La tête me tourne, rien à voir avec l'alcool ou les lumières. C'est toi, tout toi, rien que toi. Parce que j'vois rien d'autre de toute manière. Quand mes lèvres percutent les tiennes c'est comme la bombe d'Hiroshima à l'intérieur et quand ta langue trouve sa jumelle dans ma bouche, j'me sens tanguer comme si le Kraken avait décidé d'prendre possession du navire. Je l'ai déjà dit, pire que toutes les drogues et le buzz qui va avec aussi, d'ailleurs. Tu m'attrapes par les hanches, nos ventres l'un contre l'autre, mes deux mains qui encadrent ton visage, mes doigts dans tes cheveux blonds. J'sais pas si on danse encore ou si on ne fait que valser un peu de gauche à droite, d'toute manière personne en a quoi que ce soit à foutre ici. Il y a trop de corps sur la piste de danse pour danser correctement et suffisamment pour pouvoir se laisser porter. Le baiser se poursuit un moment encore comme ça avant que ma conscience ne refasse surface pour prendre son air. Mes doigts se referment sur ta nuque et tire ton visage vers l'arrière alors que mon corps fait aussi un pas dans l'autre sens. Je te dévisage, mais j'ai pas les mots. Me demande pas de m'expliquer Sasha, s'teplait. Tu sais qu'on devrait pas faire ça, pourquoi tu m'fais ça?

Ni le sol, ni le ciel ne tiennent. Tout fout le camp, tout vire à l'envers quand ses lèvres te font chuter dans les tréfonds de l'enfer jusqu'ici miraculeusement évités. Les mauvaises habitudes qui reviennent trop vites, comme si ça datait d'hier. Tes mains qui s'accrochent possessivement à son bassin. Comme s'il avait jamais été tiens. C'est si naturel que ça fait mal et pourtant tu retombes tête première, les yeux fermés, la bouche offerte. Et si c'était juste un ? Non, ce ne sera pas qu'un ce soir. Et si ce n'est qu'un soir ? Bordel comme c'est beau le déni. C'est même pas fini et t'en veux encore, t'en veux plus, t'en veux jusqu'à plus avoir faim et tu sais pas, si t'aurais plus faim d'elle un jour. Si dans ce lit où vous allez définitivement terminer la soirée, tu tomberas pas de fatigue, la faim d'elle jamais vraiment assouvie. T'en sais rien. Mais t'as la terrible impression d'un puis sans fond, que même après avoir appris son corps par coeur, tu pourras jamais vraiment t'en lasser. Comme tu ne te lasses pas de ses arcs-en-ciels là. Vous êtes là, vous êtes personne et pourtant vous êtes tellement vous, tellement l'essence de ce que vous avez toujours été. Est-ce le bon moment pour lui soufflé que t'as un fiancé, est-ce qu'elle le sait ? Son goût reste cruellement sur tes lèvres quand elle te quitte, mais pas assez, pas assez parce que tu voudrais t'y noyer. T'es à bout de souffle et pourtant, t'es plus certaine de vouloir encore respirer, ça semble pas important juste là, si ton air tu ne le partages pas avec ses poumons à elle. Tu la réembrasserais, tu la remontrais sur le bar rien, à foutre, mais t'oses pas. Tu préfères souffrir, Sasha, t'as toujours préféré souffrir. Ou essayer de te convaincre que tu dormais sur le canapé. Pas contre elle. Parce que si tu dors contre elle, tu sais que tu pourras jamais t'en remettre, que tu pourras jamais l'oublier (arrête de te mentir, c'est déjà le cas, c'est déjà trop tard pour ça)

« Shots ? » Que tu proposes, pour effacer à l'alcool les traces de votre crime. Puis le refaire. Puis réeffacer, jusqu'à être damnées. Oh wait. C'est pas déjà fait ça ?

J'te dévisage pour pas laisser la chance même à mon faciès de démontrer quoi que ce soit d'autre que de la surprise et du déni face à notre relation et cette situation. J'ai adoré t'embrasser, hell, j'veux plus goûter quoi que ce soit si ça n'a pas le goût de toi, mais tu l'sais comme moi qu'on devrait pas faire ça. Alors quand tu proposes des shots? Je te lâche et souris comme une ado. Sure! Bonne idée, l'échappatoire parfait. Et si j'ai de la chance, j'finirai peut-être malade comme un chien et incapable de faire quoi que ce soit que je regretterais. Oh... mais il est trop tard pour ça? Fuck. J'pars la première vers le bar, attrapant malgré moi ta main pour pas qu'on s'perde dans la foule et tes doigts me brûle agréablement la peau. Oh Sasha....

T'essayes déjà d'oublier ce baiser qui te retournes encore le ventre. C'est pourtant pas dans le fond de ses yeux que tu vas y arriver. Kris part déjà vers le bar, la bonne idée, comme si t'avais besoin de plus t'enfoncer. Parce que tu sais qu'il y aura un taux d'alcoolémie où tu ne pourras plus la lâcher. Est-ce que c'est pas déjà, un peu le cas ? Adolescente aux humeurs et aux pensées compliquées, qui à ses doigts enroulés aux siens. Les joues encore rosées, les pas un peu emmêlés quand tu la suis jusqu'au bar. Ta main libre qui va replacer sa crinière quand tu te poses encore près, trop près d'elle. T'as juste envie de la serrer contre toi. De ne plus la lâcher. Tu savais pas avant ce soir, à quel point elle t'avais manqué. À quel point elle avait jamais été comme les autres, Kris, et qu'elle ne le serait jamais. C'était justement ce qui était perturbant. Mais, toi, t'étais comme toutes les autres, pas vrai ? Vague de nostalgie, de tristesse, de regret, tes doigts qui se resserrent aux siens.

« What are we drinking now ? Aren't you tired of whisky ? » Tes yeux glissent de nouveau sur ses lèvres après ta question. T'aimes bien le whisky toi. Mais c'est encore meilleur sur ses lèvres à elle. Tu te damnerais pour ça. Tu t'es déjà damnée. Et ça te terrifies, de te dire que si t'y avais pas droit maintenant. T'y aurais encore moins le droit après ton mariage dont elle ne viendrait pas te sauver. Et dont t'aurais sans doutes jamais le courage de te sauver toi-même.

Le bar semble loin et trop près à la fois. Parce que ça m'donnait une bonne raison d'garder ta main dans la mienne, parce que j'ai hâte de la lâcher aussi. Pourtant j'en fais rien, j'la garde là tout comme toi tu restes trop près d'moi. Qu'est-ce qu'on boit? J'parle avant de réfléchir, pour faire changement. Tequila. Pour les body shot que j'ai regretté plus tôt. J'préfère encore regretter d'avoir fait quelque chose que de passer à m'demander « et si »... c'est peut-être pour ça aussi que je repousse l'inévitable sans vraiment chercher à l'éviter. Je passe commande et me retourne à nouveau pour te regarder. Tes yeux, tes lèvres, ton visage en entier. Why did you come back? Parce que j'dois savoir. Parce que j'comprends pas. Parce qu'une part de moi veut entendre "pour toi".

Tequila. Tu souris même si tu sais que ça va mal terminé. Mais tu le savais dès que tu l'as narguée, de lâcher ses petits amis et de venir te retrouver. Tu savais et pourtant t'as plongé dedans sans la moindre hésitation. Tu t'es dis plusieurs fois que c'était pas une bonne idée, mais tu l'as fait et tu le referais encore. Tu referais tout, tu revivrais tout de ce que vous avez vécu ensemble. Pour y regoûter une deuxième fois. Repasser chacun des maux de ventres qu'elle t'a donnés. « Tequila it is !» Que t'aquiesces en rigolant doucement, tes yeux qui se plissent, ton sourire qui s'étire, ta tête qu'elle fait tourner, ton corps qui tangue vers le sien. Puis la question sérieuse vient et tu te perds dans ses yeux, comme si c'est là que t'allais y trouver la réponse. C'est plus très important, pourquoi t'es revenue. Le plus grave, c'est que dans le fond de ses yeux, pour l'une des rares fois, tu ne le regrettes pas. Ça t'es pas arrivé souvent ça. Qu'avec ta cousine, en fait, la précieuse enfant qui visiteras ton High School bien trop tôt pour son bien. Bien entendu que tu vas lui faire une réponse de politicienne, avec ton sourire de gentille requine, plus charmeuse que féroce désormais. How the tables have turned.

« Many reasons. I was thinking about it since I broke up with Lenny. But you know. I had my dream, my friends and kind of a girlfriend in New York. But not really. It was complicated. How can it be simple, you know ? » Tu réalises que tu parles trop, t'ouvres trop, que c'est trop naturel de lui raconter ta vie, comme ça, sans avoir peur de te faire juger. Tu racles quand même ta gorge et changeant ta frange de côté, nerveusement. « I left very young to follow my dream. And I was scared of everything I was missing back home. It's my dad's stroke that definately forced me to come back. Even with all the work in the world, I might have never have made it in the music industry. But at least I won't miss out any moments with them. It's so complicated. I wish I didn't had a choice to make. It's still killing me... you know ? » Aoutch. Oui. Non. T'as trop parlé. Les shots arrivent et c'est pas trop tôt. T'as besoin de noyer tout ça. Tout ce qu'elle a fait remonter à la surface.

J'sais pas pourquoi j'ai posé cette question. Peut-être parce que moi j'rêve de partir et j'peux pas alors que tu t'es revenu et que j'comprends juste pas. Tu commences à m'expliquer et j'entends que la moitié de c'que tu m'dis, la faute à cette musique assourdissante et mon coeur qui m'défonce les tympans juste parce qu'il entend ta voix pour plus de deux mots d'affilé. Pourtant, j'manque pas "girlfriend" qui me fait hausser les sourcils. J'dis rien, parce que j'veux pas que tu saches que j'suis blessé. J'ai pas l'droit de l'être. J'étais juste un secret pour toi, aussi bien m'faire à l'idée. Puis tu parles de ton père et là j'comprends. Parce que si j'pouvais passer dix minutes de plus avec mes parents, moi aussi je laisserais New York derrière en clignant des yeux. Alors je hoche la tête avec de la compassion dans mes yeux et reprends des couleurs alors que nos shots arrivent. J'attrape la salière et un quartier de lime et viens repousser tes cheveux de ton cou. Mon regard croise le tient, tu sais c'que j'vais faire, pas vrai? Je me penche, lèche la peau terriblement lentement et y soupoudre ensuite le sel. Lorsque je me recule, je place la lime entre tes lèvres et te lance un sourire carnassier. J'ai envie de venir y croquer avant même de boire. Pourtant j'fais le rituel de A à Z, prenant le shot dans une main avant de revenir lécher ta peau tout aussi sensuellement. Je bois et me jette sur tes lèvres avant de pouvoir me dégonfler.

C'est presque échappatoire de crier tes états d'âme sur la musique. De faire des phrases trop longues et de devoir être près d'elle pour les faire. Kris est plus brillante, répond d'un hochement de tête. Toi, t'es de ses petites connes qui s'entêtent à avoir une conversation dans le fond du bar, même quand la musique est trop forte pour le bien de tout le monde. Les shots enfin arrivés, ça tombe bien pour te faire tout oublier. Parce que Kris et trop hot pour ton bien. Elle se penche, sa langue contre ta gorge, ton corps qui s'étire, qui lui offre ta gorge, tes mains qui se tiennent à elle, les yeux qui se ferment un peu. La lime dans ta bouche. Allez Kris, bouffes-moi. Un shot dans sa gueule, sa langue dans ton cou, nouveau frisson, la lime qui fout un peu le camp quand elle fonce sur tes lèvres. Trop chaud au ventre, ton coeur qui bats là où il devrait pas. Quand tu l'attrapes, tes mains derrière sa tête, ton dos qui retrouve le bar quand tu la presses contre toi. Plus envie de la lâcher, ni ce soir, ni jamais. Et il vous reste trois shots qui dorment sur le comptoir. Pa d'eux que t'as envie là. De personne d'autres en fait. Juste d'elle, partout sur toi, partout en toi. Qu'elle vire ton mode à l'envers comme elle sait le faire. Est-ce qu'elle sait à quel point t'as envie d'elle ?

Pendant un instant j'me demande si t'as pas volontairement laissé tomber la lime pour pouvoir m'embrasser à ta guise. Ça ne me surprendrait pas et, au fond, est-ce que ça me dérange vraiment? Oui. Non. Tu sais très bien Sasha. Tes mains derrière ma nuque m'empêche de m'échapper et pourtant, c'est ton corps qui est coincé. Je pose mes mains sur les tiennes, mais ne les retire pas de leur position pour autant. J'approfondis le baiser et vient te mordiller une lèvre au passage, le feu au ventre et les sens engourdis.

Elle te fait perdre la tête. C'est pas la première et probablement pas la dernière fois que tu te damnes pour ses lèvres. Ce sera pas la première fois que vous vous explosez le coeur non plus. Sauf que t'y penses pas là. Contre sa bouche, y'a plus rien qui compte, t'as la cruelle impression d'avoir enfin retrouvé ta place. Comme on lâche un long soupire en posant ses valises à la maison après un long voyage, de ceux rocambolesques. Et toi, t'as même plus envie de revenir à Edenton. Tu resterais juste là, pressée contre le bar, pressé contre elle. À prolonger le baiser jusqu'à t'y perdre et ne jamais te retrouver. Dans sa bouche, tout devient possible. Et tu sais que ça va s'empirer. T'as les joues trop rouges et le coeur trop chaud pour que ce soit pas le cas. Et quand vous vous séparez parce qu'un jour, il faudrait bien respirer et revenir à cette réalité, même si c'était que de toi, tu te laisserais suffoquer. Quand elle se sépare, tu demandes, tu chiales, tu supplies : « Again... »

Faut qu'on remonte pour de l'air à un moment ou un autre parce que t'as beau être un sirène Sasha, t'es plutôt de celles avec des sers acérés et des ailes pour t'envoler loin de moi que de celles qu'on retrouve dans les histoires de Disney avec la queue de poisson et la brassière en coquillage. Hors d'haleine, j'te regarde le regard hagard et le coeur dans la gorge. « Again... » Je lâche un rire sonore, j'suis sur que tu l'entends malgré la musique et je viens récupérer la salière et un morceau de lime. Nah, it's your turn now. Et t'as pas intérêt d'le boire ailleurs que sur mon corps ce shot parce que j'vais gueuler.

La diablesse, elle va avoir ta peau, te l'arracher pour s'en faire un joli petit manteau. Et tu la laisserais faire. Parce qu'elle t'assassine et t'en redemande. Tu sais pas quel syndrome t'as, mais c'est pire que Stockholm. Et elle se fout de toi, juste comme ça. Te nargues parce que c'est ton tour. T'as un sourire en coin quand t'attrapes les instruments de torture en relevant ton regard vers elle.  « Okay then... » Ton tour. T'attrapes la salière avant de te pencher sur sa gorge. Tes lèvres qui frôlent la peau, de son épaule à son cou, cherchant l'endroit parfait pour y poser tes lèvres. Pour embrasser, aspirer sa peau, la rosir avant d'y repasser la langue, retirant ta bouche pour y couler le sel. Rabandonnant la salière sur le comptoir au profit de la lime que tu viens doucement positionner entre ses lèvres, puis du shot. Le cercle sur sa gorge que tu viens rougir encore en te penchant pour dévorer sa peau, le shot qui disparait entre tes lèvres et la lime que tu vas croquer entre les siennes, laissant le jus exploser dans ta bouche et couler sur ton menton, tirant ses hanches vers les tiennes avec tes mains. Bordel, plus tu bois, plus t'as envie d'elle. Tu sais juste pas quand, tu ne sauras plus te retenir. Peut-être que c'est déjà le cas. Parce que t'es incapable de la lâcher.

Tu mords à l'hameçon, bien évidemment. Tu te jettes dessus même, à croire que t'attendais que ça. Tu récupères les armes de la soirée et en un rien de temps, tes lèvres brûlantes ses posent contre la peau de mon cou et m'électrise. Je penche la tête pour te donner de l'espace et me mord la lèvre pour retenir un gémissement. Eh merde.. comment j'vais survivre à ça moi? Tu laisses couler le sel et on croirait presque j'ai une plaie ouverte. Tu lèches à nouveau et t'enfiler le shot avant de venir croquer dans la lime qui nous éclabousse toutes les deux. J'en ai plein les lèvres, mais j'm'en balance parce qu'en un rien de temps tu viens tout nettoyer. Et putain, j'pensais que les autres baisers étaient intenses.. c'est possible que l'intensité aille seulement en augmentant comme ça? Nos hanches sont plaquées ensemble et juste ça, j'sais que j'suis humide dans ma culotte. Sash... J'me force à te repousser un peu pour parler. Ma tête tourne, j'vois plus clair. J'veux prendre mon autre shot histoire d'oublier mes erreurs, mais j'veux aussi juste foutre le camp et t'baiser avant que mes vêtements prennent feu.

Vous avez beau cacher le flirt derrière un échange de shots, vous n'êtes plus à ça près et y'a peut-être juste vous deux pour le nier encore. Tout le monde dans ce bar qui a glissé l'oeil sur vous, à vous dévorer puis vous repoussées, sait comment ça va se terminer. Kris toujours trop brûlante et dangereuse pour ton bien. La petite lime entre vos lèvres qui sert trop à rien. Ses hanches que ça fait bien trop longtemps que t'as pas agrippés comme ça. Celles qui t'ont déjà donné trop chaud, cachées dans les vestiaires et pourtant t'y reviens comme un fantôme qui ne sait pas arrêter de te hanter. C'est pire quand de ton nom, elle refait un surnom dont elle se plaint. Et si elle se recule, tu la rattrapes, tu la laisses filer nulle part. Des trucs à lui avouer qui ne se disent que quand ils sont murmurés. « God... I fucking want you Kris... Godamn. » And you shouldnt. But well. Here we are.

J'essaie d'me reculer, de respirer, de trouver mon air alors que j'sais que j'devrais la prendre directement de ta bouche. Mais tu m'en empêches, tu m'retiens, parce que tu sais que c'est là que j'vais la trouver et toi la tienne contre mes lèvres. Aveux de désir qui me fait frissonner de la tête aux pieds, j'te regarde un moment comme Bambi devant des headlights et m'dis fuck it. Let's get the fuck out of here.