Chez sa tante. Vision fugace de la gamine de douze ans. Celle qui venait de tout perdre. Se reconstruire était une chose particulièrement difficile quand on était adulte, mais encore plus quand on était enfant. Parce que, c’était dans les premières années que tout se passait. Qu’on décidait d’emprunter un chemin plus qu’un autre. Un accident de voiture. «  Merde.. » Interrompant sa phrase, la blonde agrippait à nouveau ses lèvres dans un baiser. « Mon frère m’disais souvent qu’la peur évite pas l’danger. » Encore un cliché, mais un cliché qui l’avait aidé. Surtout sur le terrain. « Cap d’plus avoir peur ? » Enfantin. De tenter de passer au-dessus ? De plus se réfréner par des barrières ?

Baiser auquel tu mets rapidement fin pour parler à nouveau. Mon visage reste près du tiens, mais je laisse mes talons retomber au sol. Il avait raison.. Je te regarde avec tendresse. J'peux pas imaginer la perte d'un grand frère, mais ça s'voit que ça t'affecte. Ensemble? Défi ou promesse? D'essayer, main dans la main, d'avancer sans se freiner. D'regarder devant et d'cesser de regarder par-dessus notre épaule constamment. I'll jump if you jump.

« Ensemble. » Il répétait ce mot comme un mantra. Un fin sourire étirait ses traits, alors qu’il apposait une main sur la hanche de la blonde. « Finalement, t’es plus intéressante qu’toutes les autres » plaisantait-il, avant de se reculer pour éviter de se prendre un coup. Il utilisait un échappatoire pour les ramener à l’instant présent. Pour justement, ignorer les peurs traumatiques liées au passé.

Je souris lorsque tu répètes ensemble. J'ai l'impression que cette promesse à elle seule représente plus encore que si tu m'avais dit je t'aime. Tu recules un peu et je te suis, n'ayant pas particulièrement envie de tomber dans le vide de toute manière. Évidemment que j'le suis. Je ris un peu. La vérité, c'est que pour plusieurs, je ne suis qu'une blondasse sans cervelle qui se sert de son corps pour arriver à ses fins et qui a trois mecs parce qu'elle est une trainée. La réalité est toute autre évidemment, mais si je me fiche de l'opinion des gens, la tienne est très importante pour moi. Et toi, t'es le plus grand mystère dans ma vie.

En façade, elle pouvait paraître tellement sûr d’elle. Comme si peu de choses pouvaient l’atteindre. Alors que la vérité, était légèrement différente. Reculant jusqu’à prendre appuie contre l’avant de sa voiture, l’homme mettait ses mains dans les poches de sa veste. Le plus grand mystère de sa vie. A son tour de rire. Opalines illuminées par des éclats argentés. « C’est à dire ? »

Je te suis, m'installant debout entre tes jambes alors que tu prends appuis sur le capot de ta voiture. Chaque fois que j'ai l'impression d'enfin savoir qui tu es, tu me surprends avec quelque chose de nouveau. J'hausse les épaules, posant une main sur ton épaule, y retirant des mousses imaginaires. Puis.. chaque fois que j'ai l'impression que t'es détaché, limite blasé de moi, de nous... tu me prouves le contraire en m'faisant tomber encore plus fort pour toi. Je croise à nouveau ton regard, un petit sourire mal assuré sur les lèvres. Tu m'rends nerveuse Reilly, tu peux l'croire ça?

Silhouette se glissant entre ses jambes. Attentivement, il écoutait sa réponse. Mignonne. C’est la pensée qui le traversait lorsqu’elle faisait semblant de retirer une poussière invisible. Retirant ses mains de sa veste, il les laissaient s’immiscer dans les poches arrières du jean de la blonde. Puis, dans un tendre mouvement, il la pressait un peu plus contre lui. Dans ses mots, Kris le dépeignait comme étant une personne imprévisible. C’est ce qu’il laissait paraître ? Touché par la fin de sa phrase, son pulsant faisait un soubresaut dans sa poitrine. «  C’mieux, non ? » Choisis bien tes mots. « Que j’te surprenne. » S’il était trop prévisible, elle finirait par s’ennuyer.

Tes mains qui se glissent dans mes poches arrières pour me rapprocher d'avantage, j'esquisse un petit sourire. J'ai l'impression qu'on est un de ces couples au lycée qui traine dans le stationnement sur l'heure du diner, le genre de couple qui est envié de tous évidemment. Oui et non? Je lâche un petit rire. J'aime quand tu me surprends, mais j'aime pas cette impression qui revient constamment que t'en a rien à foutre de moi, que tu regrettes tout ça.. Et j'sais pas pourquoi j'ai aussi peur avec toi. Ça m'le fait pas avec Dax, ni avec Jeremy d'ailleurs.. Après, mes trois relations sont complètement différentes et vous êtes aussi trois mecs complètement différents alors j'peux pas espérer avoir trois relations identiques.. Non pas que c'est ce que je voudrais, au contraire.

Bercé uniquement par le balancement des arbres dû au vent et le clapotis de l’eau, ils donnaient l’impression d’être dans une bulle spatio-temporelle. Hors du temps. S’ouvrant à lui, elle en disait un peu plus sur son ressentie. Sur ce qu’il lui faisait parfois éprouver. Dans son comportement. « Si c’était l’cas, t’crois vraiment qu’je serais la ? Avec toi ? » Retirant une de ses mains, il venait capturer une de ses mèches. « J’regrette rien Kris. »

Je secoue lentement la tête alors que tu captures une de mes mèches. Je sais que tu ne regrettes pas Rylan.. mais mes insécurités sont loin d'être rationnelles.. Et c'est normal après tout, non? Parce que les pires craintes et insécurités sont souvent issues de sentiments plus profond encore. Peur de l'abandon.

Est-ce qu’elles l’étaient de toute façon ? Est-ce qu’une insécurité avait quelque chose de rationnelles ? Non. Laissant la mèche filer entre ses doigts, il laissait ses prunelles observer les traits de son visage. Chaque détails, lui apparaissait différemment. D’apparence, elle avait toujours donnée l’impression d’être solaire. Joyeuse. Mais dans le fond de ses iris jusqu’à la commissure de ses lèvres, il pouvait y lire une solitude. « Laisse les de côté. » Vraiment ? Est-ce qu’il pouvait lui assurer d’être parfait dans leur relation ? Alors que lui-même était cassé ? D’une certaine façon. « Avec moi. » Voix porté par le murmure du vent.  

Laisse les de côté. Comme si c'était aussi simple à faire que ça ne pouvait l'être de le dire. Je cherche ton regard, attendant la suite. Avec moi. Mon coeur manque un battement. Qu'est-ce que tu veux dire avec toi? Pause silencieuse. Tu veux qu'on laisse nos craintes de côté tous les deux? C'est ce que tu essaies de dire Rylan? Parce que j'suis pas certaine de comprendre et, si c'est vraiment ça, j'suis un peu surprise d'autant de sensibilité de ta part.

Pupilles incertaines. Elle fouillait son regard comme si elle était incapable de déterminer s’il était sérieux ou non. Lui-même se surprenait. En s’ouvrant ? Glissant ses mains jusqu’aux siennes, il les emprisonnait de chaque côté. Mouvement de balancier. « Quelque chose comme ça. Soudainement nerveux, il faisait pourtant en sorte de ne pas le montrer. De rester impassible. Néanmoins, ses prunelles trahissaient ses émotions. Reflet transpercé par les rayons lunaires.

Je te fixe un long moment sans rien dire, analysant ton regard, ton expression, ta position et ton non verbal. Ce que tu me proposes me semble être un plus grand engagement encore que celui d'être mon petit ami. Laisser derrière nos craintes n'est pas chose facile et s'accompagner là-dedans représente une étape énorme à mes yeux. Un petit sourire fini par étirer mes pulpeuses et je viens t'embrasser tendrement. Ensemble. que je répète, faisant écho à notre promesse précédente.

Gamine silencieuse. Le temps s’écoulait avec lenteur. Mêler aux éléments, il semblait s’éterniser. Souffle suspendu. Accroché à son regard, il attendait. Lorsqu’enfin, un sourire illuminait son ovale. Liberation. Avant même qu’il ne puisse réaliser, les lèvres de la blonde entrait en contact avec les siennes. Douceur. Se perdant dans cette étreinte, Rylan se laissait aller. Ensemble. L’impression d’être de retour au lycée, il pouvait sentir son abdomen se contracter. « Oui. » Son chuchotement de perdait dans la nuit, alors que ses pulpeuses se frayaient un nouveau chemin jusqu’à ses lèvres. Approfondissant le baiser, sa serpentine caressait se mêlait à la sienne avec douceur. Sans bestialité. Encore une première pour lui. Puis, mettant un terme à leur baiser, il laissait son visage se perdre dans son cou. « Reste avec moi cette nuit. » Les mots étaient sortis tout seul. Apprenant à être moins fermé, il livrait à voix haute son désir. Une chose qu’il avait remarqué avec elle, c’était la diminution des cauchemars. Encore un cliché auquel il n’aurait certainement jamais cru. Pourtant, c’était le cas.