Ce serait peut-être le premier Noël depuis une décennie ou Jack ne serait pas en peignoir à regarder pour la centième fois la trilogie Die Hard avec un pack de bière. Et c’était probablement la première fois depuis des années qu’il invitait une personne à venir dîner chez lui. Ces deux occasions motivaient le père Murdoch plus que jamais, qui était bien décidé à mettre les petits plats dans les grands et à montrer une facette de sa personnalité qu’il pensait bien enfouie en lui. Jack avait passé la journée à effectuer un véritable ménage de printemps dans son appartement, le rangeant aussi bien que s’il s’apprêtait à passer en inspection pour une revue de poste, allant même jusqu’à faire brûler une montagne de papier d’Arménie pour chasser l’odeur de tabac froid ancrée aux murs. Le marin avait poussé le vice en allant même chercher un (petit) sapin de Noël qu’il décora sobrement d’une ou deux guirlandes lumineuses et de quelques décorations achetées pour l’occasion. Lors de leur précédente rencontre, Murdoch s’était comporté comme le dernier des rustres, et sans vraiment se l’expliquer, il aurait aimé laisser à la jeune femme une vision un peu différente de l’homme qui se cachait sous traits. Aussi s’était-il affairé une bonne partie de l’après-midi en cuisine, avant de prendre une longue douche et d’enfiler sa tenue pour la soirée, à savoir jean bleu foncé, chemise blanche et veste noire de costume, le métamorphosant presque. Pas de cravate, il détestait ça. Et Murphy, le border collie, jouait même le jeu avec un nœud papillon de son propriétaire accroché à son collier. Lorsque trois petits coups résonnèrent dans l’appartement, Jack vérifia que tout était en place et en ordre. Psychorigide ? A peine. « Entre, je t’en prie. » l’invita t-il alors qu’il lui ouvrait la porte, s’emparant par la même occasion de sa veste. « Tu es superbe. » avoua-t-il avant de lui tourner le dos et de l’inviter à la rejoindre au salon, tandis que Murphy se glissait le long des jambes de la sauveteuse. L’ambiance était à la fête, et hormis le sapin, quelques bougies ornaient la table basse du salon, tandis que la platine du marin faisait résonner dans l’appartement les mélodies de Noël des plus fameux crooners américains, comme Sinatra ou Dean Martin…


@Jude Klopfenstein

( outfits ) Si elle se faisait une joie de réveillonner en compagnie de Jack ? Oui, l'initiative était bonne, d'ailleurs dès le premier échange de message, nul doute qu'elle s'y rendrait. Alors, pour l'occasion elle avait récupéré chez le boucher un bel os à moelle et une (bonne ?) bouteille de whisky Highland Park 12 ans d'âge, bonne boisson selon le vendeur et elle espérait qu'elle le soit, parce qu'en bourbon et autre liquide ambré, elle n'y connaissait rien. Elle sauta dans un pull trop large qui lui servait de robe, ainsi que dans une paire de cuissardes rouges pour rappeler les fêtes et enfila son manteau ; évidemment que la jolie Jude avait préparé les muffins réclamés par le marin et c'est avec tout son attirail qu'elle prit la route pour l'humble appartement de Jack. Trois coups donnés contre la porte et la voilà qui s'ouvre, la petite blonde se trouve débarrassée de son manteau et Murphy s'approche pour lui faire la fête, son odorat ne peut passer à côté de la douce odeur qui se dégage de l'os qu'elle lui a apporté en cadeau. Ne peut s'empêcher de remarquer la décoration et le coup de propre, adresse même un sourire timide à Jack suite à sa remarque. "Et toi très élégant," lui fit-elle remarquer en posant sa main contre sa joue en riant à demi avant de s'avancer afin de déposer le panier de muffins sur la table, près des bougies ainsi que l'emballage de la bouteille de whisky et enfin, se permit de se rendre à la cuisine, suivie de près par le canidé à qui elle offre sa surprise de Noël avec un peu d'avance. Cliquetis de ses talons qui annoncent qu'elle revient dans le salon, mains jointes dans son dos, rouge à lèvres rouge qui rappelle la couleur de ses bottes et fait ressortir la blancheur de ses dents alors que ses lippes s'étirent pour fendre son visage d'un sourire, sourcil arqué. "Ca sent drôlement bon je dois dire, j'ai senti le repas avant même de passer la porte, d'ailleurs..." elle s'approche à petits pas du marin, se permet de se pencher sur lui pour humer son parfum et se recule. "Tu sens très bo..Ooh, tu as même mit un petit sapin !" s'émerveille la petite amish qui s'en approche rapidement pour tâter une branche. Ambiance chaleureuse et intime qu'elle ne peut que souligner, quand la musique de circonstance se joue en fond sonore très doux qu'elle apprécie sans le notifier. "Je n'avais jamais eu de rendez-vous de Noël, c'est une première..." plaisanta la blonde avant de s'installer sur le canapé en croisant les jambes.

Il ne semblait ni dans son élément le père Murdoch, ni même à l’aise, un peu effrayé par l’idée de devoir gérer ce dîner tout seul, rouillé qu’il était. Il essayait de ne rien laisser transparaître, mais une part de lui se demandait bien dans quel bourbier était-il venu se fourrer et n’avait qu’une envie : prendre ses jambes à son cou pour aller se réfugier au Governor’s si ce dernier était ouvert. L’autre part de lui essayait tant bien que mal de revêtir les atours du petit maître de maison parfait. « Merci. Installe-toi, mets-toi à l’aise. » bredouilla-t-il alors qu’il joignait les mains devant lui, se les frottant sous la contrainte d’une légère anxiété. Il l’observe et elle l’impressionne dans sa belle tenue et ses belles parures. « Oui, ce sera une première partagée, écoute … Tu veux boire quelque chose ? Je ne savais pas ce que tu aimais alors j’ai acheté plein de jus différents … » demande-t-il en pensant à son frigo rempli de bouteilles multicolores et remplis de jus de fruits frais et variés, allant des plus classiques aux plus exotiques. Il était bon pour en boire pendant des semaines. Profitant de l’instant de répit, Jack ne pouvait s’empêcher de penser qu’il préférerait affronter la pire des tempêtes dans la plus pourrie des coquilles de noix que de s’affliger ça, tant il ne semblait pas à sa place. Il espérait juste ne pas commettre d’impairs, ou de provoquer malgré lui le courroux de la jeune femme, sachant pertinemment qu’une simple étincelle suffisait à mettre le feu aux poudres entre les deux. Le marin faisait des allers-retours entre le salon et la petite cuisine, déposant les premiers verres sur la table du salon. Lui s’était pris une bière et revenait bien vite avec un plateau copieux d’amuses-bouches divers et variés. « Je n’ai pas prévu d’entrées, alors je me suis rabattu sur l’apéritif. Tu as .. » Le sauveteur commença à énumérer un inventaire à la Prévert, comptant sur ses doigts « .. feuilletés au basilic, assortiment de petites tartelettes salées faites maisons, quelques crudités et leur tapenade et foie gras (prononcé dans un français hésistant) accompagné de pain d’épice. Voilà, je crois que je n’ai rien oublié … Ah ! Et si la musique ne te plait pas, n’hésite pas à le dire, j’ai un tas de disques en réserve. » Complètement métamorphosé le père Murdoch…

Les prunelles brunes de Jude ne se parvenaient à se défaire du marin qui transpirait d'ailleurs le malaise et la jeune femme ne parvenait pas à mettre le doigt sur les raisons pour lesquelles il s'avérait si stressé. j’ai acheté plein de jus différents … Ha, c'est qu'elle s'imaginait boire un peu d'alcool ce soir, après tout c'était le réveillon et ils étaient en rendez-vous, non ? Mais face à sa réflexion la sauveteuse préféra oublier tout idée de boire un bon verre pour faire honneur à l'attention toute particulière qu'il avait eut pour elle. "De la pomme... ?" demanda la jeune femme d'une petite voix en posant ses mains sur ses genoux en se penchant légèrement en avant, adieu herbe de bison et autre boisson mexicaine, ce soir elle boirait des fruits du verger pressés industriellement. Il se déplaçait tellement qu'elle en avait le tournis, lion en cage qui tourne en rond, naît alors en elle un genre de malaise, touchée par l'attention particulière et le soin qu'il donne à présenter les mêts qu'il s'est emmerdé à préparer, mais dans tout ça, où est Murdoch ? La petite blonde hoche lentement la tête quand il lui liste tout ce qui se trouve juste sous son nez, elle n'accorde pourtant pas un regard aux amuses-bouche, non, se contente de fixer le géant au regard d'acier en esquissant un sourire. Consciente qu'à ce train là, ils ne risquent pas de se détendre elle se lève, contourne la table en joignant ses mains les portant devant ses lèvres. "Jack..." commença t-elle en se permettant de lui ôter sa veste de smoking doucement, l'en débarrasse, sans doute sera t-il libre de ses mouvements et ainsi se trouvera t-il plus à l'aise. "On va commencer par là, c'est mieux, non ?" sourire qui illumine son visage alors qu'elle dépose la veste où elle peut, main libre posée sur son torse, puis elle ramène son visage vers le sien, lui adresse un sourire chaleureux avant de déposer doucement sur les lèvres du marin un bref baiser, sans jamais se défaire de son sourire. Ainsi la glace sera rompu et peut-être aura t-elle l'occasion de retrouver celui qu'elle connaît, qui semble s'est volatilisé dieu seul sait où pour laisser place à quelqu'un dont elle ignore absolument tout. Lèvres qu'elle humecte doucement, se mordant la lèvre inférieure dans un soupire avant de retourner s'asseoir. "Maintenant respire un coup et mets une dose de vodka dans mon jus de pomme, ou un autre alcool qui se mélange."

Son esprit ne cessait de balayer sa petite check-list mentale, afin de vérifier qu’il n’oubliait rien. Il en faisait trop, des montagnes même pour ce qui n’était au final qu’un simple petit dîner de Noël. C’est juste qu’il n’avait pas fait ça depuis longtemps, et qu’il ne voulait pas la décevoir. A l’annonce de son prénom, le marin reste interdit et n’ose plus bouger, telle une biche prise dans des feux de route. Il a l’impression d’avoir fait un pas de travers et même s’il n’a encore rien fait, semble penser que la soirée est gâchée. Ses yeux ne quittent pas la silhouette de la jeune femme qui se lève et se tient devant lui. Qui se rapproche dangereusement au point de porter ses mains sur les lèvres du sauveteur. Son palpitant s’emballe, hors de contrôle, et semble décidé à vouloir sortir de sa chemise. Les bras ballants le long du corps, il se laisse timidement ôter sa veste de soirée sans oser prononcer quoi que ce soit d’intelligent. Le marin s’est mué en un véritable petit pantin, qui se contente de hocher la tête lorsqu’elle lui demande s’il n’était pas plus à l’aise ainsi, à croire que les rôles étaient inversés. La main posée sur sa poitrine le brûle le torse mais Murdoch n’était clairement pas prêt pour la suite. Ses prunelles s’écarquillent lorsque leurs lèvres s’emmêlent brièvement et son cœur manque un battement. Il cligne un peu des yeux, peu sûr de ce qui venait de se passer alors qu’il passe un doigt sur sa lèvre inférieure en fronçant des sourcils. « Je .. vais voir ce que j’ai. » lui répond-il en essayant de retrouver de sa superbe et de reprendre un peu de contenance. De nouveau en cuisine, il essaie de se dérober du regard pour essayer d’analyser brièvement la situation, tandis qu’il fouille son frigo à la recherche de l’alcool russe, même s’il sait d’avance qu’il n’en a pas, préférant les alcools bruns aux alcools blancs. Jack s’empare d’une bouteille et de deux flûtes dans une des étagères, avant de revenir dans le petit salon, tandis qu’un air de Bing Crosby prenait le relais. « Je n’ai pas de vodka, j’espère que du champagne ira ? » Jack s’installe à ses côtés, prenant soin de faire sauter le bouchon de la bouteille avant de servir les deux flûtes. « Joyeux Noël, Jude. » lui souhaite-t-il simplement en lui tendant la flûte avant de trinquer avec elle, faisant s’entrechoquer les deux coupes de cristal. Son regard, lui, virevolte furtivement entre ses yeux marrons et ses lèvres, n’étant encore pas sûr de ce qui venait de se passer. « Désolé pour le démarrage poussif. J’en fais peut-être trop, je n’ai plus l’habitude de recevoir. »

Sourire qui fend toujours son visage en deux alors que ses doigts s'agitent au dessus des petits mêts posés face à elle, ne sait que choisir et se rabat sur le premier qui passe sous sa main, lui disparaît dans la cuisine quand elle fourre le fourre dans sa bouche en savourant l'explosion de saveurs sur ses papilles. Si elle n'était pas si bien élevée elle se lècherait les doigts, mais ici, elle n'est pas seule et n'est pas chez elle, s'amuse même quand elle remarque que Murphy semble passer un bon moment avec l'os qu'elle lui a ramené et estime que son présent lui plaît. Champagne, elle ne sais pas ce que c'est, mais c'est sans doute bon, au pire la sauveteuse terminera son verre et se rabattra sur du jus de fruit pour finir la soirée. La blonde lève son verre après avoir trinqué avec le marin, ne pouvant s'empêcher d'observer les bulles remonter à la surface, drôle de liquide doré dont elle ignore tout, mais lequel elle goûte et découvre que le goût n'est pas désagréable. "Tu sais, techniquement, ce soir ce n'est que le réveillon, Noël sera à minuit." mais qu'en sait-elle, elle ? Ils ne fêtaient pas la naissance du christ de la même manière là où elle a grandit, une messe donnée le matin du 25 puis un grand repas avec les familles du village. Elle garde sa flûte en main en passant sa langue contre ses lèvres s'amusant des excuses que lui fournit le quadragénaire, serait-ce le moment de percer un abcès, parce que la baiser ne semble pas avoir été suffisant ? Décidément, il va falloir tout expliquer à la pauvre June qui ne désire que bien faire ; trop directe ? "He bien, c'est bizarre, je dois dire, de te voir marcher sur des œufs sans parvenir à comprendre pourquoi." elle bat des cils en prenant une nouvelle gorgée de champagne, regarde le fond de son verre en perdant son sourire, un instant en tout cas. "Est-ce que je te fais peur ?" là elle a soupiré longuement avant de se mordre les lèvres. "Tu sais que je suis venue dîner avec toi parce que j'en avais envie et que... Tu n'es pas obligé de... Enfin, j'ai comme l'impression que tu n'es pas toi, c'est assez déroutant." lui avoue t-elle à mi voix, comme si elle craignait que le chien ne les entende. "Comment je peux remédier à ça ?" là elle s'est redressée en venant poser s amain libre sur la cuisse du marin. "J'ai le sentiment que c'est à cause de moi, ça me rend un peu triste."

Jack apporte délicatement la flûte à ses lèvres et trempe ces dernières dans le liquide pétillant. Ce n’est pas un grand amateur de champagne, dont il n’arrive pas à apprécier le goût, mais feint toujours de l’apprécier pour les grandes occasions, sans toutefois en abuser. Le marin pose la petite coupe sur la table basse, se saisit d’un feuilleté qu’il savoure. Ce n’était pas pour se vanter, mais il n’avait pas perdu la main côté cuisine, chose qu’il déteste faire lorsqu’il est seul à pouvoir en apprécier les bénéfices. « Quel dommage. Je vais être obligé de devoir te garder jusqu’à minuit afin de pouvoir te donner ton cadeau. » lance-t-il innocemment à la volée alors qu’un petit rictus mutin étire un coin de ses lèvres en vendant la mèche. Il se saisit une nouvelle fois de sa coupe avant de s’enfoncer un peu plus dans le canapé en cuir du salon, se tournant légèrement pour faire face à la jeune femme. Il l’écoute en silence, entrecoupant sa tirade de gorgées de champagne et parvient aux mêmes conclusions qu’elle. Murdoch commençait seulement à se détendre, à croire que la journée passée à se transformer en véritable fée du logis lui était peut-être un peu trop montée au cerveau. Mais il l’écoute patiemment, se contentant de hocher la tête à certaines de ses affirmations. « Peur ?! Non … » souffle-t-il en baissant les yeux sur la main qui venait de se poser sur sa cuisse. Jack s’avance un peu, pose le verre sur le rebord de la table basse avant de relever son regard vers le sien. « Impressionné ? Un peu .. » avoue-t-il en venant poser sa main sur la sienne. « Dérouté ?! Certainement … » poursuit-il sur le même ton suave alors que sa main remonte sur son bras dans une caresse lascive. « Mais peur, non. » finit-il par planter son regard dans le sien tandis que sa main libre vient épouser la forme de sa joue. Le marin se relève légèrement et rapproche son buste du corps de Jude, attirant son visage vers lui pour venir attraper ses lèvres et lui voler un baiser qu’il se surprend à savourer, goûtant le champagne sur la bouche de la sauveteuse. Il ne se savait plus aussi entreprenant, mais cette facette de sa personnalité qui refaisait surface n’était pas pour lui déplaire, bien que la perspective de sentir sa joue rougir sous l’effet d’une gifle bien placée l’effrayait. Murdoch finit par se séparer d’elle, presqu’à contrecoeur. « Je suis heureux que tu aies accepté mon invitation, et en aucun cas je ne veux te savoir triste ce soir. »

Ses paupières se ferment, le temps d'un instant, comme pour l'aider à savourer le contact des lèvres du marin contre les siennes. Non, elle ne l'avait pas vu venir, mais ne s'en plaindra pas, c'est même agréable quand ça ne vient pas d'elle, d'ailleurs Jude s'en trouve légèrement déroutée au point de renverser quelques goutes de champagne sur sa cuisse, là où ni la laine, ni le cuir couvre son épiderme pâle. Là, commence à lui monter à la tête les bulles, la jeune femme adresse d'ailleurs un regard accusateur au verre qu'elle tient entre ses doigts, surprise par la traitrise de la boisson qu'elle a à peine eut le temps de savourer, puis la chaleur ambiante lui fait monter le sang au joues. "Un cadeau ?" elle répète bêtement, avec un temps de latence conséquent tout en secouant la tête faisant rebondir ses boucles blondes, bêtes clignements de cils. "Non, Jack, on n'a pas parlé de cadeaux !" elle avait bien ramené une bouteille, mais, c'était d'avantage pour remercier son hôte qu'un véritable cadeau de Noël, enfin, elle faisait d'une pierre deux coups en apportant avec elle la boisson écossaise. "J'ai chaud," elle en vint à se demander si elle n'allait pas se débarrasser de ses bottes, petit cœur battant la chamade, dans un soupir son bras se tend pour déposer son verre de champagne sur la table basse. C'est après avoir passé ses cheveux derrière ses oreilles en prenant une profonde inspiration que Jude se redressait, sa main désormais libre vient glisser dans la nuque du marin et elle se hisse, s'installe sur ses cuisses, face à lui, lèvres qui viennent avidement retrouver les siennes. Le sang qui pulse contre ses temps, le coeur au bord de l'explosion et la crainte de se faire repousser, tout se mélange en elle, plus rien n'est clair. "Je ne fais pas ça parce que j'ai bu..." lui souffle t-elle, le bout de son nez qui frôle celui du quadragénaire. "... Mais peut-être que tu préfères manger, ou bien... ?" la sauveteuse lâche un soupir en se mordant les lèvres, se sent maladroite et stupide. Les interactions sociales et Jude ça fait 12. "Les petits fours sont vraiment délicieux..." se permit-elle d'ajouter en venant embrasser lentement la commissure des lèvres de Jack.

« Ne t’emballe pas, tu verras quand tu l’auras, c’est trois fois rien. » Oui, non, là-dessus, Jack ne s’était pas foulé et c’était vraiment plus pour marquer l’occasion qu’autre chose. Mais gardons la surprise pour plus tard, l’instant est peu propice aux échanges de présents. Toujours surpris de ne s’être pris de gifle pour son élan audacieux, Murdoch laisse la belle s’installer sur ses genoux et pose immédiatement ses mains sur la courbe de ses hanches, venant l’enserrer. Il maudit l’épaisseur de la robe de la jeune femme, qui ne le prive que légèrement et temporairement l’espère-t-il de la découverte de l’épiderme de Jude. Ils échangent un nouveau baiser, plus long que l’ancien, plus passionné également. Ils trouvent petit à petit leurs repères et Jack se redresse pour venir une nouvelle fois coller son corps au sien, ne faisant qu’augmenter la température de la petite pièce à vivre. Ca allait vite, bien trop vite au goût du marin qui avait à peine retrouvé ce que ça faisait de ressentir quelque chose qu’il se retrouvait avec une de ses subordonnée sur les genoux. Cela avait à la fois un quelque chose d’effrayant, mais le côté grisant prenait le dessus sur tout le reste alors qu’il reprenait ses esprits et tâchait de mettre un peu d’ordre dans son cerveau. Son front contre le sien, il essayait de répondre aux quelques interrogations de la sauveteuse, qui semèrent un instant le doute dans son cerveau congestionné. « Ne t’en fais pas pour le repas, rien de ce qui est à table ne risque de refroidir et j’ai juste à lancer le plat au four pour en profiter. » Murdoch entreprenait en parallèle la découverte du cou de la jeune femme, tirant légèrement sur le pull de cette dernière pour mettre à nu la peau tant convoitée par ses baisers. Jack se laisse emporter par ses sensations et ses envies, se laisse complètement aller à la merci de Jude, comme enivré par son parfum et par ce qu’il ressentait à nouveau. Le marin finit toutefois par s’arrêter dans son élan, prenant le dessus sur son envie de la découvrir. Il attrape son visage de la main pour planter son regard dans le sien, essayant d’y lire quoi que ce soit. « Je .. tu .. je ne veux pas que tu ne regrettes, ou que tu te sentes obligée de quoi que ce soit. » casse-t-il l’ambiance, sondant ses yeux marrons. Ne lui disait-elle pas quelques jours auparavant que si elle revenait à la caserne, les gens penseraient qu’ils couchaient ensemble ? N’avait-elle pas un rendez-vous galant le même soir ? Servait-il de plan de rechange ? Que désirait-elle réellement ? L’espace d’un instant, le doute s’installa dans l’esprit du marin, qui se demandait ce qu’elle pouvait bien attendre de lui, de sa quarantaine d’années bien tassée et d’un foie proche du dysfonctionnement.

Tout en prenant une profonde inspiration elle tend le cou afin de laisser à l'ancien militaire tout le loisir de lui dévorer l'épiderme chaud et parfumé. Une vague de frissons gagne la blonde qui finit par soupirer à ce contact chaud et tendre, chaleur qui grimpe, la gagne, lui fait perdre la notion de tout finalement, quand ses phalanges à Jude restent campées dans la nuque du marin. L'amish cligne bêtement des paupières en esquissant un sourire, lâche un soupir quand les mots de Jack la ramènent sur terre. L'incompréhension est lisible dans son regard brun, perdue à se demander quelle est la marche à suivre, s'efforce de ne pas se sentir froissée face à cette coupure dans leur élan mutuel. "Quoi... ?" a demandé la jeune femme dans un souffle, sourire figé aux lèvres. "Je ne comprends pas là," admit la jeune femme en se redressant un peu, recule quelque peu son buste pour mieux observer le marin. N'était-ce pas pour ça qu'il avait mit les petits plats dans les grands, qu'il avait enfilé une jolie chemise et avait fait l'effort de ranger ses défauts qui font de lui un abominable homme des cavernes attachant, c'était bien pour ça ? La voilà, la blonde, qui se sent stupide suspendue au cou de son supérieur, douche froide après un moment plus qu'agréable d'ailleurs. Murdoch soulève pourtant un point essentiel, il serait malheureux qu'elle regrette ce qu'elle était en train d'entreprendre, le problème c'est qu'il le lui fait réaliser et part du principe que s'il le soulève ce foutu soucis, c'est qu'il est fort probable que lui vienne à regretter ses gestes. La honte la gagne alors, se dit qu'elle a mal agit, s'est comportée d'une manière trop cavalière, est allée trop vite, trop loin. La honte. Judith se sent conne, pathétique et ridicule dans cette robe pull qui laisse apparaître bien trop de peau, ce botes qui laissent deviner la courbe de ses jambes et l'espace d'un instant elle en vient à regretter sa coiffe, sa robe terne et son tablier blanc. Tout en se maudissant intérieurement la jeune femme baisse le nez en passant ses mains sur son visage en soupirant longuement avant de se hisser à l'autre bout du canapé pour s'asseoir sur ses chevilles et tendit le bras pour récupérer sa coupe de champagne pour en boire le contenu d'une traite. "Le plat," lance la jeune femme qui brise le silence qui s'est installé, "Au four, qu'est ce que c'est ?" a demandé la sauveteuse en se servant sur la table et mettant dans sa bouche le premier truc comestible qui lui passe sous la main.

Il savait que c’était une mauvaise idée. Il l’avait su au moment où ses mots avaient quitté ces lèvres. Il ne voulait en aucun cas jeter un froid, mais comme à son habitude, Murdoch avait du se montrer passablement gauche et maladroit, toujours aussi mauvais dans l’exercice de vouloir transmettre un message ou des directives claires. Jack resta comme un con lorsqu’elle quitta ses genoux et qu’elle marqua trop de distance à son goût, lui qui appréciait le moment échangé quelques minutes auparavant. Son cerveau travaillait au-delà de ses capacités, tentant de trouver une solution pour essayer de rattraper le coup et à défaut, de ne pas plomber l’ambiance d’une soirée qui se voulait festive et sans anicroche. Le marin ne pouvait que constater avec amertume le malaise qu’il venait de créer. Jack passa son visage dans ses mains, ne pouvant dire combien de temps il resta ainsi, cherchant une solution à leur problème lorsque la voix de la jeune femme se fit entendre à travers la pièce, demandant quel était le plat. « Du chapon. » furent les seuls mots sensés qui parvinrent à sortir de sa bouche et il se demandait si c’était là une invitation pour lui à partir dans la cuisine afin de lui laisser suffisamment de temps pour prendre la poudre d’escampette. Au final, malgré sa grande gueule, il s’avérait que le sauveteur n’avait que peu de confiance en lui, en tout cas dans ce genre de situation précise. Il fallait rappeler que sa vie sentimentale était proche du néant depuis une dizaine d’années et semblait vraisemblablement avoir perdu la main. Reprenant un peu de poil de la bête, ne se résignant pas à laisser cette soirée morte née, Jack soupira avant de se tourner vers la jeune femme, attrapant une de ses mains et cherchant désespérément son regard du sien. « Jude, écoute .. je sais que j’ai peut-être l’air un peu rouillé pour tout ça, mais je veux juste faire les choses bien » insista-t-il sur le dernier mot avant de poursuivre. « Je sais aussi que j’assume tout ce qui vient de se passer, parce que j’en ai envie et que je ne le regrette absolument pas. Je ne veux juste pas que tu me prêtes de fausses intentions ou que tu penses que je ne veux que profiter de toi, parce que ce n’est pas le cas. » Comme dirait Audiard, c’était curieux ce besoin des marins de faire des phrases. Murdoch avait l’impression de s’emmêler les pinceaux et resservit à tous les deux une coupe de champagne, qu’il tendit immédiatement. « Bref. Ce que je veux dire, c’est que j’ai besoin de toi. Parce que, oui, je tiens à toi et que j’ai besoin de ton aide pour ça… » conclut-il maladroitement en pensant que ses conclusions étaient implicites. Bref, il avait besoin de son aide pour l’aider à se sentir plus à l’aise vis-à-vis d’elle et de ce renouveau.

Main dans la sienne, celle qui reste libre vient essuyer ses lèvres par crainte que des miettes se soient prises dans son rouge à lèvres alors que Jack entreprend de clarifier la situation sous le regard interrogateur. Non, elle ne s'attend à rien de particulier, mais semblerait que la tournure que prend la soirée ne convienne pas au marin. Longue tirade que la blonde entend, mais peine à comprendre, déroutée d'avantage. Il venait de mettre un frein à un rapprochement pour finalement se rattraper, quel était le but de la manœuvre ? La sauveteuse attrape la coupe nouvellement remplie et se permet de prendre une petite lampée de pétillant en battant des cils. "Tu sais, je crois que tu parles trop." a t-elle déclaré en reprenant sa main, nouvelle gorgée de champagne, bulles qui lui donnent envie de rire pour rien, ou peut-être est-ce lié à la légère gêne ressentie présentement. Ce qu'il raconte le marin, ce qu'elle en a retenu elle trouve les fait effrayants, impressionnants, puis, qui est cet homme qui se présente comme Murdoch, qui parle comme lui et lui ressemble, mais se trouve à mille lieues de celui qu'elle connait si bien. Révélations auxquelles la blonde ne sait pas comment réagir, ne sait pas les interprétées, restée fixée sur quelques expériences personnelles assez malheureuses qui l'ont forgée. Puis cette prise de tête qu'elle ne comprend pas, elle qui pourtant, de nature curieuse, se pose habituellement mille questions, n'est pas du genre à s'en poser quand il en va de sa vie sexuelle, se contente simplement de prendre ce que la vie lui offre et c'est ce qu'elle s'apprêtait à faire ce soir. Jude repose sur le bord de la petite table basse son verre à pied, se défait de ses hautes bottes rouges qu'elle laisse sur le sol pour venir se pencher sur le quadragénaire. "Tu vois je me suis dis que si on... On..." elle s'est raclé la gorge, lâchant un rire dans un souffle. "Mais tu m'impressionne avec tes grands mots et tu me fais douter..." ses mains dissimulent son visage un instant avant qu'elle ne relève le nez vers Jack, esquissant un sourire. "C'est pas clair, ou peut-être que ça l'est trop et tu ne te rends pas compte de la pression que tu me mets."

« Je crois que c’est ce que font certaines personnes lorsqu’elles sont nerveuses… » répond-il avec un petit haussement d’épaules qui lui donne presqu’un air enfantin, malgré son âge avancé. Murdoch l’écoute religieusement, trempant ses lèvres dans le champagne, reprenant presqu’un peu de contenance avec un peu plus d’alcool dans ses veines. C’en était tout de même triste d’en arriver là, mais on ne pouvait effacer une dizaine d’années d’errements d’un revers de la main. Tout ceci était probablement trop d’un coup à digérer pour le marin. Après tout, ce mois de décembre avait été particulièrement éprouvant et riche en découvertes sur celle qui partageait son service depuis maintenant deux ans. Malgré lui, Jack enviait son caractère enfantin et sa liberté de pouvoir faire ce qu’elle voulait, avec qui elle voulait. C’était en tout cas ce qu’il avait compris de sa réponse, lui qui était probablement un tantinet plus conservateur qu’elle, même s’il ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants de son enfance. Néanmoins, il ne peut s’empêcher de tendre sa main vers son visage, et de venir lover une nouvelle cette dernière le long de sa joue lorsque Jude, penchée vers lui, lui avoue qu’il la rend mal à l’aise. « Tu sais quoi ? » demande-t-il d’un air faussement sérieux, fronçant de manière théâtrale et exagérée les sourcils. « Je te propose de repartir à zéro pour cette soirée. On met de côté ces tirades, et on se contente juste de profiter d’un bon repas et de partager un bon moment à deux .. » Après tout, n’était-ce pas là le but de leur rencontre ? D’autant plus qu’ils avaient à peine touché à l’effarante quantité de nourriture qui se trouvait sur la table basse. « Aux nouveaux départs ? » se hasarde-t-il à trinquer en levant son verre à moitié rempli devant la jeune femme.

Elle étira un sourire à ses mots, ce qui confirmait qu'ils étaient tous les deux nerveux et ce sentiment échappait habituellement a la jolie blonde, surtout quand il s'agissait de ce genre de relation, jamais elle ne se posait de questions, pourquoi était-ce différent ? Ses prunelles brunes fixent les traits du quadragénaire, se sent quelque peu soulagée de l'entendre le formuler, bien que dans le fond elle aurait pu s'amuser de son malaise, le rendre chèvre, mais pas ce soir. Alors il décide de reprendre les mêmes et de tout recommencer de zéro, mais où c'est ça exactement qu'elle se demande la petite blonde sans le formuler. Là, à ses côtés elle se sent bien, sans ses cuissardes qui lui lacérait les cuisses et lui coupaient la circulation sanguine, sans doute est-ce dû aussi à sa consommation d'alcool, breuvage qui se répand dans ses veines et lui donne chaud à en faire rosir ses joues. Jude s'est redressée pour récupérer son verre et trinquer avec lui, tintement cristallin alors qu'elle se jette littéralement sur la nourriture présente sous son nez. "J'ai grandis chez les Amish." qu'elle lâche la bouche pleine, ne peine pas à déglutir et réitère l'opération trois fois et finit même par se lécher les doigts alors que dans un soupir elle s'enfonce de nouveau dans le canapé en prenant une gorgée de champagne. "Quand je pense que tu as préparé un repas en plus de tout ça là," Jude a agité sa main au dessus de la table basse avant de tirer sur le col de sa robe en riant à demi. "Je me dis que je ne passerais plus la porte au moment de rentrer chez moi."

Les deux verres s’entrechoquent dans un tintement caractéristique et Jack termine le sien d’une traite. A ce rythme, il n’aurait probablement pas assez de champagne pour la soirée, n’ayant prévu que le strict minimum pour l’apéritif et éventuellement le dessert, ne s’attendant pas spécialement à ce que la blonde ne l’accompagne dans la boisson plus que de raison. Pourtant, il semblait que Jude avait décidé de se lâcher ce soir, et Murdoch mettait ça sur l’effet Noël, cet effet qui vous faisait abuser de tout sans culpabiliser au moins une fois dans l’année. Il l’imitait et se rabattit sur le foie gras mais manqua de s’étouffer avec une de ses bouchées devant la révélation de Jude, qu’elle avait lâché comme si de rien était, entre deux petits fours. « C’était donc pas l’Oklahoma .. » lui répondit-il en essayant de voir si elle ne lui faisait pas une de ses blagues. Il lui fallut quelques instants pour décréter qu’elle était sérieuse et pour reprendre ses esprits. Une immensité de questions lui traversait l’esprit et il entrouvrit même les lèvres pour en poser une première avant de s’abstenir, et de garder ses interrogations pour plus tard. Lui-même n’aimait pas trop parler de sa vie antérieure, et ne s’étalait presque jamais dessus, aussi en avait-il tiré les conclusions identiques pour son invitée. « On peut toujours commander une soupe chinoise si tu préfères. J’suis sûr que ce sont les seuls à être ouverts ce soir… » Jack n’avait pas cuisiné depuis un bon bout de temps, et avait oublié qu’il appréciait cette activité. A y repenser, il en avait certainement trop fait. Terminant son verre, le marin se leva pour débarrasser la première bouteille vide de la table, se dirigeant en cuisine pour aller chercher la deuxième et dernière en sa possession. « De ce que j’ai pu voir, je pense que tu n’as pas trop de soucis à te faire, mais si tu préfères, je te prépare un doggybag.. » dit-il en repensant au maillot de bain deux pièces d’où ne dépassaient pas beaucoup de grammes de graisse. « Tu veux l’ouvrir ? »