui répondre un j'veux bien après un court silence. Il ne comprend pas trop pourquoi il reste. Il le voyait plutôt comme le genre de mec à se tirer une fois qu'il a pris son pied. Il comprend encore moins ses propres réactions. Peut-être que quelque chose s'est déplacé dans son cerveau à cause des coups qu'il a reçu. Il garde les yeux clos, cela semble le reposer un peu. La bouteille abandonne son visage, il la porte à ses lèvres pour la vider de moitié.

J'm'attends à c'que tu refuses, à c'que tu reprennes conscience et me dise enfin d'foutre le camp maintenant que j'ai pris mon pieds et que j'me suis même permis d'prendre une douche. Mais t'acceptes et j'ouvre la bouche pour protester, la refermant juste à temps en me repassant tes paroles. Bref hochement de tête, je repars vers la cuisine, sors de la glace et fais comme plus tôt, sortant à l'extérieur pour la casser sur le béton avant de revenir avec dans un linge à vaisselle cette fois et non ton t-shirt. J'reviens au salon et te pousse un peu sur le canapé pour m'y assoir. There.

Fatigue grandissante. Il termine sa bière et pose la bouteille vide sur la table basse quand l'autre est occupé une nouvelle fois à l'extérieur. Il ne vaut mieux pas que l'un de ses voisins sorte à cette heure tardive de la nuit, il se demanderait ce qui se passe chez lui, et qui est ce mec qui casse de la glace. Son avant bras se pose sur son front. Douce torpeur qui l'envahit. Si son passé amène quelques défauts niveau sommeil, il a également des avantages, celui de s'assoupir rapidement, de pouvoir faire des micro siestes de quelques secondes à très peu de minutes. Et il est un peu dans cet état d'esprit quand il se sent pousser sur le canapé. Il sent une masse y prendre place. Et puis le froid s'installe, lui faisant ouvrir les paupières. Il pose son regard sur lui. Pourquoi tu fais ça ? Il cherche la vraie raison, pas cette pseudo culpabilité de l'avoir mis dans cet état.

Pourquoi j'fais ça? Je fronce les sourcils. Do what? Be a decent human being? J'hausse les épaules. I don't know, I was raised right? Je lâche un petit rire sans vraiment avoir le coeur à l'humour cependant. Qu'est-ce que tu voudrais Jay? Que j'sois le genre de connard qui baise et disparait? Découvrir que tout c'que j'voulais c'était d'te faire craquer pour finalement te laisser tout seul avec tes doutes et tes questionnements? Meilleure chance la prochaine fois, désolé. I don't know what you think about me... but you're probably wrong.

Question. Réponse moralisatrice, lui rappelant cruellement qu'il oublie régulièrement de se comporter en être humain normal. C'est une claque mentale. Il préférerait, qu'il ne se comporte pas de la sorte, qu'il lui donne toutes les raisons du monde de lui foutre sur la tronche. Qu'il disparaisse et le laisse seul en proie à ses doutes, à cette culpabilité qu'il ressent. T'es chiant. Sincèrement il le pense à cet instant. Mais ce n'est pas dans le sens où il a aucun intérêt. Tu peux pas juste être un connard. Comme lui. Prendre, laisser, ne pas s'attacher. Conscience tranquille, non tourmentée. Aucun intérêt pour ses partenaires. Le rêve si on retire ce cas particulier qui est assis à ses côtés et qui semble arriver à tout faire foirer.

Je lâche un petit rire et hausse les épaules. Nope, sorry. J'pourrais l'être, bien sûr que j'pourrais l'être. Mais pour ça, il faudrait que j'en ai rien à foutre de toi. Et, au risque de répondre à cette question que tu m'as posé trop souvent: qu'est-ce que j'en ai à foutre? J'me suis attaché à ta tête de con et à ton caractère de chien. Et ce qu'on a vécu ce soir? J'pourrai pas l'oublier même si tu m'le demande. Parce que ça signifie plus pour moi que tu pourrais l'imaginer. Want me to go now?

Bien évidemment qu'il lui répond par la négative. Franchement, le contraire l'aurait étonné. Qu'il aille dans son sens, vraiment ? Impossible. Enfin si, ils arrivent apparemment à aller dans le même sens après des joutes verbales violentes et des coups de poing. ça fait cher à payer pour sembler être sur la même longueur d'ondes durant quelques minutes. Une nouvelle fois il lui demande s'il veut qu'il parte. Disque rouillé. Mais il le prend comme un appel auquel il va répondre. Ouais.. Casse-toi, déguerpis de chez moi. Il le met à la porte, enfin presque car il n'y a aucune intonation glaciale ni méchante. Il ne fait que répondre à ce qu'il souhaite sans doute inconsciemment, qu'il le jette pour avoir une raison de tourner les talons et de lui en vouloir pour quelque chose. Du moins il l'interprète ainsi car il veut pas avoir à le remercier s'il l'interprète différemment.

Je détourne un instant le regard à ta réponse, serrant la mâchoire et soupirant. Évidemment il fallait que tu reprennes ce ton poignant et ces mots acerbes et même s'il n'y a pas la même froideur dans tes paroles, le résultat est le même. Just because I'm not the asshole you'd want me to be doesn't mean you have to be an even bigger dick. I wasn't asking because I want to leave, I was asking because I don't wanna impose. Mais j'en ai marre de me prendre la tête avec toi pour un oui ou pour un non là Jayden. J'pensais vraiment que le moment qu'on avait passé signifiait quelque chose pour toi aussi, j'me trompe peut-être. Je me lève du canapé à contre coeur et récupère ma veste et mes chaussures. Près de la porte, je m'arrête un instant, hésitant. I really liked what we... shared. Goodnight Jayden. J'ouvre la porte et sors dans l'air frais de la nuit.

Putain. Doigts qui se crispent sur le torchon rempli de glace. Il le regarde mais ne dit rien. Il n'y a pas grand chose à dire. La seule chose qu'il pourrait sortir, ça serait des excuses et ça, il est trop fier pour le faire sur le moment. Alors, il le suit seulement du regard quand il se relève du canapé, gardant sa main serrée sur son ventre pour ne pas être tenté de le retenir. Surtout qu'il la ressent cette putain d'envie de le retenir. Il l'entend davantage qu'il ne le voit terminer de se rhabiller. Porte qui ne va pas tarder à s'ouvrir. Ah non, d'abord quelques mots. Sa mâchoire se serre. Porte ouverte. Buste qui se relève. Il est parti pour le rattraper. Il se relève trop rapidement du canapé. Une douleur le fait vriller et stopper net. Il marque un temps d'arrêt, quelques secondes pour que ça passe et comprend aussitôt qu'il est trop tard. Le temps qu'il se bouge, Duncan est parti. Il a raté le coche. Et le voilà seul de nouveau en proie avec ses démons que l'autre semblait avoir réussi à apaiser.