Madelynn. Emotions emmêlées, la dernière conversation avec elle, revenait jouer avec ses nerfs. Il préférait ne rien dire. Murer dans le silence. Mads n’avait pas hésité à le dégager de sa vie, car il n’avait pas répondu à l’affirmatif à son ultimatum. Et même s’il l’avait fait ? Elle aurait continuée à lui en vouloir. Rire du passé. Rylan écartait les images qui assaillaient son esprit. Double peine. Le prénom de son ami retentissait comme un second coup de poignard. Regard qui se détourne. « Pas après c’que j’leur ai fait. » Il avait touché à la seule femme qui hantait les pensées de Dax. Comme il avait enfreint la règle de la seule femme qui tenait une place spéciale. Mais le pire dans tout ça … Le pire, c’est que malgré ça, c’est Kris qui s’invitait dans ses songes la nuit. C’est elle qui arrivait à remplacer les cauchemars. Brutalité remplacée par elle. Brusquement, Rylan braquait ses obscures opalines sur la blonde. « Putain arrête avec ça ! » Corps tendu. « T’veux que j’te dise quoi ?! Que toutes les nuits, j’rêve d’te baiser dans se lit ?! T’dire que j’arrive pas à m’passer d’toi comme avec les autres ?! » Tempétueux, il se redressait. Réduisant la distance entre leur deux corps à néant, il attrapait le menton de la jeune femme entre son index et son pouce. Douceur brutale. La dominant de son ombre, il la forçait à le regarder. « C’est ça qu’tu veux entendre ? » Voix rauque. « Crois moi, j’te rends service. »

Ta douleur fait écho à la mienne. La différence entre nous, c'est que je n'ai pas baissé les bras et refuse de le faire. C'est peut-être stupide de ma part. Gamine désillusionnée. Mais j'y crois. Avec les efforts et la volonté, je sais qu'on pourra retrouver ce qu'on a perdu parce que notre erreur n'est peut-être pas sans conséquence, mais elle n'est pas non plus sans rédemption. Mais tu t'entêtes Rylan, tu n'dis jamais les choses telle qu'elles sont. Tu évites toujours de me répondre directement et même après m'avoir fait venir ici pour pas me dire tout ça par sms putain tu éludes encore. Alors j'me fâche et évidemment que ça te fâche en retour. Non, j'arrêterai pas. « T’veux que j’te dise quoi ?! Que toutes les nuits, j’rêve d’te baiser dans ce lit ?! T’dire que j’arrive pas à m’passer d’toi comme avec les autres ?! » Un frisson me traverse, j'avale de travers. J'veux parler, mais j'suis cloué sur place. Tu attrapes mon menton et j'sens toute ma volonté se fracasser. Fais pas ça. Je te fixe avec les lèvres entrouvertes. Comme si j'étais prête à c'que tu m'embrasses. J'te l'ai dis c'que j'voulais entendre. La vérité, crue. Tu rends service à personne, surtout pas à toi. Mon coeur tambourine et je pose la main sur ton torse pour te pousser et me relever. Je me détourne, dos à toi. Regard rapide vers ton lit. Pourquoi c'est si dur pour toi de simplement dire que t'as des sentiments toi aussi? Ma voix est plus petite que je ne le voulais vraiment, cachant difficilement ma peine.

Angélique. Pulpeuses entrouvertes, un coup d’électricité venait donner vie à son désir. Se mêlant à la colère. Il suffirait de se baisser un peu pour les saisir. Reste fixe. Réprimant les pensées malsaines qui s’insinuaient dans sa tête, le blond faisait en sorte de s’appuyer sur sa colère. Tu rends service à personne.. De ses lèvres, une tout autre offrande prenait naissance. Tranchante. N’était-ce pas ce qu’il faisait justement ? La repousser pour qu’elle puisse à nouveau sourire ? Faux. Paume sur son torse, la jeune femme le poussait pour mieux se dégager de son emprise. Fuyant sa vision, elle lui tournait le dos. Face à ce putain de lit. Injure dans la tête, ses iris faisaient l’allées retours entre elle et le matelas. Massue. Dans une dernière tentative, la blonde trouvait les bons mots pour l’achever. Des sentiments ? Oui. Oui, il en avait, mais être prêt à l’admettre vraiment, était difficile. Difficile, parce qu’il ne voyait pas où ça les mènerait. Corps qui se frôlent. Derrière elle, Rylan pouvait sentir l’électricité statique entre leur derme. Aimant. « Et après ? » Incontrôlé. Sa main droite effleurait son bras. « Dis-moi c’qu’on en fait ? » Jouer avec le feu. Du bout des doigts, il caressait sa porcelaine. Remontant lentement jusqu’à sa clavicule. Soufflant le chaud et le froid.

J'ai dis que j'te forcerais à rien. Que j'te demanderais pas de m'attendre. Et on est quoi? Deux jours plus tard? Et j'fais quoi? J'suis ici à vouloir te faire cracher ces mots que t'as encore jamais prononcé en 34 ans. J'me prends pour qui exactement? Tu t'approches sans que j'men rende compte, perdu dans mes pensées. J'avale comme si ma salive était acide et frissonne. Ta main sur mon bras, j'me félicite d'avoir mis un pull et pas un t-shirt. J'sais pas si tu veux vraiment m'entendre répondre à cette question Rylan. Je ferme les yeux. J'veux pas renoncer à toi... Ma tête se penche inconsciemment vers l'arrière. Cou offert. J'veux me battre pour avoir une chance..

J’veux pas renoncer à toi. Le son de ses lettres effleurait son cœur dans une douloureuse tension. Chevelure lunaire. Tête en arrière, leur douceur cascadait dans une hypnotique danse. Gorge déployée. Les fins vaisseaux ressortaient sous sa peau diaphane. Doigts sur sa clavicule. Sans pression, sa main venait s’enrouler sur sa gorge. Contorsion impossible. Abaissant son ovale, son souffle glacé frôlait ses pulpeuses rosées. Proximité. Un peu plus et il pourrait l’avoir. Fait pas ça. « C’pas une chance.. »

Ta main sur ma gorge, j'ose même pas rouvrir les yeux. Ce geste intime et sensuel me fait vibrer de la tête aux pieds. Ton visage s'abaisse, ton souffle contre mes lippes. J'pourrais presque sentir la pression de tes lèvres contre les miennes. Mémoire sensorielle. Qu'importe comment tu veux appeler ça... Je rouvre les yeux et analyse ton visage de plus près que jamais. J'veux que tu sois à moi Rylan.. Si jusque là je m'étais plutôt offerte, c'est la première fois que j'avoue égoïstement mon désir.

Océan. Enveloppé par ses topazes, la pièce disparaissait. Plus rien ne semblait avoir de sens. Lui appartenir. Inconsciemment, n’était-ce pas déjà le cas ? Sinon, pourquoi ils en seraient là ? Pourquoi est-ce qu’il l’aurait invité ici ?  Paume qui remonte. Du pouce, il caressait la lèvre inférieur de la blonde. C’pas déjà le cas ? Voilà ce qu’il aurait aimé dire, mais à la place, ce sont d’autres mots qui sortaient.   « C’est un caprice bébé … » Non. Rapprochant son corps, il venait enrouler son bras de libre autour de la taille de la jeune femme. Puis, rompant le contact visuel, il relâchait sa lèvre pour qu’elle puisse redresser son ovale. Pressée contre lui. Maintenant son bras gauche autour d’elle, il baissait son visage pour murmurer à son oreille. « Gâche pas tout pour moi. »

Ton pouce sur ma lèvre et une torture sans nom. J'ai envie de mille choses en même temps, dont le prendre dans ma bouche pour le sucer. Je n'en fais rien. Contrôle toi Kris. Un caprice. Oui, peut-être. Mais c'est bel et bien c'que j'veux. Et tu m'fais sentir comme une moins que rien en disant ça. Blessé, pas moins interpellé par ce surnom possessif. Tu m'fous à l'envers Rylan Reilly. Ton pouce me libère et je redresse la tête, inspirant un coup. Tu me maintiens contre toi, ton bras me gardant jalousement contre ton torse. Je me fonds dans ta chaleur. T'aurais du penser à ça avant de m'embrasser. Trop tard, le mal est fait, les sentiments sont exprimés. Assume. Je viens poser ma main sur ton bras qui m'entoure. Rylan?

Etreinte possessive. Il maintenait sa fine silhouette contre lui. Parfum attisant ses sens. Oui, il aurait du y penser avant. Agissant d’une manière irréfléchie, l’homme avait pris le risque de faire tout voler en éclat. Tout comme elle. Faute commune. Mais maintenant, leurs actes les rattrapaient. Main sur son bras. «  Oui ? »

Je reste posé contre toi, de dos, ça me semble sécuritaire. Rien de plus qu'une étreinte. J'fais souvent la même chose avec Cal ou les filles. Fermant les yeux, je prends une pause, rassemblant mes pensées. J'vais te l'demander une dernière fois: pourquoi tu m'as fait venir ici? J'ai besoin de savoir. Et pitié, pas de détournement de question par une autre question ou avec un commentaire quelconque... J'veux juste que ce soit réglé.

« J’voulais t’voir une dernière fois. » Fugueurs. Les mots s’étaient élevés dans l’air comme un souffle glacé. Balayant ainsi, les traces de leur intimité. Se décollant d’elle, il mettait fin à leur étreinte. «  Te dire que c’était pas un jeu. » Peine dans les prunelles. L’homme camouflait ses traits en se tournant face à la fenêtre. « S’il y aurait eu que nous deux d’concerner ... mais c’pas l’cas. »

Dernière fois. Mon coeur se serre au point de m'étouffer. C'est probablement plus sage. Tu me relâches et j'ai froid. Je pivote lentement et c'est ton tour de me tourner le dos. Pas un jeu. J'ouvre la bouche, la referme, l'ouvre à nouveau. Puis la rage remonte. L'impatience, la frustration. J't'offre une part de moi et toi, tu me rejettes encore et encore en me tenant tout contre toi. Je t'attrape par le bras et te force à me regarder. Ça suffit Rylan. T'as assez joué. Tu voulais pas me DIRE un truc par sms, c'était quoi? Assume toi Reilly j'en ai marre de tes putains d'conneries.

Colérique. Avec brusquerie, elle le forçait à se retourner. Ses ongles plantés dans son derme, la blonde lui crachait ses mots. Assume-toi. Les paroles de Kris résonnaient dans son corps avec force. Fracas douloureux.   « C’pas c’que je fais depuis le début ?! » Souffle saccadée. « T’façon quelle importance putain ?! » Topazes flamboyantes.  

Je tiens toujours ton bras, rage au ventre, regard assombri. Non, c'est pas c'que tu fais. Tu détournes constamment la question au lieu d'y faire face. Mes ongles creusent un peu plus, inconsciemment. Tu veux que j'm'en aille Rylan? Qu'on coupe contact? Dis-le si c'est c'que tu veux, tu sais que c'est pas c'que moi j'veux. Alors ce sera sur toi, pas sur moi.

Sillon creusés dans sa peau. Une discrète douleur venait jouer avec ses nerfs, tandis que les ongles de la blonde s’enfonçait un peu plus. «  Peu importe c’que j’veux ! Putain, regarde le mal qu’on fait autours ! » Dax. Madelynn. Leur image s’imposait à ses prunelles dans un douloureux supplice. « Il t’aime Kris. J’peux pas lui faire ça. »