Le monde tourne, dans sa tête également. C'est une stupidité ce qu'il a fait mais cela fait un bien fou d'en commettre de temps en temps. Il ne bouge pas, front reposant sur son avant bras. Il sent les brins d'herbes chatouiller son visage. Il l'entend quand elle lui demande s'il va bien. Il ne répond pas. Il ne bouge même pas, respirant à peine. Probablement, non même certainement qu'il a voulu faire le malin. Il continue même d'emprunter ce chemin. Un sourire s'esquisse sur ses lèvres mais elle ne peut le voir vu comme il se tient. Il donne l'air d'être inconscient. Depuis leur rencontre, ça doit être la première fois qu'il y a un tel silence, qu'il ne répond pas, que ce soit sérieusement, ou simplement amusé. Son nez picote. Il a envie d'éternuer. Il prend sur lui, bougeant à peine pour éloigner la brindille qui le chatouille. Il se pince les lèvres. Ses paupières ne se rouvrent pas. S'il s'amuse, il se sent également bien en même temps. Des moments comme celui-ci, il en a eu peu durant ses voyages. Enfin, ils étaient plutôt solitaires ou accompagnés par ses parents. Les partager avec des connaissances, voire des amis, c'est quelque chose de plus rare chez lui. Alors il profite, ne songeant plus que son manque de réaction peut l'amener à s'inquiéter.

En te voyant, je commence à m’inquiéter un petit peu. Je ne sais pas vraiment ce que tu as fichu pour perdre l’équilibre et pour être dans cet état, mais je parierais pour une idée qui me trotte en tête Philip ? Qu’est-ce que t’as fais pour finir à terre ? T’es sûre que çà va ? et je commence un petit peu à paniquer parce que tu ne me réponds pas. Mes plaisanteries ne fonctionnent plus, elles laissent place à une inquiétude que je ne me connais pas. Me mordant la lèvre, je m’approche de toi, je passe ma main sur ton dos, et une autre sur son bras. Je ne sais pas quoi faire. J’avoue que je n’ai jamais vécu une situation pareille et je ne sais quoi faire dans ces moments-là. Je serais vraiment une piètre infirmière, et fort heureusement, je n’ai pas décidé de prendre cette voix. Front plissé, les yeux qui cherchent à faire quelque chose, à voir si çà va mais je vois que tu respires. Je prends une grande respiration, déjà soulagée que tu respires Philip… ma voix est trouble, je n’aime pas ce fichu silence. je finir par mourir d’inquiétude que je lâche sans trop comprendre pourquoi je viens tout juste de sortir çà.

Il va bien, qu'elle ne s'en fasse pas. C'est bien de le penser, ça serait encore mieux de l'avouer. Leurs rires ne se perdent plus dans l'air environnant. D'un côté c'est un silence paisible, une concentration sur lui et des pensées qui se perdent entre présent et passé. De l'autre, l'inquiétude semble grignoter de la place. Il sent une main dans son dos. Il réprime un frisson. Seulement quelques secondes s'écoulent. Elles sont courtes pour lui, mais cela lui semble peut-être à elle une éternité. Quand elle murmure pour la énième fois son prénom, cela semble comme le sortir de la torpeur dans laquelle il s'est plongé. A l'intonation de sa voix, il comprend qu'elle est vraiment inquiète. Tout de même pas au point de mourir d'inquiétude comme elle vient de l'affirmer ? Il se décide enfin à pivoter doucement pour se mettre sur le dos, évitant tout mouvement brusque au cas où sa tête tournerait encore. Il se décide enfin à ouvrir les yeux, les plissant légèrement pour se réhabituer à la lumière. ça va, t'inquiète souffle-t-il en plongeant son regard dans le sien. Enfin une phrase rassurante. Il se permet même de sourire légèrement, pour confirmer ses dires. Après le grand malade, sans doute qu'il va passer au statut d'abruti.

Regarde inquiet, tu ne vois pas toute l’inquiétude qui prend place sur mon visage. Des questions auxquelles tu ne réponds pas, et çà m’angoisse davantage. Je vois que tu respires et c’est déjà bon signe, mais il n’y a aucune parole, seulement le silence qui nous dévore. Ma main sur ton dos, l’autre sur ton épaule, je tente de te secouer un tout petit peu, pour ne pas te brusquer mais tu ne bouges. Pas un seul muscle bouge. Très étrange. Je retire ma main de ton épaule, la passe sur mon visage et fini par la mettre dans ma chevelure couleur soleil. j’abuse, comme à mon habitude, des mots que j’emploie. Toujours à faire ce genre de chose mais quand bien même ne suis-je pas en train de mourir d’inquiétude, je m’inquiète beaucoup plus que je ne l’aurais pensé. Tu finis par bouger, tes billes se plantent dans les miennes et je me sens déjà un peu mieux. Comme si j’avais retenu ma respiration pendant tout ce temps, je récupère un peu d’air, mes poumons retrouvant leur liberté. t’es sûr ? Tu veux qu’on rentre ? te demande-je, sincère. tu m’as fais peur !

Ses prunelles toujours dans les siennes, il relève un peu la tête. Là, il constate que plus rien ne tourne. Alors il se laisse retomber dans l'herbe, pour aussitôt se redresser un peu pour s'appuyer sur ses avant bras. ça serait une bonne idée de rentrer en effet. Non pas que sa compagnie lui déplaise, c'est même tout le contraire. Mais autant garder en souvenir ce moment, avec la chaleur des rayons du soleil plutôt que de trop traîner et d'attendre que l'humidité et la fraîcheur reviennent. C'est ceci qu'ils retiendront s'ils ne font pas attention. Sorry si j't'ai fait peur. C'était pas prévu. En tout cas, ce n'était pas son intention première même s'il a trainé sur la durée pour se décider à bouger. Il bouge de nouveau, s'asseyant dans l'herbe cette fois. Et là, l'air de rien, comme s'il n'a pas fait le con juste avant, il tend sa main dans sa direction. Tu m'aides à m'relever ou j'dois me débrouiller ? Cela ne l'étonnerait même pas qu'elle tape dans sa main en l'envoyant promener. Ni même qu'elle ne l'attende pas avant de rebrousser chemin. Il se dit qu'elle peut tenter, il la rattrapera et il réussira bien à la dérider durant le trajet retour jusqu'en ville.

Toujours cette inquiétude sur le visage, je constate que tu commences à aller mieux. Je ne comprends pas encore ce qu’il s’est passé, t’es pas encore bien revenir sur terre visiblement mais je reste près de toi, ne voulant pas que tu te remettes à piquer du nez. Petite grimace quand tu me dis que c’est une bonne idée de rentrer, mais je comprends tout à fait et puis, tu dois être fatigué après cette malheureuse chute. oui, j’imagine que c’est mieux, et puis je pense qu’il faut que tu te reposes un peu. je n’ai pas envie que tu fasses un tour à l’hôpital ou je ne sais où par ma faute. Haussement d’épaules, j’imagine bien que ce n’était pas prévu, sinon, ce serai tout de même fort de ta part encore heureux ! que je m’exclame, laissant échapper un petit rire. Je secoue la tête et te tends la main pour t’aider à te relever. Mais d’abord, petite farce, je te tape dans la main, et te laisse en plan, avant de revenir, pouffant de rire et t’aider réellement refais plus jamais çà tu veux ! siffle-je, gamine insolante. je vais te ramener, j’ai pas envie que tu finisses par t’écrouler belle au bois dormant… petite plaisanterie, et nous voilà partis pour la ville.