Tu m'embrasses à ton tour et j'ai l'impression d'plus avoir les pieds au sol. Parce que je flotte sur ce petit nuage, qu'on est tous les deux dans une bulle impossible à percer. T'es à moi et moi à toi. Ensemble, on s'engage à laisser derrière nos craintes et nos peurs. Lorsque tu me demandes de passer la nuit avec toi, mon coeur décuple de taille. Je frissonne face à ces baisers dans mon cou, resserrant mon étreinte autour de toi. Avec plaisir... t'as même pas à m'le demander. Parce que j'en meurs d'envie, mais aussi parce que c'est une évidence pour moi après une soirée comme celle-là. Tu t'ouvres si rarement, hors de question que je te laisse filer. Je t'aime Rylan.

Même en ayant le souffle plus calme, son cœur continuait de tambouriné contre sa poitrine. Encore plus lorsqu’il entendait ses mots. C’était pas la première qu’elle le lui disait, mais à chaque fois, elle provoquait le même effet de surprise. Elle avait pris cette place qu’il ne cédait jamais. Égoïste, il s’était toujours fait passé avant les autres, mais les choses avaient évolués . Pourtant, il était incapable de prononcer les trois petits mots. Ceux qui pouvaient tout changer. Se décollant d’elle, le blond croisait ses azurs, avant de déposer un baiser sur son front. Emplis de toute la tendresse dont il était capable. Gardant ses mains dans les siennes, Rylan la forçait à reculer pour quitter le pare choc de la voiture. « Chez moi ou t’préfères chez toi ? »

J'peux pas dire que je sens ton coeur qui bat, mais presque. C'est peut-être juste une idée que j'me fais aussi, va savoir. Mais j'ai l'impression qu'il va sortir de ta poitrine pour rejoindre le miens. Ou alors c'est l'inverse? qui sait... Chez toi, j'ai envie de faire changement. Petit sourire. J'ai aussi envie d'te donner une chance d'être dans tes affaires, ton monde. Puis j'ai encore jamais partagé ton lit...

Chez lui. L’image de sa silhouette endormie dans son lit, traverse son imagination. Capturant ses lèvres une dernière fois, il la laissait regagner la voiture.

***

Cris retentissant. Paupières closes agitées. Les souvenirs se mêlent dans un imbroglio incompréhensible. Parasitant sa conscience. Investissant corps immobile, les soubresaut se faisaient de plus en plus fort. Visages émaciés. Pareil à la réalité, les tirs se faisaient réels. Percutant. Ombre hantant ses songes, sa silhouette lui apparaissait. D’abord flou, elle finissait par lui se définir entièrement. Jared. Contrairement à la réalité, c’est dans ses bras qu’il mourrait. N’était-ce pas la le poids des absents ? Murmure indistinct.

Je dors paisiblement lorsque je me réveille d'un seul coup en t'entendant et en te voyant dans cet état. J'suis surprise sur le coup, presque certaine que tu es réveillé jusqu'à comprendre que ce n'est pas le cas. On dit qu'il ne faut pas réveiller les gens comme ça, mais j'suis prise au dépourvu et mon coeur se brise de te voir aussi agité. Je prends tes mains dans les miennes. Rylan... Rylan bébé réveille-toi.. tout va bien...j'suis là.

Rylan. Les lèvres de son frère s’entrouvraient pour formuler son prénom. Sauf que ce n’était pas sa voix. Incomprehension. De terreur, des prunelles s’écartaient. Le tirant ainsi, du sable désertique. Visage imprégné sur sa rétine. Il ne voyait pas tout de suite la blonde. Il ne l’a voyait pas maintenir ses mains. Tentant de se libérer par l’oppression, il finissait par arracher ses mains comme on le lui avait enseigné. Repoussant la blonde sur le côté, il finissait par se redresser dans le lit.Air goulûment avalé. Les images s’estompaient définitivement pour laisser place à sa chambre. Baigné par l’obscurité. Le souffle court, l’homme laissait son pulsant se calmer. Et c’est seulement après, qu’il se souvenait ne pas être seul. Lentement, il se tournait vers elle, Rylan saisissait l’horreur de la situation. « J’suis .. » Voix rauque. « désolé bébé »

Tu sembles loin dans ton rêve, ou plutôt cauchemar et, lorsque tu me repousses, je sursaute. Déjà parce que cette manoeuvre est impressionnante, mais qu'en prime tu la fais littéralement en dormant. Tombant sur le lit à côté de toi, je te dévisage en espérant que tu ne te blesses pas. Lorsque tu sembles enfin revenir à toi-même, je suis là, le haut du corps redressé alors que je me tiens sur mes coudes. Je te fixe en silence, sourcils froncés, mais sans jugement, juste de la tristesse. Ça va...? que je demande d'une toute petite voix.

Juste des cauchemars. La frontière entre eux et un stress post-traumatique était tellement fine, que souvent, il avait peur de basculer définitivement. Pellicules de sueurs sur sa peau blême. Prisonnier de la noirceur de la pièce, l’encre de ses tatouages ressortaient. Kris. Vide, ses billes bleutées s’abattaient sur la blonde. Assis à moitié sur le sol, la question traversait ses lèvres. « C’est à moi d’te demander ça. » La voix enrouée, il se raclait la gorge. Puis, se rapprochant du bord, il attrapait une de ses mains pour qu’elle le rejoigne sur le lit. L’estomac tordu par l’inquiétude mêlé à de la honte, il évitait de trop croiser son regard.

Fidèle à toi même, tu me retournes la question plutôt que d'y répondre. Je ferme brièvement les yeux et pousse un petit soupir avant de les rouvrir et d'accepter ta main pour grimper à nouveau sur le matelas. Désormais à genoux devant toi, je tente de plonger mon regard dans le tient malgré la pénombre. Tu veux en parler..? Je sais que la réponse sera non, mais j'dois quand même demander. Parce que j'suis là pour toi. J'suis inquiète, c'est évident, mais j'compte pas me défiler face à ça.

A genoux devant lui, sa chevelure ondulée tombait en cascade autour de son ovale. Intimidé d’avoir été surpris dans cette position, Rylan tentait pourtant de se montrer détaché. Ridicule cliché. C’était en tout cas, ce qu’il avait l’impression d’être.  En parler ? Question normal. Si sa première réaction aurait été de lui dire que ce n’était rien, il finissait tout de même par se raviser. « C’est rien. » Glissant sa paume sur le dos de la main gauche de la jeune femme, il s’imprégnait dès la sécurité de ce contact. «  C’juste.. » Hesitant. « ...rien d’important. »

Je continus de te regarder en sachant pertinemment que tu mens. C'est pas rien... et c'est pas sans importance Rylan. Je retourne ma main pour prendre la tienne, mon pouce glissant sur le dessus de tes jointures. Tu t'souviens ce qu'on a dit tout à l'heure...? Ensemble. Ne plus avoir peur, affronter nos démons. Et ça en fait parti pour toi Rylan, non? Je m'assois sur mes pieds. Après.... après la mort de mes parents il m'est arrivé souvent de faire des cauchemars. Certain étaient si vivide que je me réveillais en pleurant parce qu'ils n'étaient pas réellement là...

Pas sans importance. N’importe qui aurait franchit cette barrière avec lui, se serait vu confronté à un refus, mais pas elle. Avec elle, il se sentait presque mis à nue. Faible. Les prunelles acier, Rylan se forçait à soutenir son regard. Pouce sur ses jointure. Son seul contact, avait réussit à apaiser les battements affolés de son pulsant. « Ensemble. » Le murmure presque indistinct de leur mantra, emplissait l’atmosphère. Se replaçant, la jeune femme se livrait une fois de plus. En quelques heures. La voir ainsi s’ouvrir, lui faisait momentanément oublié ses propres démons. Le prenant au dépourvu, elle lui avouait avoir -elle aussi- vécu ce genre de phénomène. Cauchemars se confondant avec la réalité. Kris aussi, était marqué par la perte. Une blessure qui -mème enfouie- restait toujours présente. Leur main liée, il pressait la sienne comme pour lui signifier son soutient. « Comment t’as faits ? » Déglutissant. « Pour les faire taire ? »

Ensemble. J'esquisse un faible sourire, m'ouvrant ensuite à toi. Naturellement, sans même y penser à deux fois. Ces mots que je n'ai jamais prononcés à voix haute, ces confessions que je n'aurais probablement même pas servies à un psy. À toi, je les dis sans contrainte. À ta question, je baisse les yeux avec un sourire vague sur les lèvres. J'bois.. alors ouais, tu l'comprends bien, c'est encore le cas.

J’bois. Englouti par la nuit, les prunelles de la blonde de dérobaient à lui. Face à ses paroles, Rylan restait muet. Temps qui s’écoule. Au puzzle s’ajoutait une nouvelle pièce. On buvait tous pour quelque chose : s’amuser , se sentir confiant, mais bien souvent, lorsque l’alcool devenait quotidien, c’était pour combler un manque. Un vide qui ne cesse de s’accroître. Du moins, pour Kris c’était sans doute le cas. Mauvaise décision. Mais qui pouvait la juger ? Le blond ne pouvait que trop la comprendre. Bruissement. Coinçant le menton de la jeune femme entre ses doigts, l’homme la forçait à lui faire face. A ne pas avoir honte. «  Pour l’instant. » Confiance en ses mots, il avait suffisamment vu des gars ce détruire dans l’alcool pour échapper aux souvenirs, mais à la fin ... A la fin, ça ne suffisait plus. Rylan n’était pas un sauveur. Lui-même avait du mal à tenir sur la corde. Néanmoins, il ferait en sorte de l’aider, parce que Kris méritait cette peine.

Tes doigts attrapent mon menton, impossible d'y échapper. Je relève ce dernier à contre-coeur, croisant ton regard dans la pénombre, le soutenait difficilement. Pour l’instant. Je fronce les sourcils, pas certaine de comprendre. J'ai pas besoin qu'on me sauve Rylan... Puis pourquoi est-ce que cette discussion est à propos de moi aussi, n'est-ce pas toi qui vient de s'éveiller d'un cauchemar? Parle moi bébé... c'est de toi dont il est question là. Qu'on lâche un peu mon cas et que tu ne te donnes pas la mission d'faire de moi une personne meilleure. J'ai pas besoin que tu sois mon héros, juste qu'on avance ensemble.