TU CROIS QUE J'LE SAIS PAS? Je gueule cette fois, carrément et sans retenue parce que j'en peux plus. J'déborde Rylan. C'est trop en trop peu de temps. Toi, lui, elle, eux. Ma tête tourne. Mon regard s'embrouille. J'veux pas pleurer, j'en ai marre de pleurer. Et mes sentiments à moi ils comptent pas?

Cri se répercutant contre les murs. Lâchant les vannes, la blonde laissait sa colère s’exprimer pleinement. Onde de choc. « Putain m’fais pas dire d’que j’ai pas dit Kris ! » Sournoise obscurité dans les veines. « T’veux que j’fasse quoi ?! Que je m’en branle ? Que j’te dise que j’te veux aussi, tout en sachant que mon pote est raide dingue de toi et que t’es censé être sa nana ?! C’est ça qu’tu veux ?! » Noirceur emplissant ses traits, l’homme attrapait ses deux mains. Les serrants avec force, il la forçait à reculer jusqu’au lit. Butant contre celui-ci , elle manquait de tomber, mais c’était sans compter Rylan. Lui qui la retenait dans un équilibre incertain. Entre vide et terre. « J’le ressens aussi, mais on peut pas penser qu’à notre gueule. T’comprends ?! »

Si c'est c'que tu penses vraiment alors oui, dis le. Arrête de jouer les autruches. Tu attrapes mes mains, me poussant à reculer. Je t'en empêche pas, j'ai plus la force de me battre de toute manière. J'ai du mal à respirer, j'veux juste qu'on en finisse. Mon corps ocille, pas envie de m'empêcher de tomber. Mais tu me retiens. Et ces mots enfin prononcés. J'ai jamais dit que j'voulais penser qu'à nous. Calme retrouvé, mon regard luit. Mais on a encore le droit à nos propres sentiments et on mérite d'être honnête. Avec nous-même et l'un envers l'autre.

Voix qui s’apaise. Les pupilles de la blonde prenait la teinte d’une mer translucide. Achevé. Lasse, Rylan reculait de quelques pas, tout stabilisant le corps de la jeune femme. « La tout d’suite, j’sais pas quoi t’dire...  » Partie terminer. Se massant la tempe droite, il revenait s’assoir contre la fenêtre.

Remise sur pied, je te regarde t'éloigner. Toi non plus t'as plus l'énergie de combattre. J'hoche la tête et pince les lèvres. J'vais m'en aller. Sauf que mes pieds bougent pas. Ça m'sert à rien de rester là. On a dit tout ce qu'on avait à dire, non? Je te fixe encore quelques secondes et pivote pour marcher vers la porte de ta chambre.

Retient là ! Assis sur sa stupide banquette, Rylan suivait sa silhouette du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans le couloir. Lève toi. Bataille entre son cœur et sa raison. Au ralenti. Il ne se voyait même pas se lever. Ni quitter la froideur de sa chambre. Rapide. L’homme arrivait juste à temps. Avant qu’elle ne franchisse la porte. Propulsé par son attraction, sa main enserrait le poignet de la blonde. Tirant d’un coup, il l’attirait dans ses bras. Désespéré. Pourquoi est-ce qu’il avait fallut que ce soit elle ? S’il avait pu, il aurait choisit n’importe qui d’autre. Pourtant, il en était là. Agrippé à son étreinte. Seuls les Dieux, savaient à quel point, il regrettait profondément s’infliger de la douleur aux personnes qui comptaient pour lui.

J'marche lentement, pas parce que j'compte tourner les talons, juste parce que j'ai plus la force de faire autrement. Tu ne me suis pas, c'est probablement mieux comme ça même si ça fait mal. Accepte ton sort Valentine. La porte d'entrée à portée de main, tes pas qui déboulent l'escalier géant. Tu me retiens, m'attire contre toi, tes bras forts qui m'entourent comme un étau. Promesse silencieuse ou bien c'est juste moi? Je me fonds contre ton torse, enfoui mon visage dans ta chaleur pour une dernière fois. Je t'aime Rylan. Parce que j'vois pas c'que ça pourrait d'autre que ça.

Deflagration. Juste quelques petits mots. Des mots qui ébranlait les fondations de sa résistance. Pourtant, une part de lui, tentait vainement de ne pas faire tout foirer. Involontairement, le blond resserrait son étreinte. Comme si ce simple geste, lui aurait fait comprendre. Comprendre à quel point, elle le foutait à l’envers. C’est ça d’aimer ? De ne plus pouvoir se passer de quelqu’un et de tout foutre en l’air ? Au risque de blesser d’autres personnes ? Tiraillé. « Fait pas ça » T’as pas l’droit. S’éloignant légèrement d’elle, il laissait une de ses mains remonter jusqu’à sa joue. « J’peux pas .. »

Tu me serres plus fort et j'étouffe un peu, mais j'dis rien. Puis tu m'demandes de pas faire ça et je serre la mâchoire. J'reviendrai pas sur mes paroles. Nos corps s'éloignent, ta main sur ma joue. « J’peux pas .. » Je secoue lentement la tête de gauche à droite. J'regrette de leur avoir fait du mal.... mais j'regrette pas de t'avoir trouvé au milieu du chaos. Faible sourire, tristesse apparente. Pourquoi est-ce que ça sonne comme un aurevoir?

Saut douloureux dans la poitrine. Pulpeuses entrouvertes, elle l’atteignait en plein milieu. Traits séraphiques. « Moi non plus ... » Pourquoi continuer à mentir ? N’était-ce pas là, sa dernière chance d’être honnête ? Avant qu’elle m’échappe. Le coeur lourd, il s’imprégnait de son aura hypnotique. Glissant sa main à son menton, Rylan le relevait vers lui. Plongé dans son immensité. Puis, n’y tenant plus, il s’abaissait pour déposer un baiser sur sa joue. Presque à la commissure de ses lèvres. Tout ce qu’il peut donner. Profitant du contact de son derme, l’homme s’y attardait, avant d’instaurer une nouvelle distance. « Tu devrais rentrer » Avant que j’nous enfonce.  

Faible sourire, coeur rassuré, légèrement réparé. Tout s'arrangera. Oui, continu à y croire, à force, ça deviendra peut-être vrai. Tes doigts passent de ma joue à mon menton que tu soulèves et mon coeur s'arrête un instant de battre, ma respiration bloquée. Ton visage s'approche et je sais que j'pourrai pas t'en empêcher. Alors je ferme les yeux, mais tes lippes trouvent ma joue. Soulagement. T'es plus honorable qu'on t'en donne crédit Rylan. Tu te recules à nouveau et j'hoche la tête. Ouais.. bonne nuit. Je souffle à peine ces mots avant de me détourner pour quitter la maison.

« Bonne nuit...» Coupant le lien qui les unissait, la jeune femme s’éloignait de lui. Sa peau velours, glissait sur son ferme. Vent glacé. D’elle, il n’avait plus qu’une ombre. Dos à lui, sa chevelure lunaire imprégnait son champs de vision durant quelques secondes. Puis, disparaissant derrière la porte, Kris le laissait seul. Ambiance polaire. Définitivement, Rylan était pris au piège. Entre ses mains.