Depuis le début, la girouette c'est lui. Il provoque. Il attise. Il répond. Il frappe. Et finalement, il se rétracte. Juste car il est incapable de gérer le bordel qui se trouve dans sa tête. A croire que les émotions qui se trouvent au quartier général de son cerveau sont encore plus bordéliques que dans Inside out. Le pire, c'est que c'est l'autre qui s'excuse. Claque invisible. C'est pas toi Duncan.. C'est lui, qui n'a aucune explication. Lui qui ne comprend pas pourquoi il ressent un réel désir pour quelqu'un, pour la première fois en quasiment neuf ans. J'suis pas gay. Mais bien sûr. Et pendant ce temps là, la marmotte, elle plie le chocolat dans le papier aluminium. Il marque le coup. Aussi bien de cette vérité dont il tente de se convaincre que de cette pression physique toujours existante dans son pantalon. Il profite qu'il ait reculé pour s'extirper de contre la balle de foin. Son visage se ferme car il prend conscience qu'il a trop montré de vulnérabilité. Il ne le regarde pas quand il reprend la parole. T'inquiète, j'dirai à mon père que t'as été nickel bien que lent. Intonation légèrement sarcastique. La brèche qu'il a entrouverte se referme en même temps que la façade se remet en place. Jayden Rhodes, fidèle à lui-même.

C'est pas moi. Qui est-ce que t'essaies de convaincre? Évidemment que c'est de ma faute. Je lâche un rire sans humour. J'suis pas gay. Regard qui se relève sur toi à nouveau. Sourcils froncés, j'avale de travers. Neither am I. Qu'on soit clair tous les deux. Il aurait suffit d'une personne de plus ici avec nous et j'aurais même jamais osé t'effleurer les doigts. Attirance indésirable, mais impossible à nier. Je souffle, épuisé tout d'un coup. Et cette foutue érection qui veut pas partir. Je me détourne un peu et tu en profites pour faire pareil. Moment rompu, comme s'il n'était jamais arrivé. Ta remarque me passe dix pieds par-dessus la tête, j'relève même pas le commentaire alors que je rattache mon jeans tant bien que mal. J'sais plus quoi dire, j'sais plus quoi faire. J'me sens con pour un demi million de raison.

Ses mots sonnent aussi faux que les siens. Mais il ne réplique rien. Le masque est remis. La remarque fuse. Aucune réaction. Il ne le regarde plus du tout. Son contrôle est repris mais il suffirait d'un rien pour qu'il vrille de nouveau. Ce n'est que folie et il ne cède pas à la folie à moins d'en être le maître du jeu. Il lâche un soupir. Se passe une main sur le visage. Elle n'efface pas ce qui vient de se passer. Rien ne le pourra. Il fouille dans ses poches, glisse une clope entre ses lèvres. Il pourrait lui en proposer une mais il ne le fait pas. Cela devient trop bizarre dans cette grange pour tout un tas de raisons. Alors il préfère tourner les talons, toujours sans un regard ni un mot, et quitter le lieu. Que dire de toute manière ? A la prochaine. Il en doute fort, ne serait-ce que pour sa propre santé mentale. Il tente de balayer ses pensées pour ne formuler qu'une conclusion : éviter Vanessa, éviter le garage, éviter la ferme de ses parents si une machine est en panne. Car tout le renverrait à lui.