Je dois m’absenter pendant deux ou trois jours, on remet la séance à lundi matin. Désolé. Assis depuis l’aube, Jack hésite quelques longues minutes devant son café avant de se décider d’effacer le message qu’il s’apprêtait à envoyer. Pour une fois, Murdoch s’était couché tôt, et il fallait dire que la petite scène qui s’était déroulé au Governor’s serait probablement sur toutes les lèvres aujourd’hui. Alors pourquoi chercher à fuir ? Par honte ? Peut-être. Jack se dirigea péniblement dans la salle de bain pour se changer, faisant mouvoir difficilement ses articulations meurtries. S’observant dans le miroir, il en profite pour un faire point ecchymose. Une barre violette lui longe le bas du dos, vestige de la table sur laquelle il s’est écrasé lamentablement, une balafre lui ceint le côté gauche de la lèvre et, cerise sur le gâteau, son nez a doublé de volume au niveau du milieu de son arête, symbole d’une fracture évidente. Habitué à ce genre de blessures, le marin se l’était remis en place lui-même la veille, avant de passer le reste de sa soirée avec un paquet de petit pois surgelés sur le visage. Jack termina son café d’une traite, fuma une cigarette avant de récupérer un petit sac de sport et se diriger vers la sortie, non sans intimer l’ordre à son chien de rester ici. Le soleil n’avait pas encore pointé le bout de son nez et seules quelques lumières étaient allumées dans la petite résidence de Wharf Landing. Faut dire qu’il n’avait pas le choix de se lever aux aurores, Robert, concierge du lycée d’Edenton et propriétaire d’un petit bateau de pêche à moteur, avait uniquement accepté la proposition du sauveteur de lui ouvrir la piscine du lycée seulement en dehors des heures ouvrables. Jack dévala les quelques marches de son immeuble avant de rejoindre celui d’à côté, effectuant le chemin inverse dans la cage d’escalier. Il se trouvait une nouvelle fois dans le couloir de la jeune femme, armant son bras pour frapper chez elle avant d’hésiter quelques secondes. Son poing finit par taper trois petits coups légers et il patienta, ne se rappelant même plus s’il lui avait proposé de l’emmener ce matin. « Prête ? Je peux te déposer si tu veux. » dit-il simplement lorsque la porte s’entrebaille, agissant comme si son visage ne portait pas les stigmates de sa mauvaise rencontre avec un flic.

- @Jude Klopfenstein

Avait-elle bien dormi ? Pas tellement, a reprendre les bases, regarder des vidéos youtube qui expliquaient comment apprendre à nager, par quoi commencer, la bonne position des bras et des jambes. Des images qui n'ont cesser de hanter sa nuit. Bien sur Jude avait à l'avance préparé son petit sac qui contenait une serviette de bain et un maillot de bain, celui d'une amie, parce que le sien avait été grignoté par les mites à un endroit relativement improbable. Deux pièces au lieu d'une seule, ce qui ne l'enchantait pas des masses, mais c'était tout ce que la petite blonde avait trouvé dans l'urgence. Réveillée avant même que son alarme ne sonne, la douce avait sauté hors de son lit, pris une douche et fais deux tresses blondes avant d'enfiler des vêtements chauds comme un pull sous sa légendaire salopette qui lui donnait une allure d'adolescente en crise. C'est à peine si elle a le temps ou même l'envie d'avaler son verre de jus de pomme que l'on frappe à sa porte, de l'autre côté se trouvait Jack. "Oh mon dieu," soupira la jeune femme en ouvrant un peu plus la porte sur un Murdoch bien amoché, pour ne pas dire presque défiguré. Si elle avait eut vent de sa bataille au pub du coin la veille ? Bien sur, en récupérant le maillot de bain que sa copine lui avait gracieusement donné, elle lui en avait touché deux mots 'ton supérieur et le chef de la police...' Voilà pourquoi elle ne lui demande rien, n'ajoute aucun mot de plus si ce n'est un simple : "Tu veux un café ?" pourtant ça lui brûle la langue de lui demander ce qui s'est passé, qui lui a fait ça et pour quelle raison ? "J'ai eu du mal à dormir..." avoue t-elle alors dans un rire sans joie en se mordant les lèvres, visiblement inquiète du sort de ce pauvre Jack qui, elle le craint, ne risque de partir en petit bout s'il s'immerge un peu comme un lépreux qui jouerait de la guitare.

La porte s’entrouvrit lentement pour laisser apparaître une Jude vêtue de son indécrottable salopette. Murdoch parvint à lire la stupeur sur son visage et une sorte de dégoût que devait provoquer l’apparition des cicatrices sur le visage du barbu. Jack fronce les sourcils, ne sachant pas trop sur quel pied danser et attendant qu’elle en vienne à percer l’abcès. Au moins les choses seraient claires et ils ne passeraient pas leur séance à tourner autour du pot. « Volontiers. » confesse-t-il à mots feutrés, pour ne pas éveiller le voisinage. Le fait d’avoir pensé à ces derniers avait amusé le sauveteur, puisque la dernière fois qu’il s’était pointé dans les parages, Charlie aurait volontiers fait le déplacement pour tapage nocturne et en coller une au poivrot désabusé. Jack suit la jeune femme chez elle, et dépose son sac dans l’entrée, avant de la suivre dans le petit salon. « Moi aussi. » avoue-t-il avec un rictus gêné à la commissure des lèvres. Ce n’était pas la culpabilité qui l’avait empêché de dormir, mais bien le coup porté dans son dos qui l’avait tenu éveillé une bonne partie de la nuit sans trouver de bonne position pour rejoindre les bras de Morphée. A vrai dire, Jack se demandait même s’il serait capable de nager avec cette blessure qui lui lançait le bas du dos. Mais pouvoir délier ses membres dans l’eau serait probablement le meilleur moyen de se remettre d’aplomb. Poliment, le sauveteur attend qu’on l’invite à s’asseoir et imite la jeune femme dans ses moindres faits et gestes. « Il est bon. » essaie-t-il de dérider l’atmosphère après avoir trempé ses lèvres dans le liquide brûlant. Un genre de malaise, au vu de la condition du marin, s’était installé et il ne savait pas trop comment s’en sortir. Murdoch pesta. « Bon. Et si tu me posais tes questions au lieu de me regarder en coin. C’est pas comme si ça allait partir dans la journée non plus. » Autant prendre le taureau par les cornes et se concentrer sur la réelle raison de sa venue. Que Jude ne croit pas un instant qu’elle pourrait y échapper.

Il prend sa suite, referme la porte derrière lui et s'engouffrent tous deux dans la cuisine. C'est sa cafetière d'un autre âge qui se charge de faire le café, quand à Jude, elle n'a de cesse de fixer, discrètement le marin tout en laissant naître un tas de questions dans sa petite tête blonde persuadée que Murdoch ne s'en aperçoit pas seulement... Voilà qu'il brise la glace, une fois sa tasse en main, semble impatient et même légèrement agacé. Les reins appuyés contre le rebord du plan de travail Jude lui adresse un léger sourire, un brin amusée face à l'attitude du quadragénaire qui lui, perd patience. "Je cherchais simplement à me montrer polie, mais puisque tu insistes..." a soufflé la jeune femme en faisant claquer les paumes de ses mains sur ses cuisses en battant des cils avant de ne croiser les bras contre sa poitrine. "Alors comme ça on se bat avec un agent des forces de l'ordre pour les beaux yeux" même si, ce n'est pas le terme qui a été employé par ton amie la veille "d'une plantureuse jeune femme forte et indépendante ?" La jolie blonde ne peut s'empêcher de sourire narquoisement en s'approchant doucement de son supérieur, une autre question la taraude. "Est-ce que tu t'es emporté parce qu'elle a refusé de boire un verre que tu lui offrais, ou alors est-ce que c'est parce qu'elle t'as offert un verre pour que tu la laisse tranquille ?"

Murdoch se sent con au moment même où la blonde lui répond. Le quadragénaire manquait désespérément de tact ou d’altruisme envers son prochain -si ce n’était être capable de plonger dans une eau à 5° pour aller les secourir-. Jack se surprit même en se faisant la curieuse réflexion qu’il devrait peut-être se montrer un peu moins vindicatif à l’égard de la jeune femme, surtout s’ils étaient amenés à passer plus de temps ensemble. Mais la bête est difficile à apprivoiser, surtout après une quinzaine d’années de désert social. Murdoch affiche donc une mine désolée après la remarque de Jude, mais l’envie de s’excuser ne le démange absolument pas, préférant se concentrer sur sa tasse de café et s’enivrer des effluves de caféine. Une fois la machine lancée, Judith poursuit sur sa volée en apprenant la rumeur qui le concernait. Le visage du marin se dérida et un franc sourire s’installa sur ses lèvres avant de lâcher un petit rire étouffé, aussitôt suivi d’un petit râle « Me fait pas rire, j’ai mal aux côtes.. » essaie-t-il de se persuader en portant la main sous son pectoral, se massant par-dessus le vêtement. « Je vois que la rumeur est allée vite … » s’amuse-t-il à nouveau. Edenton devait être bien petite pour que les gens s’intéressent aux bagarres de poivrot. Mais le plus surprenant semblait le fait que les deux coqs se battaient pour les beaux yeux d’une brune. Même s’il appréciait énormément Freya, Jack n’avait jamais eu de prétention sur elle, et même s’ils ont pu passé quelques soirées ensemble dans le passé, les deux ne voulurent jamais franchir le pas d’une relation plus sérieuse, bien comme ils étaient. « Alors .. pour ma défense, c’est moi qui me suis fait attaquer, hein. » Il éviterait de lui jouer le couplet sur les violences policières. « Quant à la foutue raison, je n’en ai pas la moindre idée » jura-t-il en portant la main sur le cœur. On pouvait presque voir l’auréole survoler son crâne. Mais le sauveteur n’était pas tout à fait franc avec la jeune femme, puisqu’il se doutait un peu de quelle mouche s’était emparée du flic. « Tu crois que je viendrais chez toi sans bandage un jour ? »

"Personnellement, je trouve ça étrange que tu viennes chez moi alors que t'es mon supérieur, alors tu sais..." bandage ou non, ce n'était pas ça qui perturbait le plus la petite blonde à vrai dire. Jack, lui, ses yeux perçants et sa façon d'être. Bien qu'elle ait été amenée à côtoyer quelques hommes, jamais il ne lui avait été donné de rencontrer un tel bougon comme Murdoch, vieille branche taciturne et bourrue. Elle a haussé les épaules, manière de faire comprendre au quadragénaire que plus rien ne l'étonnait vraiment, c'est qu'il se passait un tas de choses étranges dans cette petite ville et que les ragots allaient bon train. "C'est drôle, mais j'ai du mal à t'imaginer te faire attaquer, je pensais que tu étais du genre à porter le premier coup et non pas à subir." vision biaiser du corps militaire sans doute, les amish sont contre la violence et les préceptes militaire ça les dépasse un peu, d'une traite la belle termine d'ingurgiter le contenu de son verre de jus qu'elle met au fond de l'évier.

Juste retour de bâton en pleine poire. Jack s’était tenté à dérider l’atmosphère mais n’y était visiblement pas parvenu. Il fallait avouer que le fait de vivre en solitaire depuis quinze ans n’aidait en rien ses pauvres compétences à se sociabiliser. Pourtant, il était un homme différent avant tout ça, avant la mort de sa famille. Certains le décrivaient comme plus avenant, ou en tout cas, sachant définitivement se comporter en société. Aujourd’hui, même Murphy se tenait mieux que lui au Governor’s. Murdoch prit sur lui, mais devait avouer qu’il s’était largement imposé chez elle aux aurores. La moindre des délicatesses aurait été de prévenir par un petit message, par exemple. Se réfugiant dans son café, il ne savait trop comment rattraper le coup, gigotant maladroitement sur sa chaise. « Appelle ça comme tu veux, mais je n’ai pas pour habitude de frapper le premier un flic en uniforme. » conclut-il dans un haussement d’épaules indélicat. C’est que le marin était piqué dans son orgueil démesuré car il fallait reconnaître qu’il avait pris une bonne rouste hier soir, même s’il avait pu rendre quelques coups. Il avait beau avoir un certain tempérament bagarreur, il était paradoxalement peu fier de lui sur ce coup-là. Murdoch termina son café et imita sa coéquipière, posant la tasse dans l’évier. « On y va ? » essaie-t-il avec un sourire qui se voulait réconfortant. Avec difficulté, le marin essayait de mettre en confiance sa jeune sauveteuse. Il se rappelait en effet sa crise de panique sur le canot et n’imaginait même pas les efforts que la blonde devait surmonter pour avoir accepté les conditions du barbu. La descente jusqu’au pick-up de Jack et une partie du trajet se fit dans un silence gênant, Jack essayant de trouver une quelconque accroche ou phrase pour essayer de la détendre, mais soit c’était trop stupide, soit il ne trouvait pas le courage pour le dire.

On y va. trois mots qui eurent pour effet de tendre la jeune femme sans qu'elle n'y laisse rien paraître, se contentant tout au plus de se mordre les lèvres en esquissant un sourire. Elle récupère son sac, pleine d'appréhensions diverses et variées allant de la plus crédible comme l'idée de se rompre la nuque en courant autour de la piscine, à la plus idiote comme la perdre d'une partie de son maillot de bain. S'installe alors un silence pesant entre les deux, s'il est gênant pour lui, il est lourd et plein d'angoisse pour elle. Se demande à quelle sauce elle va être mangée, littéralement, même si ce n'est pas exactement comme ça qu'elle se représente le cours de natation auquel elle va avoir droit. La voiture s'arrête alors sur le parking d'un établissement scolaire où Jude n'a jamais mit les pieds et plus précisément à la piscine, détournant le visage vers Murdoch, elle s’abstient néanmoins de poser la moindre question et déboucle sa ceinture pour empoigner son sac et sortir du véhicule. Paumes rendues moites par le stress, il pénètrent dans les locaux en compagnie d'un petite homme assez âgé et quelque peu ravagé par l'alcool, son nez ressemblait d'ailleurs à une fraise gorgée de jus.

Ils se séparent afin que chacun enfile sa tenue de natation, la petite amish saute dans le maillot de fortune qu'on lui a prêté, se trouve même heureuse de ne pas avoir à porter ces bikinis vulgaires avec pour haut deux petit triangles ridicules qui laissent bien trop de peau visible sans en couvrir suffisamment. Tout en jouant avec une de ses tresse, emmitouflée dans son immense serviette de plage, Jude attend patiemment que le marin fasse son entrée dans la salle où seuls les clapotis de l'eau raisonnent. Quelques minutes s'écoulent avant que l'ancien militaire ne fasse son apparition, corps sculpté, avec pour le couvrir simplement un short de bain, elle voit également sur son épidermes quelques traces de la bataille passée la veille. Non, Jude ne se concentre pas là dessus, son attention pleine est attirée par ce qu'elle voit et se sent bête, frêle, maigre et fragile face à sa musculature. Il doit se rendre compte de quelque chose, parce que quand ses prunelles remontent jusque son visage, Jack l'observe déjà de son regard perçant. En battant bêtement des cils, comme pour se sortir d'une rêverie, la blonde se défait de sa serviette qu'elle pose en un tas un peu plus loin et les bras croisés contre sa poitrine elle s'avance jusque l'échelle du petit bassin dans lequel elle se retrouve immergée jusqu'au dessus du nombril. "J'ai froid, j'ai peur et je crois que j'ai faim." plaisante t-elle, plus pour se détendre elle-même finalement, bras qui reviennent se croiser contre sa poitrine, frissons et chair de poule sur tout son petit corps de femme. "Joli short !" a t-elle ajouté en donnant un coup de menton dans la direction du brun, léger sourire aux lèvres.

Pour un peu, le sauveteur est presque content de sortir de sa vieille bagnole et de son silence pesant, quitte à affronter le froid de décembre. Mais c’est toujours en silence qu’il se dirige vers la piscine du lycée et qu’il salue Robert, avant de se diriger vers les vestiaires. Le changement de tenue s’avère plus compliqué qu’il n’y paraît et prend plus de temps que prévu, le sauveteur se changeant difficilement à cause de ses côtes et de son dos meurtris. Murdoch parvint enfin à enfiler son short de bain noir, enfin, plutôt un boxer au vu de la taille. Après tout, ils allaient dans une piscine et il lui semblait que c’était toujours interdit de porter des vêtements plus amples. Serviette sur l’épaule, il arrive enfin au bord du bassin et son regard attrape la silhouette de la jeune blonde, emmitouflée dans une longue serviette de plage. Mais lorsqu’il s’approche d’elle, Jude se défait de cette dernière et Jack se surprend à la regarder, à détailler son corps, à laisser vagabonder son regard sur ses courbes et à la trouver belle. Un frisson le parcourt et il se surprend lui-même d’avoir de telles pensées, les balayant d’un revers de l’esprit pour se concentrer sur sa mission de la matinée. Jack l’imite et la suit dans le bassin, son regard se laissant une nouvelle fois observer le dos de la jeune femme avant que le contact de l’eau tiède avec son corps ne le fasse sursauter et ne le rappele à la raison. « Merci. Surpris qu’il m’aille encore. C’est ton maillot de bain pour bronzer ? » se hasarde t-il à essayer de détendre l’atmosphère en la désignant d’un coup de menton. Murdoch se laisse disparaître sous la surface de l’eau pour se mouiller les cheveux et le corps, afin de s’habituer à la température de l’eau. « Donc si je comprends bien, on part de zéro ? » Lui-même se demandait bien par quoi il allait commencer. La seule personne à qui il avait appris à nager était son fils, et il y a une grosse différence entre un enfant de deux ans et demi et une femme de presque trente. « Ce que je te propose, c’est que tu commences à essayer de te laisser aller et de t’habituer au contact de l’eau avant de passer à autre chose. » Il lui fallait absolument la mettre en confiance et ne pas brûler les étapes en proposant de lui apprendre directement le papillon. « Je vais me mettre dans ton dos, te maintenir et tu vas doucement t’allonger dans l’eau, à ton rythme. Si jamais tu ne te sens pas bien, ou s’il y a quoi que ce soit, tu as juste à basculer en avant pour reprendre pied et tout ira bien. » Après avoir obtenu son aval, Murdoch passe derrière elle, la cale tant bien que mal contre son torse, et se permet de poser ses mains sur ses hanches pour la maintenir stable, tandis qu’une décharge lui parcourt les doigts. L’idée que c’est la première femme qu’il touche depuis un paquet de temps lui traverse l’esprit, et Jack essaie difficilement de détourner cette pensée pour se concentrer sur son instruction.

Rapide coup d’œil sur le maillot dont il parle, sans un mot Jude s'immerge jusqu'aux épaules en lui lançant un regard réprobateur, un peu à la manière d'une gamine honteuse d'avoir été prise sur en train de faire une connerie. on part de zéro ? Qu'en savait-elle ? Le regard plein d'interrogations elle observait le marin, persuadée qu'il s'y connaissait d'avantage qu'elle quand à la natation et les tenants et aboutissants de cette discipline. "Attends !" qu'elle demande en se redressant d'un saut alors que le quadra se glisse déjà derrière elle, consciente d'être bien plus lourde que les feuilles d'automne qui viennent se poser sur l'eau en automne. Sa crainte ? De boire la tasse littéralement. Ce n'est pas sur sa respiration qu'elle se concentre mais bel et bien sur celle de Murdoch qui vient se caler contre ses omoplates, à peine si elle ose lever le menton par dessus son épaule pour lui lancer un regard. Les doigts du marin glissent sur elle et provoque chez la jeune femme une vague de frissons, l'esquisse d'un sourire naît même aux coins de ses lèvres alors que des effluves de son parfum lui parviennent. Tout en se laissant submerger, les mains de Jack glissent le long de ses flancs, en bonne élève elle ne dit rien, se laisse couler, jambes tendues qui flottent à la surface de l'eau. Glisse encore un peu la blondinette au point que l'arrière de son crâne se retrouve immergé, billes brunes qui observent longuement l'ancien militaire et désormais, rien de plus que les battements de son propre cœur lui parviennent. Si son corps tout entier flotte, après quelques secondes elle ramène ses bras à elle, fais basculer l'équilibre qui lui permettait de flotter à la surface un peu comme Jésus, mais se retourne dans un cri étouffé, donne un coup de talon et sors de l'eau d'une traite, un peu comme à la manière d'un saumon. S'ils avaient été plus proches du bord sans doute Judith se serait-elle rattrapée à lui, mais il ne l'étaient pas et ce fut donc à Jack qu'elle se raccrocha, un peu à la manière d'un koala sur un eucalyptus, haletant, un peu affolée, pendue à son épaule, jambes enroulées autour de sa taille. "Putain..." souffla la jeune femme en plaquant sa bouche contre le sommet du bras du quadragénaire, quelques battements de cils plus tard elle leva le nez vers son maître nageur et lui adressa un franc sourire, la panique ayant céder sa place à la fierté. "T'as vu ça ?! Je l'ai fait !" s'exclama t-elle en se détachant de son mentor pour taper la surface de ses petits poings qui pendaient au bout de ses bras de poulet amish. "C'était trop génial !" a t-elle ajouté en ajustant le haut de son maillot de bain, mains qui venaient essuyer le trop plein d'eau qui coulait sur son visage.

sfgkns ::s Voilà probablement ce qu’on pouvait lire dans les pensées de Jack au moment ou la blonde lui saute au cou, si on avait inventé une telle machine. Encéphalogramme plat, diamant qui rate le microsillon du vinyle. Bref, c’est plus par instinct qu’autre chose que les bras du sauveteur ont saisi les jambes de la jeune femme pour éviter qu’elle ne tombe à l’eau. Et si Jude ne semble pas s’en émouvoir, ce contact avec sa peau ne laisse pas le vieux marin indifférent. Il faut quelques instants à Murdoch pour retrouver la pleine totalité de son esprit et une capacité de concentration entière, ne se rappelant plus de la dernière fois qu’il s’était retrouvé aussi proche d’une fois. Des mois, une année peut-être. Toujours était-il qu’à cet instant, il l’a désirait et s’en voulait d’avoir une pareille pensée pour sa subordonnée. « Bon début ! » essaye-t-il de partager son enthousiasme d’une manière toujours aussi maladroite. Elle quitte son étreinte et il faut au barbu déployer des efforts de concentration pour essayer de trouver une suite cohérente à ce cours improvisé. Il devait y aller progressivement et surtout l’envie de progresser devait venir de Jude, sous peine que tous ses efforts se révèlent contre-productifs. « On réessaye ? » Non pas qu’il souhaitait gratuitement poser ses mains sur elle à nouveau. « Petite variante cette fois, tu vas essayer de le faire toute seule. Je serai juste à côté de toi, prêt à te rattraper s’il faut, ok ? » Jack essayait d’obtenir son consentement du regard, avant de s’expliquer davantage. « Tu vas essayer de faire la planche. En gros, tu t’allonges dans l’eau, bras et jambes tendues au maximum et tu verras que tu flotteras toute seule. Partante ? »

Naît la joie, genre de fierté infantile quand Jack l'encourage, lui fait remarquer qu'effectivement, c'est un bon début. Des encouragements que Jude ne se lasserait jamais d'entendre et c'est d'ailleurs triste de constater qu'elle a bien plus d'expériences réussit dans sa vie personnelle que dans des choses basiques comme : la natation. On réessaye ? Son euphorie retombe alors comme un soufflet, la blonde bat bêtement des cils en croisant ses bras contre sa poitrine pour s'immerger jusqu'au épaules arborant une moue boudeuse. Le risque zéro n'existant pas, Klopfenstein n'était pas sereine quand à tenter une nouvelle fois l'expérience, se dit que même Jesus ne s'était pas amusé à marcher sur l'eau plus d'une fois, on peut-être bien que si, mais sans doute ce qu'elle venait de faire n'était qu'un coup de chance et rien de plus. L'hérétique se retrouverait à couler comme une pierre au fond de l'eau et là, Jack se rendrait compte qu'elle fut reniée par sa communauté après sa rumspringa. "Punaise..." soupira la jeune femme qui, après avoir donné un coup de talon sur le sol carrelé de la piscine se tendit, un peu à la manière d'une étoile de mer. Naturellement, cette tentative en solo ne fut pas fructueuse, mais l'avantage qu'elle avait, c'était que maintenant qu'elle avait déjà immergé sa tête, elle ne craignait plus que cela recommence. La sauveteuse se redressait en grelottant, regard sombre qu'elle adresse à son supérieur. "Ca va m'aider à sauver des vies ?" railla t-elle alors.

Rome ne s’était pas faite en un jour et il comme l’avait prévenu, ce n’était certainement pas après cette séance que Jude allait s’inscrire dans l’équipe américaine de natation pour participer aux prochains Jeux Olympiques. « Probablement pas. » lui répond-il franchement à sa remarque. « Mais ça peut sauver la tienne si tu te retrouves à la flotte sans gilet. En tout cas, c’est la position qui te fatiguera le moins contre les éléments et donc, qui laissera plus de temps et plus de chances aux gars pour venir te sortir de là. Allez, réessaye, et concentre-toi sur ta respiration cette fois. » Jack semblait presque paternel dans sa manière de faire, et il se revoyait quelques années de ça auparavant, essayant d’apprendre à nager à son fils avec ses brassières. Son cœur se pinca et il chassa cette idée de l’esprit pour se concentrer à nouveau sur la blonde qui s’immergeait docilement. Cette nouvelle tentative fut plus fructueuse et un sourire s’étira sur les lèvres du marin. « Bah tu vois ! C’est presque même agréable, non ? » Murdoch s’abstint de préciser que c’était évidemment plus appréciable dans une piscine dont l’eau était chauffée à 25° plutôt que dans l’océan Atlantique, balloté par les vagues et le vent. Jack se tenait auprès d’elle, mains sur les hanches, lorsqu’un petit frisson s’empara de lui. Il s’immergea complètement, avant de ne laisser que sa tête sortir de l’eau. « Pour la suite, c’est toi qui voit. On peut continuer à travailler sur ton appréhension de l’eau, avec pourquoi pas un peu d’apnée, où on peut commencer la brasse si tu le sens. »

De nouveau ses bras viennent se croiser contre sa poitrine, elle en venait à se demander à quoi cela servait d'étudier cette position si avec elle ne sauvait personne, mais en bon pédagogue, il lui expliquait pourquoi cela s'avérait utile, oubliant de préciser qu'avec le sel contenu dans l'eau de mer, la flottaison est bien plus facile qu'en eau douce. Docilement, elle obéit, brave soldate Klopfenstein s'exécute, la jeune femme ne put s'empêcher de répondre au sourire du marin, si la position était agréable, non pas particulièrement, mais voir le visage de Jack s'illuminer lui faisait du bien, l'apaisait presque. "Non, mais attends..." elle se redresse de nouveau, balance ses tresses derrière ses épaules en s'approchant de son instituteur de fortune et fléchit les jambes pour se mettre à sa hauteur. "C'est toi qui doit m'apprendre, alors... Tu dois savoir ce que tu fais, et donc le prochain exercice, je sais même pas ce que c'est qu'une brasse." ses mains viennent se poser sur les épaules de Murdoch et elle bat des jambes, lui adresse alors un sourire satisfait. "Voilà, la solution c'est que tu me prête tes épaules et comme ça je peux nager, regarde !" gamine au sourire enfantin qu'elle adresse au quadragénaire, presque fière d'avoir découvert la possibilité de faire ça là, battre des jambes et flotter tout en s'accrochant à lui. "On apprend à nager quand normalement ?" ça lui échappait, peut-être avait elle été amenée par le passé à aller à la piscine, mais pour sur elle avait perdu toutes ces connaissances et même les souvenirs d'école au cours desquels on lui a enseigné la natation.

Jack n’avait probablement pas pensé à ça en lui proposant de lui apprendre à nager mais force était de constater que cette séance lui faisait du bien. C’est que le vieux bougon en avait presque mal aux zygomatiques à force de sourire comme un benêt depuis quelques minutes, et cela faisait probablement un bon moment qu’il n’avait pas appris à apprécier un moment pour lui. Après, le marin s’était toujours senti dans son élément lorsqu’il nageait ou qu’il était dans l’eau. Cette dernière avait la faculté d’apaiser le barbu et de chasser en un rien de temps toutes ses arrière-pensées. C’était peut-être ce qui lui manquait le plus dans le travail : se jeter à l’eau et se concentrer sur la mission à accomplir, la personne à secourir. Et même si Jude lui apportait une grande bouffée d’air frais, son comportement troublait le vieux marin et ne savait pas trop sur quel pied danser. Pour ne pas afficher son désarroi lorsqu’elle posa ses mains sur ses épaules, Jack s’immergea jusqu’à hauteur des yeux, retenant sa respiration en l’écoutant parler, se concentrant difficilement sur ce qu’elle lui disait. Bon sang, ce que leurs visages étaient trop proches l’un de l’autre. « Encore une fois, y a pas de règles, même si d’ordinaire t’apprends ça quand t’es gosse. Mais c’est pas une obligation, tu sais, j’crois que les plus mauvais nageurs que j’ai rencontré dans ma vie étaient dans la Marine. » True story. Lors des tests physiques annuels, chaque marin devait nager 100 mètres puis enchaîner avec 10 mètres d’apnée. Croyez-le ou non, mais beaucoup d’entre avaient une peur bleue de cette épreuve. « Tu sais, si j’étais pas là et si tu continuais à battre aussi vite des jambes, tu serais en train de nager à l’heure actuelle. Enfin, manque un petit mouvement de bras, mais rien de difficile. Qu’en est-il de ton apnée ? Comment te sens-tu par rapport au fait de mettre la tête sous l’eau ?»