La voiture s’arrête alors que mon regard s’accroche quelques instants au rétroviseur. « Bonne journée ma puce. » Mince sourire aux lèvres, je suis de ces pères affectueux mais qui n’en font pas des caisses. Attendez qu’elle ramène un petit ami un jour et il en sera sans doute autrement, mais pour le moment, je savoure le fait qu’elle est tout simplement sept ans. Me retournant rapidement, j’embrasse le front de ma fille, la laissant partir pour la journée vivre de nouvelles aventures. Je rentre rapidement dans le moule, celui de l’avocat. Homme froid, intransigeant, bras-droit du pdg, on me respecte, on me craint mais surtout on reconnaît la valeur de mon travail. J’ai quitté les bureaux plus élitistes il y a de ça plusieurs années mais je ne regrette pas de m’être extirpé quelque peu de ce monde de requins. Cela ne vaut pas pour autant dire qu’il faille se relâcher complètement. Une prestance reste à maintenir même si ici, les choses sont plus détendues. Me garant sur le parking des salariés, je rejoins rapidement le bureau, déjà happé par une de mes rares addictions, clope et café. Faisant couler le liquide brun, je viens en boire rapidement une gorgée, me tournant en marchant vers mon assistante, « Bonjour Georgia, pouvez-vous décaler Field à 15h30, j’ai une visio à effectuer avant avec Land Entreprise. » Celle-ci m’indique que le changement sera opérationnel après un coup de fil, elle est une épaule solide et fiable, bien que parfois un peu trop frivole à mon goût. Mes mails activent une notification de mon téléphone, énervé par la dernière réponse de John concernant l’affaire Simons, je grogne, marmonnant dans une barbe naissante contre le ton employé. Percutant de plein fouet la fille du patron, cette effrontée de première. « Merde, désolé Nicola » Et je ne doute pas du fait que je vais me prendre une soufflante, c’est bien simple, j’en grimace à l’avance, je me serais bien éviter un drame dès le début de la matinée.

Nouvelle journée, nouveaux combats pour la plupart d’entre nous. Une journée assez paisible de premier abord, un ciel bleu et une fraicheur qui nous pousse à nous emmitoufler dans un vêtement bien chaud. l’hiver, cette saison que je n’apprécie pas particulièrement, ce manque de neige que je déplore chaque année, mais aussi ce manque de chaleur flagrant. Et pourtant, aussi fou que cela puisse paraître, j’aime être ici, j’aime vivre dans cette petite ville paisible, tout en appréciant m’évader de temps à autre, pour voir les merveilles du monde. Ce matin, est un matin ordinaire, j’arrive au bureau, toujours un peu plus tôt que les autres, après une bonne séance de sport et un passage à la boulangerie de ma meilleure amie. Café à la main, impératif pour démarrer la journée, je pianote déjà sur mon ordinateur pour avoir tous les points financiers de la semaine passée. Des affaires, il en tombe tous les jours, des petites, comme des plus importantes, et les finances se portent toujours aussi bien. Prise soudainement à rêvasser, je crois que j’ai grand besoin de m’évader quelques jours. Mais avant de planifier quoique ce soit, je sors de mon bureau, retrouve un employé de mon père, arrivé à la même heure que moi pour lui demander les dernières performances qu’il a fait avant de me retrouver dans la cuisine et de me servir un nouveau café. Grand besoin de caféine pour continuer cette matinée qui voit enfin les premiers employés arriver. Je pose ma tasse de café sur le comptoir de l’accueil pour récupérer quelques papiers et me voilà bousculer, un liquide brun recouvre à moitié mon chemisier blanc. Soupire, je lève les yeux au ciel. Forcément il fallait que ce soit toi. Je grimace avec la chaleur du liquide, heureusement que j’ai toujours des vêtements de rechange. t’en a pas marre de toujours vouloir me rentrer dedans ? demande-je sur un ton strict. Beau mais vraiment deux mains gauches. Carolyne, vous pouvez appeler le pressing s’il vous plait que je lance à la jeune femme avant de reprendre ma route jusqu’à mon bureau c’est déjà la troisième chemise que j’envoie au pressing parce que t’es absorbé par je ne sais quoi souffle-je, le laissant me suivre.

Dents serrées et contenance offerte pour ne pas montrer mon impatience. Je réfrène mon agacement lorsque je récolte le tien en offrande inverse. « Je n’y peux rien, si tu es toujours sur mon chemin. » Prunelles claires mais toujours plus obscures que les tiennes, je laisse une douce lueur de jeu s’emparer de nos bleus. Parce que il est vrai que ce scénario optait pour un petit comique de répétition lassant pour notre duo. « Par le travail tout simplement. » Et pas par, je ne sais quoi… Ce que tu m’inspires, je ne veux tout simplement pas m’y attarder. Je ne suis plus fait pour tout ça, et on ne tirerait rien de bon de tout cela. Pourtant, je te suis malgré moi dans ton bureau, alors même que tu ne m’y invites pas. Mots non prononcés et serment muet qui se déverse entre nous. Une fois dans la pièce, je regarde mon propre tissu me rendant compte que j’ai moi aussi quelques tâches mais je devais m’en contenter.[color=#cc3366] « Du coup, tu as un dressing derrière ce placard ou… ? »{/color] Mon sourire s’élargit malgré moi. Alors que je regarde vers la porte à présent close. T’es énervée, et je me demande simplement si ce n’est dû qu’à ce petit accident entre toi et moi. « Tu vas bien ? » Bras qui se croisent et lueur plus sérieuse dans les orbes. Tu restes la fille de mon mentor et ton bien-être m’importe, aussi si quelque chose te soucie, j’aimerais autant le savoir.

Cette matinée commençait finalement mal. Petit soupire, habituée maintenant à ton souci de coordination mais ne pouvant pas trop créer de scandal puisque tu es le petit protégé de mon père et que je n’ai pas non plus envie de créer plus de tension qu’il peut déjà en avoir quand t’es dans les parages. ah… c’est donc çà. souffle-je faisant mine de réfléchir aux probabilités qui s’offrent à moi. Petit sourire qui s’évapore aussi vite qu’il n’ait arrivé, en chemin jusqu’à mon bureau. Depuis que je travaille ici, j’ai finalement pris l’habitude d’avoir des chemisiers, et des chemises dans mon placard histoire de ne pas me retrouver en soutien gorge ou bien avec une chemise tâchée pendant plusieurs heures. La première fois en fut le bel exemple, mais une fois, pas deux. et quel est e travail qui semble te préoccuper au point ou tu me percutes encore une fois ? curieuse, je joue à ton petit jeu puisque visiblement, c’est plus facile de parler boulot avec toi. Une fois dans le bureau, tes propos me font sourire. il se pourrait bien oui m’exclame-je en retirant mon chemisier, découvrant ma poitrine enveloppée dans un soutien-gorge en satin bleu émeraude. Ouvrant le placard, j’en récupère une chemisier rouge et l’enfile rapidement. Refermant le placard, je me retourne pour te faire face et poser mes prunelles dans les tiennes. Sombre, ténébreux, charmant mais si froid à la fois. oui çà va, et toi ? quoique... je pourrais commencer à te faire payer le pressing.. petit clin d'oeil, je prends place face à toi

Ironique, sarcastique, ces deux caractéristiques ne sont jamais très loin de ta personne. Insidieusement, tu tisses une toile redoutable autour de ma personne et sans vraiment prendre conscience de mes actes, je te suis dans ton bureau. Je soupire levant les yeux au ciel . « L’affaire Simons, j’étais entrain de lire la réponse de John. » Ce petit con est prétentieux et arrogant, il faut toujours qu’il emploie ce ton aimable mais profondément méprisant, qui joue avec les limites et me donne envie de l’étouffer avec sa cravate en soie sauvage bio et équitable. Petit merdeux. Mes dents se serrent mais je pense bien que ma bouche s’entrouvre alors que tu enlèves ta chemise pour te dévoiler. Me retourner rapidement. « Mais tu fais quoi ? » Ok, j’ai déjà vu une paire de seins et habituellement, je ne suis pas le dernier à m’en plaindre, mais là, disons que c’est… différent. Et dangereux surtout. Mais Demoiselle est imperturbable et continue la conversation comme si de rien. « Aucun problème, je te rembourserai. » Salive qui se fraie un chemin difficile au travers de la gorge, raison qui tente de nier l’évidence. « Je… je vais y aller. » Parce que je dois me réfugier dans le travail après ce spectacle.

Cette affaire que tu me nommes mets les nerfs de beaucoup de monde ici à rude épreuve. Je comprends finalement pourquoi t’es dans ton monde, un peu ailleurs. Mince, ce n’est donc pas ma personne qui te perturbes. Triste monde ! souffle-je avec un ton amusé. Te taquiner ? Un métier à plein temps qui m’amuse et dont je ne pourrais pas renoncer. Sadique ? absolument, mais c’est ce qui fait la femme que je suis aujourd’hui. Il en faut dans notre monde, il en faut dans ton métier, mais aussi dans le mien avec tout cet argent qui coule entre mes mains, et entre les vôtres. Retirant mon chemiser, je n’ai aucune gène à le faire devant toi, face à cette baie vitrée par la même occasion. Une paire de seins reste une paire de seins bien que les miens soient tout de même imposants je dois bien l’avouer. oh, voyons Léo, t’en as déjà vu d’autre j’en doute pas ! tu as quoi ? Dix ans de plus que moi, tu as une fille, donc oui, tu en as vu d’autres. Je souris, lâche pas ton regard qui semble se vouloir fuyant. Pour un homme de ton âge, je ne pensais pas te rendre inconfortable comme çà. Léo ? Je rigole, je ne suis pas à çà prêt souffle-je quand je te vois d’un coup bien trop sérieux je demanderai à mon père de le retirer de ton salaire c’est tout nouvelle plaisanterie pour te détendre. Je lâche un petit rire avant de reprendre tu veux que je t’aide pour quelque chose ? je ne suis pas calée avec tout çà mais je n’ai pas vraiment envie d’écourter l’entrevue.

Mon regard vient se poser sur le tien, un instant amusé par ta réplique. « Malheureusement non, j’aurais préféré. » C’est une préoccupation bien plus agréable selon moi que l’affaire Simons. Mais la suite va me préoccuper de la pire des manières. Alors que nonchalante, tu retires ton haut pour changer de chemisier, m’exposant là, tes courbes plantureuses. Je tente de me détourner, cacher mon regard de ce sein que je ne saurais voir et que je vois pourtant, alors que tu te moques allègrement, jeune effrontée. « Oui mais… ce n’est pas pareil. » Tu es la fille du patron, l’homme qui m’a permis de devenir qui je suis aujourd’hui, un avocat respecté et reconnu. Je t’ai connu encore toute gamine alors te voir être une femme, c’est disons bizarre. Et je tente de chasser ces pensées. Mais heureusement, tu optes pour un chemisier écarlate, qui doit sans doute être assorti à mon visage, je trouve ça un peu ridicule de réagir de la sorte, mais… je ne maîtrise pas vraiment. « Non non, je te rembourserai j’y tiens. » Ou bien je trouverai un autre moyen de me rattraper. Je m’empresse de partir, histoire d’oublier ce moment un peu étrange lorsque tu viens me demander si j’ai besoin de ton aide. « Justement, est-ce que tu as regardé de plus près les comptes de ce Hartford ? » Celui-là même qui attaquait Simons en justice, histoire de voir si je pouvais récolter un argument de plus pour le défendre.

Un peu déçue que ce ne soit pas moi qui troubles tes pensées, je ne montre rien. Pas un signe de faiblesse face à un homme qui en impose tel que toi. L’humour ? La chose qui me correspond le mieux avec des répliques cinglantes bien à moi. Une Nico dans toute sa splendeur face à un homme qui peut paraître froid et parfois même gêné par ma présence. Tu n’es pas très doué pour t’en cacher, mais je trouve çà plutôt mignon et fort intéressant. J’en joue même quelque fois. Je lève les yeux au ciel et en quoi ce n’est pas pareil ? Une poitrine reste une poitrine mon cher, en quoi n’es-tu pas d’accord ? j’enfonce le clou ? oui, il se pourrait bien que je le fasse. Ma poitrine est certes imposante, plus que chez certaines d’entre nous, mais je ne doute pas que tu as dû en voir quelques unes tout au long de ta vie. Haussant les épaules, je m’installe finalement à mon bureau, te taquinant, pour ne pas changer. mais non, je te dis que c’est bon, je t’embête Léo m’exclame-je avec un large sourire. Nous sommes tellement opposés toi et moi, et pourtant ne dit-on pas que les opposés s’attirent ? Ne voulant pas te laisser partir sur cette note, j’en profite pour savoir si tu as besoin de quelque chose. Je fronce les sourcils non, mais je peux le faire tout de suite si tu le souhaites. Installe toi, on va regarder çà ensemble moyen de pression pour que tu restes un peu plus dans ce bureau. Je pianote sur mon ordinateur tu savais qu’il n’avait pas un compte, mais trois ?

Effrontée de première, gamine toujours à mes yeux, qui n’a définitivement pas sa langue dans sa poche. Te voir ainsi dénudée, je ne peux pas confier les idées qui me traversent parce que je ne peux déjà pas me les avouer à moi-même. Mes épaules se haussent alors que mes lèvres se pincent. « Parce que t’es la fille de mon mentor, de mon patron et que je t’ai connu presque enfant… » Adolescente, jeune adulte serait plus vrai, mais je pense que tu vois où en venir. J’ai l’impression de braver des interdits avec ce genre de pensée et je ne peux pas avouer que tes courbes me font un certain effet. « Ah ça tu aimes m’embêter. » Que je reprends un peu plus léger, mais tu sais aussi que j’ai des principes et que je me rattraperai. Heureusement, cette pente glissante est vite déjouée et tu viens me questionner sur le travail, profitant de l’opportunité, je m’y réfugie aussitôt. Rebondissant sur l’affaire Simons. Tu commences donc à pianoter sur ton ordinateur, alors que je reste quelques instants statique. Ta remarque m’étonne. Et de surprise, je contourne le bureau, vient observer de mes propres yeux ce que tu avances. « Comment tu vois ça ? » Je me penche vers toi pour observer tes dires, m’interdisant ce que je ressens à cette proximité et refoulant la honte un peu coupable de n’avoir rien vu jusqu’alors.

Joueuse, taquine, vilaine mais surtout coquine, tentant de te faire un peu tomber mais rien n’y fais. Tu ne flanches pas, mais ce n’est pas pour me déplaire. Je vois tout de même une petite lueur dans tes yeux, elle brule, elle est prête à succomber mais elle t’écoute, et elle se fait discrète. Voilà, l’argument que je déteste. T’es la fille du patron. Qu’est-ce que je peux la détester cette phrase T’en as pas marre de sortir la même phrase à chaque fois ? souffle-je, te faisant un petit sourire avant de grimacer enfant, tout est relatif, si une quinzaine d’années c’est encore être enfant… pourtant je perdais ma virginité cette année là ! toujours le mot pour mettre mal à l’aise ? Oui, toujours. Petit sourire en coin oui, et je n’arrêterai certainement pas désolée en vrai je ne suis même pas désolée de te faire subir tout çà mais je sais qu’au fond, çà te plait autant que çà me plait. Je te propose mon aide, tu la prends rapidement. Ta présence est réconfortante, je ne saurais dire pourquoi, mais elle m’apaise, elle m’aide à remettre de l’ordre dans mes idées. Et je ne suis jamais contre le fait de pouvoir te mater un petit peu. parce que je suis douée ! souffle-je doucement en regardant mon ordinateur, et pianotant quelques petites choses au passage là, tu vois ? C’est un numéro de compte aux iles Caymans et on sait tous que les iles Caymans sont un petit paradis fiscal il ne doit pas être tout net ton petit, j’ai pas suivi cette affaire de prêt, mais là, je pense qu’il y a quelque chose à creuser ajoute-je avant de me tourner et de placer mon regard dans le tiens. Cette proximité, elle me fait quelque chose que je n’ai pas envie d’avouer tu m’expliques le problème ?

Je sais que je t’agace, je sais que désormais tu es une femme et crois-moi, je te vois malheureusement un peu trop comme ça, ces derniers temps. Pour autant, je ne suis pas certain que ton père soit d’accord. Il m’a maintes fois fait tes éloges et sans doute inversement, mais il n’approuverait sans doute pas quelque chose de plus entre nous. C’est comme… interdit. « C’est plus fort que moi. » Ma voix est nette et sans appel. Mensonge éhonté pour dresser la barrière. Vaine lutte. Parce que je suis faible et que l’étincelle que tu nourris dans mon sang est bien trop belle. Tentative d’échappatoire avec ce dossier, travail improvisé et talent que tu dévoiles là où j’ai misérablement échoué. Peut-être que je ramollis quand toi tu t’épanouis. C’est là aussi, le fond de vérité. Faisant le tour du bureau, je viens me poster dans ton dos, observant l’écran, mais aussi tes doigts qui pianotent, furtivement ton profil avant de me concentrer de nouveau sur les données. « Je pense qu’on tient quelque chose d’intéressant effectivement. » Tu te tournes à nouveau vers moi, prête à en découdre, un instant, je suis déstabilisé par cette proximité, un peu… nouvelle ? Ma salive se fraie un chemin non sans peine et ma tête perd sans doute de sa contenance. « Un problème ? » Je suis perdu, barrière brisée en un coup. Faut-il encore que j’en ramasse les miettes.

Je sais pas du tout à quoi on joue tous les deux. En vérité, je crois que je suis la seule à jouer et je ne sais pas vraiment pourquoi ni même comment je peux continuer à faire çà alors que t’es le protégé de mon père. Bien que je ne sois pas la petite fille modèle, et que je pourrais vraiment le rendre fou en tentant quelque chose mais je ne voudrais certainement pas te mettre dans l’embarras et je n’ai pas envie de me ridiculiser non plus. l’ancienne génération est incorrigible petit pic qui va peut-être te faire vriller, mais qu’importe, il est lancé. Large sourire sur le visage, petit rire amusé de surcroit et c’est le boulot qui prend finalement le dessus sur le reste de la conversation. intéressant, des comptes qui ne doivent certainement pas être connus de tous, un compte plus intéressant que les autres. C’est çà que j’aime dans mon travail, en plus de la proximité entre nous. Ta présence derrière moi, ton corps un peu plus proche du miens pour prendre connaissance de ce compte que tu ne connaissais pas. c’est ce que je pense aussi. Tu veux savoir quoi de plus ? Savoir si je dois chercher plus en profondeur ou pas ce qui voudrait aussi dire que je creuse un peu plus. Tu as devant toi une petite geek en plus d’être douée en finances ! le dossier Léo, c’est quoi le problème du dossier ? C’est quoi l’histoire si tu veux, j’ai pas suivi votre dossier, je sais juste que t’es dessus depuis un moment déjà tu sembles confus, mais peut-être que je ne m’exprime pas comme il faut. je te perturbe, pas vrai?

Tu ne manques pas de m’attaquer de ton verbe, d’offrir tes provocations sur un plateau, dans le seul but sans doute de me voir sortir un tant soit peu de mes gonds. Je ne cille pas pour autant, pour le moment fort et imperturbable mais c’est sans compter sur la suite. « Elle a ce mérite d’avoir des principes. » Ce que vous les jeunes n’avez plus vraiment. Jouer les vieillards m’amuse même si je ne me verrai jamais comme tel, je crois. On s’absorbe du travail mais dans cette proximité, la confusion s’installe, du moins de mon côté. Nous ne sommes jamais particulièrement proches, je m’efforce de garder les distances et mon instinct me confirme que j’ai eu raison. Pour la simple et bonne raison que je suis entrain de vriller. « Ah ! » que je dis en fronçant les sourcils, reprenant mes esprits furtivement mais c’est sans compter sur ton caractère effronté et désespérément joueur. Mon regard s’applique au tien, s’abaisse lentement à tes lippes, juvéniles, charnues, roses et parfaites. « Oui. » réplique ma voix bien plus suave, bien plus froide. Puisque moi aussi, je me prends à jouer, trop curieux de voir l’effet que je sais faire sur les autres. Mais je ne dois pas… Pas avec toi. Les billes acier se reforment sur tes océanes. « Il a été mis à pied de sa boîte mais tente de faire passer ça pour du harcèlement. Ils n’avaient pas vraiment de preuves… jusqu’à maintenant, celle-ci est quand même plus que suspecte. » Ou l’art de se raccrocher aux branches.

Ayant tout un tas de ressources dans mon sac, je pourrais encore passer des heures à te taquiner, et à tenter de te détourner de la raison qui sembles être prédominante chez toi. Tu vacilles pas, ce qui me fait bouder un petit peu. Surtout lorsque tu prends le soin de me rappeler que ta génération a le mérite d’avoir des principes. Mouais… vous êtes bien trop vieux jeux est-ce la différence d’âge qui te dérange ? Qui t’empêches de te laisser aller ? De jouer le même jeu que moi depuis des plusieurs années ? c’est pas vraiment drôle finalement que je lâche telle une gamine capricieuse. Proximité affirmée, proximité dangereuse mais je ne bouge pas d’un poil. Pianotant sur mon ordinateur, c’est l’odeur de ton parfum qui embaume rapidement mes narines. Trouvant une faille, je me tourne et te fais face. Mes prunelles dans les tiennes, je tente de savoir quel est le problème de ce dossier mais tu ne sembles pas être sur la même longueur d’onde que moi, ce qui me fait sourire. Ma question n’a pas l’air de te faire vaciller cette fois. Petit sourire en coin lorsqu’un oui parvient à mes oreilles, j’en ai presque la langue qui pend tant la surprise est grande. Ce changement de sujet est rude, radical, mais au moins il fait redescendre la pression tout de suite. hmm, je vois, et bien je pense que tu pourras lui demander ce qu’il fait de tous ses comptes… large sourire, mon regard fini par s’assombrir un petit peu alors comme çà je te perturbes tu es coincé Léo.

Un vague sourire s’arrime à mes lèvres. La vieille génération a des principes mais elle n’en est pas pour autant sage. « Elle sait préserver les mystères. » Ne pas être lisible dès la surface. On découvre et on ne se surprend que lorsqu’on gratte les carapaces, à mes yeux c’est bien meilleur. Désirer quelque chose avant de le posséder plutôt que tout tombe dans le bec immédiatement. « ça peut l’être… » Si toutefois on se donne de la peine de se laisser prendre par les rouages de ce jeu, si on s’arme un minimum de patience. Sans doute que ces évocations me remettent en selle en quelque sorte. Puisque mon regard s’attarde d’abord sur tes phalanges puis sur ton profil, yeux qui se tournent qui se rencontrent et la provocation est offerte. Sans que je n’y réfléchisse vraiment, je laisse mes mains s’ébattre dans les filets que tu as tissés, proie qui se prend pour le prédateur, pour le plus fort alors que c’est bien moi qui fait aveu de faiblesse. Mais je reste tout de même heureux de l’effet que ma réplique a pu te faire. « Oui y’a-t-il des mouvements dernièrement sur les comptes ? » Funambules qui s’accrochent à alterner entre deux mondes opposés. Evidemment, que tu n’allais pas rester sans rien faire après cet aveu. Mon regard reste placide, détaillant la finesse de tes traits, la pulpe juvénile de tes lippes et l’incroyable clarté de tes orbes, inutile de dire que tu es devenue une femme magnifique avec les années, quant à moi, je ne suis qu’un homme. Un peu trop vieux sans doute pour tes frasques. « Tu es belle c’est une évidence, mais j’imagine qu’on te le dit souvent non ? » Et que tu sais pertinemment l’effet que tu fais sur la gente masculine.